Titre: Le passé est passé

Auteur: lovePEOPLEandCOWBOY

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Nasir s'étrangle, il a beaucoup de peine à respirer, à faire entrer de l'air dans ses poumons. Il jette un bras par-dessus ses paupières et il sent la sueur qui dégouline de son visage.

Il essaie de ne plus penser, d'oublier toutes les images de ce cauchemars affreux. Il essaie de s'éloigner de ce qu'il ressent. Il essaie tellement fort mais ça ne marche pas.

Il n'arrive pas à se calmer. Il n'arrive pas à les oublier. Ces connards qui ont pris le dessus sur lui, la honte qui le rongera jusqu'à la fin de ses jours. Ce dégoût qu'il ressent presque chaque jour pour lui et les autres. C'est inqualifiable à décrire et ça l'empoissonne même si rien n'est de sa faute. Il le sait à présent. Il l'a suffisamment étudié à l'académie de police.

Nasir n'a jamais été un problème et il ne veut pas le devenir. Pourtant, ces mecs ont créé des traumatismes et Nasir ne fonctionnera jamais plus comme avant.

Il essaie de fermer les yeux mais, putain, il n'arrive vraiment pas à se calmer. Il ne peut pas se rendormir. Son cœur trémule dans sa poitrine alors il abandonne pour allumer la lampe sur sa table de nuit. Il est déjà 4h du matin. Au moins, il ne rêvera plus.

Il prend son portable et il commence à lire d'anciens messages d'Agron. Ça a le mérite de le faire sourire et de l'apaiser, aussi. Un peu à la fois.

Nasir aimerait entendre sa voix mais il est tard (ou tôt) et Agron doit certainement dormir en ce moment. Toutefois, Nasir se sent tellement seul dans le silence de son appartement qu'il se retrouve à composer le numéro d'Agron.

Un.

Deux.

Trois.

Quatre sonneries avant de l'entendre.

«….allo?» Le voix grave d'Agron l'est encore plus avec le sommeil et ça fait rire Nasir. Il en avait besoin. «Agron.»

«Mmm…Nasir?»

«Mouais. C'est moi. Je sais que je te réveille mais…je voulais juste entendre ta voix. Je vais raccrocher, maintenant.»

«Nan. Ça va.»

«Mais…»

«Tu vas bien? Tu as encore eu un de ces cauchemars?»

Agron fait tellement attention à lui. On pourrait dire qu'il l'a étudié sous toutes les coutures quand ils étaient à l'école de police. Il est presque parfait.

«…Mouais mais ça va mieux. C'est juste que je ne sais pas me rendormir.»

«Tu veux que je vienne?»

«Non…non. Ça va, vraiment. Je voulais juste t'entendre. Je vais raccrocher maintenant.»

«Nan. Tu ne veux pas en parler?» Baille Agron.

Nasir rigole tendrement. «Pas maintenant. Tu devrais dormir.»

«GGGrrr…et si j'avais envie de te parler?» Baille encore Agron.

«Ah oui? Raconte-moi ton aprèm dans ce cas,» dit Nasir en s'installant confortablement dans son lit.

«Et bien, il y a eu ce trou duc…»

Agron lui raconte comment s'est passé sa patrouille en début de soirée. Il a arrêté un dealer qui ne s'est pas vraiment laissé faire. Au fur et à mesure des explications, Agron s'emmêle avec les mots et la chronique de son histoire. Il est vraiment fatigué de cette dernière patrouille.

«Agron. Je te laisse dormir.»

«Non. Je ne suis pas fatigué.»

«Ne t'inquiète pas pour moi. Dors. Je me sens nettement mieux à présent.»

«Mais…»

«Pas de 'mais'. Bonne nuit, Agron.»

«…nne nuit.»

Nasir raccroche et se love un peu plus contre son oreiller. Peut-être qu'il va parvenir à se rendormir, finalement.

OOO

«Code 442» Dit Nasir dans sa radio avant de se lancer dans la bagarre.

Il est en pleine patrouille quand il repère une petite dispute. Un groupe de mecs font les lourdingues avec un groupe de femmes.

«Vous devriez les laisser tranquilles!» Dit Nasir au type le plus menaçant du groupe qui tient le poignet de l'une des jeunes femmes qui essaie de s'en défaire.

«Sinon, quoi?!»

Nasir pensait bien que cet imbécile allait s'en foutre du respect de l'uniforme.

«Tu veux voir?» Menace Nasir.

C'est sans aucune surprise que l'un des mecs s'élancent sur Nasir, rapidement suivi par les autres. Nasir l'évite habilement et s'arme de sa matraque pour renforcer son bras dominant, donnant au passage un coup à l'un des hommes qui l'attaque.

Le groupe continue de s'acharner sur lui mais Nasir fait front, rendant coup pour coup. Du coin de l'œil, il se rend compte que l'autre jeune fille est toujours sous la poigne du leader alors, sans y réfléchir, il envoie un coup de pied dans la tronche du pervers qui valse quelques mètres plus loin pour s'écraser devant les autres femmes qui s'étaient mises à l'écart.

«Vous allez bien, mesdames?»

«Oui. Merci.» Dit la femme qui était menacée plus tôt.

Derrière, l'un des mecs se relève, visiblement pas prêt à laisser tomber.

Nasir sourit. «Tu vas passer quelques jours supplémentaires en cellule, toi.»

«Ouais, vas-y mon beau!» L'encourage l'une des femmes en lui faisant une petite claque aux fesses pour l'encourager.

Nasir se crispe mais il ne dit rien.

«Mais c'est qu'il a un petit cul bien ferme, notre héros.» Dit-elle à son groupe d'amie.

Nasir serre la mâchoire. Il faut être stupide pour lancer ce genre de commentaire dans une situation pareille. Il a juste envie de lui dire que son commentaire est ridicule et qu'elle ne respecte pas non plus l'uniforme mais il s'abstient.

«Petit con!» Balance le mec en s'avançant vers Nasir qui ne tardent pas à le plaquer au sol. C'est toujours comme ça avec ce genre de clown incapable de gérer l'alcool. Ils se croient invincible mais la réalité finit toujours par les rattraper.

Tour à tour, Nasir passe les menottes en appelant des renforts.

Le groupe des femmes caquète derrière et ça lui donne juste mal au crâne.

«Vous devriez rentrer.»

«Oui, bien sûr monsieur l'agent.» Roucoule la victime en se rapprochant de lui comme une prédatrice. Elle enlace un bras autour de son cou pour l'embrasser sensuellement sur la joue tandis que son autre main glisse pour venir lui effleurer l'entre jambe.

«Si jamais vous vous ennuyez, vous pouvez toujours venir nous rejoindre dans ce bar.» Drague ouvertement la femme. Elle est ivre, elle aussi.

Nasir se retient de tout geste malheureux. Il s'écarte simplement.

«Bonne soirée.» Dit-il sur un ton glacial pour les faire partir.

OOO

A la fin de son shift, Nasir se traine jusque chez Agron. Il est complètement retourné après ce qu'il s'est passé, et même si certains trouvent ça ridicule, il ne veut pas être seul.

Agron vit dans une belle petite banlieue, sa maison est presque entièrement entourée d'arbres et de fleurs. Timidement, il frappe à la porte puis attend sur le porche. Il sait que Agron est chez lui. C'est son jour de repos, il lui a dit. Il ne faut pas deux minutes pour que le géant vienne lui ouvrir.

«Salut mon b….» Agron n'a pas le temps de finir sa phrase que Nasir se précipite en bas du porche pour vomir dans le premier par terre de fleur qu'il voit. Il se laisse tomber sur les genoux et attrape ses cheveux pour ne pas remettre dessus. Il entend Agron descendre les quelques marches pour venir le rejoindre.

Il avait tellement mal au ventre que ça devait arriver. Avec douceur, il sent la main d'Agron se poser dans son dos. Il ne frémit pas alors Agron commence à le frotter doucement dans le dos pour calmer ses nausées.

Après quelques minutes, Nasir se redresse, le souffle coupé, pour se laisser tomber sur la première marche de la maison. Il comprend qu'il s'est trop longtemps contenu durant son shift. Que cette petite crise d'angoisse devait éclater à un moment ou un autre. Agron l'a suivi et il est maintenant assis près de lui. Il prend sa main et il respire avec lui pour lui montrer comment se calmer. Ils restent comme ça un moment, à inspirer et expirer, jusqu'à ce que Nasir puisse finalement parler.

«Je suis désolé pour tes fleurs.»

«Elles s'en remettront! Allez viens, on va te rafraichir un peu.» Sourit Agron.

Nasir ne répond pas, trop fatigué et il se laisse entraîner par Agron qui l'aide à se relever. C'est comme s'il n'avait plus de force et il trébuche sur le chemin mais Agron le soutient. Ils arrivent dans le salon où Agron le fait s'asseoir avant de disparaître dans la cuisine pour réapparaitre avec un verre d'eau et un saladier.

«Rince-toi la bouche.»

Nasir s'exécute et Agron le débarrasse ensuite. Il lui enlève sa veste, ses chaussures pour ensuite l'aider à s'allonger dans le canapé. Il tire le vieux plaid qui est toujours sur le dossier pour l'étendre sur Nasir, s'agenouillant ensuite près de son visage pour l'embrasser sur le front. Nasir gémit légèrement avant de s'endormir.

Plus tard, Agron allume la télévision et Nasir se réveille pour lui laisser la place de s'asseoir. Détendu, il se love contre Agron qui le serre contre sa poitrine. Le son calme de la télévision et la chaleur de l'étreinte l'endort à nouveau.

Agron passe tendrement une main dans ses cheveux, son crâne, son cou. Tout est fait pour le détendre.

Agron est définitivement la personne avec qui il se sent le plus en sécurité.

OOO

Les jours passent. Agron ne pose pas la moindre question. Il essaie de tendre la perche à plusieurs reprises mais ça ne fonctionne pas, alors il n'insiste pas.

Un soir, ils décident de se faire un resto car ils sont trop fatigués pour cuisiner. Rien de chic, juste un petit bistro sympa, pas loin de l'appartement de Nasir. Ils choisissent une table loin des autres, au calme. Ils bavardent des minutes entières de tout et de rien, charmés l'un et l'autre. Nasir ne pensait pas pouvoir tomber amoureux et Agron n'imaginait pas pouvoir aimer à ce point. L'un fuyant son passé, l'autre anesthésiant la perte d'un frère.

Nasir sait qu'il devra raconter son histoire, seulement il ne trouve jamais vraiment le bon moment. Agron est tellement bienveillant à son égard, gentil, taquin aussi. Nasir a souvent envie de pleurer car il ne mérite pas tout ça. Agron a deviné que Nasir cachait quelque chose et il sait parfaitement jongler avec ce qu'il décèle être un traumatisme. Agron est tellement patient avec lui.

Mais c'est tellement difficile que parfois, Nasir perd la boule.

A un moment de la soirée, Nasir se lève pour aller aux toilettes. Quand il a terminé, il sort des toilettes et il est surpris de trouver un gars qui attend derrière. C'est un peu étrange car il y a deux autres toilettes vacantes mais Nasir choisit de ne pas y prêter attention. Il va se laver les mains et le gars fait de même. Nasir le dévisage.

«Tu veux me demander quelque chose?»

L'homme ne répond pas mais ne détourne pas le regard, un sourire malicieux sur les lèvres. Nasir sent un frisson le parcourir.

«Je t'ai observé toute la soirée. Tu es vachement excitant, tu sais.»

Nasir a la nausée. Pourquoi ça doit arriver maintenant? Qu'est-ce qu'il a encore fait pour que ça lui tombe dessus?

«Tu devrais dire à ton plan cul de dégager et venir avec moi. Je vais bien m'occuper de toi.» Ajoute-t-il en faisant un clin d'œil.

« Ça ne m'intéresse pas.» Répond Nasir aussi poliment que possible pour s'éclipser de cette situation grotesque.

Nasir veut quitter les toilettes mais l'homme lui attrape le bras pour le retenir. Nasir essaie de ne pas paniquer, de se contenir comme toujours, de ne pas faire d'histoire alors qu'il a envie de lui hurler dessus en lui martelant le crâne.

«Lâche moi.»

«Non.» Ce mec fout franchement les boules, surtout quand il essaie de l'enlacer pour lui ploter les fesses. Nasir estime que la limite est franchie et c'est sans aucun remord qu'il repousse violement le mec en arrière qui ne réplique pas.

Tout le corps de Nasir tremble de rage, de peur, de tristesse. C'est un torrent ingérable qu'il ne pourra probablement pas cacher à Agron quand il reviendra à la table. Il a envie de pleurer.

Alors qu'il se rapproche de la table, Agron remarque immédiatement quelque chose.

«Merde, ça ne va vraiment pas.»

«Non,» confirme Nasir.

«Tu veux qu'on y aille?»

«J'ai la tête qui tourne. On peut attendre que ça passe avant de partir?»

«Bien sûr.» Répond Agron et Nasir ne retourne pas à sa place, au lieu de ça il va s'asseoir juste à côté d'Agron pour se sentir en sécurité. Nasir dépose sa tête ankylosée contre l'épaule d'Agron et il ferme les yeux tout en respirant de manière à se calmer. Inconsciemment, il cherche la main de son compagnon pour enlacer leurs doigts. Sa main est si chaude alors que ses membres sont froids et moites.

Agron ne dit pas un mot mais le rassure en lui serrant la main. Ils restent un petit moment avant que Nasir soit finalement capable de se mettre debout. Agron demande l'addition et il paie.

Ils s'en vont tous les deux pour retourner à l'appartement de Nasir.

OOO

C'est le lendemain que la conversation arrive finalement, au grand désespoir de Nasir qui aimerait continuer comme si tout allait bien. Ils sont en train de déjeuner et Agron lui tient la main, caresse la sienne de son pouce. C'est réconfortant. Et c'est l'une des choses que fait souvent Agron pour Nasir, surtout quand il se sent mal.

«Qu'est-ce qu'il s'est passé?» Demande Agron en prenant une bouchée de sa baguette à la confiture. Il cache son inquiétude et Nasir n'est pas certains qu'Agron garde son calme en apprenant ce qu'il s'est passé.

«Je ne sais pas par où commencer.» Réfléchit Nasir, voulant tenter la meilleure approche.

«Essaie.» Dit Agron en abandonnant son déjeuner.

«Heu…alors,» essaie Nasir complètement stressé. «Je-je ne vais pas y arriver.» Bégaie Nasir mais Agron ne bouge pas et il attend sans le presser. «Tu te rappelles de cette fois où j'ai vomi dans tes fleurs? Je n'étais pas malade. Il s'est passé quelque chose qui m'a rendu malade.»

Agron fait signe que oui et ne dit toujours rien pour qu'il puisse continuer à s'expliquer.

Nasir prend un souffle tremblant. «Heu. Et bien… Je. J'étais en patrouille. Seul. J'ai aidé un groupe de femme qui se faisait emmerder. Ça n'a pas été compliqué en réalité mais…l'une d'entre elle a fait des remarques sur mon physique. Que j'étais beau, sexy, que mon cul… Bref, c'était totalement inapproprié.» Les mains de Nasir tremblent, sa respiration devient irrégulière. Il se sent tellement ridicule.

«Tout va bien, je te le promets.» Le rassure Agron en serrant sa main.

Nasir s'arrête quelques instants pour maitriser ses haut-le-cœur.

«Une de ces femmes m'a carrément palpé le sexe.»

Un éclair de colère traverse le regard d'Agron.

« Je crois qu'elle était éméchée et qu'elle voulait juste se faire un mec en uniforme mais…je n'ai vraiment pas apprécié. Hier soir, un mec m'a fait du rentre dedans. Il voulait aussi coucher avec moi. Il m'a touché le cul et…je l'ai repoussé. Je n'arrive pas à comprendre ce que je fais pour qu'ils puissent penser que je suis d'accord avec tout ça.»

«Objectification sexuelle. Ils te prennent pour un objet, Nasir. Ce n'est pas toi ou ton comportement. Tu comprends, non?»

Ils ont suffisamment étudié la psychologie pour la savoir.

«Oui. Je le sais. Mon physique les attire mais si j'attirais leurs attentions sans le savoir?»

«Ne dis pas de bêtises!»

«J'aimerais tellement ne pas attirer les gens. Je n'aime pas ça. Enfin…si, je veux qu'il y ait une attirance quand elle est mutuelle mais pas quand…» Les explications de Nasir deviennent nébuleuses et flouent. Ses yeux brillent dangereusement.

Agron se lève pour contourner la table et s'agenouiller près de Nasir.

«On ne peut pas toucher quelqu'un sans son consentement.» Rappelle Agron.

Nasir hoche la tête frénétiquement. «Je sais. Je ne peux pas les empêcher de parler mais de me toucher, oui. Quand ça arrive, je me sens…sale. Je ne veux pas être un objet sexuel. Je veux qu'on me voit, moi. Ça me rend malade, parfois je ne sais plus comment je dois agir pour qu'on me voit et j'ai souvent l'impression que ça ne sert à rien, et qu'on se fiche de ce que je peux ressentir.»

Agron écoute calmement Nasir qui ne s'est jamais autant confié depuis qu'ils se connaissent. Il réalise qu'il ne s'était pas trompé sur le stress que ressentait Nasir et il n'imaginait pas que Nasir serait tellement fragile sur ce propos.

«Je ne suis pas du genre à faire des plans cul. Ce n'est pas mon truc.»

«C'est ton droit.»

«J'ai besoin d'un lien affectif pour aller plus loin. Je n'ai plus envie qu'on m'utilise comme une chose, en se moquant bien de ce que ça me fait. Alors, quand ce genre de chose arrive…je n'arrive pas à dormir. Ça me rend malade. Ça me ronge. Je repense à des trucs horribles…»

«Heu, attends. Cinq secondes. On t'a déjà utilisé comme une chose? Quelqu'un a abusé de toi?» Agron regarde Nasir droit dans les yeux et ce dernier baisse la tête.

«Oui.»

Agron veut exploser.

«Tu sais que je viens d'un pays en guerre. Ça s'est passé quand j'étais plus jeune. Ils m'ont arraché à ma famille pour que je devienne un soldat. Ils nous entraînaient le jour, et la nuit tombée… Ils se moquaient de moi car j'étais beau mais ça ne les empêchait pas de…profiter de moi. Ils m'appelaient la salope…et je…»

«Ils t'appelaient salope?» Répète Agron dont les mots peines à sortir.

Nasir hoche la tête.

«C'est pour ça que tu as fui ton pays?» Une colère sourde s'entend dans la voix d'Agron.

«Ils ont tué toute ma famille. J'étais jeune et je n'avais personne.»

«Et pourtant, même si tu ne pouvais pas te défendre, ce n'était pas ta faute.»

Nasir a l'impression qu'il va se briser en mille morceaux au pied d'Agron. Une nuée d'émotions contradictoires le submergent et il pourrait en devenir fou. Être dans l'incapacité d'agir, de se défendre. Devenir une chose et réaliser que la vie n'a aucun sens si personne n'est là pour vous voir, vous dans votre totalité. Qui vous êtes, et tout ce que vous êtes. Exister dans le regard de quelqu'un.

«Je voudrais faire tellement plus qu'être désolé. Bordel! J'aurais tellement voulu te protéger.»

«Je sais. C'est du passé. Pourtant, il suffit de pas grand-chose pour que des mauvais souvenirs me reviennent en mémoire. A chaque fois, ça me…détruit.» Peste Nasir alors qu'un frisson le traverse. «Je ne sais pas si je vais mieux mais j'ai vraiment envie d'aller mieux. J'aimerais juste que ça ne gâche pas ma vie entière.»

«Nasir… Je ne savais rien de tout ça avant que tu en parles mais une chose dont je suis certains, c'est que ça ira mieux avec le temps. Tu as déjà fait tellement de progrès. Tu te rappelles, à nos débuts? Tu sursautais dés que je te touchais, tu paniquais dés que tu n'étais plus dans le contrôle. Tu me fais confiance à présent.»

«Parceque c'est toi.» Répond Nasir avec un petit sourire. «Je me sens tellement bien avec toi. Et surtout, je t'aime. Tu es tellement gentil, protecteur et bienveillant. Tu es ma famille et avec toi, je ne peux qu'aller bien.»

Agron est cloué sur place, bouche bée. «Tu…tu m'aimes?»

«Bien sûr que oui, gros balourd!» Dit Nasir en lui donnant une petite tape sur la cuisse.

Agron accuse la nouvelle. Il ne s'attendait pas à tout ça. Pas à ça.

Agron semble déconnecté et Nasir se demande s'il n'a pas fait une connerie en lui avouant ses sentiments. Peut-être qu'il n'aurait rien du dire.

«Je peux te prendre dans mes bras. Je veux vraiment te serrer contre moi.»

Nasir soupire de soulagement et rigole doucement, «oui, bien sûr que tu peux.»

Agron le tire dans une étreinte d'ours qui n'appartient qu'à lui. «Je te le promets Nasir, ça va aller. Je sais que tu peux te défendre aujourd'hui mais si un jour tu en avais besoin, je casserais volontiers quelques têtes pour toi.»

Nasir rigole.

«Je vais t'aider à aller mieux et à dépasser tout ça.»

Nasir s'accroche au t-shirt d'Agron. «Tu es trop bon envers moi,» commence-t-il à pleurer contre l'épaule d'Agron.

«Et bien….en fait…heu…c'est sûrement parceque je t'aime aussi.»

Nasir pleure de plus belle. «Je suis désolé de toujours tout compliquer.»

«Je dois savoir… Tu aimes faire l'amour avec moi?»

A cette question, le corps de Nasir se crispe et il s'écarte d'Agron en baissant la tête.

«J'ai besoin de savoir.» Insiste Agron.

Nasir ne dit rien alors Agron relève sa tête de sa paume. Nasir peut sentir sa main chaude contre sa joue, si réconfortante.

«Oui. J'aime ça. Avec toi. Mais ce n'est pas quelque chose de primordial, et encore moins quand je fais face à ce genre d'épisode.»

«Je comprends et je ne te forcerai jamais à faire quelque chose que tu ne souhaites pas.»

«Je sais.»

«Bien… Bon, c'est pas tout ça mais il faudrait que tu manges quelque chose.»

Etrangement, Nasir n'a pas la nausée et il accepte de déjeuner. «Ouais.»

Nasir en est sûr, il vaincra tout ses démons avec Agron.

FIN