Je ferme mon casier d'un geste sec, enclenche le cadenas et me dirige vers ma salle de classe du lycée tribal de La Push. Les couloirs sont encore pleins, mais se vident peu à peu.

Je me faufile au pas de course parmi les élèves lorsqu'un choc me fait basculer en arrière. Ma main droite se porte instinctivement à mon épaule gauche et je sens quelque chose me retenir, m'évitant de me cogner la tête au sol. C'est Jacob Black qui me retient dans ses bras, avec un regard désolé.

— Je t'ai fait mal ? me demande-t-il en scrutant mon épaule.

— J'ai l'impression que mon épaule est déboîtée… grimacé-je en réponse.

— J–je vais t'emmener à l'hôpital ! s'écrie-t-il, paniqué.

— À moto peut-être ? La bonne blague, grogné-je.

Tout le monde à la réserve sait que Jacob a une passion dévorante pour les motos. Moi, je n'aime pas ça, ça me fait peur. Je n'ai absolument aucune confiance en ces engins ! Et c'est pareil pour les voitures, j'ai même refusé de passer mon permis de conduire.

— Tu ferais mieux de m'emmener à l'infirmerie, dis-je en essayant de garder mon calme.

En un clin d'œil, je me retrouve dans ses bras. Il est bouillant. Peut-être est-il malade ? « C'est à lui d'aller à l'hôpital ! » me dis-je. Jacob me parle d'un médecin, le beau-père de sa meilleure amie, qui saura me remettre l'épaule en place rapidement.

— Cullen ?

— Tu le connais ? me demande-t-il, incrédule.

— Quand une fille de 18 ans se marie à Forks, ça fait son petit effet, mais surtout, c'est lui le médecin de presque toute la réserve, ris-je.

Il me repose sur le sol, devant sa moto. Je lui lance un regard incrédule. Il est vraiment sérieux, en plus ? Il me met son casque et m'aide à prendre place sur la moto. Au prix d'un effort surhumain, je relâche mon bras douloureux et m'agrippe à lui, serrant son t-shirt. Il démarre.

À l'hôpital, on explique notre histoire à la secrétaire : Jacob m'a bousculé sans faire exprès alors que je me précipitais en classe. Et bam ! Je suis tombée et je me suis sûrement démis l'épaule. La secrétaire nous demande de patienter.

Enfin, on nous appelle. C'est le docteur Cullen, qui m'offre un sourire rassurant. En me levant, je fais un signe à Jacob pour le remercier et me lève pour aller à la rencontre du médecin. Il lit alors la fiche patient qui lui a été transmise :

— Bonjour, Haven, tu viens pour une luxation de l'épaule gauche, c'est bien ça ?

— Par ma faute, doc… renchérit Jacob en apparaissant à mes côtés.

— Allez, suis-moi, je vais te remettre ça en place.

Je le suis dans la salle d'examen. Il m'examine brièvement et me dit :

— Très bien, Haven, pose ta main droite sur mon épaule, tu peux crier ou serrer mon épaule autant que tu veux, ça marche ?

J'acquiesce et pose ma main sur son épaule. Comment vais-je pouvoir serrer son épaule ? C'est dur comme du marbre. Avant que je ne comprenne, il remet mon épaule en place d'un geste rapide et professionnel. Il me pose une attelle et me donne une prescription tout en m'expliquant ce qu'il faut faire pendant la période de repos. Je le remercie, et Jacob s'approche un peu.

— Merci Doc ! Tu me sauves encore une fois ! dit-il.

— Encore une fois ? je lève un sourcil. C'est plutôt moi qu'il a sauvée !

— Arrêtez de dire des bêtises et filez, rit le médecin.

Jacob me raccompagne chez moi. Vivre dans une réserve autochtone a ses avantages : tout le monde sait où tout le monde habite. Devant la maison, je descends de la moto, lui rends son casque et le remercie.

En entrant, une boule de nerf, mon neveux de trois ans fonce vers moi.

— Taaataaaa ! sanglote-t-il. Y respire pu Milo ! Viens !

Je fonce à sa suite dans la chambre de Milo. En le voyant allongé sur le sol et tout rouge, je sens la panique monter. Dans un coin de la pièce, ma sœur, Daphnée, est pétrifiée, les larmes roulant sur ses joues. Je pose mon oreille sur la poitrine du bébé. Il respire faiblement, mais il est encore vivant.

— Miky, va jouer dans ta chambre, emmène ta mère avec toi, ordonné-je, la voix tremblante.

Il obéit, percevant l'inquiétude dans ma voix. Je suis accroupie auprès de mon second neveu, qui respire très mal. Je souffle un coup et essaye de me souvenir des gestes de premiers secours, mais c'est le néant total. Je saisis mon téléphone portable et compose le 911.

— 911, j'écoute ?

J'explique la situation, précisant que mon neveu est éveillé mais respire difficilement. L'opérateur en ligne m'explique comment vérifier si la gorge est obstruée. Je vérifie, comme il me l'a indiqué et je finis par constater à la lumière de mon téléphone qu'un objet est coincé dans sa gorge.

— Mon neveu a un jouet dans la gorge !

L'opérateur me demande de confirmer mon nom et mon adresse. donne mon nom et mon adresse puis il me guide pour effectuer une manœuvre de Heimlich. Milo finit par recracher l'objet. Je pousse un profond soupir de soulagement, mais il reste presque inconscient.

— Faites un massage cardiaque, avec deux doigts, me dit l'opérateur.

Au loin, la jeune fille entend les sirènes, elle demande à son neveu d'aller ouvrir la porte et de les attendre sur le perron.

Je commence le massage cardiaque. L'opérateur reste avec moi au téléphone jusqu'à l'arrivée des secours. Les sirènes se rapprochent alors je demande à Daphnée d'aller ouvrir la porte, mais c'est mon neveu, Miky que je vois passer dans le couloir. J'appelle ma sœur, tout en continuant le massage cardiaque, pour essayer de la faire réagir, mais elle semble en pleine tétanie.

Quand les ambulanciers arrivent enfin, ils se précipitent dans la chambre pour prendre le relais. C'est à cet instant que je me mets à pleurer toutes les larmes de mon corps. Miky se réfugie dans mes bras et je le serre tendrement contre moi.

— Tu sais tata j'aime pas bien quand tu pleures…

Je souris alors que mon neveu m'essuie mes larmes et me fait un bisou.

— J'aime mieux quand tu fais des bisous d'amour sur la joue !

Je souris et lui fais un bisous sur la joue.

— Les môsieurs emmènent Milo dans les 'bulances pour aller à l'hôpital ? demande-t-il, inquiet.

— Oui, mais il est sauvé grâce à toi et ta tata, lui répond l'ambulancier, et Miky gonfle le torse.

L'ambulancier me pose quelques questions sur Milo. Depuis combien de temps Milo était-il inconscient ? Je n'en sais malheureusement pas plus et Daphnée, elle, est trop bouleversée pour répondre.

Avant de partir, je rédige une petite note pour mes parents sur un post-it que je colle sur le frigo. Enfin, les ambulanciers nous escortent, ma soeur, Mike et moi, jusqu'au véhicule. Jacob surgit alors de nulle part et me fait sursauter

— J'ai entendu les sirènes, quand j'ai vu qu'elles allaient vers chez toi, j'ai cru qu'il t'était arrivé quelque chose… m'explique-il en regardant mon attelle. Je te rejoins à l'hôpital.

— T'es pas obligé de venir, tu sais...

— Je ne te laisse pas le choix, je t'ai déboîté l'épaule.

Je monte dans l'ambulance. À l'hôpital, Milo et Daphnée sont pris en charge. Milo part en soin intensif tandis que ma sœur est reçue par une psychologue. Je m'assois avec Jacob et nous remplissons des papiers. Je le remercie encore, car sa présente m'aide énormément.

Ayant le bras gauche en écharpe, je ne peux tout simplement pas écrire alors Jacob s'occupe de la faire pour moi. Il me sourit, un sourire d'un sourire à la Jacob Black, un sourire qui fait fondre les cœurs. Non pas que je sois amoureuse, mais il a ce genre de sourire lumineux.

J'ai toujours trouvé que Jacob est un garçon sympathique et plein de joie de vivre. Ce n'est pas le genre de garçon à chercher la bagarre et ce même après avoir commencé à fréquenter le groupe de Sam Uley. Jacob n'a jamais donné l'impression d'avoir renié ses valeurs.

Je me lève pour apporter les documents à la secrétaire hospitalière. En me retournant, j'en profite pour observer Jacob de loin. Je me souviens avoir entendu mon père dire que Sam Uley et sa bande prennent des stéroïdes et qu'ils étaient certainement dealer au sein d'un réseau.

N'importe quoi… quoique?

Je secoue la tête et retourne m'asseoir auprès de lui. Miky dessine tranquillement sur une table de la salle d'attente avec des crayons et du papier fournis par une secrétaire.

Au fil des heures, je me laisse aller contre Jacob, qui me serre la main. Un geste que je perçois sans aucune ambiguïté, et qui me rassure.

— Tu prends des stéroïdes ? lui demande-je soudainement.

— Non et je n'en vends pas non plus.

— J'ai entendu des trucs, je voulais juste savoir si c'était vrai… je me sens un peu gênée.

— J'ai eu une poussée de croissance. C'est génétique.

— T'es pas obligé de t'expliquer, je voulais juste savoir pourquoi mon père te tuerait : l'épaule, les stéroïdes ou ma main dans la tienne…

Jacob rougis je ris. Miky tourne la tête vers nous et décide d'arrêter de dessiner pour s'approcher de nous. Il grimpe sur les genoux de Jacob et se blottit contre lui. Jacob se tétanise un instant.

— Tata, elle a mal à l'épaule, alors j'peux pas faire dodo contre elle, dit-il d'une petite voix avant de fermer les yeux.

Dans les bras de Jacob, Mike s'endort doucement, sa petite tête blottie contre son torse. Jacob referme son bras autour de mon neveu pour éviter qu'il ne tombe. Je les observe en silence, touchée par la douceur avec laquelle Jacob prend soin de lui. La respiration de Mike ralentit, signe qu'il s'endort profondément.

Plus tard, quand mes parents arrivent enfin à l'hôpital, je me précipite vers eux. Sans réfléchir, je me jette dans les bras de ma mère.

— Maman… c'était horrible… Milo… commencé-je avant d'éclater en sanglots.

Dans les bras de ma mère, je raconte tout ce qu'il s'est passé. Ils m'écoutent sans m'interrompre et leur silence m'encourage à parler. Mais dès que le sujet de Milo devient trop lourd, mon père me coupe rapidement.

— Et ton épaule ? demande-t-il.

— Oh… J'ai glissé en sortant des toilettes au lycée, mentis-je pour éviter que Jacob ait des ennuis.

Je change à mon tour de sujet, revenant à Milo.

— Milo va bien. Il est encore en soin intensif, mais il pourra avoir des visites bientôt, les rassuré-je.

Nous attendons tous ensemble, même Jacob, dans une salle un peu à l'écart. Ma sœur est toujours en cellule d'aide psychologique, mais lorsqu'elle revient, je vois tout de suite qu'elle est encore bouleversée. Je m'approche d'elle et la serre fort dans mes bras.

— Merci d'avoir été là, Haven, me murmure-t-elle. À cause de moi, il aurait pu mourir. Je… je n'ai pas su réagir…

Elle éclate en sanglots et les larmes coulent aussitôt sur mes joues. Je ne la juge pas, et je comprends qu'elle soit restée tétanisée. La violence de la situation l'a totalement dépassée.

Le docteur Cullen arrive enfin et annonce une bonne nouvelle : Milo s'est réveillé et a été transporté dans une chambre. Tout le monde commence à se précipiter pour aller le voir, sauf moi.

— Tu viens ? me demande ma mère sur un ton qui n'accepte pas de refus.

Je secoue la tête.

— Madame, votre fille est encore en état de choc, intervient le docteur Cullen. Il vaudrait mieux qu'elle attende d'être prête avant d'avec votre Milo.

Ma mère finit par céder, même si je sais que je ne franchirai jamais cette porte.

— Jacob ? Tu pourrais me ramener ? demandé-je timidement.

— Ouais, viens, répond-il simplement.

Une fois dehors, il m'attache le casque avant de démarrer sa moto. Je m'accroche à lui comme si ma vie en dépendait.

Quand il s'arrête devant ma maison, je descends doucement et lui tends le casque.

— Merci pour tout, Jacob.

Mais il reste là, croisant les bras.

— Tu crois vraiment que je vais te laisser seule dans cet état ?

Il descend de sa bécane et me suit à l'intérieur de la maison. Je lui explique rapidement que je vis ici avec mes parents, ma sœur et mes neveux. Un peu gênée, je finis par l'entraîner dans ma chambre, un lieu que personne d'autre que Jill, ma meilleure amie, n'a jamais vu.

Je lui explique rapidement que je vis ici avec mes parents, ma sœur et ses deux enfants. Je me doute que Jacob sait déjà tout ça, mais je cherche définitivement comment meubler la conversation. Dans ma chambre, Jacob regarde à peu près tout, il la scanne du sol, au plafond.

Finalement, son regard accroche les étagères au-dessus de mon bureau où se trouvent des loups en peluche et absolument tous ses ouvrages sur les légendes Quileute que je possède. Je rougis, espérant qu'il ne se moque pas de moi.

— Tu aimes les légendes ? me demande-t-il, sans moquerie.

— Ouais, j'adore, avoué-je, rougissante.

— Moi aussi, les légendes sont géniales.

— En secret, j'aimerais qu'elles soient vraies… dis-je timidement.

Il sourit, sincère.

— les guerriers-loups et les sang-froid... Ça me fait rêver... ajouté-je, le rouge aux joues.

Il acquiesce et m'observe un instant avant de détourner son regard afin d'observer le reste de la pièce. Son regard se pose sur un loup en peluche au pelage brun-roux posé au milieu des oreillers.

— Et ce petit loup, là ? Il s'appelle comment ?

— Wolfy, réponds-je en récupérant mon doudou.

— Super original ! se moque-t-il gentiment.

— J'avais quatre ans… boudé-je en faisant un bisous à ma peluche.

Je relève la tête et croise le regard amusé de Jacob. On éclate de rire un instant avant de retrouver notre calme. Jacob finit par s'asseoir par terre près de mon lit et je le rejoins. Il caresse brièvement la tête de mon doudou et sourit.

— J'aime sa couleur en tout cas, dit-il avec une pointe d'amusement.

— Tu le trouves moche c'est ça ?Wolfyc'est le plus beau.

— Je suis sincère, j'adore sa couleur ! Il est super beau ! En fait, il m'a juste fait penser à un truc drôle, mais tu ne comprendrais pas... Mais ça fera rire Embry, Quil et les autres.

J'accepte son explication et on finit par à parler de nos souvenirs d'enfance, de nos jeux insouciants, et des moments où on croyait que le monde était simple et bienveillant. Nous nous racontons de bons moments partagés, tels que des dînettes où nous « cuisinions » des pâtés de terre que nous voulions absolument faire manger à nos parents. On en vient enfin à se demander pour quelle raison nous avons cessé de se parler alors que notre enfance ensemble était si chouette.

— Tes parents vont bientôt arriver. Je ferais mieux de partir, ton père n'a pas l'air de m'apprécier, dit-il finalement.

— Mon père croit que tu prends des stéroïdes… Mais je lui dirai que c'est faux.

Il éclate de rire avant de se lever. Il m'aide à me remettre sur mes deux jambes et je le raccompagne à la porte. Dehors, il grimpe sur sa moto et me dit soudain :

— Je viens te chercher demain à huit heures moins cinq, d'accord ?

Je reste hébétée un instant et jette un coup d'œil à la moto.

— En voiture, Haven, en voiture ! se moque-t-il en enfilant son casque.

Je soupire, rassurée et je ris à mon tour. Je suis bête ! J'hoche la tête et le regarde s'éloigner. Je remarque qu'il ne prend pas la direction de sa maison, mais celle de Sam et Emily.


Bonjour,

Suite à un ÉNORME BUG de la plateforme après des tentatives de mise à jour de mes chapitres (on passe de l'ancienne à la nouvelle version d'une page à l'autre, c'est infernal...) j'ai été contrainte de REPOSTER ENTIÈREMENT cette histoire sur mon profil avec pour titre : Au-delà de l'imprégnation 2025.