tw : harcèlement (mec lourd, drague) et mention d'écart d'âge (je sais pas trop comment le formuler), fin du dernier POV de Drago

note: je crois que c'est la première fois, il y a une inversion de deux scènes chronologiquement à la fin du chapitre, normalement ce n'est pas trop déroutant mais je préfère prévenir!

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Drago


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Hermione assura à Drago, tout au long de la semaine suivante, que sa main allait mieux, que l'affaire était oubliée, que l'épisode avec Ombrage était derrière eux, mais ça ne calma pas Drago pour autant. La colère qu'il ressentait envers Ombrage était toujours aussi intense. Elle ne diminuait pas avec le temps ou avec les tentatives d'apaisement d'Hermione, elle continuait de bouillonner sous sa peau à longueur de journée, du réveil jusqu'au coucher. Quand il la croisait dans les couloirs, ou qu'elle était assise à son bureau en classe, Drago devait se retenir de toutes ses forces de ne pas prendre sa baguette pour lui faire du mal. Théo dut le raisonner à plusieurs reprises pour éviter qu'il ne lance un Crucio à leur Professeure au beau milieu du cours de Défenses Contre les Forces du Mal.

La nuit, juste avant de s'endormir, il pouvait entendre sa voix mielleuse répéter "je m'occupe de la vermine", et il devait se forcer à prendre de grandes inspirations pour se calmer. Le ton tranquille avec lequel Ombrage avait prononcé ces mots, comme si Granger n'était qu'une moins-que-rien, une saleté, le choquait profondément.

Il pouvait toujours entendre les cris de terreur d'Hermione quand elle s'était rendue compte qu'Ombrage l'emmenait dans son bureau, là où elle savait qu'elle allait se faire écorcher la main, et la rage redoublait, jusqu'à l'étrangler.

Drago passa donc de nombreuses nuits à se retourner dans son lit sans trouver le sommeil. Étrangement, les seuls moments où il parvenait à dormir étaient quand Eris le rejoignait. Il se roulait en boule contre son torse, pile au-dessus de son cœur, et pour une raison qui lui échappait complètement, sentir cette minuscule boule de poils respirer contre lui le berçait suffisamment pour qu'il oublie ses problèmes. Drago suspectait Pansy d'envoyer son chien pour l'aider à s'endormir. Il faisait semblant d'en être indigné le lendemain matin, mais en réalité, il adorait quand il dormait avec lui.

Le samedi, Théo et Drago se relayèrent pour surveiller Blaise. En fait, aucun des deux ne s'endormait réellement, trop sur le qui-vive pour se le permettre. C'était Drago qui était de garde quand la vision de Blaise commença : il le comprit dès qu'il aperçut ses paupières tressauter. Avant même qu'il ait le temps d'avoir mal, Drago le réveilla avec un Rennervate efficace. La nuit continua sans nouvelle vision.

Drago passa une majorité de ses soirées en compagnie de Granger, les seuls moments où il pouvait se détendre complètement. Quand il était avec elle, le tourbillon d'émotions qui le maintenait éveillé la nuit s'apaisait légèrement, juste assez pour qu'il puisse respirer convenablement. Elle l'aida à réviser leurs dernières leçons, et il l'entraîna à l'Occlumancie. Elle faisait des progrès, mais elle était bien trop bornée pour s'en rendre compte. L'Occlumancie était une science lente, progressive, basée sur l'intériorité, et Granger était bien trop impatiente pour pouvoir la perfectionner à sa guise. Elle n'arrivait pas à méditer correctement et ça l'empêchait de prendre le contrôle total sur sa tête, à son grand mécontentement. Elle lui demanda plusieurs fois si elle pouvait réessayer la Légilimancie, mais Drago refusa catégoriquement. Il n'était pas encore prêt à lui faire revivre ce moment.

Pour calmer sa soif grandissante de vengeance, Drago dut ainsi prendre sur lui, quelque chose dont il avait beaucoup de mal. Il se répétait sans cesse que c'était pour elle, qu'il allait apprécier encore plus la douleur d'Ombrage s'il prenait son temps, mais plus les jours passaient, plus il avait du mal à rester patient.

"Si je te bats aux échecs ce soir, tu me feras mon devoir de Métamorphose ?" demanda Pansy à Théo.

Théo coinça la page de son bouquin avec son index avec un grognement. Quinze jours étaient passés depuis la parution de l'article de Potter, et Drago pouvait encore sentir les doigts pointés dans leur direction et les chuchotements des autres élèves dans la Grande Salle. Ils dînaient tous les quatre, Crabbe et Goyle à côté d'eux mais exclus de la conversation, comme toujours.

"Ce n'est pas comme ça que ça marche, et tu le sais." marmonna Théo en réponse.

"Pourquoi ? Tu as peur de te faire battre ?" demanda Pansy.

Elle se servit deux aiguillettes de poulet qu'elle déposa dans son assiette.

"Comment tu pourras avoir tes BUSES si tu ne fais aucun devoir ?" demanda Théo.

Crabbe et Goyle lui lancèrent un regard de côté, se sentant probablement concernés par la question, mais Théo ne leur accorda pas la moindre attention.

"Je m'en fiche des BUSES." déclara Pansy avec un geste de main dédaigneux. Drago vit Théo retrousser les lèvres en entendant une telle phrase. "J'aurai celles qui m'importent le plus, c'est-à-dire, en Astronomie et Divination."

Théo reposa ses yeux sur les pages de son livre, mais ils étaient troublés par la réflexion.

"Si je te bats, tu dois réviser pendant une semaine avec moi." proposa-t-il après quelques secondes.

Pansy haussa les épaules :

"D'accord."

Ils se serrèrent la main et Blaise et Drago levèrent les yeux au plafond en même temps. Ils savaient tous les deux qui allait gagner, Théo avait simplement encore du mal à accepter le fait que Pansy était meilleure que lui en échecs alors qu'elle n'y connaissait rien il y a encore quelques mois.

"Comment avance votre méditation ?" demanda Drago en coupant sa viande.

"J'y arrive de mieux en mieux." dit Blaise. "Mais j'ai encore du mal à visualiser où ranger mes souvenirs."

"Moi aussi. J'ai trouvé l'endroit, mais je n'arrive pas à transférer mes souvenirs à l'intérieur." admit Pansy.

"Je t'aiderai." promit Drago. "Et toi, Théo ?"

Blaise, Pansy et Drago se tournèrent vers le garçon en question, qui avait posé sa joue contre la paume de sa main et affichait un air boudeur.

"Qu'est-ce que vous avez, ce soir ?" grommela-t-il en piquant mollement une pomme de terre avec le bout de sa fourchette de la main qui ne tenait pas son livre. "Pourquoi vous ne me parlez que des domaines où je suis nul ? Qu'est-ce que ça va être, après ? L'Arithmancie ? Vous voulez que je pleure ?"

"Réponds juste à la question." dit Drago.

"À ton avis ?" questionna Théo avec mauvaise humeur. "Je n'y arrive pas, et je n'y arriverai sûrement jamais, parce que méditer est un…"

"Les gars ?" coupa Blaise, interloqué. "Vous ne trouvez pas que la Grande Salle est… un peu trop silencieuse ?"

Drago arqua un sourcil et regarda autour de lui. En effet, la Grande Salle était anormalement vide. Pourtant, c'était l'heure du dîner, d'habitude, c'était plein à craquer et ils devaient élever la voix pour se faire entendre. Aucun Professeur ne mangeait, et les rares élèves qui étaient là s'étaient levés et couraient vers le Hall.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda Théo en observant les alentours à son tour, intrigué.

Drago nota l'absence de Granger, ainsi que d'une grande partie des Gryffondors. Pourtant, elle mangeait toujours à cette heure-là les lundis. Pile à cet instant, un vacarme se fit entendre à travers la grande porte de la Grande Salle et Blaise, Théo, Pansy et Drago se levèrent d'un bond et se dirigèrent vers les éclats de voix. Crabbe et Goyle restèrent assis, trop occupés à déguster leur poulet pour réaliser qu'ils étaient seuls.

Quand Drago poussa la grande porte, il fut accueilli par une vision étrange : une centaine d'élèves se pressaient aux abords de la petite cour rectangulaire de l'entrée du Château. Certains s'étaient hissés sur les rebords, d'autres se faufilaient pour essayer d'apercevoir quelque chose, mais Drago ne pouvait pas voir au-delà du muret à cause de la foule.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?" répéta Théo. "Blaise, tu vois quelque chose ?"

Blaise, qui dépassait tout le monde d'au moins deux têtes, avait une vue parfaite sur la cour. Il observa la scène et sa bouche se tordit, de tristesse ou d'appréhension, c'était difficile à dire. Il baissa les yeux vers Pansy :

"Oh, Pans'... Je suis désolé."

Pansy fronça les sourcils.

"Qu'est-ce qu'il se passe ?!" répéta Théo une troisième fois, exaspéré que personne ne lui donne de réponse.

Blaise utilisa sa taille pour pousser les gens devant eux et leur ouvrir un passage. En moins d'une minute, ils se retrouvèrent tout devant, pile dans l'encadrement de l'alcôve qui donnait une vue parfaite sur la cour.

Drago comprit tout de suite pourquoi Blaise avait dit ça à Pansy.

La Professeure Trelawney se tenait à côté de la fontaine, la main serrant un mouchoir trempé contre sa bouche. Elle pleurait, le son de ses sanglots créant un écho qui ricochait contre les murs en pierre. Quelqu'un avait balancé trois valises à ses pieds, et l'une était retournée, comme si elle avait été jetée dans l'escalier. Trelawney était dans un sale état : ses lunettes étaient de travers, donnant l'impression qu'elle avait un œil plus gros que l'autre, et son nez était tout rouge d'avoir tant pleuré. On aurait dit qu'elle se noyait dans ses châles tant elle en était recouverte, comme si elle avait dû s'habiller en vitesse et qu'elle portait l'intégralité de son armoire sur ses épaules.

"Non, ce n'est pas possible, non, s'il vous plaît…" marmonnait-elle inlassablement.

Drago se demandait si elle avait remarqué l'attroupement tout autour d'elle tant son attention était focalisée droit devant, sur quelque chose qu'il ne pouvait pas voir. Pansy se faufila à côté de lui et poussa un petit cri d'horreur quand un élève se décala, suffisamment pour qu'ils voient enfin ce qui faisait tant pleurer Trelawney : Ombrage se tenait face à elle, drapée d'une cape rose foncé et un petit sourire cruel sur ses lèvres. En la voyant, Drago fut frappé par une vague de haine, et il plongea mécaniquement sa main dans sa poche pour attraper sa baguette.

"Non, vous ne pouvez pas faire ça…" geignit Trelawney d'un ton désespéré. "Vous ne pouvez pas !"

"Et pourtant, je le peux." affirma Ombrage en agitant un parchemin enroulé sous le nez de la pauvre Professeure de Divination.

"Quoi ?" demanda Pansy, les yeux rivés sur la scène en face d'elle. "Qu'est-ce qu'elle veut dire ? Blaise, pourquoi est-ce qu'il y a des valises par terre ?"

"Allons donc, vous allez me dire que vous ne l'aviez pas vu venir ?" demanda Ombrage à Trelawney de sa voix veloutée qui hérissait les poils de Drago. "Bien que vous ne soyez même pas capable de prévoir le temps qu'il fera demain, vous auriez dû deviner que vos piteuses performances au cours de mes inspections et votre absence totale de progrès par la suite rendaient votre renvoi inévitable."

Pansy laissa échapper un hoquet de stupeur :

"Renvoi ?" répéta-t-elle d'une voix étranglée, son visage perdant des couleurs à vue d'œil. "C'est ce qu'elle a dit ? Renvoi ?"

"Je suis désolé, Pans'." chuchota Blaise, qui s'était placé derrière elle.

"Non, non, non." dit-elle, sous le choc. "Non, ce n'est pas possible… Elle ne peut pas faire ça, si ?"

"Vous… Vous ne pouvez pas faire ça !" s'écria le professeur Trelawney, des larmes ruisselant derrière ses énormes lunettes. "Vous ne… vous ne pouvez pas me renvoyer ! Je… Je suis ici depuis seize ans ! P-Poudlard est ma m-maison !"

"C'était votre maison." rectifia le professeur Ombrage.

Trelawney s'effondra contre ses malles en pleurant de plus belle. Pansy avança d'un pas, furieuse, mais Blaise avait dû l'anticiper, parce qu'il passa ses bras autour de sa taille pour la retenir et la plaqua contre son torse pour l'empêcher de courir vers sa Professeure préférée :

"NON !" cria Pansy, révoltée. "Non, Blaise, lâche-moi ! NON ! Vous ne pouvez pas faire ça !"

Le son de ses hurlements était trop étouffé par le brouhaha de la foule pour que Trelawney puisse l'entendre. Pansy se démena contre Blaise, mais il garda fermement sa prise autour d'elle. Drago pouvait l'entendre murmurer un flot de paroles contre ses cheveux, "je suis désolé", ou "ça va s'arranger", et au bout d'un moment, Pansy cessa de s'agiter, et surprit Drago en fondant en larmes.

Blaise la reposa sur le sol mais garda ses bras autour d'elle pour l'étreindre par derrière. Trelawney fixait toujours Ombrage avec un air de supplique qui faisait mal au cœur.

Comme depuis la première année, Drago chercha Hermione du regard. Il la trouva à côté de Weasley et de Potter, contre un renfoncement. Elle pleurait silencieusement en observant la scène, et Drago ne comprit pas comment l'empathie de cette fille pouvait la faire pleurer pour une Professeure qu'elle n'aimait même pas.

McGonagall se détacha alors de la foule et accourut vers Trelawney. Elle traversa la cour d'un air affolé en tenant son chapeau sur sa tête pour éviter qu'il ne s'envole. Sans même tourner la tête vers Ombrage, qui ne se gênait pas pour déployer l'expression la plus triomphante que Drago ait pu voir sur son visage jusqu'alors, McGonagall aida Trelawney à se relever et la prit dans ses bras.

"Chut, chut, allons…" dit-elle, serrant contre elle Trelawney de la même manière que Blaise avec Pansy. "Calmez-vous, Sibylle…"

Elle lui tapota amicalement le dos et Trelawney sanglota lamentablement contre sa cape. Drago tourna la tête vers Pansy, qui pleurait toujours aussi fort.

"Pans'..." murmura-t-il, complètement pris de court. Il passa sa main le long de son dos pour essayer de la calmer. "Ne pleure pas…"

"Elle s'en va…" gémit-elle. Elle avait de grosses traces noires de maquillage sur les joues et s'appuyait contre Blaise pour ne pas tomber. "Pourquoi est-ce que tout le monde m'abandonne ?"

La gorge de Drago se contracta douloureusement. Elle lui avait déjà posé cette question l'été dernier, lorsque son cousin était retourné aux Etats-Unis sans la prévenir. Il détestait entendre autant de souffrance derrière sa question, il détestait entendre sa voix se briser de la sorte. Blaise et Théo devaient ressentir la même chose, parce qu'ils avaient tous les deux le même regard plein de pitié. Drago attrapa sa main pour la serrer doucement.

"Ne dis pas ça…" murmura-t-il.

"Elle ne t'abandonne pas, Pans', tu vas la revoir." promit Théo.

"Quelque chose à dire, ma chère ?" demanda Ombrage à McGonagall, qui continuait de consoler Trelawney en la balançant tendrement contre elle.

"Oh, il y a plusieurs choses que j'aimerais dire, croyez-moi." asséna sèchement McGonagall.

Les deux femmes se défièrent d'un regard perçant, glacé, et Drago supplia intérieurement Merlin que sa Professeure de Métamorphose ne le regarde jamais de la sorte. Il était à peu près sûr qu'il se ferait pétrifier sur place si elle le faisait.

"Je vais la tuer." déclara Pansy.

Quand Drago se tourna vers elle, il comprit tout de suite à qui elle faisait référence. Ses yeux étaient braqués sur Ombrage, si intensément que Drago avait presque peur qu'elle puisse lui lancer un maléfice sans même utiliser sa baguette. Les larmes qui coulaient sur ses joues n'étaient plus des larmes de tristesse, mais de rage.

"On le fera, je te le promets." dit-il en écartant une mèche de cheveux couleur encre de sa joue striée de larmes. "Elle le paiera."

Les doubles-portes massives du Château s'ouvrirent alors dans un grand bruit. Les élèves qui étaient agglutinés devant s'éloignèrent en vitesse pour laisser passer Dumbledore, qui, Drago devait l'admettre, savait soigner ses entrées. C'était comme s'il dépassait tout le monde dans la cour, la posture droite, la tête relevée. Il avait une sorte d'aura, de prestance telle qu'il était difficile de détourner le regard de sa silhouette. Il considéra Ombrage avec sérieux et s'approcha lentement vers elle, ignorant les murmures des élèves tout autour. Sa robe violette se détachait de la nuit brumeuse.

"Professeure McGonagall, auriez-vous l'obligeance de raccompagner Professeure Trelawney dans ses appartements ?" demanda le Directeur d'un ton poli.

Trelawney poussa un râle de soulagement et se précipita sur Dumbledore :

"Oh, merci, Dumbledore, merci…" glapit-elle piteusement en lui serrant le bras sur son passage.

Il lui tapota le dos de la main, et McGonagall raccompagna Trelawney à l'intérieur. Puis, Dumbledore et Ombrage se firent face, et pendant une précieuse seconde, tout le monde se tut, le souffle coupé. Malgré leurs expressions calmes, chaque élève pouvait sentir l'animosité entre eux. L'atmosphère changea, l'air devint lourd et pesant.

"Dumbledore…" dit Ombrage, sans perdre son ton atrocement douceâtre qui faisait penser à une petite fille. "Dois-je vous rappeler que selon le décret éducationnel numéro vingt-trois, j'ai, en tant que Grande Inquisitrice, le droit de…"

"... licencier mes Professeurs." termina Dumbledore, le son de sa voix anormalement emprunt d'hostilité. "Vous n'avez, cependant, pas le droit de les exclure de ce Château."

Ombrage rapprocha son affreux visage d'un centimètre ou deux vers le Directeur, loin d'être impressionnée par sa taille ou son air sombre, et ajouta avec un sourire :

"Pas encore."

Dumbledore prit une grande inspiration et détourna le regard d'Ombrage pour observer les élèves amassés un peu partout.

"Vous n'avez pas des révisions à faire ?" demanda-t-il froidement.
Il tourna les talons et retourna à l'intérieur du Château. Pour la première fois depuis qu'il le connaissait, Drago le trouva plus vieux que d'habitude : le poids de la guerre pesait visiblement sur ses épaules.

"Tu as entendu ça, Pans' ?" demanda Théo en se mettant face à elle. Blaise la serrait toujours contre lui, mais elle avait arrêté de se débattre, son corps pendait misérablement dans ses bras. "Elle n'est pas virée, elle sera toujours dans le Château. Dumbledore est venu à la rescousse, pour une fois !"

Sa remarque sarcastique ne fit pas rire Pansy. Son regard était vacant, fixé sur les pavés de la cour. Les larmes avaient séché sur ses joues. Sa voix était éteinte quand elle murmura :

"Je n'ai plus faim. Ramenez-moi. S'il vous plaît."

Blaise ne se le fit pas dire deux fois. Il souleva Pansy sans le moindre effort et fit demi-tour, droit vers les cachots. Théo suivit péniblement, mais la foule l'empêchait d'avancer aussi vite que Blaise :

"Drago ?" appela-t-il. "Tu viens ?"

"J'arrive dans cinq minutes, pars sans moi." répondit Drago, son attention dirigée sur un point en face de lui.

Enfin. Enfin, une occasion se présentait.

Théo hocha la tête et disparut parmi les élèves. À cet instant, Potter sortit de nul part et se dirigea vers Dumbledore en courant à moitié :

"Professeur Dumbledore ?" appela-t-il dans son dos. "Professeur Dumbledore !"

Drago traversa la cour en grandes enjambées vers l'endroit d'où venait de partir Potter. La cohue d'élèves se dissipait rapidement, chacun retournant dans la direction de la Grande Salle pour aller dîner en discutant de ce qu'ils venaient de voir. Drago, lui, garda ses yeux braqués sur la personne qu'il visait, en poussant les élèves sur son passage.

Il ne s'arrêta pas, parce qu'il avait peur d'hésiter s'il le faisait. Il ne pouvait pas laisser passer sa chance. Il aligna les battements de son cœur trop rapides avec la phrase qu'il se répétait en boucle, "c'est pour elle, c'est pour elle, c'est pour elle, c'est pour elle…"

Quand il arriva enfin, la personne qu'il avait repérée était toujours là. Il était adossé contre le mur, à côté de la classe de Métamorphose, son corps trop grand bizarrement appuyé, ses jambes croisées au niveau des chevilles.

"Tu es quel jumeau ?" demanda Drago sans préambule.

Le rouquin baissa le regard sans dissimuler sa surprise :

"Bonjour à toi aussi, Malefoy." répondit-il cyniquement. "Quelle joie de te voir."

Drago grommela quelque chose d'intelligible en regardant autour de lui pour vérifier qu'aucun élève ne faisait attention à leur échange : il ne pouvait pas se permettre de se faire voir en train de parler à un jumeau Weasley.

"Tu es Fred, oui ou non ?" pressa-t-il.

Weasley fronça les sourcils et croisa les bras sur sa poitrine :

"Oui, c'est moi."

Il n'aurait pas su l'expliquer, mais Drago le savait. Il n'avait jamais parlé aux jumeaux plus de cinq minutes et à chaque fois, ils avaient été à la limite de se battre, mais il avait l'impression qu'il pouvait différencier Fred et George Weasley.

Mais il connaissait aussi leurs ruses, et Hermione lui avait raconté trop d'histoires sur les deux pour qu'il puisse être totalement rassuré.

"Comment je peux savoir que tu n'es pas en train de me mentir ?" siffla Drago entre ses dents.

Weasley esquissa un début de sourire :

"Tu veux une preuve que je suis vraiment Fred ?" dit-il avec un petit rire. "Je sais que tu en baves pour Hermione Granger, ça te suffit, comme preuve ?"

Rien qu'en entendant son nom, ses paumes devinrent moites.

"Putain." Drago regarda une nouvelle fois autour de lui, bien qu'il n'y avait presque plus personne autour de la cour et que leurs voix ne s'élevaient pas assez pour qu'ils puissent se faire entendre. "D'accord, je te crois."

"Que me vaut cet honneur ?" demanda Weasley.

"J'ai besoin que tu fasses quelque chose pour moi."

Weasley s'esclaffa bruyamment :

"Moi ? Que je fasse quelque chose pour toi ?"

Drago contracta la mâchoire pour se retenir de lui hurler dessus.

"Elle ne t'as rien dit, pas vrai ?" souffla-t-il.

Quand il comprit à qui il faisait référence, le visage de Weasley devint soudain grave.

"Dire quoi ?"

Drago jura silencieusement. Évidemment que Granger n'avait rien dit à personne. Elle devait avoir peur de se faire juger. Elle gardait tout en elle pour protéger ses amis. Même si ça l'agaçait, il ne pouvait pas vraiment la blâmer : il faisait la même chose. Mais Drago n'allait pas laisser passer ça, il savait qu'il ne se sentirait pas mieux tant qu'il n'aurait pas pris sa vengeance sur Ombrage.

"Pour quelqu'un qui se dit observateur, Weasley, tu n'as rien vu." se moqua-t-il avec amertume. "Tu n'as pas dû voir sa main."

Le teint de Fred déclina à vue d'oeil, passant d'un blanc naturel à une pâleur alarmante. Il se décolla du mur et ses bras tombèrent de surprise le long de ses flancs :

"Non… Ombrage ?" murmura-t-il, troublé. "Hermione ? Quand ?"

"Il y a deux semaines." répondit Drago. "Et j'ai besoin de ton aide pour me venger."

Le visage normalement animé d'un sourire constant de Weasley était de marbre. Ses yeux bleus étaient froids et calculateurs, il en était presque effrayant.

"Suis-moi." ordonna-t-il à Drago, avant de s'éloigner vers le couloir le plus proche.

Drago le fit, sans cesser de regarder derrière lui pour vérifier que personne ne les voyait. Weasley eut l'intelligence de se cacher derrière un pilier pour continuer leur conversation, au grand soulagement de Drago qui se sentait moins exposé. Toute trace d'amusement avait disparu des traits du jumeau.

"Qu'est-ce qu'il s'est passé ?" demanda Weasley, une touche d'inquiétude à peine camouflée dans sa voix.

"Ombrage l'a emmenée quand elle l'a vue après le couvre-feu." expliqua Drago brièvement, peu désireux de revenir sur les événements de cette terrible soirée. "Elle lui a fait copier une phrase, longue, et elle s'est incrustée sur sa peau…"

Weasley souleva la manche de son pull et lui montra sa main sans un mot : elle était couverte de petits traits blancs, qui remontaient jusqu'à son avant-bras. Drago put lire plusieurs mots finement reliés entre eux, "je ne dois pas", "produits illicites", "irrespect", "manquement au règlement"...

"Je suis familier avec ses méthodes." grogna Weasley. Il baissa sa manche. "Qu'est-ce qu'Hermione faisait dehors après le couvre-feu ?"

"Elle était avec moi." dit Drago. Fred ouvrit la bouche mais il continua avant qu'il ne puisse dire quelque chose : "C'est de ma faute. Je n'aurais pas dû la laisser rentrer aussi tard, je… je ne savais pas de quoi cette vipère était capable." cracha-t-il. "J'ai essayé de prendre sa place, mais Ombrage n'était pas dupe, c'était comme si j'étais invisible… Elle a tout de suite sauté sur l'occasion d'interroger Hermione sur Potter, et la torturer quand elle n'a rien dit."

Des émotions indéfinissables et bien pire que la colère fit surface. La culpabilité. L'impuissance. Drago les détestait plus que tout, et il eut beau essayer de les réfréner, elles restaient ancrées en lui même après avoir Occluder.

Weasley haussa les sourcils :

"Oh. Wow."

"Quoi ?"

"Je n'aurais pas pensé que tu admettes tes torts aussi facilement." nota-t-il. "Bravo, Malefoy, on dirait que tu as grandi, finalement."

"Ouais, ça doit être ça." dit Drago avec un soupir agacé. "En tout cas, je veux me venger. Si ça ne tenait qu'à moi, je tuerai la vieille harpie, mais Hermione ne veut pas, alors j'ai décidé de mettre mon égo de côté et de te demander directement. Apparemment, toi et ton jumeau êtes les champions des stratagèmes. J'ai besoin que tu sois à la hauteur de ta réputation et que tu fasses payer Ombrage pour ce qu'elle a fait."

"Je ne ferai rien pour toi." avertit sèchement Weasley.

"Je sais, mais tu le feras pour elle." contra Drago. "Je sais que tu tiens à elle, je sais que tu ne voudras pas laisser cet acte impuni. Tu as les mêmes marques sur tes mains, tu sais à quel point ça fait mal, ne me dis pas que tu n'as pas envie de faire payer à Ombrage ce qu'elle a fait à Hermione ?"

Weasley fit rouler sa langue contre sa joue en étudiant la proposition de Drago.

"Hmm. Tu as de la chance, tourmenter Ombrage est l'une de mes activités préférées." finit-il par dire.

"Parfait. Alors, qu'est-ce que vous aviez prévu ?"

Weasley se frotta distraitement le menton :

"Pas grand chose prochainement parce qu'on est en train d'élaborer notre grand bouquet final… George a eu une idée, brillante, mais pratiquement irréalisable… Quoique… Avec ce qu'elle vient de faire à Mione, on va sûrement retrouver notre motivation…"

Drago grimaça en entendant le surnom.

"Qu'est-ce que c'est ?"

La commissure de la lèvre de Weasley s'ourla dans un sourire plein de malice :

"Allons, Malefoy, tu te doutes bien que tu es la dernière personne à qui je dévoilerai ce genre de surprise, non ?"

Drago se passa une main dans les cheveux pour laisser passer sa frustration :

"D'accord… alors, dis moi ce que je peux faire ? Pour vous aider à réaliser ce "grand bouquet final" ?"

Weasley le jaugea quelques secondes silencieusement, puis soupira :

"Je ne sais pas trop… On a des contacts, mais… les ressources…"

"Quelles ressources ?"

Weasley eut un petit rire sans joie :

"Et bien, comme tu aimes le répéter à longueur de journée, Malefoy, nous ne sommes pas tous nés avec une cuillère en argent dans la bouche, tu vois."

"Et bien, tu seras content d'apprendre que c'est mon cas." répliqua Drago. "J'ai de l'or. Trop, même. Je t'en donnerai, si c'est ça le problème."

Weasley s'appuya contre le pilier derrière lui, les yeux fixés sur Drago comme s'il essayait de déterminer s'il lui faisait une blague.

"Et qu'est-ce que tu veux, en retour ?" demanda-t-il avec méfiance. "On sait tous que personne ne doit faire de deals avec les Serpentards avant d'entendre toutes les conditions."

"Je te l'ai dit, je veux simplement me venger. Pour elle." grinça Drago. "On se déteste peut-être, Weasley, mais pour Granger, je ferai n'importe quoi. Même si ça veut dire que je dois m'allier avec toi."

Le regard de Weasley était perturbant. Drago avait l'impression qu'il étudiait chacune de ses expressions faciales et qu'il pouvait en déduire tous ses secrets. Il le laissa faire, sans rien cacher.

"Tu l'aimes vraiment." réalisa soudain Weasley. "Ce n'est pas juste un délire de possession bizarre, tu aimes vraiment Hermione ?"

"Oui." répondit franchement Drago. "Oui, je l'aime."

Les sourcils de Weasley sautèrent jusqu'à la racine de ses cheveux roux. Il avait l'air vraiment surpris par cet aveu. Pourtant, Drago avait pensé que c'était clair depuis qu'il l'avait confronté après le match contre les Gryffondors. Peut-être qu'il avait pensé que ce n'était qu'une phase, une lubie, un piège ? Ou peut-être qu'il pouvait voir l'honnêteté sur son visage autant que dans ses mots ?

"Dans ce cas… C'est d'accord." murmura-t-il. "On le fera. Pour Hermione."

"Ce bouquet final, il sera… à la hauteur de ce qu'Ombrage a fait ?" demanda Drago.

Il voulait savoir si Ombrage allait le payer. Si le plan de Weasley allait réussir à éteindre le feu ardent de la colère qui n'avait pas cessé de brûler Drago depuis deux semaines. Heureusement, les yeux bleus clairs de Weasley pétillèrent d'espièglerie et il hocha vivement la tête :

"Oh que oui. Crois-moi, il sera savoureux."

"Très bien, je t'envoie l'or demain. Attends mon hibou." dit Drago. "Et dis-moi si tu as besoin d'autre chose pour… "tourmenter" Ombrage." ajouta-t-il d'une voix traînante.

Il fit volte-face, mais la voix de Weasley retentit dans son dos :

"En fait, tu peux m'être utile pour quelque chose."

Drago le regarda par-dessus son épaule :

"Quoi donc ?"

Weasley était toujours adossé contre le pilier, dans une position des plus décontractées, et Drago se demanda si c'était une technique pour paraître plus menaçant. Si c'était le cas, c'était réussi. Drago avait plus que jamais conscience du pouvoir que détenaient les jumeaux Weasley sur le Château. Lorsqu'ils avaient une idée en tête, ils faisaient tout pour la réaliser.

"Notre plus grosse faiblesse contre Ombrage, c'est notre manque de visibilité." expliqua le jumeau avec sérieux. "Elle est aussi imprévisible qu'elle est mesquine, et nos heures de retenue en sont la preuve. C'est une adversaire redoutable et coriace, exactement comme on les aime."

"Je ne vois pas très bien comment je peux t'aider là-dessus…" commença Drago.

"... Rapproche-toi d'elle." proposa Weasley, le regard brillant d'avidité. "Profite de ton statut de petit préféré pour te rapprocher d'elle, et rapporte moi tout ce que tu juges nécessaire pour la coincer."

Drago n'avait pas du tout anticipé ça. Il fronça les sourcils en essayant de déchiffrer ce que Weasley proposait vraiment :

"Tu veux que je devienne ton espion ?" demanda-t-il, incrédule.

"Exactement." Un grand sourire s'étala sur les joues pleines de tâches de rousseur de Weasley. "Tu seras mes yeux et mes oreilles. Si tu arrives à entrer dans son cercle, on aura un coup d'avance sur elle, et ça nous donnera un avantage considérable. En plus, elle ne se doutera jamais que tu es la fuite. Tu l'as dit toi-même, tu étais invisible quand Hermione s'est fait prendre."

Drago avait toutes les peines du monde à imaginer se rapprocher de cette femme après ce qu'elle avait fait. Il n'arrivait pas à rester près d'elle sans casser une plume ou trembler de rage. Mais il hocha tout de même la tête.

Pour elle, pour elle, pour elle.

"J'ai hâte de faire du business avec toi, Malefoy." dit Weasley.

"J'espère que je ne vais pas le regretter." répondit-il, parce qu'il n'aimait pas trop ce sourire rusé. "Oh, et…"

"Ah ! J'en étais sûr !" chantonna le rouquin. "Une condition."

"Pas une condition, une demande." précisa Drago. Il se retint de ne pas se passer une main dans les cheveux, preuve de son anxiété. "Je te serais reconnaissant si… tu ne parlais pas à Hermione de notre petit… échange."

Weasley haussa les sourcils, ne s'attendant vraisemblablement pas à cette demande, mais il acquiesça sans demander à Drago plus d'explications.

"Crois-moi, je ne parlerai de notre "échange" à personne." assura Weasley. "Tu imagines comment ma réputation en prendrait un coup si on apprenait que je m'alliais avec un Serpentard ? Le fils de Lucius Malefoy, qui plus est ?"

Il fit tout pour ne pas montrer que ce nom le faisait tressaillir malgré lui.

"Personne ? Et ton frère ne va pas trouver ça étrange que tu reçoives des Gallions de nul part ?" demanda Drago.

"Il ne saura pas de qui ça vient, si c'est ça ta question."

"Tu ne vas pas lui dire ? À ton propre jumeau ?"

Blaise, Théo et Pansy étaient ce qu'il avait de plus proche des frères et d'une sœur, et il avait du mal à garder des secrets auprès d'eux, alors de son jumeau ? Drago n'imaginait pas comment ça pouvait être possible. Contre toute attente, Weasley éclata de rire :

"C'est drôle que tu me dises ça, parce que j'ai justement eu une conversation similaire avec Hermione là-dessus. Disons simplement que je lui ai promis de ne rien dire à George, et je tiendrai ma parole. Pour elle."

"Pour elle." dit Drago, le mantra qu'il se répétait sans cesse depuis la quatrième année.

Et il décampa sans un regard en arrière.

Il venait de faire un deal avec un Weasley.

Il ne l'aurait jamais cru il y a encore quelques années.

Il espérait sincèrement qu'il ne venait pas de faire une erreur monumentale.

.

.


Hermione


.

.

Hermione était installée à la table au centre de la Bibliothèque depuis une dizaine de minutes quand Théo la rejoignit. Il se glissa derrière la table et posa son sac trop lourd par terre dans un même geste.

"Tu as vu ?" demanda-t-il, avant même de lui dire bonjour.

Hermione ne répondit pas, mais ne réussit pas totalement à contrôler ses yeux qui se plissèrent d'irritation. Elle leva son manuel de Métamorphose à hauteur de son visage pour se cacher derrière.

"Hmm ?"

"Tu as vu." répéta-t-il, mais cette fois-ci, ce n'était pas une question. Si Hermione levait les yeux de son livre, elle était sûre de voir un sourire amusé sur sa bouche, alors elle se força à ne pas détourner le regard de sa leçon.

"Vu quoi ?" demanda-t-elle, d'un ton beaucoup trop désinvolte pour l'être vraiment.

"Tu sais quoi." répondit Théo. "Tu as vu."

"Vu quoi ?"

"Le classement !" clarifia-t-il. "Tu l'as vu, pas vrai ?"

Évidemment qu'elle l'avait vu. Elle regardait le classement des notes des élèves tous les lundis matins à 8h tapantes depuis la première semaine de la première année. Il était affiché dans le couloir de la classe de Métamorphose et Hermione faisait un détour pour le consulter religieusement chaque semaine. Elle avait toujours été première, elle n'avait jamais perdu sa place, pas même quand elle s'était faite pétrifiée pendant un mois entier, pas même quand elle utilisait un Retourneur de Temps qui lui avait saccagé la tête. Elle avait toujours été première, toujours suivie de près par Théo.

Mais cette semaine, à sa plus grande horreur, il l'avait dépassée.

"J'ai dû passer devant, oui." répondit-elle évasivement, comme si les deux lignes du classement général n'étaient pas imprimées sur ses paupières depuis le matin-même :

1- Théodore Nott Jr, Serpentard.

2- Hermione Granger, Gryffondor.

"Tu bouillonnes de l'intérieur, pas vrai ?" demanda Théo, au comble de l'extase. "Tu as envie de me jeter un maléfice de Pus Giclant, c'est ça ?"

"Pas du tout." dit-elle entre ses dents serrées. "Je suis contente pour toi. Bravo."

Elle n'avait jamais félicité quelqu'un aussi froidement. Il éclata de rire :

"Tu mens terriblement mal, Hermione. Je te connais, je sais que tu es dégoûtée."

"Je ne suis pas dégoûtée, je suis contente pour toi." répéta Hermione, toujours sans le regarder.

"C'est pour ça que tu révises ta Métamorphose ?" demanda Théo d'un ton faussement innocent.

Hermione tiqua légèrement. Théo le vit tout de suite.

"Disons que je trouve ça simplement… curieux, que tu aies obtenu une meilleure note que moi aux examens blancs de Métamorphose, alors que tu n'as pas totalement réussi à faire Disparaître le canard sur ta table pendant le cours…"

"... j'ai parfaitement réussi…" contredit Théo à demi-voix.

"Non ! Il restait des plumes sur ton bureau !" protesta Hermione en reposant brutalement le manuel sur la table.

"Ah, c'est donc cela…" dit Théo d'une voix théâtrale. "Tu vas utiliser l'excuse de l'injustice pour justifier le fait que j'ai été meilleur que toi dans cette matière ?"

"Non, je dis simplement que c'était très opportun que McGonagall n'avait pas ses lunettes sur le nez quand tu l'as fait devant elle."

"Quelle note as-tu eu ?" demanda Théo.

Il jubilait. Hermione serra les dents encore plus fort pour ne pas hurler de protestation.

"Efforts Exceptionnels." marmonna-t-elle. "J'ai perdu des points quand j'ai métamorphosé mon cafard en canard et que son bec est resté noir."

"Pour éviter que ça fasse ça, tu peux simplement lancer un…"

"Je sais comment changer un bec de couleur, merci." asséna-t-elle sèchement.

Théo éclata de rire et déroula un long parchemin sur lequel était inscrit des lignes de notes, probablement une fiche de révisions.

"D'accord, au temps pour moi…"

Hermione reposa les yeux sur le paragraphe qu'elle essayait de lire depuis quinze minutes, mais releva la tête quelques secondes plus tard. Théo la regardait avec un mélange de compassion, d'amusement et de tendresse.

"Je suis content de voir que, même si on s'est rapprochés, la compétition reste." avoua-t-il.

"Il n'y a pas de compétition." mentit Hermione, un peu trop vite. "Je suis contente pour toi."

"Je ne t'ai pas dépassée seulement en Métamorphose, tu sais. Je suis premier en Potions, en Astronomie et en Runes." lista Théo.

"Je sais." grommela Hermione, incapable de prétendre plus longtemps que ça ne la rendait pas folle de jalousie.

Le sourire de Théo était rayonnant.

"Et j'ai eu une note exceptionnelle en Sortilèges, qu'est-ce que Flitwick a dit, déjà ? Ah oui, que j'étais "un exploit ambulant."" ajouta-t-il d'un air fier.

"Arrête de parler."

"Tu veux que je t'explique le cours de Métamorphose, comme tu as du mal ?" demanda Théo d'un ton moqueur.

"Je ne t'écoute plus."

Il soupira de bonheur :

"Quel plaisir de vous retrouver, Miss Granger."

.

Hermione révisa en compagnie de Théo jusqu'à l'heure du dîner. Depuis que le mois de Mars avait commencé, Hermione avait redoublé sa quantité de travail personnel en préparation pour les BUSES. Son planning de révisions était tellement couvert de devoirs à faire qu'elle avait dû poser un nouveau sort d'Agrandissement dessus. Mais maintenant que Théo l'avait dépassée dans le classement, elle était devenue encore plus acharnée, déterminée à rattraper son écart pour retrouver sa place légitime de première de l'école.

Hermione et Théo rentrèrent dans la Grande Salle en même temps et se séparèrent pour rejoindre leurs tables respectives. Drago n'était pas assis, ce qui était étrange, parce qu'il dînait souvent assez tôt pour la rejoindre à la Bibliothèque après. Hermione mangea en compagnie d'Harry, Ron et Neville, puis prétexta retourner à ses révisions à la Bibliothèque. Le fait qu'Harry et Ron ne réalisèrent pas qu'elle était sur le point de fermer démontrait de leur absence cruciale de travail. Hermione était sûre qu'ils étaient ravis qu'elle ne remonte pas avec eux pour qu'ils puissent profiter d'une partie d'échecs en paix.

Elle alla sur le banc. Depuis l'incident avec Ombrage, Drago refusait de dépasser le couvre-feu, ce qui amusait Hermione autant que ça l'exaspérait : depuis quand avaient-ils échangé leurs rôles ? Avant, c'était Drago qui la suppliait de rester plus longtemps, et maintenant, elle haïssait Ombrage pour lui avoir enlevé ses précieuses minutes avec lui.

Hermione commençait franchement à s'inquiéter quand Drago sortit enfin par les grandes portes. Comme à chaque fois qu'elle l'apercevait, Hermione le détailla sans retenue : il était habillé d'un pull noir par-dessus une chemise blanche et d'un pantalon de costume bleu marine. Ses cheveux blonds étaient un peu plus longs que d'habitude, et quelques mèches tombaient sur son front à chaque pas qu'il faisait : il était magnifique sans même le faire exprès. Elle avait toujours autant de mal à réaliser que ce garçon puisse être attiré par elle. Il était parfait, de son visage à sa voix, de sa posture à son sourire.

Drago parcourut le petit chemin qui menait vers le banc, mais il était anormalement lent, comme s'il traînait quelque chose derrière lui dont le poids l'empêchait de marcher aussi vite qu'il le souhaitait. Quand il arriva près d'elle, il lui fit un sourire, et le souffle d'Hermione se coupa quand elle réalisa qu'il lui était adressé. À elle, Hermione Granger. Quand est-ce qu'elle était devenue si chanceuse ?

"Désolé, je n'ai pas pu venir plus tôt." dit-il quand il fut assez près.

"Ce n'est pas grave, qu'est-ce que…" commença Hermione en essayant de voir ce qu'il y avait derrière lui qui le gênait tant.

Drago se retourna, et Hermione réalisa que ce qu'il tenait était en fait une laisse, au bout de laquelle était accroché un minuscule chien blanc à poils longs.

"Oh mon Dieu !" s'écria-t-elle.

"Je suis de corvée d'Eris." dit Drago en guise d'explication.

Il passa sa main sous le ventre du chien d'une main, le souleva et s'assit à côté d'Hermione. À l'instant où il posa l'animal sur ses genoux, Hermione s'empressa de lui caresser la tête :

"Ohhh, bonjour toi, qu'est-ce que tu es mignon…"

"Merci, Granger. Tu n'es pas mal non plus." dit Drago avec son sourire en coin habituel.

Hermione sentit ses joues brûler.

"Qu'est-ce que tu veux dire, de corvée ?" demanda-t-elle, toute son attention portée sur le chien et non plus sur le garçon.

"C'est à mon tour de le promener." expliqua Drago, qui n'avait pas l'air très enchanté à cette idée.

"À qui il est ?" demanda Hermione en continuant de gratter derrière les oreilles d'Eris qui remuait la queue dans tous les sens.

Drago la regarda, surpris. Ce soir-là, ses yeux étaient un mélange parfait de gris et de bleu.

"Je ne t'ai jamais parlé d'Eris ?" questionna-t-il. Hermione fit non de la tête. "Oh. C'est le chien de Pansy. Elle l'a reçu pour son anniversaire en novembre dernier."

"C'est interdit d'avoir un chien à Poudlard." rappela-t-elle d'une voix plus ou moins sévère.

Elle continuait toujours de caresser Eris qui s'était mis sur le dos pour exposer son ventre, ce qui rendait ses propos assez incohérents.

"Ce n'est pas vraiment un chien." commenta Drago en baissant les yeux vers Eris, à la fois dégoûté et attendri. "On dirait plutôt un Boursouf. Et de toute manière, je pense que Dumbledore a autre chose à faire que de s'occuper d'un chien illégal dans l'école."

"Pas faux." dit Hermione.

Eris se roula en boule et enfonça son museau contre l'abdomen de Drago, puis poussa un soupir fatigué.

"Il t'aime bien." remarqua Hermione.

"J'espère bien qu'il m'aime, je m'en suis occupé toute la soirée." rétorqua Drago d'un air ronchon. Pourtant, quand il regardait Eris, il souriait.

"Pourquoi est-ce que Pansy ne s'en occupe pas, si c'est son chien ?" demanda Hermione, sincèrement curieuse.

Drago passa sa main dans le pelage d'Eris, frôlant celle d'Hermione en le faisant, qui eut aussitôt la chair de poule à son contact.

"Blaise a décidé de mettre en place un planning pour éviter que Pansy ne sorte tard le soir." expliqua Drago. "On tourne, et ce soir, c'est mon tour." Il tourna légèrement la tête vers Hermione, soudain soucieux : "J'espère que ça ne te dérange pas ?"

"Non, pas du tout." répondit-elle. "J'adore les chiens."

Elle caressa Eris sous le menton et il tremblota de bonheur. Il s'était endormi. Quand elle releva la tête, les yeux de Drago avaient tourné au gris glacé et sa mâchoire était contractée.

"Quoi ? Qu'est-ce qu'il se passe ?" demanda-t-elle, inquiète.

"Ta main." souffla-t-il, avec assez de colère dans sa voix pour que les poils de la nuque d'Hermione se hérissent.

Elle inspecta les minuscules traits blancs qui avaient formé des lettres quinze jours plus tôt. Avec la potion de Théo, on ne les voyait presque plus, les cicatrices se fondant avec sa peau, mais Drago les voyait, lui. Ses yeux les suivaient comme s'il essayait de relire la phrase qu'Ombrage lui avait ordonnée de marquer.

"Je ne sens plus rien." assura doucement Hermione. "Je n'ai plus mal, c'est passé."

"Peut-être, mais elle ne s'en sortira pas sans souffrir en retour." répondit-il d'une voix dangereusement tranquille.

Il prit gentiment sa main dans la sienne et la porta à sa bouche pour embrasser les cicatrices sur le dos de sa main. C'était comme si chaque parcelle de sa peau s'embrasait dès qu'il la touchait.

"S'il te plaît, ne fais rien que tu pourrais regretter." implora Hermione d'une petite voix.

Elle connaissait Drago. Elle savait que ses accès de colère étaient destructeurs, qu'il fonçait toujours tête baissée pour se venger sans se soucier des conséquences. Elle n'avait pas beaucoup de souvenirs du moment où elle était sortie de ce bureau, mais Hermione se souvenait très bien du visage de Drago lorsqu'il avait vu sa main ensanglantée : il avait été enragé. Pire encore qu'après le match contre les Gryffondors. Si elle avait été en maîtrise de son propre corps, Hermione aurait presque eu peur de lui à cet instant-là. Elle connaissait assez Drago pour savoir que tant qu'il n'avait pas rendu coup pour coup à Ombrage ce qu'elle lui avait fait, sa colère ne serait pas rassasiée.

"Je t'ai promis que je la tuerai, et je le ferai." annonça calmement Drago. Hermione frissonna en entendant une telle promesse, mais il embrassait ses mains si tendrement que c'était difficile de saisir la menace de ses mots. "Ça va prendre du temps, et je vais devoir apprendre à contenir mon désir de la faire souffrir avant de pouvoir me venger, mais ce n'est pas grave, la vengeance est un plat qui se mange froid."

Hermione se figea. Pourtant, cette fois-ci, ce que venait de dire de Drago était loin d'être effrayant. Au contraire. Tout le corps d'Hermione fut saisi par un long frisson de sa tête jusqu'à ses pieds. La combinaison de son accent français avec la douceur de ses baisers était dévorante, Hermione n'avait jamais ressenti ça.

Drago détacha ses lèvres quelques secondes le temps de la regarder, probablement étonné par son manque de réponse.

"Quoi ?" demanda-t-il, clairement pris de court par sa réaction.

Hermione avait la bouche entrouverte et les yeux gros comme des soucoupes. Elle détaillait le garçon à côté d'elle comme s'il venait de lui annoncer qu'il était Ministre de la Magie.

"Qu'est-ce… qu'est-ce que tu viens de dire ?" balbutia-t-elle.

"J'ai dit… que la vengeance était un plat qui se mangeait froid ?" dit-il sans comprendre. "C'est une expression française…"

"Tu parles français ?" coupa Hermione, dont la voix partait dans des aigües incontrôlés.

"Oui, bien sûr." répondit Drago, comme si c'était un fait connu de tous.

"Depuis… quand ?"

"Depuis toujours." répondit-il, le pli entre ses deux sourcils de plus en plus creusé au fur et à mesure des questions d'Hermione. "Ma mère m'a inscrit aux cours préparatoires à mes trois ans, et j'ai étudié la langue jusqu'à ce que j'arrive à Poudlard… pourquoi est-ce que tu me regardes comme ça ?"

"Comme quoi ?" demanda Hermione.

"Comme si tu voulais me…" Soudain, un éclair de lucidité passa dans son regard et il ébaucha son sourire en coin typique. "Oh… je vois. Tu aimes quand je parle français, Granger ?"

Hermione essaya de fermer la bouche de toutes ses forces, mais c'était comme si elle s'était pris un Stupéfix au visage. Drago éclata de rire :

"Merlin, si j'avais su que mes cours ennuyants de français te rendrait comme ça, j'y aurai prêté bien plus d'attention."

"Je ne fais rien." mentit Hermione.

"Je ne t'ai jamais vu rougir aussi fort depuis qu'on se connaît, et c'est dire." se moqua Drago. "Tu es bouche-bée."

"Non." rétorqua-t-elle, bouche-bée.

"J'aurais dû te parler en français plus tôt." dit-il. Ses yeux avaient retrouvé leur couleur bleue qu'Hermione adorait. "Ça nous aurait fait économiser des mois à se tourner autour, tu ne crois pas ?"

"Dis quelque chose." demanda Hermione, ce qui avait l'air plus d'une supplique. Le bois du banc craqua sous ses jambes quand elle se rapprocha de lui. "En français, dis quelque chose."

Drago fit glisser son regard sur les lèvres d'Hermione avant de le planter dans le sien. Elle était maintenant suffisamment proche de lui pour pouvoir sentir son eau de cologne à la pomme. Il souriait toujours quand il obtempéra :

"Tu es la plus belle fille sur laquelle j'ai posé mes yeux."

Hermione n'avait aucune idée de ce qu'il venait de dire, mais son estomac fit tout de même un soubresaut en entendant sa voix feutrée. Elle avait toujours aimé son accent, mais la manière dont il faisait rouler les lettres en français, avec sa voix grave… c'était comme une mélodie, ou apparemment, un mot de passe secret vers ses hormones. Soudainement, Hermione mourait d'envie de l'embrasser.

"Tu sais, je suis en train de détester Blaise, là." chuchota Drago.

"Pourquoi ?" demanda Hermione.

"Parce que ce maudit chien sur mes genoux t'empêche de me sauter dessus comme tu as clairement envie de le faire." dit-il, amusé.

Si elle était tout à fait honnête, Hermione avait complètement oublié la présence d'Eris. Elle se mordit la lèvre par réflexe et Drago observa le mouvement sans gêne, les yeux ardents.

"Au moins, je saurai quoi dire la prochaine fois que tu es énervée contre moi." remarqua-t-il. Ils étaient à moins de dix centimètres l'un de l'autre, et Hermione était complètement absorbée par sa bouche. "Tu rougis, amour."

Elle écrasa ses lèvres sur les siennes avant même de se rendre compte qu'elle était en train de le faire. Il répondit à son baiser avec la même ferveur qu'elle ressentait : il empoigna ses cheveux et la rapprocha encore plus de lui, et son autre main se balada le long de sa joue, de sa mâchoire, tandis que celles d'Hermione s'aventuraient sur sa poitrine. Ils ne pouvaient pas se fondre l'un à l'autre comme ils l'auraient souhaité, à cause d'Eris, et Hermione haïssait Pansy Parkinson d'avoir un chien à cet instant.

Elle ouvrit la bouche pour que Drago puisse y glisse sa langue et chacun de ses nerfs s'enflamma quand il le fit. Sa langue au goût mentholé caressa la sienne en rythme avec ses mains qui effleuraient son cou, lentement. Il la savourait, il prenait son temps, la poussant de plus en plus au bord d'un précipice dont elle ne soupçonnait même pas l'existence. Quand Hermione embrassait Drago, c'était comme si son cerveau se déconnectait, et c'était la sensation la plus addictive qu'elle connaissait. Il n'y avait que lui qui lui faisait ça. Elle ne pensait plus, elle ne faisait que sentir : ses mains, ses lèvres, son odeur, son goût. Elle s'agrippa à lui de toutes ses forces, presque tremblante dans ses bras, et Drago la tenait fermement, comme s'il craignait qu'elle ne disparaisse d'une seconde à l'autre.

Quand ils se séparèrent l'un de l'autre, ils étaient tous les deux pantois et les pupilles de Drago s'étaient assombries, devenant presque noires.

"Putain, Hermione." souffla-t-il, choqué. "Ça te fait tant d'effet que ça ?"

"Il faut croire." répondit-elle. Elle était tellement essoufflée qu'elle devait prendre de grandes inspirations pour calmer son coeur. Elle était bien trop électrisée par l'intensité du baiser pour ressentir la gêne. Elle ajouta le français à la liste grandissante des qualités de Drago Malefoy. "Tu sais, j'ai dit à Danny que j'allais à l'internat en France."

Il prit une petite respiration par le nez en hochant la tête :

"D'accord, si tu cherches un moyen pour me refroidir d'un coup, me parler de ton Poufsouffle fonctionne à merveille."

Hermione l'ignora et continua sur sa lancée :

"Pour justifier le fait que je m'éloignais pour aller à Poudlard, j'ai inventé que j'allais dans cet internat dans le sud de la France, et maintenant, il pense que je suis bilingue en français. Je ne sais jamais quoi répondre quand il me demande de lui parler. Tu pourrais m'apprendre quelques phrases ?"

Drago se remit contre le dos du banc et fit semblant de réfléchir en observant la façade du Château :

"Hmm… Tu pourrais lui dire : "Ne m'approche plus, je ne veux plus jamais te parler.""

"Qu'est-ce que ça veut dire ?" demanda-t-elle, méfiante.

"Ça veut dire que tu passes un très bon moment avec lui." répondit-il avec un sourire bien trop éclatant pour être vrai.

"Tu mens, pas vrai ?"

"Oui." répondit-il sans hésiter.

Hermione leva les yeux au ciel et se remit à caresser Eris. Il était profondément endormi, ses oreilles adorablement repliées et son museau frémissant à chacune de ses respirations. Il était tellement poilu qu'il ressemblait à une boule de coton.

L'énorme clocher au-dessus de leurs têtes sonna une fois, indiquant le début du couvre-feu. Le son résonna dans toute la vallée, et Hermione sut quels allaient être les prochains mots de Drago avant même qu'il n'ouvre la bouche :

"On devrait rentrer. Je ne veux pas avoir une autre excuse pour tuer notre chère Professeure."

L'ironie transperçait dans sa voix. Hermione obéit avec réticence. Elle avait la sensation que son temps avec Drago était compté, et elle détestait devoir le quantifier, ça lui rappelait qu'il n'était pas illimité. Elle devait profiter de chaque seconde en sa compagnie.

Drago fit glisser son avant-bras sous Eris et le plaqua contre son pull pour ne pas qu'il ait froid. Hermione commença à remonter le chemin, mais Drago l'arrêta avant qu'elle ne puisse faire un pas :

"Granger ?"

"Hmm ?"

Il l'embrassa à peine eut-elle tourné la tête vers lui, un baiser fougueux mais bref, le genre de baiser qu'on faisait pour dire au revoir quand on sait qu'on va se revoir vite. Il réchauffa la poitrine d'Hermione pour une toute autre raison qu'avant. Un baiser du quotidien. Il n'était pas volé, ou secret.

"Je t'aime." dit-il, et Hermione n'avait pas besoin de cours particulier pour comprendre ces mots-là.

Ses joues chauffèrent et Drago sourit en la voyant rougir.

"Je t'aime aussi." répondit-elle en anglais.

Il lui sourit, puis rebroussa chemin vers le Château, la laisse d'Eris pendant de sa main, et lança derrière son épaule :

"Oh, et rappelle-moi de remercier ma mère dans ma prochaine lettre."

Hermione leva de nouveau les yeux au ciel.

Quand ils arrivèrent devant le Château, les derniers élèves qui traînaient se dépêchaient de rentrer. C'était un autre inconvénient à la nouvelle règle imposée de Drago de respecter le couvre-feu : il ne pouvait plus la raccompagner devant sa Salle Commune au risque de se faire voir. Ils se lancèrent donc un dernier regard en guise d'au revoir et Drago disparut dans les escaliers qui menaient vers les cachots.

"Mione !" appela une voix dans son dos.

Ginny venait d'entrer dans le Château derrière elle, vêtue de sa tenue de Quidditch élimée et tachée de boue. La couleur rouge était délavée, et son insigne d'Attrapeuse était de travers, sûrement à cause des bourrasques de vent qu'elle s'était pris sur le terrain. Elle passa son bras dans celui d'Hermione et l'entraîna en avant.

"Je ne savais pas que l'équipe s'entraînait ce soir ?" dit Hermione.

Ginny secoua la tête en s'essuyant le front avec sa manche :

"Non, juste moi, je voulais perfectionner ma roulade du paresseux."

Hermione n'avait aucune idée de ce qu'était cette technique, mais le nom suffisait à lui faire comprendre les grandes lignes. Elle préféra ne pas demander pour ne pas avoir de haut-le-cœur.

"Et toi ? Tu viens d'o… oh." dit Ginny en s'arrêtant brutalement. Elle venait de regarder Hermione et son visage se tordit dans une grimace presque dégoûtée. "Oh non, tu étais en train de batifoler avec Malefoy, c'est ça ?"

"Non !" s'écria Hermione, outrée par son insinuation. "... Comment tu le sais ?"

Ginny lâcha un ricanement et désigna la tête d'Hermione avec sa main :

"Tu es rouge tomate, tes cheveux sont tout emmêlés, et tu as un air béat sur le visage."

"Je n'ai pas… c'est… je… je reviens." décréta Hermione, qui jugea qu'il était préférable qu'Harry et Ron ne la voient pas dans cet état.

Ginny riait dans son dos quand elle prit le couloir de la classe de Métamorphose et ouvrit la porte des toilettes à la volée. Elle s'approcha des éviers pour se mettre de l'eau sur le visage et essayer de baisser la température de ses joues fiévreuses, mais elle s'arrêta net quand elle vit que la place était déjà prise.

Par Pansy Parkinson.

Qui pleurait.

Pansy Parkinson pleurait au-dessus de l'évier des toilettes de la salle de Métamorphose.

Hermione resta clouée sur place. Elle n'avait aucune idée de quoi faire. Partir ? Faire comme si de rien n'était ? Lui demander si elle avait besoin d'aide ? C'était Pansy Parkinson, la fille la plus impassible qu'elle connaissait. Elle ne l'avait jamais vue afficher la moindre émotion, mis à part l'écoeurement et le dédain. Qu'est-ce qui avait pu la mettre dans un état pareil ?

Au moment où la porte se referma derrière elle, Parkinson releva la tête et fusilla Hermione du regard. Ses yeux noirs étaient baignés de larmes et son maquillage avait coulé le long de ses joues jusqu'à son menton.

"Qu'est-ce que tu fous là, toi ?" demanda-t-elle dans un hoquet plein de sanglots. "Putain ! On ne peut pas pleurer tranquille dans ce putain de Château ?!"

Hermione ouvrit la bouche mais ne trouva rien à répondre, alors elle la referma. Elle devait paraître complètement stupide, plantée là comme un piquet sans bouger, les yeux rivés sur Parkinson. Cette dernière prit une serviette et la pressa contre sa bouche pour étouffer ses pleurs.

"Tu… tu as besoin d'aide ? Je peux appeler quelqu'un, peut-être ?" bégaya Hermione dans une vaine tentative de la réconforter.

Parkinson releva la tête, et Hermione se demanda comment c'était possible d'étaler autant de haine sur un visage trempé de larmes. Sa gorge se referma et elle se tut pour ne pas envenimer la situation déjà bien trop gênante.

"Je n'ai pas besoin d'aide, et certainement pas de la tienne, Granger." répondit-elle froidement.

Elle prit une inspiration saccadée et passa la serviette sous l'eau, puis essuya ses joues avec. Elle étala le maquillage plus qu'elle ne l'effaça, mais Hermione n'aurait jamais osé lui faire remarquer, puis elle la jeta à la poubelle et se regarda dans le miroir.

Hermione fut choquée de constater que Parkinson observait son reflet avec autant de dégoût que lorsqu'elle regardait Hermione. Elle passa une main manucurée dans ses cheveux parfaits, comme pour les peigner alors qu'ils étaient déjà lisses, puis redressa les épaules et retrouva son expression habituelle, glacée, illisible.

Elle se dirigea ensuite vers la sortie, passa à côté d'Hermione, mais juste avant d'ouvrir la porte, elle se retourna brutalement et pressa sa baguette contre le cou d'Hermione.

Sa respiration se coupa. Elle sentait l'extrémité de la baguette de Parkinson s'enfoncer dans sa trachée et elle était tétanisée. Elle n'avait même pas vu qu'elle tenait sa baguette dans sa paume. Elle resta immobile, complètement à la merci de la fille en face d'elle qui lui vouait une aversion palpable dans l'air autour d'elles.

"Pas un mot à qui que ce soit." avertit Parkinson, sa voix comme un sifflement contre les tympans d'Hermione. "Et surtout pas à Drago. C'est bien clair ?"

"Oui." glapit Hermione.

"Je veux ta parole, Granger." cracha la Serpentard en ajoutant un peu plus de pression sur son cou.

"Tu as ma parole, je ne dirai rien." dit Hermione d'une voix étranglée.

Et en un clin d'œil, elle était partie.

Hermione avala l'air à grandes goulées et se précipita vers le miroir pour inspecter son cou : là où Parkinson avait appuyé sa baguette, un petit cercle rouge était visible sur sa peau. Les yeux d'Hermione s'agrandirent et elle contempla la trace comme pour vérifier qu'elle n'avait pas rêvé, puis s'aspergea le visage avec de l'eau froide. Elle dégoulina dans ses cheveux et dans son cou, mais Hermione était toujours aussi rougissante. Plus à cause de Drago, mais bien à cause de l'adrénaline que venait de lui causer sa meilleure amie. Hermione mit un temps considérable à calmer le rythme effréné de son cœur et arrêter les tremblements dans ses jambes.

Quand elle ressortit des toilettes, Ginny l'attendait devant. Elle contemplait ses ongles, adossée contre le mur, à l'instar de ses frères jumeaux qui prenaient toujours cette position quand ils attendaient quelque chose.

"T'en as mis du temps !" se plaignit Ginny. "Je meurs de froid. Je pense que je vais prendre un bain, j'ai des courbatures de partout." Elle passa de nouveau son bras dans celui d'Hermione et se remit à marcher. "Au fait, j'ai vu que Parkinson était à l'intérieur, elle t'as dit quelque chose ?"

"Non, non." répondit aussitôt Hermione d'une voix blanche. "Non, rien du tout."

Tandis que Ginny se lançait dans le récit de sa dernière roulade réussie dans les airs, la tête d'Hermione était toujours dans ces toilettes.

Mais qui avait bien pu faire pleurer Pansy Parkinson de la sorte ce soir ?

.

.


Drago


.

.

"Concentrez-vous, Drago."

"J'essaye." siffla-t-il.

Il était dans l'esprit de Rogue. Tout, autour de lui, était plongé dans le noir. Il essayait de marcher, d'atteindre les filaments de pensée qui flottaient autour de lui, mais son corps était comme suspendu. Il ne pouvait plus lever le bras. Il sentait la panique lui monter à la tête. Il ne pouvait pas avancer. S'il tendait le bras pour saisir une pensée flottante, elle s'évaporait entre ses doigts. Il allait revenir dans le bureau de Rogue et affronter sa déception. Pourquoi n'y arrivait-il pas ? Pourquoi était-il bloqué ?

"La plus grande qualité d'un Occlumens est de ne pas l'être." rappela la voix gutturale de Rogue, qui ricocha contre les parois de son propre esprit.

Et soudain, Drago comprit.

Il ferma les yeux et prit une grande inspiration. Il médita, comme avant de dormir. Il laissa la sérénité rouler sur ses muscles, reprendre le contrôle de son corps petit à petit. Il se détendit, oubliant presque où il se trouvait en le faisant. La bibliothèque, l'odeur de la cannelle…

Il n'ouvrit pas les yeux quand il fut prêt.

Il fit demi-tour.

Il ne devait pas voir ce que Rogue voulait lui montrer, il devait trouver par lui-même. Toujours les yeux fermés, Drago s'aventura dans l'esprit de Rogue. Il faisait extrêmement froid, le filet de sueur le long de sa nuque était glacé et le faisait claquer des dents. Il était comme assailli par des particules de grêle qui le fouettait à chacun de ses pas. Mais Drago continua d'avancer, aveuglément.

Tout était parfaitement calme, silencieux. Rogue ne parlait plus. Drago se concentrait sur l'action de mettre un pas devant l'autre. Il Occluda pour filtrer les émotions qui le gênait, comme la douleur ou le froid, pour ne garder que les sensations qu'il rencontrait. Il marcha tout droit, et plus il avançait, plus il avait l'impression qu'une énergie tiède lui réchauffait le visage. Il se guida grâce à ça, toujours sans ouvrir les yeux. Une sorte de ruban flottant s'enroulait autour de lui, de ses doigts, de son cou, et l'attirait en avant, et Drago n'avait aucune idée si c'était Rogue qui l'aidait ou si c'était lui qui hallucinait, mais il se laissa conduire.

Quand il ouvrit les yeux, il se tenait devant une grande porte au bois ancien. Elle était fermée, mais quand Drago prit la poignée, le loquet sauta et la porte s'ouvrit dans un grincement.

Devant lui étaient exposées des étagères, sur lesquelles étaient alignées des centaines de potions. Elles variaient en couleur et en taille, mais Drago était sûr qu'elles avaient été soigneusement triées dans un ordre méticuleux. Il n'en reconnaissait aucune. Toutes les potions étaient poussiéreuses et sombres, mais elles contenaient toutes le même liquide, cette sorte de brume argentée des Patronus. Ses souvenirs.

Drago se tenait devant les souvenirs rangés de Rogue.

"Vous avez compris."

Drago fit volte-face et se retrouva nez à nez avec Rogue. Il était vêtu d'une longue cape noire, les mains pliées en face de lui. Il ne regardait pas Drago, il observait les potions derrière lui, avec un soupçon de fierté sur ses traits.

"Vous me l'avez dit vous-même." réalisa Drago. Sa voix était lointaine, comme s'il l'entendait d'une autre pièce. "Un bon Occlumens ne doit pas l'être. Il doit mettre des souvenirs anodins en avant pour que le Legilimens ne suspecte pas que ses vrais souvenirs compromettants sont cachés autre part dans son esprit."

Rogue hocha gravement la tête.

"Vous êtes doué, Drago." complimenta-t-il. "Personne n'avait réussi à trouver ma réserve jusqu'à présent."

Il montra les étagères d'un geste vague de la main.

"Vous m'avez aidé." nota le blond.

Rogue tilta légèrement sa tête en avant, ses cheveux noirs frôlant ses joues creuses.

"Je n'ai rien fait de tel." dit-il. "Je ne vous ai pas empêché d'y accéder, mais je ne vous ai pas aiguillé pour la trouver non plus. Vous l'avez fait tout seul. Vous avez une abilité pour les sciences mentales qui m'épate depuis le premier jour où nous avons commencé ces séances, Drago. Vous avez un don, c'est indéniable, mais c'est votre volonté qui m'impressionne le plus."

C'est pour elle, voulut-il répondre. Tout ce qu'il avait fait depuis l'année précédente avec Rogue avait été pour la protéger. Il ne le dit pas à voix haute, mais ça devait se voir sur son visage, parce que celui de Rogue prit une expression plus sinistre.

"Vous avez accepté de vous entraîner en Légilimancie pour l'entraîner elle. N'est-ce-pas ?"

Comme à chaque fois que quelqu'un la mentionnait, Drago Occluda, ce qui était ironique, étant donné qu'ils étaient au beau milieu du cerveau de Rogue, en train d'avoir une discussion.

"Comment pouvez-vous le savoir ?" demanda Drago, inquiet de s'être fait voir par son Professeur le fameux soir où Granger était entrée dans sa tête.

Rogue émit un faible son proche du rire.

"Je l'ai su le jour où j'ai refusé d'aider Miss. Granger à perfectionner son Occlumancie, bien entendu. La nuit où vous étiez à l'infirmerie après un surmenage de ma part, vous m'avez supplié de l'aider pour la protéger, mais j'ai refusé. Je vous ai dit qu'elle avait déjà choisi ses convictions, et que je ne pouvais pas l'aider."

Drago s'en souvenait vaguement. Il n'avait jamais trop su si la présence de Rogue à l'infirmerie avait été réelle, ou si ça avait été une hallucination médicamenteuse.

"J'ai su, à cet instant, que vous alliez tout faire pour lui apprendre à fermer son esprit comme je le fais avec vous."

"Vous l'avez lu dans ma tête ?" accusa Drago.

"Non." répondit Rogue d'une voix tranquille. "Je l'ai vu dans vos yeux."

Drago ne répondit rien. Il avait de plus en plus de mal à contenir la douleur qui traversait ses membres à mesure que sa magie s'évaporait de lui.

"Je vous ai donné les clefs pour la protéger." dit Rogue. "Maintenant, c'est entre vos mains."

Il entendit un cliquetis dans son dos et quand Drago se retourna, il fut surpris de voir une fiole de potions flotter jusqu'à lui. Elle tomba dans sa paume ouverte et il l'observa sans comprendre. Il n'y avait pas d'étiquette, pas d'indication sur ce qu'elle contenait. Drago jeta un regard à son Professeur, comme pour lui demander son approbation de lire un de ses souvenirs, mais Rogue ne bougea pas. Il avait toujours les mains jointes devant lui, et aucune expression sur le visage. Drago ouvrit donc le bouchon, et le souvenir apparut devant ses yeux embrumés.

Il sourit quand il comprit.

"Le haggis." chuchota-t-il. "Votre plat préféré est le haggis."

Ils échangèrent un long regard, et Drago mit du temps avant de se rendre compte qu'ils étaient de retour dans le bureau de Rogue. Il n'y avait plus de potion dans sa main, et il avait un léger bourdonnement dans les oreilles.

"Je suis fier de vous, Drago." déclara Rogue doucement.

Le concerné sentit une vague de chaleur s'écraser en lui en entendant ces mots. Il n'avait pas réalisé à quel point il avait besoin de sa validation jusque là.

"Merci, Professeur." répondit-il avec une certaine émotion.

Drago aurait presque pu jurer voir un sourire retrousser la lèvre supérieure de Rogue avant qu'il ne retourne s'asseoir à son bureau :

"Vous pouvez disposer."

Drago rentra dans sa Salle Commune courbaturé, épuisé, drainé de sa magie, mais surtout, avec une satisfaction qui le faisait sourire et qui l'empêchait de subir les dommages de la Légilimancie avec autant de force qu'avant. Il avait réussi.

Maintenant, il devait apprendre à Granger à faire de même.

Il n'avait aucune idée de l'heure qu'il était, et il fut surpris de ne pas tomber sur une grosse fête de Pansy en entrant dans la Salle. On aurait dit que les Serpentards hésitaient à entrer pleinement dans l'ambiance, la musique du gramophone à peine trop décalée pour pouvoir danser. Les bouteilles d'alcool étaient dispersées un peu partout, mais personne ne s'était servi de verre, et tout le monde attendait, à moitié assis sur les fauteuils, en se jetant des coups d'oeils indécis.

"Où est Pansy ?" demanda Drago en s'installant à côté de Blaise et Théo qui jouaient aux échecs.

Contre toute attente, ce fut Crabbe qui lui répondit :

"En ronde de Préfets."

Il avait posé sa joue contre sa paume et scannait la Salle autour de lui de ses petits yeux enfoncés. Goyle, à côté, était comprimé entre Crabbe et l'accoudoir et soupirait d'agacement toutes les dix secondes.

Drago comprit tout de suite pourquoi la fête n'avait pas commencé. Si Pansy n'était pas là, il n'y avait pas de fête.

"Avec Granger." ajouta Blaise, son attention focalisée sur le jeu.

Drago écarquilla légèrement les yeux. Granger et Pansy, ensemble ? En ronde ? Il avait pensé qu'une d'entre elles échange avec quelqu'un d'autre, c'était ce que les Gryffondors et les Serpentards faisaient depuis le début de l'année pour éviter de partager les patrouilles nocturnes. Drago avait toujours échangé avec Pansy pour pouvoir faire ses rondes avec Granger, mais son cours d'Occlumancie de ce soir l'avait empêché de le faire.

Il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, mais il avait le pressentiment qu'une ronde entre les deux filles était synonyme de problèmes.

"Tour en A3." annonça Théo.

La pièce glissa le long de l'échiquier, clairement en désaccord avec la décision de son maître de jeu.

"Cavalier en A3." dit Blaise juste après.

Théo regarda sa pièce se faire exploser par le sabot du cavalier de Blaise avec une expression proche de la crise nerveuse.

"Tu me dépasses peut-être dans le classement général depuis la première année, Théo, mais je serai toujours meilleur en échecs que toi." annonça Blaise, son menton posé contre ses doigts entremêlés. Il représentait la sagesse pure, et c'était aussi impressionnant qu'exaspérant.

"Pansy et toi, apparemment." grommela Théo. "Reine en F8."

Blaise poussa un petit soupir impatient :

"Arrête de jouer agressif, on sait très bien que ce n'est pas ton style. Fou en G1. Comment s'est passé ton cours, Dray ?"

Drago s'étira pour essayer de relâcher ses muscles contractés. Il avait une douleur dans la nuque qu'il n'arrivait pas à faire partir.

"Je connais le plat préféré de Rogue." annonça-t-il, triomphant.

Les deux garçons levèrent la tête vers lui :

"Vraiment ? C'est quoi ?" demandèrent-ils à l'unisson.

"Le haggis."

"Oh." répondit Théo, déçu.

"Incroyable !" s'écria Blaise avec un grand sourire. "Bravo, Dray ! Qu'est-ce que Rogue a dit ?"

"Qu'il était fier de moi." répondit-il, un peu gêné à l'idée que l'effet de ce compliment se reflète sur son visage.

"C'est quoi ça, le haggis ?" demanda Goyle depuis le canapé.

"Est-ce qu'il y a quelque chose que tu sais, Goyle, ou es-tu stupide dans tous les domaines ?" rétorqua Théo d'une voix blasée. "Tu as conscience que tu passes toutes tes journées en Ecosse depuis cinq ans ?"

"Quel est le rapport ?" demanda Crabbe, la bouche entrouverte par l'incompréhension.

Personne ne lui répondit.

Pansy entra dans la Salle Commune quand Théo se fit prendre sa Reine. Elle pointa sa baguette vers le gramophone qui diffusa une musique bien plus rythmée, tout en se servant un verre de whisky à la vanille de l'autre main. Quand elle s'assit sur le canapé à côté de Théo, les trois quarts de la Maison dansait. Elle modifia les lumières avec sa baguette pour créer des spots verts qui se baladèrent le long des murs et sur les corps des danseurs déjà au centre de la piste. Pansy Parkinson avait décidément un don en organisation de soirées.

"Alors ?" demanda Drago avec une pointe de nervosité. "Comment s'est passé cette ronde ?"

Pansy haussa faiblement les épaules :

"Bien." répondit-elle.

Drago devait avoir mal entendu, parce qu'aucun scénario où Hermione et Pansy passaient plus de deux heures consécutives ensemble pouvait bien se passer.

"Mais encore ?" pressa-t-il.

Pansy prit une gorgée de son whisky en poussant un râle agacé :

"Qu'est-ce que tu veux savoir, Drago ? Si j'ai balancé ta précieuse Granger par-dessus la balustrade de la Tour d'Astronomie ? Elle est en sécurité dans sa tour de coincés du cul, détends-toi."

Elle esquissa un geste pour se lever, mais Drago lui attrapa l'avant-bras avant qu'elle ne puisse s'échapper :

"D'accord, d'accord, désolé." dit-il. "J'étais simplement curieux."

"Laisse-moi aller danser." réclama Pansy, en montrant sa main qui lui tenait toujours le bras.

Drago la lâcha et elle se précipita vers le centre de la Salle où plusieurs danseurs s'étaient amassés les uns contre les autres. Très vite, elle se fondit dans le décor et Drago la perdit de vue.

Après leur partie d'échecs, Théo alla travailler (et bouder) sur une table d'étude un peu plus loin, et Blaise servit un verre de liqueur à la pomme verte à Drago. Ça faisait longtemps qu'il n'en avait pas bu, et il en apprécia davantage encore le goût : l'acidité sur sa langue était excquise.

Blaise était assis sur son fauteuil de prédilection à sa gauche, mais il ne parlait pas. Son attention était dirigée vers le centre de la pièce, et Drago soupçonnait plus particulièrement vers Daphné, qui dansait mollement avec ses copines, les yeux à demi-fermés. Il ne savait pas si elle était déjà trop alcoolisée ou si c'était la fatigue qui l'empêchait de rester droite sur ses propres jambes.

Drago était en train d'hésiter entre se servir un nouveau verre ou aller dans son dortoir quand quelqu'un lui demanda d'une voix faible :

"Je peux m'asseoir ici ?"

Astoria Greengrass se tenait à côté de lui. Ses longs cheveux blonds avaient perdu leur clarté habituelle, probablement à cause de la transpiration qui les collaient à ses joues, et son haut à paillettes argenté avait l'air de la faire suffoquer tant il était serré. Quand Drago baissa les yeux, il ne fut pas surpris de voir qu'elle était chaussée de talons beaucoup trop hauts pour elle. Il aurait eu envie de s'asseoir aussi s'il avait des chaussures aussi inconfortables aux pieds.

Il s'apprêta à ouvrir la bouche pour lui faire remarquer que ce canapé était réservé mais Blaise lui répondit avant qu'il ne puisse le faire :

"Bien sûr, assieds-toi."

Astoria ne se fit pas prier : elle se balança en arrière et s'enfonça dans les coussins avec un gémissement de soulagement.

"Merci, j'en avais bien besoin."

"Quelle idée d'avoir mis des chaussures pareilles aussi." grogna Drago en montrant ses escarpins. "C'est pas de ton âge, t'es pas censée être en deuxième année ?"

"Troisième année." corrigea Astoria, comme si ça marquait une énorme différence. "Et je te ferai dire que je porte des talons hauts depuis que mes parents m'ont forcée à aller dans leurs Bals pourris."

"Et c'est censé être une fierté ?" demanda Drago.

"Excuse-moi, à quel âge as-tu commencé à te bourrer la gueule ?" interrogea Astoria d'un ton poli.

Blaise éclata de rire. Quand Drago le fusilla du regard, le brun mit ses mains devant lui comme pour se protéger :

"Quoi ? Tu dois avouer qu'elle t'a bien eu, Dray."

"Si tu aimes danser tant que ça, qu'est-ce que tu fous là, exactement ?" demanda-t-il, sans prendre la peine de filtrer sa grossièreté.

"Et bien, tu es tellement charmant, ça aurait été regrettable de me priver de cet échange si courtois." répliqua-t-elle sur-le-champ.

Il ne l'aimait pas, mais il devait admettre qu'elle avait de la répartie.

Astoria retira ses chaussures et coinça ses jambes sous elle en s'allongeant sur le dossier comme si c'était son canapé, et non pas un prêt de quelques minutes.

"Je ne t'aime pas beaucoup, je te rappelle." maugréa Drago. Il lui avait déjà dit pendant leur retenue partagée.

Astoria ne broncha pas, son visage parfaitement symétrique n'abordant aucune expression qui aurait pu montrer que cette vérité la blessait.

"C'est dommage pour toi, je suis tellement appréciable."

Soudain, le regard de la blonde fut attiré par quelque chose dans la foule et elle se ratatina imperceptiblement contre les coussins du canapé. Tout son aplomb se dissipa d'un coup, et Drago fut même surpris de voir un éclair de quelque chose passer sur ses traits si confiants… la peur ? Il essaya de repérer qui elle avait bien pu apercevoir qui pouvait lui causer une telle réaction, mais les lumières vertes n'aidaient pas à distinguer quelque chose.

"Qu'est-ce qu'il y a, Tori ?" demanda Blaise, qui devait avoir vu la même chose que Drago.

"Rien." mentit Astoria.

"Arrête de mentir. Qu'est-ce qui t'arrive ?"

La fille tourna ses grands yeux hazel vers Drago. Ils étaient implorants et dénués du malice qui les habitaient quelques secondes plus tôt.

"Si je te le dis, tu vas te moquer." énonça-t-elle à voix basse. Elle avait l'air soudainement craintive de cette perspective.

"Ça dépend de ce que c'est." répondit Drago en toute honnêteté.

"Dis-nous, Astoria." ordonna Blaise, qui s'était redressé sur son fauteuil.

"Vous me croirez ?" demanda-t-elle.

"Oui." répondit Blaise sans hésiter.

Elle lança un bref regard vers Drago qui hocha la tête. Astoria pointa alors quelqu'un du doigt, vers la table des alcools :

"C'est ce garçon, là-bas… Il n'arrête pas de me faire des avances, même après lui avoir répété encore et encore que je n'étais pas intéressée."

"Warrington ?" s'étonna Drago.

Cassius Warrington était un Serpentard de septième année. Il jouait dans l'équipe de Serpentard depuis deux ans, mais ils n'avaient jamais échangé plus de deux mots autres que "bien joué", et Drago l'avait d'ailleurs rarement aperçu en dehors du terrain.

"Il t'a fait des avances ? Ce soir ?" répéta Blaise qui regardait le garçon avec la lèvre retroussée de dégoût.

"Pas que ce soir, depuis l'année dernière !" se lamenta Astoria. "Il trouve toujours un prétexte pour me parler, même entre deux classes, ou pendant le dîner. Et là, j'étais tranquillement en train de danser avec ma copine Evie quand il s'est… collé à moi."

"C'est dégueulasse." commenta Drago.

"C'est un connard." ajouta Blaise, qui se craquait les phalanges d'un air menaçant. "Tu en as parlé à ta soeur ?"

"Oui." répondit Astoria. "Elle m'a conseillé de lui lancer un Maléfice Cuisant la prochaine fois qu'il viendrait me parler trop près."

"Tu devrais." approuva Drago, pour la première fois d'accord avec une idée de Daphné Greengrass.

"Mais je ne peux pas."

"Pourquoi pas ?"

Astoria se tourna vers lui comme s'il était particulièrement stupide :

"Parce que c'est un septième année ? Il est beaucoup plus expériencé que moi, sans compter sur le fait qu'il me dépasse de bien dix centimètres et qu'il m'a répété plusieurs fois qu'il ne se contenterait pas d'un non de ma part."

"On va voir s'il va se contenter du mien, dans ce cas." dit Blaise d'une voix vibrante de colère.

Se sentant probablement observé, Warrington redressa la tête de là où il se servait un verre et repéra Astoria sur le canapé. Même de là où il se trouvait, Drago vit l'étincelle de convoitise dans son regard et sentit Astoria frémir à côté de lui. Warrington remplit un deuxième gobelet et s'approcha d'eux, ignorant complètement Drago et Blaise :

"Je te cherchais." déclara-t-il avec un sourire mauvais quand il fut arrivé à leur hauteur. "Tiens, c'est pour toi."

Il lui tendit le gobelet, mais Astoria ne le prit pas.

"Allez, t'avais dit que tu danserais avec moi." continua le garçon, d'une voix mièvre qui témoignait de la quantité d'alcool qu'il devait avoir ingurgité en si peu de temps.

"Je ne t'ai rien dit du tout, Warrington." contredit Astoria, bien loin de l'effronterie dont elle faisait preuve avec Drago.

"Ah si, je me souviens très bien que tu m'avais promis une danse, Greengrass." continua Warrington en passant sa langue sur sa lèvre inférieure.

Son regard lubrique embué par l'alcool glissa sur les jambes d'Astoria, qui se recroquevilla encore plus avec une grimace. Il posa le gobelet qu'il lui avait proposé et tendit la main pour l'attraper, mais Drago dégagea son bras avec force avant qu'il ne puisse la toucher.

"Aouch !" s'écria Warrington, passant son regard de la fille à Drago pour la première fois depuis le début de leur échange. "Putain, qu'est-ce qui te prend, Malefoy ?"

"Laisse-la tranquille, Cassius." avertit Drago.

"Te mêle pas de mes affaires." cracha-t-il en se massant le bras.

"Tes affaires deviennent les miennes quand elles viennent se réfugier à côté de moi pour s'éloigner de toi." dit Drago. "Lâche-la, elle ne veut pas de toi."

"Tu n'as aucune idée de ce qu'elle veut." rétorqua-t-il en pointant Astoria du doigt.

"Mec, elle est en deuxième année." répondit Drago, en insistant lourdement sur le "deuxième". "Un poil trop jeune pour toi, non ?"

"Troisième." chuchota obstinément Astoria à côté de lui.

"L'amour n'a pas d'âge." commenta Warrington avec un sourire goguenard qui répugna Drago. "Allez, viens."

Il tendit de nouveau la main vers elle, mais Blaise s'était levé, trop vite pour que Drago puisse le voir, et repoussa Warrington qui fut projeté sur le côté avec force, comme un pantin désartibulé. En considérant son état d'ivresse avancé, Drago fut presque impressionné qu'il parvienne à garder l'équilibre.

"Elle t'a dit de dégager, connard." dit Blaise d'une voix terriblement calme, ce qui le rendait encore plus terrifiant.

Warrington avait deux ans de plus que Blaise, pourtant, on avait l'impression que c'était l'inverse en les voyant comme ça. Blaise le dépassait d'une tête et le regardait avec un mélange de pitié et de répulsion qui aurait effrayé n'importe qui à sa place.

"Qu'est-ce que vous avez, tous les deux ?" demanda Warrington avec colère en regardant successivement Blaise et Drago, qui était toujours assis dans le canapé comme si cette conversation ne le concernait pas. "Vous la voulez aussi, c'est ça ?"

"Elle a treize ans, espèce de gros dégueulasse." répondit Blaise, écoeuré. "Et quand une fille me dit non, je ne suis pas du genre à insister comme un gros chien, moi. C'est la dernière fois que je te préviens, Warrington : laisse-la tranquille. C'est clair ?"

Il montra son poing et Warrington pâlit brusquement. Il devait probablement se souvenir de la fois où Blaise avait asséné un coup de poing à Léo Hills et lui avait disloqué la mâchoire devant tout le monde. Warrington tourna une dernière fois la tête vers Astoria, comme s'il espérait qu'elle change d'avis, puis capitula et retourna à la table d'alcools, les épaules voûtées de déception.

Évidemment, toutes les têtes s'étaient tournées vers Blaise, mais ce dernier ne sembla pas les remarquer et se rassit tranquillement sur son fauteuil comme s'il ne venait pas de menacer un septième année.

"Merci Blaise." dit Astoria chaudement. Elle se tourna vers Drago, un sourcil blond arqué de surprise : "Et merci Malefoy. Je ne te croyais pas si gentleman."

Drago ricana dans sa liqueur de pomme :

"Je ne suis pas un gentleman, je ne suis juste pas un grand admirateur des forceurs qui draguent des filles de douze ans devant moi."

"Treize." rectifia Astoria.

Elle se pencha en avant pour prendre le gobelet que Warrington avait laissé sur la table basse. Drago crut qu'elle allait prendre une gorgée, mais elle ne fit que renifler la boisson, son nez plissé par la concentration :

"J'aurais du m'en douter." dit-elle. "Un délicieux rhum groseille, agrémenté d'une Potion de goutte de sommeil."

Drago sentit ses propres yeux s'arrondir en entendant ça. Blaise, lui, s'était déjà relevé avant même qu'Astoria termine sa phrase :

"Ça suffit, je vais lui casser la gueule." prévint-il.

"Non, Blaise, attends." dit Astoria.

Étonnamment, Blaise l'écouta et s'arrêta sur ses pas, les manches de son uniforme retroussées jusqu'à ses coudes.

"Tu as déjà nettoyé suffisamment de trophées cette année pour te rajouter des heures de retenue." continua-t-elle. "Non, il faut être plus malin que lui… Qu'est-ce que vous pensez d'ajouter quelques gouttes de potion de Chute de Cheveux à notre ami Warrington dans son jus de citrouille du matin ?"

Drago prit sa gorgée de liqueur de travers. Elle n'était pas sérieuse ?

"Astoria ?"

Daphné arriva en courant, du moins, aussi vite que ses talons ridicules le permettait, et se précipita sur sa soeur, complètement apeurée :

"Tori ? Tout va bien ? J'ai vu Warrington te tenir encore la jambe… Tu n'as pas bu dans son verre, rassure-moi ?"

"Non, tout va bien, Blaise m'a sauvée."

Daphné sursauta en entendant la mention de son prénom, mais ne tourna pas la tête en direction du garçon, qui était pourtant à quelques mètres d'elle à peine.

"Oh… Je vois." balbutia-t-elle, à court de mots.

"Et Drago, aussi." poursuivit Astoria avec un sourire. C'était la première fois qu'elle l'appelait par son prénom. "Je leur ai raconté que Warrington était lourd depuis l'année dernière, et je pense que grâce à eux, il ne m'embêtera plus de sitôt."

Astoria se pencha pour ramasser ses chaussures et se leva. Quand elle bailla, le regard de Daphné s'adoucit considérablement et la réprimande qu'elle était sur le point de lui délivrer mourut sur sa langue. Drago se fit la réflexion qu'il n'avait jamais vu Daphné porter une expression aussi paisible de sa vie.

"Viens, je te raccompagne à ton dortoir." proposa-t-elle doucement.

Astoria acquiesça et se laissa guider par sa soeur, qui glissa son bras sous son aisselle pour la tenir contre elle. Dès qu'elle fut dans ses bras, la blonde posa sa tête sur son épaule et ferma les yeux.

"Merci, Drago." dit Daphné avec une sincérité qui le choqua.

"Euh… de rien." répondit-il, pris de court.

Elle contourna le canapé pour se diriger vers les dortoirs, en tenant Astoria contre elle comme si c'était une poupée particulièrement fragile. Au moment où elle passa à côté de Blaise, Daphné leva la tête vers lui :

"Et merci, Blaise."

Il ne s'était vraisemblablement pas attendu à ce qu'elle lui adresse la parole, on aurait dit qu'il venait de voir un fantôme. Il se ressaisit rapidement :

"C'est normal."

"C'était gentil de ta part de le faire tout de même."

Elle lui fit un petit sourire et s'éloigna. Blaise se rassit lourdement sur le fauteuil, ébahi. Il était tellement choqué qu'il en avait oublié d'aller casser la gueule à Warrington. Drago n'avait jamais compris ce qu'il s'était passé entre les deux pour que Daphné soit si hostile à son égard, mais il fallait croire que protéger Astoria était la clé pour se faire pardonner.

Pansy arriva quelques minutes plus tard, traînant derrière elle un Théo qui avait l'air de vouloir être partout sauf ici. Ils tenaient des gobelets dans leurs bras, qu'ils distribuèrent à Blaise et Drago pour trinquer tous les quatre.

"Et on peut savoir ce qu'on est censés célébrer ?" demanda Théo sarcastiquement en portant le verre à sa bouche.

"Blaise a failli se battre." répondit Pansy avec un gloussement ivre.

"C'est tous les soirs, ça." remarqua Théo.

"Il l'a fait pour protéger une fille." ajouta Pansy d'un air fier.

"C'est ce que je dis." remarqua Théo. "C'est tous les soirs."

"Je l'aurais fait pour n'importe qui. Ce gars est un malade." marmonna Blaise en buvant son hydromel, les yeux braqués sur le garçon en question, qui s'était assis un peu plus loin.

Drago fut soudain pris d'une réalisation horrible :

"Hé, Pans', ne me dis pas que tu as subi ce même genre d'approche ?"

La concernée lui lança un regard blasé :

"Je viens de recevoir des avances de Wallace Highmore il y a dix minutes."

"Quoi ?!" s'exclama Théo, qui failli renverser son verre. "Tu plaisantes ?"

"J'aimerais." répondit Pansy, détachée. La suite de sa phrase fut à peine compréhensible tant elle parla dans son gobelet : "Comme si j'accepterais de sortir avec un Wallace."

"Qu'est-ce qu'il te voulait ?" demanda Blaise.

Pansy avala sa gorgée de whisky et énonça lentement :

"Savoir si j'acceptais sa proposition de fiançailles."

Cette fois-ci, les trois garçons lâchèrent un cri de stupeur qui alertèrent tous les élèves autour d'eux. Pansy les regardèrent un par un, surprise :

"Quoi ? Je vous ai déjà dit que les filles Sang-Pur reçoivent des invitations de mariage dès leur plus jeune âge."

"Par les parents !" s'indigna Drago.

"Pas seulement. Vous n'imaginez pas le nombre de Serpentards qui cherchent deséspérément une fille pour continuer leur lignée, c'est affligeant."

Elle prit une nouvelle gorgée en ignorant les mines outrées des garçons à côté d'elle.

"Une guerre est en train d'arriver à grands pas, mais c'est ça leur préoccupation ?" demanda Théo d'un ton désapprobateur.

"C'est justement parce que la guerre arrive qu'ils sont inquiets." expliqua Pansy. "Ils veulent sécuriser leur héritage avant que tout ne soit chamboulé. Vous avez de la chance de ne pas avoir à vous préoccupez de ça."

"Aucun risque, je suis pratiquement orphelin." dit Théo avec un grand sourire.

"Et je pense que mes parents sont un peu trop impliqués dans la guerre pour avoir quelque chose à faire de qui je vais marier." grinça Drago.

"Et ma mère est plus intéressée par mon Troisième Oeil que par ma future fiancée." enchaîna Blaise. "Pourquoi tu ne nous a pas parlé de ces mecs qui te tournent autour, Pans' ?"

"Parce que tu ne peux pas casser la gueule de tous les mecs qui me tournent autour, Blaise."

"Si, je peux." répliqua-t-il aussitôt. "C'est d'ailleurs ce que je sais faire de mieux. Théo est bon en cours, Drago excelle en Potions et en Occlumancie, et moi, je sais foutre des coups de poing à ceux qui le mérite."

Pansy roula des yeux, mais elle souriait.

"Merci, Blaise. Heureusement que tu es là." Elle se leva du canapé et leva les bras au-dessus de sa tête pour s'étirer. "Je crois que je vais vous laissez là, je suis fatiguée et la fête n'est pas terrible. Je vais aller voir si Daphné et Tori vont bien. Bonne nuit les garçons."

"Bonne nuit Pans'." répondirent-ils en choeur.

"Pansy, attends !"

Crabbe était sorti de la foule de danseurs et la rejoignait en trottinant. Son visage était rouge vif et luisant. Il faillit se prendre les pieds dans le tapis.

"Je voulais te dire quelque chose." dit-il, pantelant.

"Dépêche, je vais me coucher." répondit Pansy d'un ton brusque.

Drago crut qu'il allait être malade à tout instant et priait pour lui que ce ne soit pas sur Pansy.

"Alors, voilà… Ça fait cinq ans que je veux t'en parler, en fait…"

La main de Théo jaillit et serra le genou de Drago de toutes ses forces :

"Oh putain." souffla-t-il, les yeux braqués sur la scène. "Le moment tant attendu est arrivé."

"Je… je suis amoureux de toi, depuis le premier jour où je t'ai vue." bégaya Crabbe. Ses joues prenaient une teinte de plus en plus violacée. "Tu es… la fille la plus… belle et intelligente que j'ai jamais rencontré." croissa-t-il. "Et je voulais savoir si… si tu voulais bien sortir, avec moi."

Il termina sa demande par un bruit de déglutition qui ressemblait à un renvoi et attendit la réponse de Pansy avec un air implorant qui ressemblait à celui d'un chien battu. Blaise et Drago se retinrent de ne pas rire, mais Théo n'eut pas cette délicatesse : il explosa de rire.

"Je ne sais même pas si tu es Crabbe ou Goyle." dit Pansy d'une voix aussi froide que les glaçons dans le verre de Drago. "C'est dire à quel point je m'en fous de toi."

Crabbe, en l'occurence, ne sembla pas saisir son ironie.

"C'est un non." résuma Pansy, ennuyée. "Clair et net. Non."

Elle tourna sur ses talons et se rendit aux dortoirs, sans faire attention à Théo et Blaise qui se roulaient sur le canapé tant ils riaient. Drago aurait pu avoir de la peine pour Crabbe, qui se tenait misérablement au milieu de la Salle Commune, mais il se souvenait que trop bien de la manière dont il avait écorché Granger l'année précédente, et il se mit à rire avec ses amis sans gêne.

Le lendemain, Blaise et Drago eurent toutes les peines du monde à expliquer à Pansy pourquoi ils souriaient lorsqu'ils croisèrent Cassius Warrington, qui était devenu complètement chauve.

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Hermione


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Hermione attendait son partenaire de ronde depuis dix minutes près de la Grande Salle. Quand Pansy Parkinson arriva et se planta face à elle, elles échangèrent le même soupir exaspéré.

"Tu n'as donc pas réussi à échanger, je présume ?" demanda la Serpentard, qui aurait difficilement rendre plus clair le fait qu'elle ne voulait pas être là.

"Non, personne n'était disponible." répondit Hermione.

Elle haïssait les jeudis.

"Super." répondit Parkinson avec un claquement de langue hautain. "Parfait. Alors… allons-y."

Elle pivota sur ses talons et prit la direction du couloir de Métamorphose. Hermione la suivit à contre-coeur.

Pendant toute l'inspection du rez-de-chaussée, Hermione resta tendue. Elle serrait compulsivement sa baguette dans la poche de son uniforme et jetait des coups d'oeil à la fille à côté d'elle.

Parkinson était terrifiante et imprévisible. Hermione avait peur d'elle depuis la première année. Mais elle-même ne pouvait pas daigner que c'était aussi l'une des plus belles filles qu'elle avait vu de sa vie. Elle portait son habituel rouge à lèvres noir mat parfaitement appliqué, et ses yeux étaient maquillés d'un trait fin d'eye-liner qui faisait ressortir leur couleur sombre. Elle avait alterné son uniforme, assez légèrement pour ne pas être remarqué au premier coup d'oeil, mais suffisamment pour qu'Hermione note qu'il était plus court et plus moulant que le sien. Elle ne se tenait droite, fière, confiante, et marchait d'un pas énergique. Elle était petite en taille mais sa prestance suffisait à faire tourner toutes les têtes autour d'elles. À côté d'elle, Hermione avait l'impression de ressembler à Errol.

Mais le plus captivant chez Pansy Parkinson, c'était ses cheveux. Hermione aurait pu écrire soixante centimètres de parchemin sur les cheveux de cette fille. Ils étaient lisses, raides, coupés dans une ligne droite parfaite juste sous sa mâchoire. Quand elle tournait la tête, ses cheveux suivaient le mouvement comme un rideau qui se déposait délicatement près de sa joue, et ils étaient de l'exacte même couleur que ses yeux, d'un noir profond, envoûtant, qui contrastait merveilleusement bien avec la blancheur de sa peau.

"Pas la peine d'être aussi nerveuse, Granger." chuchota Parkinson de sa voix mélodieuse. "Je ne vais pas te manger."

Elle n'avait même pas tourné la tête vers elle et continuait de marcher en scannant les alentours. Hermione détacha son regard de la Serpentard et se concentra sur la ronde en agrippant sa baguette avec plus de force encore.

"Tu m'as coincée contre le mur avec ta baguette sous le menton pas plus tard qu'il y a quatre jours." rappela-t-elle à demi-voix.

"Oh, allons, Granger…" répondit Parkinson avec un petit rire moqueur. "Tu te bats tous les jours aux côtés de Potter en affrontant je-ne-sais quelle bête sauvage et tu oses me dire que ma petite menace t'a fait peur ?"

Hermione n'osa pas répondre qu'elle lui faisait bien plus peur que n'importe quelle bête qu'elle avait croisé avec Harry, y compris Touffu.

Elles arrivèrent au deuxième étage et entrèrent dans chaque classe ouverte, chaque placard, chaque toilette, pour vérifier qu'aucun élève ne dérogeait le couvre-feu imposé. Quand Hermione revint de son inspection d'un placard à balai vide, Parkinson croisa ses bras sur sa poitrine et geignit une plainte :

"Merlin, je déteste être préfète."

Les sourcils d'Hermione sautèrent sans son accord. Pansy Parkinson lui faisait la conversation ?

"Si tu aimes si peu ce rôle, pourquoi tu l'as accepté ?" demanda Hermione en essayant d'adopter le ton le plus gentil possible.

"Pas eu le choix." râla-t-elle en guise de réponse. Pas très élaborée, mais Hermione considérait ça comme du progrès. "Crois-moi, si j'avais pu, j'aurais donné mon insigne à Théo sans hésiter."

"J'aurais préféré." admit Hermione qui aurait certainement passé un meilleur moment en compagnie de Théo qu'elle.

Parkinson eut un petit rire :

"Je veux bien te croire."

C'était la première fois que Pansy Parkinson riait avec elle sans que ce soit pour se moquer. Elle préférait largement ce rire-là, naturel, plutôt que celui qu'elle utilisait quand elle était avec ses atroces copines.

Les deux filles montèrent ensuite les escaliers pour continuer la ronde au troisième étage, sans croiser personne. Les seuls éléments qui bougeaient étaient les personnages qui traversaient les cadres à leur gré.

"On peut dire que vous partagez les changements d'humeur brutaux avec Drago." remarqua Hermione après plusieurs minutes.

"On a grandi ensemble." répliqua Parkinson du tac au tac. "On est pareils."

Hermione desserra sa prise sur sa baguette mais garda tout de même les mains dans les poches pour la sortir si besoin. Parkinson marchait avec une grâce à couper le souffle. Elle ressemblait aux mannequins que la mère d'Hermione regardait à la télévision. En contemplant sa démarche, Hermione se demanda pour la centième fois comment diable Drago avait-il pu tomber amoureux d'elle alors qu'il passait ses journées avec cette fille.

Comme si elle lisait dans ses pensées, Parkinson se retourna alors et parcourut le corps d'Hermione dans un coup d'oeil dédaigneux :

"Quoique… je ne sais toujours pas ce qu'il peut bien te trouver."

Cette remarque fit chauffer le sang d'Hermione d'emblée.

"Peut-être que la réponse n'est pas là." rétorqua-t-elle en se montrant d'un geste de la main. "Mais là."

Elle tapota son doigt contre sa tempe et Parkinson pencha la tête sur le côté, interloquée :

"Peut-être." concéda-t-elle. "Mais j'avoue que je comprends un peu mieux pourquoi il a craqué sur toi quand tu es comme ça."

"Comment ?" demanda agressivement Hermione.

"Quand tu ne te laisses pas faire." répondit Parkinson avec un petit sourire.

Cette réponse la laissa perplexe.

"Je croyais que tu ne m'aimais pas ?"

Parkinson entra dans les toilettes pour vérifier qu'il n'y avait personne et ressortit une dizaine de secondes plus tard.

"Tu ne m'aimes pas trop non plus, je me trompe ?" demanda-t-elle.

Elle avait la même habitude que Drago, elle posait d'autres questions pour éviter d'y répondre.

"Non, mais tu te moques de mon physique depuis ma première année." répliqua Hermione. "Moi, en revanche, je ne t'ai jamais rien fait de mal."

"Je n'aime pas tes fréquentations." expliqua Parkinson brièvement.

"Je n'aimais pas tes fréquentations non plus, et pourtant…"

"Et je crois que tu les aime un peu trop, maintenant, non ?" gloussa la Serpentard.

Hermione laissa échapper une expiration agacée. Elle avait l'impression de discuter avec le Malefoy du début, celui qui était constamment sur les nerfs ou sur la défensive. C'était horripilant. Ce ne fut que lorsqu'elles arrivèrent au sixième étage qu'Hermione réalisa que Parkinson était sans doute restée à ce stade-là parce qu'elle n'avait rencontré personne pour lui faire découvrir une autre facette d'elle-même. Elle n'avait encore jamais connu l'amour, celui qui avait apaisé Drago.

Alors, l'irritation qu'Hermione ressentait pour cette fille se transforma en profonde pitié.

Il fallut qu'elle rassemble tout son courage de Gryffondor pour qu'elle ose poser sa prochaine question :

"Est-ce que tu penses que, dans un autre contexte… on aurait pu devenir amies ?"

Parkinson s'arrêta et arqua un sourcil dans la direction d'Hermione.

"Merlin, Drago m'avait prévenue que tu étais curieuse, mais tu ne t'arrêtes jamais de parler, pas vrai ?"

"Jamais." admit Hermione.

Parkinson soupira.

"Quel autre contexte ?"

"Je sais pas, si j'avais été répartie chez les Serpentards, par exemple ?"

Elle s'esclaffa en réponse :

"Tu n'aurais jamais été répartie chez les Serpentards, Granger, tu es beaucoup trop… pure."

Hermione n'avait jamais été décrite par cet adjectif, et elle ne savait pas si c'était positif ou non.

"Imagine."

"Si tu avais été répartie chez les serpents, tu aurais eu une autre personnalité." pointa Parkinson. "Dans ce cas-là, peut-être que j'aurais pu être amie avec toi."

"Je pense que tu te voiles la face." renchérit Hermione, en accélérant le pas pour être au même niveau que Parkinson qui, en plus de marcher comme une déesse, allait à une allure bien trop rapide comparée à sa taille. "Si j'ai réussi à louer des liens avec Théo et Drago, c'est forcément que ma personnalité actuelle colle avec les leurs. Les vôtres."

"Pourquoi veux-tu soudainement devenir mon amie, Granger ?" demanda Parkinson d'une voix emprunte d'indifférence.

Hermione grimaça. Dit comme ça, ça faisait collante. Elles grimpèrent les marches vers la tour d'Astronomie et inspectèrent la plateforme sous le ciel noir.

"Je n'irai pas jusque là, mais plutôt… je sais pas, trouver un terrain d'entente ?" proposa Hermione. "Tu es la meilleure amie de mon… de… de Drago, et je me disais que ça serait bien de voir par-dessus les tensions injustifiées qui nous relient depuis toujours, mais si tu es toujours campée sur tes positions, je ne vois pas pourquoi je m'en donne la peine."

Elle conclut sa tirade agacée et s'apprêta à reprendre les escaliers en sens inverse quand la voix de Parkinson résonna dans son dos :

"J'aime bien l'Astronomie. Et toi ?"

Hermione se retourna, pas sûre d'avoir bien entendu ce qu'elle venait de dire. Parkinson regardait le ciel à travers un téléscope abandonné là.

"Euh… oui, j'aime bien ça." répondit-elle.

"Et les chiens ?"

Hermione eut l'ombre d'un sourire.

"Oui, j'adore les chiens. J'aime bien le prénom que tu as donné au tien, d'ailleurs. Eris, la planète du chaos ?"

Parkinson se redressa et regarda Hermione avec une surprise qui tirait presque vers l'admiration.

"C'est ça. Exactement." souffla-t-elle, stupéfaite. "C'est un…"

"... Spitz nain, ou Poméranien." compléta Hermione. "Je sais. Je t'ai dit que j'aimais bien les chiens."

"Bien vu, Granger." dit Parkinson, maintenant intéressée. "Quels autres points communs avons-nous ?"

Hermione creusa dans sa mémoire, mais ne trouva rien du tout. Parkinson était le genre de fille qui lisait des magazines de mode, faisait la fête et attirait l'attention de tous les garçons. Hermione n'était rien de tout ça.

"Et si on trouvait plutôt nos points de désaccord ?" proposa-t-elle à la place. "Je déteste la mode."

"Ça, c'est facile à voir." répondit Parkinson en analysant la tenue d'Hermione d'un air méprisant. Sa grimace semblait pourtant être beaucoup moins authentique qu'avant. "Je déteste la Métamorphose"

"Aouch." dit Hermione. "Hmm… je déteste le Quidditch."

Elles redescendirent les escaliers et continuèrent leur ronde côte à côte.

"Moi aussi." avoua Parkinson. "J'ai toujours détesté ça, même quand j'y jouais."

"Tu vois ? On s'entend peut-être sur ce qu'on n'aime pas, au final."

"Je déteste lire." continua Parkinson.

"Non, là, tu vas trop loin." dit Hermione, qui, contre toute attente, s'amusait grandement. "Je déteste la Divination, et l'Astrologie."

"Ça n'a rien à voir, tu ne peux pas les lier ensemble dans la même phrase." commenta la brune. "Mais je suppose que tu ne peux pas vraiment le savoir, étant donné que tu as lâché la Divination en troisième année."

"Je serais curieuse de savoir comment tu peux considérer la Divination comme une science exacte et pas la Métamorphose." dit Hermione en essayant à tout prix de contenir la suffisance dans son ton.

"J'ai déjà eu cette conversation un nombre incalculable de fois avec Théo, et bien assez pour savoir que ça ne sert à rien de prêcher la Divination à quelqu'un qui n'y croit pas, et qui est persuadé qu'il n'y croira jamais." expliqua Parkinson.

Elles passèrent devant la tapisserie devant la Salle sur Demande et les yeux des sorciers les suivirent à leur passage.

"Je ne dirais pas que je n'y crois pas." dit Hermione.

"Qu'est-ce que tu racontes ? Tu es partie en balançant une boule de cristal aux pieds de Trelawney après qu'elle t'ait dit que ton Troisième Oeil ne s'ouvrirait jamais." fit remarquer Parkinson, pour qui refuter les dires de Trelawney relevait probablement d'un crime.

"Je suis partie parce que je pense que la Divination est une perte de temps, et qu'elle me servirait à rien pour mes notes d'examens à la fin de l'année et pour ma future carrière." expliqua Hermione. "Pas parce que j'y suis complètement fermée. Et d'ailleurs, si j'en crois le peu que j'ai appris sur cette… matière, alors mon Troisième Oeil est bel et bien ouvert."

"Ah bon ? Comment ça ?" demanda Parkinson avec un soupçon d'intérêt dans la voix.

Hermione passa sa tête dans l'ouverture de la salle de classe où Drago lui avait offert la caméra en début d'année. Il n'y avait pas d'élèves à l'intérieur. Elle commençait presque à se dire que c'était la ronde la plus inutile jamais faite dans l'histoire de Poudlard.

"Et bien… j'ai vu quelque chose, ce jour-là. Dans la boule de cristal." dit Hermione distraitement.

C'était la première fois qu'elle en parlait à quelqu'un. Hermione n'était pas vraiment sûre de si elle pouvait confiance à Parkinson, mais de toute manière, ce n'était pas comme si elle risquait grand chose. Au pire des cas, elle balancerait à tout le monde que c'était une lunatique et franchement, ça n'allait pas changer grand chose à son quotidien. Se faire tourner en ridicule par Parkinson, Hermione en était une experte.

Mais étrangement, cette dernière ne partit pas dans un éclat de rire railleur. En fait, elle n'eut aucune réaction du tout. Quand elle se tourna vers elle, Hermione fut même surprise de voir que Parkinson s'était arrêtée en plein milieu du couloir, le choc inscrit sur ses traits.

"Qu'est-ce que tu as vu, Granger ?"

Hermione ne pensait pas l'avoir déjà entendue si sérieuse un jour. Ça lui donna aussitôt la chair de poule.

"Drago." murmura-t-elle gravement. "J'ai vu Drago."

Parkinson se rapprocha subitement d'elle et lui empoigna le bras avec force. Elle ne l'avait jamais touchée jusqu'à présent, et ça terrifia Hermione. Elle se dépêcha de plonger sa main dans sa poche pour prendre sa baguette, mais le regard de Pansy l'en empêcha. Pas parce qu'il lui faisait peur, mais parce qu'il était empli d'une inquiétude telle que ça lui contracta la gorge à son tour.

"Raconte-moi." exigea-t-elle dans un souffle.

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Oui je complimente ma propre langue, oui...

Ce chapitre est juste Hermione qui bave pour Pansy hahahaha, je pense que j'ai bien insisté sur le fait qu'elle la trouve belle non? D'ailleurs, pour mes lecteurs de la saga Fourth Wing (coeur sur vous), Pansy est Cat dans ma tête... vous voyez ce que je veux dire?

Je rappelle que je suis active sur mon nouvel instagram virgulesonao3 si vous voulez discuter ou juste vous abonner pour avoir des news sur la fic! À dans deux semaines tout le monde!

dernière note: la vision dont parle Hermione est celle de la fin du chapitre 29/début du 30 pour ceux qui ont besoin de se faire rafraîchir la mémoire :)