Chapitre 14: Interrogation et guérison

Dans le Sanctuaire, Saori (Athéna) tapait nerveusement du doigt sur l'accoudoir de son trône, exaspérée. Devant elle se tenait Hadrien, de retour de mission, une besace à la main et Kanon sur l'autre épaule, toujours évanoui depuis l'engloutissement du Sanctuaire de Poséidon. D'un ton grave, elle déclara :

«Tu sais que désobéir à l'ordre d'un dieu est une faute des plus graves.»

Il répondit stoïquement qu'il s'était contenté d'accomplir la mission qu'elle lui avait confiée au sujet de la déesse Kèr. Elle lui avait ordonné d'observer le monde sans intervenir dans la bataille contre Poséidon, ce qu'il avait fait.

Elle plissa les yeux, son regard perçant analysant chaque mot d'Hadrien. "Et pourtant, tu as sauvé Kanon, ainsi que Thétis et Julian Solo. N'est-ce pas une forme d'intervention ?"

Il, impassible, posa Kanon au sol avec précaution avant de croiser les bras. "Je n'ai pas levé le poing contre un seul Marina, ni changé le cours de la bataille. J'ai seulement récupéré des informations et empêché des vies de se perdre inutilement."

Elle soupira, massant ses tempes, partagée entre agacement et reconnaissance. "Tu joues avec les limites, Hadrien… mais je suppose que tes actes n'ont pas compromis notre victoire. Soit. Dis-moi plutôt ce que tu as découvert sur Kèr."

Il hocha légèrement la tête avant d'ouvrir sa besace et d'en sortir plusieurs manuscrits ainsi qu'un cahier écrit en cyrillique.

«J'ai trouvé des traces sur elle dans les archives du Sanctuaire Sous-Marin. Il semblerait qu'elle ait une connexion plus profonde avec certaines guerres saintes que nous ne le pensions. De plus, ce cahier appartenait à Isaac du Kraken, mais je ne lis pas le russe. Il faudra quelqu'un pour le traduire.»

Elle observa les documents avec attention avant de lever les yeux vers lui. «Et d'après ce que tu as pu comprendre, quel est son véritable rôle?»

Le Chevalier d'Or du Serpentaire prit un air grave. «Kèr n'est pas seulement une déesse de la mort et des batailles. Elle manipule le destin des guerriers, influençant leurs ténèbres intérieures pour les mener à leur perte. Elle ne se contente pas d'accueillir les morts, elle les provoque. Son influence sur Saga en est la preuve.»

Elle serra les poings. «Donc, elle pourrait être derrière d'autres tragédies… et peut-être même encore active aujourd'hui.»

Il acquiesça. «C'est une possibilité. Elle a laissé des traces résiduelles de son passage un peu partout dans le monde sauf au Japon. Par exemple, j'ai trouvé une trace aux États-Unis dans une maison hantée maudite appelant la Maison de Sallie. »

Intriguée, elle fronça légèrement les sourcils. « La Maison de Sallie… J'en ai entendu parler. On la dit hantée par l'esprit d'une fillette, mais je ne savais pas qu'une force divine y était impliquée. »

Il hocha la tête. « C'est bien plus qu'une simple hantise. Les manifestations sont liées à la cosmoénergie résiduelle de Kèr. Son influence y est encore palpable, bien que diffuse. »

Elle prit un moment pour assimiler l'information. « Si Kèr a réellement laissé son empreinte là-bas, cela signifie qu'elle a parcouru le monde bien avant notre époque… Mais dans quel but? »

Il croisa les bras, son regard se durcissant. « C'est précisément ce que je cherche à comprendre. »

Elle prit une profonde inspiration avant de poser son regard sur les manuscrits et le cahier en cyrillique qu'Hadrien avait ramenés du Sanctuaire Sous-Marin.

«Peut-être que les preuves dont nous avons besoin se trouvent déjà dans ces livres et ce cahier. Si Kèr a réellement influencé les guerres saintes, il doit y avoir des traces écrites de son devons faire traduire ce cahier au plus vite et analyser ces documents en détail. Si elle est encore active, il est impératif de comprendre ses intentions avant qu'elle ne frappe à nouveau. »

Il hocha la tête, son expression toujours aussi impassible.

«Pour la traduction, nous avons déjà quelqu'un. Hyoga est à moitié russe, et il était l'ami d'enfance d'Isaak. Il pourra non seulement comprendre le texte, mais peut-être aussi reconnaître des annotations ou des références propres à son ancien camarade.»

Elle acquiesça, semblant satisfaite par cette solution. Toutefois, elle préférait rester discrète sur cette affaire. Elle déciderait donc de parler à Hyoga personnellement, loin des oreilles indiscrètes, afin que le moins de personnes possible soit au courant de cette découverte. Puis, son regard se posa sur Kanon, toujours inconscient au sol.

«Maintenant, explique-moi pourquoi tu l'as ramené?» demanda-t-elle en désignant l'ancien Général des Mers d'un geste de la main.

En regardant Kanon, il répondit:

«Kanon sait peut-être quelque chose sur Kèr. Il l'a peut-être rencontrée ou ressenti son influence. Si c'est le cas, il pourrait nous donner des indices sur ce qu'il sait ou sur ce que Saga a vécu sous son emprise.»

Elle plissa légèrement les yeux, réfléchissant à ces paroles. Elle savait que Kanon avait manipulé Julian Solo, le réceptacle de Poséidon, mais il n'avait jamais montré de signe d'influence maléfique extérieure. Son ambition et ses actes avaient été les siens, dictés par sa propre volonté et non par une force obscure. Elle resta silencieuse un instant avant de soupirer légèrement.

«Très bien. Nous verrons ce qu'il a à dire lorsqu'il se réveillera. Pour l'instant, enferme le dans la cellule sous la salle du Grand Pope.»

Quelques jours plus tard, dans une cellule du Sanctuaire, Kanon ouvrit lentement les yeux, une douleur sourde pulsant dans son crâne. Alors qu'il tentait de bouger, il réalisa que ses poignets et ses chevilles étaient entravés par des chaînes brillantes parcourues de symboles ésotériques. Il tira légèrement dessus, mais une sensation étrange l'envahit : sa cosmoénergie était totalement inhibée. Un grondement de frustration monta en lui alors qu'il balayait la pièce du regard. Il était enfermé dans une cellule austère, éclairée faiblement par une torche fixée au mur.

«Où suis-je… ?» murmura-t-il pour lui-même.

Avant qu'il ne puisse aller plus loin dans ses réflexions, une voix moqueuse résonna à travers les barreaux.

«Tiens, la Belle au bois dormant s'est enfin réveillée.»

Kanon tourna brusquement la tête vers l'origine de la voix. De l'autre côté des barreaux, adossé nonchalamment au mur, les bras croisés, se tenait Hadrien, un sourire sarcastique aux lèvres.

«Qui es-tu ? Où suis-je ?» grogna Kanon en serrant les dents, testant à nouveau la résistance de ses chaînes sans succès.

Adossé contre le mur, Hadrien laissa échapper un léger rire avant de répondre d'un ton calme, presque désinvolte :

«Nous sommes dans les cellules situées sous la salle du Grand Pope. Un endroit parfait pour contenir les éléments… turbulents.»

Kanon fronça les sourcils, analysant la situation. Le Sanctuaire… Cela signifiait que Poséidon avait bel et bien été vaincu. Hadrien décroisa les bras et déclara d'un ton posé :

«Mon nom est Hadrien Maximus Peverell, Chevalier d'Or du Serpentaire.»

Kanon arqua un sourcil. «Le Serpentaire, la constellation maudite et oubliée»

Un rictus amusé se dessina sur les lèvres d'Hadrien.

«Maudite et oubliée, oui… du moins, c'est ce que l'histoire officielle raconte. Mais je suis bien là, devant toi. Ce qui prouve que certaines vérités ne peuvent être enterrées à jamais.»

Kanon le fixa intensément, cherchant à évaluer l'homme en face de lui. Un Chevalier d'Or vêtu d'un costume cravate, un choix vestimentaire bien éloigné des traditions du Sanctuaire… et pourtant, il ne doutait pas de la puissance qui émanait de lui. Son regard se durcit un instant, il savait que l'homme en face de lui n'était pas là pour s'échanger des formalités.

«Pourquoi suis-je ici ?» demanda-t-il enfin, cherchant à comprendre ce que le Sanctuaire attendait de lui.

Hadrien croisa à nouveau les bras et le fixa droit dans les yeux.

«Nous avons quelques questions à te poser. Et je pense que tu pourrais avoir des réponses particulièrement intéressantes…»

Kanon plissa les yeux, méfiant. «Qui ça, "nous" ?»

Un léger sourire effleura les lèvres d'Hadrien tandis qu'il inclinait légèrement la tête sur le côté. «Athéna, bien sûr.»

D'un geste subtil, il désigna la silhouette immobile qui se tenait dans l'ombre, à quelques pas derrière lui. Kanon tourna brusquement la tête et son regard croisa celui de Saori Kido, debout, observant la scène avec un calme olympien.

La déesse de la sagesse et de la guerre n'avait pas dit un mot depuis le réveil de Kanon, mais son regard profond semblait sonder jusqu'à son âme. Il ressentit une légère tension dans son corps en réalisant qu'elle était là depuis le début, écoutant chaque échange.

«Kanon,» dit enfin Saori d'une voix douce mais ferme, «je suis ici pour entendre la vérité. Peu importe ton passé, ce que tu sais pourrait être crucial pour l'avenir du Sanctuaire… et du monde.»

Kanon serra les poings, troublé par la situation. «Hmph… vous attendez quoi de moi, exactement ?»

Saori ne répondit pas immédiatement. Elle s'avança légèrement, son regard toujours posé sur l'ancien Général des Mers. Puis, d'une voix calme et maîtrisée, elle prononça un seul mot Kèr.

L'effet fut immédiat. Les yeux de Kanon s'écarquillèrent légèrement, un éclat de surprise traversant son visage. Pendant un instant, il sembla avoir oublié ses chaînes, perdu dans ses pensées. Hadrien, qui n'avait rien manqué de cette réaction, s'avança d'un pas.

«Alors… tu l'as rencontrée ?» demanda-t-il d'un ton neutre, mais perçant.

Kanon resta silencieux, son regard fuyant instinctivement celui d'Hadrien. Puis, lentement, il serra les dents.

«Pourquoi vous intéressez-vous à elle ?»

Saori et Hadrien échangèrent un bref regard. Hadrien répondit le premier, sa voix trahissant un mélange de curiosité et de vigilance.

«Parce que son ombre plane sur plus de batailles que nous ne l'imaginions. Et à voir ta réaction, j'ai comme l'impression que tu as quelques détails à partager.»

Kanon inspira profondément avant de reprendre la parole, son regard se durcissant légèrement.

«Après mon emprisonnement au Cap Sounion, j'ai ruminé ma haine envers le Sanctuaire et mon frère. C'est là, au plus profond de ma cellule, que j'ai découvert le trident de Poséidon.»

Il marqua une pause, observant attentivement les réactions d'Hadrien et de Saori avant de poursuivre.

«Quand je l'ai retiré, un passage s'est ouvert sous mes pieds, et je me suis retrouvé dans le temple sous-marin de Poséidon. Ce que vous savez déjà. Mais ce que vous ignorez…»

Son expression s'assombrit légèrement. «C'est qu'elle était là.»
Hadrien haussa légèrement un sourcil. «Kèr ?»

Kanon hocha lentement la tête.

«Pas physiquement. Mais sa présence… c'était comme une ombre qui me frôlait, un murmure dans mon esprit. Quand j'ai marché dans ce temple désert, j'avais l'impression que quelqu'un me guidait. Quelqu'un qui savait exactement où je devais aller.» Il ferma brièvement les yeux, comme s'il revivait ce moment. «Lorsque j'ai éveillé l'âme de Poséidon, son influence a disparu comme enchantement.»

Saori posa une main sous son menton, réfléchissant à cette révélation.

«Cela signifie que la cosmoénergie de Poséidon a peut-être effacé l'emprise de Kèr sur ton esprit.» murmura-t-elle.

Hadrien hocha légèrement la tête, analysant la situation.

«Si c'est le cas, cela confirmerait que son influence agit dans l'ombre, distillant des pensées et des émotions, mais sans s'accrocher définitivement aux âmes. Il suffirait d'une puissance cosmique supérieure pour la repousser.»

Kanon releva les yeux vers eux, un sourire amer aux lèvres. «Alors, j'ai eu de la chance.»

Hadrien inspira profondément avant de prendre la parole, son ton grave résonnant dans la cellule.

«Il existe une vérité oubliée que j'ai découvert durant mon entrainement pour devenir chevalier, une chose que même Athéna semble avoir effacée de sa mémoire avec le temps…»

Saori tourna son regard vers lui, intriguée, tandis que Kanon l'observait avec méfiance.

«Tous les Chevaliers des Gémeaux ont toujours été parmi les plus puissants des Chevaliers d'Or. Mais il y a une raison à cela…» Il marqua une courte pause avant de poursuivre. «Tous étaient nés jumeaux.»

Kanon fronça les sourcils, mais il ne l'interrompit pas.

«Depuis des temps immémoriaux, la destinée des Gémeaux était scellée dès leur naissance. L'aîné était destiné à revêtir l'Armure d'Or des Gémeaux, à se tenir au premier rang parmi les protecteurs d'Athéna. Quant au cadet… il restait dans l'ombre, en retrait, en attente.»

Saori écoutait avec une attention accrue, comme si ces paroles réveillaient quelque chose d'enfoui dans sa mémoire divine.

«Lors des guerres saintes contre Hadès, lorsque l'aîné tombait au combat, le cadet prenait sa place. Il héritait de l'Armure et de ses responsabilités, devenant alors le nouveau Chevalier d'Or des Gémeaux. Et si aucun autre chevalier ne survivait à la guerre, alors c'était lui qui devenait Grand Pope ou le dernier rempart du Sanctuaire.»

Un silence lourd s'installa, Kanon serra les poings, son regard fixant le sol.

«…Alors j'étais destiné à ça.»

Hadrien acquiesça lentement. «Oui. Et pourtant, cette tradition s'est perdue, oubliée avec le temps. Peut-être parce qu'elle était trop cruelle… ou parce qu'Athéna elle-même a choisi de ne plus s'en souvenir.» Il tourna son regard vers Saori, qui restait impassible mais pensive. «Si Kèr n'avait pas implanté sa graine en Saga, les choses auraient suivi leur cours naturel. Il aurait endossé son rôle de Grand Pope, et toi, Kanon… tu serais devenu le Chevalier d'Or des Gémeaux. »

Kanon releva brusquement les yeux vers lui, une lueur troublée dans le regard.

«Parce qu'un chevalier ne peut pas en temps normal porter deux titres à la fois.»

Hadrien hocha la tête. «Exactement. Votre destin était déjà tracé. Mais l'intervention de Kèr a tout bouleversé. Au lieu d'un Grand Pope sage et d'un Chevalier des Gémeaux puissant, elle a transformé Saga en un être tiraillé par les ténèbres et toi en un homme rejeté, errant entre loyauté et ambition.»

Kanon serra les poings, réalisant l'ironie cruelle de cette révélation.

«Alors… si elle n'avait pas interféré, mon frère et moi aurions… nous aurions pu…»

Saori prit une profonde inspiration, son regard empli d'une gravité nouvelle.

«Vous auriez pu suivre le chemin qui vous était destiné. Mais elle en a décidé autrement.»

Un silence pesant s'abattit dans la cellule. Kanon ferma les yeux un instant, comme s'il luttait contre un tourbillon d'émotions contradictoires. Hadrien, toujours aussi calme, observa sa réaction avant de conclure :

«Maintenant que tu connais la vérité… qu'est-ce que tu comptes en faire ?»

Un silence pesant s'était installé dans la cellule. Kanon, les poings serrés, réfléchissait intensément aux paroles d'Hadrien et de Saori. Toute sa vie, il s'était rebellé contre son destin, contre l'ombre de son frère… mais et s'il avait toujours été destiné à autre chose ?

Alors qu'il était perdu dans ses pensées, un puissant éclat doré illumina soudain la geôle.

«Quoi… ?!» s'exclama Saori en levant les yeux. Hadrien, lui, ne disait rien, observant la scène avec un regard perçant.

Devant eux, l'armure d'Or des Gémeaux venait d'apparaître, flottant lentement dans la pièce, baignée d'une lumière dorée. Chaque pièce de l'armure vibrait d'une énergie ancienne et familière, comme si elle répondait à un appel silencieux. Kanon écarquilla les yeux.

«L'armure…» murmura-t-il, abasourdi.

Il n'avait jamais ressenti une telle résonance avec elle auparavant. Elle n'était pas apparue devant lui par hasard. Elle le reconnaissait. Hadrien esquissa un léger sourire, presque satisfait.

«Il semblerait que la vérité soit encore plus évidente qu'on ne le pensait…»

Saori posa une main sur son cœur, troublée par l'événement.

«L'armure des Gémeaux t'a choisi, Kanon.»

Kanon resta figé un instant, son regard oscillant entre l'armure et Saori. «Moi ?»

Hadrien s'avança légèrement. «Si ton frère était destiné à devenir Grand Pope… alors c'est toi qui aurais dû hériter des Gémeaux. Et maintenant que la balance s'est rééquilibrée, l'armure vient réclamer son véritable porteur.»

L'armure brilla plus intensément, comme pour confirmer ses paroles. Kanon déglutit, son esprit assailli par un tourbillon d'émotions.

«Alors… ai-je encore le droit d'accepter cet héritage ?»

Un silence suspendit la scène, tous les regards tournés vers Kanon, qui se trouvait à l'aube d'un choix décisif. Hadrien observa l'armure briller un instant de plus avant de tourner son regard vers Kanon.

«Seul le temps dira si tu es digne de cette armure.»

Kanon releva les yeux vers lui, toujours troublé par ce qui venait de se produire.

«Mais sache une chose,» poursuivit Hadrien d'un ton plus grave. «Tu ne peux pas simplement revêtir cette armure et prétendre que tout ce que tu as fait a disparu.»

Il croisa les bras, son regard perçant transperçant Kanon.

«Tu devras gagner le pardon des Chevaliers d'Or… et plus encore, tu devras prouver que tu es digne de l'armure des Gémeaux.»

L'armure vibra légèrement, comme si elle réagissait aux paroles d'Hadrien.

«Cette armure a souffert.»

Sa voix était calme, mais d'une intensité implacable.

«Elle a porté le poids des ténèbres, de la trahison et du doute. Elle a été souillée par le sang et la corruption.»

Kanon sentit un frisson le parcourir tandis qu'Hadrien s'approchait légèrement de lui.

«Respecte-la. Honore son héritage. Car si tu ne le fais pas.»

Son regard devint aussi tranchant qu'une lame.

«Alors tu préféreras avoir péri au fond du sanctuaire souterrain de Poséidon plutôt que d'affronter ce qui t'attend.»

Le silence qui suivit fut glaçant. Kanon, pour la première fois depuis longtemps, sentit une véritable menace planer sur lui. Ce n'était pas une simple mise en garde, c'était une promesse. Hadrien jeta un dernier regard à l'armure, puis tourna les talons et quitta la cellule sans un mot de plus. Saori, elle, resta là, debout, face à Kanon, tandis que l'armure des Gémeaux brillait toujours doucement dans l'obscurité des geôles du Sanctuaire.

Kanon fixa un instant l'ombre laissée par Hadrien, son regard toujours rivé sur l'entrée de la cellule. Un frisson imperceptible parcourut son échine. Puis, sans détourner les yeux, il murmura d'un ton grave :

«Pourquoi ai-je ressenti une menace aussi réelle… si je ne respecte pas cette armure ?»

Saori, restée silencieuse jusqu'alors, le regarda avec une expression empreinte de sagesse et de gravité.

«Parce qu'Hadrien n'est pas un seulement le Chevalier d'Or du Serpentaire mais» répondit-elle d'un ton posé.

Kanon fronça légèrement les sourcils, attendant la suite.

«Il est aussi le descendant d'Aspros, le Chevalier d'Or des Gémeaux de la dernière Guerre Sainte contre Hadès.»

Les yeux de Kanon s'écarquillèrent légèrement. Il murmura ce nom en réfléchissant à ce nom qu'il avait déjà entendu dans les récits oubliés du Sanctuaire. Saori acquiesça doucement.

«Un homme qui, lui aussi, a connu la chute et la rédemption. Aspros était autrefois un Chevalier d'Or loyal, destiné à devenir Grand Pope. Mais rongé par l'ambition et corrompu par l'influence du Mal, il a trahi le Sanctuaire et tenté de s'emparer du pouvoir.»

Kanon écoutait attentivement, son expression impassible, mais ses poings étaient serrés.

«Son propre frère, Defteros, a été contraint de l'arrêter, et Aspros a trouvé la mort de sa main,» continua Saori d'une voix mesurée. «Mais même dans la mort, il n'a pas disparu. Ressuscité en Spectre sous le commandement d'Hadès, il a feint d'être un serviteur des Enfers… avant de retourner son pouvoir contre Hadès et Kairos.»

Kanon fronça les sourcils. «Il a renié Hadès ? Qui est Kairos?»

Saori acquiesça doucement avant de poursuivre :

«Oui. Dans son ultime combat contre Kairos, celui qui avait planté la graine de la haine dans son cœur, Aspros a prouvé que les Gémeaux n'étaient pas condamnés aux ténèbres. Il a embrassé son destin, réparé ses fautes… et s'est excusé à demi-mot devant mon moi du XVIIIe siècle.»

Kanon arqua un sourcil, intrigué. «Il s'est excusé ?»

Saori hocha la tête, un léger sourire empreint de mélancolie effleurant ses lèvres.

«Aspros était un homme fier. Reconnaître ses erreurs à voix haute ne faisait pas partie de sa nature. Mais au moment où il s'est sacrifié pour vaincre Kairos et protéger Athéna… j'ai perçu son regret. Il savait qu'il avait été manipulé, qu'il avait failli sombrer irrémédiablement, et il a choisi de se racheter par ses actes.»

Kanon détourna légèrement le regard, pensif. «Alors, même lui…»

Il laissa sa phrase en suspens, ses pensées tournant autour de son propre passé. Saori le regarda avec douceur, mais avec une fermeté inébranlable.

«Ce n'est jamais le passé qui définit un homme, Kanon. Ce sont les choix qu'il fait une fois qu'il connaît la vérité.»

«Kairos… Ce nom ne m'est pas familier.» demanda-t-il

Saori poursuivit, son ton grave et solennel :

«Il est un dieu du temps, le frère de Chronos. Contrairement à ce dernier, qui incarne l'éternité, Kairos représente l'instant, l'opportunité et la manipulation du destin.»

Kanon écarquilla légèrement les yeux. «Un dieu du temps… qui sème la corruption dans le cœur des hommes ?»

Saori hocha la tête. «Exactement. Il s'immisce dans les failles du destin et guide les âmes vers la destruction. C'est lui qui a influencé Aspros, le poussant à trahir le Sanctuaire en lui faisant croire qu'il était destiné à être Grand Pope à tout prix.»

Kanon se tut un instant, assimilant ces révélations. Puis, d'une voix plus grave, il murmura :

«Si Kairos a pu faire cela à Aspros alors Kèr pourrait être capable du même genre d'influence.»

Saori et lui échangèrent un regard lourd de sens.

«C'est justement ce que nous devons découvrir» conclut-elle.

Kanon baissa lentement les yeux vers l'armure d'or flottant devant lui. L'héritage des Gémeaux, la souffrance, la dualité, mais aussi la grandeur.

«Hadrien sait ce que représente cette armure, peut-être mieux que toi-même,» poursuivit Saori. «Et si tu la portes sans la respecter, alors il fera en sorte que tu en paies le prix.»

Un silence pesant s'installa, Kanon resta immobile, son esprit tiraillé entre le poids du passé et l'incertitude de l'avenir.

«Alors, il va falloir que je prouve que je suis digne de l'armure» murmura-t-il finalement.

Saori hocha doucement la tête, un léger sourire apaisant sur les lèvres. L'armure des Gémeaux brillait toujours faiblement, comme si elle attendait la décision de Kanon.

«Oui. Et cette décision t'appartient entièrement.»

Tandis que Saori poursuivait sa discussion avec Kanon, Hadrien descendait lentement les longs escaliers de pierre du Sanctuaire. Son esprit était encore imprégné des révélations de la cellule, mais il n'avait pas le luxe de s'y attarder. Il avait d'autres priorités.

D'un pas assuré, il se dirigea vers l'infirmerie du Sanctuaire, où reposaient ceux qui avaient combattu avec acharnement pour la cause d'Athéna.

En poussant la porte, son regard balaya rapidement la pièce.

Seiya et ses quatre compagnons de bronze étaient là, en convalescence après la bataille. Malgré leurs bandages et leurs blessures, leur énergie semblait intacte, comme si leur détermination surpassait la douleur. Sur un autre lit, Kiki, le jeune apprenti de Mû, était également présent, quelques ecchymoses marquant son visage. Même affaibli, il affichait son habituelle vivacité, lisant une bande dessinée. Plus loin, Shaina, la redoutable Chevalier d'Argent d'Ophiuchus, était allongée sur un lit. Contrairement aux autres, elle était consciente, bien que visiblement affaiblie. Son regard vert se tourna immédiatement vers Hadrien lorsqu'il entra, une lueur perçante y brillait toujours, même dans cet état. Hadrien resta silencieux quelques instants, observant ces combattants qui avaient affronté l'impossible. Puis, il avança d'un pas, prêt à s'adresser à eux. Il s'apprêtait à parler, mais une voix l'interrompit avant même qu'il ne puisse prononcer un mot.

«Hadrien !»

Il tourna la tête vers Kiki, qui venait de l'appeler en le voyant entrer. L'apprenti de Mû, bien qu'amoché, se redressa légèrement sur son lit, visiblement soulagé de voir le Chevalier d'Or du Serpentaire.

«J'ai l'impression que tu t'es encore attiré des ennuis, Kiki.», répondit-il d'un ton légèrement sarcastique.

Le jeune apprenti fit une moue avant de soupirer. «C'est pas de ma faute… Ils frappent trop fort, ces types !»

Hadrien secoua légèrement la tête avant d'approcher du lit de Kiki, son regard s'adoucissant légèrement.

«Comment tu te sens ?»

Kiki haussa les épaules avec une petite grimace. «Ça va… J'ai eu pire. Mû m'a appris à encaisser.»

Hadrien s'approcha du lit et posa deux doigts sur le poignet du jeune apprenti, fermant brièvement les yeux. Une fine lueur dorée parcourut sa main, analysant silencieusement son état.

«Je vais jeter un œil», déclara-t-il. «Après tout, avec ma constellation du Serpentaire, il est normal que j'aie des connaissances médicales.»

Kiki ouvrit de grands yeux, surpris de voir Hadrien l'ausculter avec une telle précision. Après quelques instants, le Chevalier d'Or hocha légèrement la tête.

«Hm… Pas mal. On voit que Milo du Scorpion est passé par là.»

Le jeune garçon cligna des yeux. «Comment tu sais ça ?»

Hadrien esquissa un sourire en retirant sa main.

«Parce que ses Aiguilles Écarlates ne laissent pas de séquelles quand il décide de soigner au lieu de tuer. Il a stimulé ton cosmos pour accélérer ta guérison.»

Kiki semblait impressionné, mais Hadrien posa une main ferme sur son épaule.

«Tu es totalement guéri maintenant, mais ça ne veut pas dire que tu dois faire l'imbécile.» Il croisa les bras, son regard sévère mais bienveillant. «Repose-toi un peu, gamin. Tu ne peux pas encore courir partout comme si de rien n'était.»

Kiki fit la moue mais hocha la tête. «D'accord, d'accord… Mais pas trop longtemps, hein ?»

Hadrien laissa échapper un léger rire. «Je te connais, ça ne durerait pas de toute façon.»

Alors qu'il s'éloignait du lit de Kiki, son regard se posa sur les autres Chevaliers de Bronze qui l'observaient attentivement.

«Maintenant… Voyons voir comment vont les 4 fantastiques.»

Hadrien lança cette remarque avec un brin d'ironie, ce qui fit éclater de rire Kiki et arracha un léger sourire à Shaina, toujours allongée sur son lit.

«Hé, pas mal, celle-là» souffla-t-elle, amusée malgré son état.

Hadrien, quant à lui, s'avança vers les Chevaliers de Bronze. Son regard perçant analysa rapidement leur état. Ils étaient blessés, certes, mais leur énergie était toujours aussi brûlante, prêts à se relever et à continuer le combat.

Cependant, un détail attira son attention. Il balaya la pièce du regard avant de hausser un sourcil.

«Hm, je vois qu'Ikki a quitté le sanctuaire après s'être reposé.»

Seiya croisa les bras et répondit avec un soupir.

«Il est parti. Dès qu'il s'est réveillé, il a quitté le Sanctuaire sans prévenir. Comme d'habitude»

Hadrien esquissa un léger sourire, imperceptible. «Hmph… Toujours fidèle à lui-même.»

Il savait où le Chevalier du Phénix s'était rendu, mais il choisit de ne rien dire. Ce n'était ni le moment ni l'endroit pour en parler. Ikki suivait son propre chemin, et Hadrien respectait cela. Il se détourna et posa son regard sur Shiryu, qui était allongé sur son lit, silencieux mais attentif à tout ce qui se disait.

«Voyons un peu ton état.»

Il s'approcha et posa délicatement deux doigts sur le front de Shiryu. Une légère lueur dorée entoura sa main tandis qu'il analysait son état avec une précision clinique. Après quelques instants, son expression se durcit. Il fronça les sourcils et soupira légèrement avant de retirer sa main.

«Je vois» murmura-t-il.

Shiryu sentit un léger poids peser sur lui en entendant ce ton.

«Ce n'est pas bon, n'est-ce pas ?» demanda-t-il calmement.

Hadrien hocha la tête avant de croiser les bras. «Non. Tes yeux sont toujours aveugles… et ils ne pourront pas guérir.»

Un silence s'abattit dans la pièce. Les autres Chevaliers de Bronze échangèrent des regards inquiets. Seiya serra les poings.

«Tu es sûr ?» demanda Hyoga. «Il a déjà retrouvé la vue par le passé.»

Hadrien secoua lentement la tête. «Ce n'est pas une simple perte de vision comme avant. Cette fois, la cause est différente.»

Il fixa Shiryu avec sérieux. «Tes yeux ont été exposés à une surcharge extrême de cosmoénergie. Pas seulement la tienne, mais aussi celle de ton adversaire, le Marina de Chrysaor.»

Shiryu resta silencieux. Il savait que son combat contre Krishna avait été terrible, mais entendre ces mots rendait les choses encore plus réelles.

«La pression exercée sur tes nerfs optiques était trop grande. Ton corps a résisté, mais tes yeux… non. Il n'y a plus rien à régénérer, plus rien à soigner.»

Seiya frappa du poing sur son lit, frustré. «Il doit bien y avoir un moyen !»

Hadrien posa un regard neutre sur lui. «Pas cette fois. Ce n'est pas une simple blessure, c'est une brûlure cosmique irréversible.»

Shiryu, qui était resté calme jusqu'ici, inspira profondément avant de prendre la parole en disant qu'il comprenait. Seiya se tourna vers lui, choqué par son acceptation immédiate. Le Dragon leva une main pour l'arrêter.

«Ce n'est pas la première fois que je perds la vue. Mais je peux toujours me battre. Mon cosmos, lui, est intact.»

Hadrien observa l'échange avec un certain respect. Malgré la nouvelle, Shiryu ne montrait ni colère ni désespoir. Il acceptait son sort avec la même détermination inébranlable qui faisait de lui un véritable guerrier. Mais en le voyant ainsi, une pensée traversa l'esprit d'Hadrien. Il se rappela lorsqu'il était venu à Rozan, du moment où Shiryu avait perdu la vue pour la première fois après son combat contre Argol de Persée. À l'époque, cette cécité avait brisé sa confiance en lui, l'avait plongé dans le doute. Sa volonté de combattre avait vacillé, et il avait dû entreprendre un long chemin avant de retrouver sa détermination. Les épreuves avaient forgé Shiryu. Là où il avait autrefois sombré dans l'incertitude, il se tenait aujourd'hui debout, fier et inébranlable, malgré le verdict irrévocable d'Hadrien.

Il esquissa un léger sourire. «Je suppose que cette fois, tu n'auras pas besoin d'entraînement pour retrouver ta motivation.»

Shiryu hocha la tête avec un léger sourire en retour. «Non. Ce combat m'a appris que la vraie vision vient du cœur.»

Hadrien acquiesça, puis détourna son regard vers les autres Chevaliers de Bronze.

«Bien. Si vous êtes tous aussi bornés que lui, alors je crois que je peux être rassuré sur votre état.»

Seiya, Hyoga et Shun échangèrent un regard avant de sourire à leur tour. Hadrien, quant à lui, tourna son attention vers Hyoga. Son œil blessé attirait immédiatement son regard. Il s'avança vers lui et posa deux doigts sur son front, prêt à canaliser son cosmos pour le guérir. Avant même qu'il commençait à le guérir, Hyoga attrapa fermement son poignet et le repoussa doucement. Hadrien haussa un sourcil, légèrement surpris. Le blond secoua la tête et détourna légèrement le regard.

«Je refuse d'être guéri.»

Hadrien le fixa un instant en demandant s'il était sérieux. Hyoga hocha la tête, son expression toujours aussi calme mais ferme.

«Cette blessure n'est pas une simple marque de combat. C'est une dette, un rappel du sacrifice d'Isaak.»

À l'évocation de ce nom, un bref silence s'installa. Isaak du Kraken, son ancien ami d'enfance, avait perdu son œil pour lui lorsqu'ils étaient encore enfants, lors de leur entraînement en Sibérie. Hyoga baissa légèrement les yeux, repensant à cet instant gravé dans sa mémoire.

«Quand nous étions gamins, il a perdu son œil pour me sauver. Et aujourd'hui, après notre affrontement sous les ordres de Poséidon, nous nous sommes battus, prêts à nous entre-tuer.»

Un silence pesant s'installa alors qu'il serrait légèrement les poings.

«Mais avant de mourir… il m'a exhorté d'oublier mon passé.»

Hadrien observa attentivement le regard du Chevalier du Cygne, lisant la douleur et la gravité de ses mots.

«Il m'a dit d'arrêter d'aller dans le bateau sous la glace… là où repose le corps de ma mère.»

À ces mots, Shun et Seiya baissèrent la tête, comprenant le poids du sacrifice d'Isaak. Shiryu, lui, resta silencieux, mais son expression montrait un profond respect pour le choix de son ami défunt. Hadrien, les bras toujours croisés, réfléchit un instant avant de répondre :

«Il voulait que tu avances. Que tu cesses d'être prisonnier du passé.»

Hyoga acquiesça lentement. «Oui… Mais je ne peux pas simplement effacer tout ça.»

Il posa une main sur son œil blessé. «Cette cicatrice, c'est un rappel. Pas de douleur, mais de mémoire.»

Hadrien le fixa en silence, lisant dans son regard toute la détermination du Chevalier du Cygne. Puis, lentement, il esquissa un léger sourire.

« T'es vraiment un gamin sentimental.»

Hyoga ne répondit pas, mais un faible sourire passa furtivement sur son visage. Hadrien recula d'un pas et haussa les épaules.

«Très bien, je respecte ta décision. Mais si jamais tu changes d'avis.»

Il pointa son index vers lui. «Essaie au moins de ne pas devenir aveugle comme Shiryu, sinon je vais finir par croire que c'est une mode chez vous.»

Seiya et Shun éclatèrent de rire, tandis que Shiryu secoua doucement la tête avec un sourire amusé. Hyoga, lui, esquissa un petit rictus avant de répondre simplement :

«Je tâcherai de faire attention.»

Hadrien haussa un sourcil, satisfait de cette réponse. Puis, son regard se fit plus sérieux.

«Bien. Mais avant que tu ne partes méditer sur tout ça, Athéna voudrait te voir personnellement.»

Hyoga releva les yeux vers lui, légèrement surpris. Seiya, intrigué, s'exclama aussitôt : «Hein ? Pourquoi ?»

Mais avant qu'Hadrien ne puisse répondre, Shaina, toujours allongée mais parfaitement consciente, prit la parole d'une voix ferme :

«Seiya, ce n'est pas Saori Kido qui demande. C'est Athéna

Le Chevalier de Pégase cligna des yeux, son expression passant de la surprise à un léger sérieux. Hadrien observa la scène avec amusement avant de croiser les bras.

«Exactement. Ce n'est pas une simple convocation de votre amie d'enfance, mais un ordre direct de votre déesse.»

Hyoga resta silencieux un instant, assimilant l'information. Puis, il hocha la tête.

«Très bien. Je vais la voir.»

Hadrien esquissa un sourire en coin. Il fit un pas en arrière, prêt à laisser Hyoga se lever, tandis que l'atmosphère dans l'infirmerie devenait plus pesante. L'heure des discussions légères était passée. Quelque chose d'important se préparait. Mais avant de partir, il tourna son attention vers Shaina.

«Maintenant, à ton tour.»

La Chevalier d'Argent le fixa un instant avant de détourner légèrement la tête.

«Hmph, je vais bien.»

Il haussa un sourcil, mais ne se laissa pas convaincre. «Ouais, c'est ce que disent tous ceux qui ne veulent pas qu'on les ausculte.»

Il s'approcha et attendit un instant. Finalement, voyant qu'il n'abandonnerait pas, elle soupira et, sans un mot, se tourna lentement, dévoilant son dos. Il fronça les sourcils en découvrant une large blessure marquant sa peau.

« Ça vient de la flèche du Sagittaire», coupa Shaina. «Tirée par Seiya, puis renvoyée par Poséidon et moi, j'étais sur la trajectoire pour le protéger.»

Il laissa échapper un sifflement bas. «Une attaque divine, renvoyée par un dieu et tu es encore en vie. Impressionnant.»

Elle esquissa un léger sourire en coin. «Évidemment. Je ne suis pas si facile à tuer.»

Il effleura doucement la blessure du bout des doigts, concentrant une fine lueur dorée autour de sa main. Il sentit immédiatement que la plaie était plus profonde qu'elle ne le paraissait.

«Cette flèche ne t'a pas seulement blessée physiquement. Elle a laissé des traces de cosmoénergie divine et celle de Seiya dans ton corps… C'est pour ça que la douleur persiste.»

Elle serra légèrement les poings. «Je m'en doutais.»

Il prit une inspiration et commença à canaliser son cosmos de guérison, prêt à purifier l'énergie résiduelle et refermer la plaie.

«Ça risque de chauffer un peu mais tu as connu pire, non ?» dit-il avec un sourire amusé.

Elle laissa échapper un petit rire. «Fais ce que tu as à faire, Serpentaire.»

Hadrien posa ses mains avec précision et commença le soin, concentré sur l'extraction de la cosmoénergie divine et celle de Seiya qui imprégnaient encore la blessure. Dès les premiers instants, tout le monde dans l'infirmerie sentit la différence. Ce n'était pas le soin brutal et stimulant de Milo, qui forçait le corps à se régénérer en accélérant la circulation du sang, c'était autre chose. La lumière qui émanait des mains d'Hadrien semblait danser, formant deux flux d'énergie ondulants, semblables à deux serpents s'entrelançant autour d'un axe invisible. Seiya, Hyoga, Shun, Shiryu et Kiki observaient en silence, fascinés.

Hyoga fronça légèrement les sourcils en observant le mouvement du cosmos de Hadrien. «Je crois que je comprends»

Seiya tourna la tête vers lui.«Comprendre quoi ?»

Hyoga désigna les flux d'énergie dorée qui se croisaient et ondulaient dans un mouvement harmonieux. «Ce n'est pas une simple guérison, c'est un équilibre. Hadrien ne se contente pas de refermer une plaie ou d'accélérer la régénération. Il rétablit un équilibre entre le corps et le cosmos du blessé.»

Shun hocha la tête, comprenant à son tour. «C'est ça, le véritable sens du Caducée.»

Tous se rappelèrent alors du symbole du Serpentaire dans la mythologie et la médecine : le caducée, cet emblème représentant deux serpents enroulés autour d'un bâton, symbole de guérison et de savoir ancestral. Shaina, bien qu'encore sous l'effet du soin, sentit la chaleur apaisante se répandre en elle, effaçant peu à peu la trace divine qui l'affaiblissait.

«Hmph… Pas mal», souffla-t-elle avec un sourire en coin.

Hadrien, concentré, ne répondit pas immédiatement. Puis, après quelques instants, la lueur s'intensifia une dernière fois avant de s'estomper lentement. Il recula légèrement et déclara d'un ton calme :

«Voilà. La trace de la flèche du Sagittaire est effacée. Tu devrais récupérer complètement… mais évite de faire des folies tout de suite.»

Elle se redressa lentement, testant son dos. À sa grande surprise, elle ne ressentait plus aucune douleur. Elle lança un regard à Hadrien, croisant les bras.

«Tss… T'as fait du bon boulot.»

Hadrien esquissa un sourire. Son regard croisa celui de Shaina, et durant un instant, ils oublièrent les autres. Leurs yeux restèrent ancrés l'un à l'autre, comme s'ils se jaugeaient, comme s'ils se comprenaient d'une manière que les mots ne pouvaient exprimer. Elle, habituellement dure et sur la défensive, ne détourna pas le regard. Son instinct lui soufflait qu'il était différent. Il n'était pas seulement un Chevalier d'Or, il était un mystère, une force à la fois imposante et apaisante. Il lisait dans ses yeux une intensité familière, un feu indomptable. Il savait reconnaître une guerrière quand il en voyait une. Un léger sourire en coin passa furtivement sur le visage de Shaina.

«Hmph… Tu comptes me fixer encore longtemps, ou tu veux que je te remercie aussi ?»

Il haussa un sourcil, un brin amusé. «Je crois que ce regard vaut déjà tous les remerciements du monde.»

Le ton n'était pas moqueur, mais sincère. Leurs échanges silencieux furent brusquement interrompus par un toussotement exagéré.

«Ahem… Vous voulez qu'on vous laisse seuls ?» lança Seiya avec un sourire en coin.

Hadrien et Shaina tournèrent la tête comme s'ils se rappelaient enfin qu'ils n'étaient pas seuls. Elle, reprenant aussitôt son attitude habituelle, croisa les bras et détourna la tête.

«Tss… Vous racontez n'importe quoi.»

Hadrien, lui, éclata simplement de rire.

«Vous devriez plutôt vous concentrer sur votre rétablissement, les "Quatre Fantastiques".»

Seiya, Shun, Hyoga et Shiryu échangèrent un regard complice avant de sourire. L'atmosphère redevint plus légère, mais l'échange silencieux entre Hadrien et Shaina n'était pas passé inaperçu. À l'écart, Kiki fronça les sourcils, visiblement perdu.

«Je ne comprends pas. Pourquoi tout le monde sourit comme ça ?»

Seiya posa une main sur l'épaule du jeune garçon, un sourire amusé sur les lèvres.

«Tu comprendras quand tu seras plus grand.»

Kiki gonfla les joues, mécontent. «Pff… Toujours la même excuse !»

Hadrien, qui suivait la scène d'un œil, secoua doucement la tête avant de reporter son attention sur Hyoga. Il lui fit un signe discret de la main, l'invitant à le suivre. Hyoga hocha la tête et se leva doucement, testant ses appuis avant de rejoindre Hadrien.

«Allons-y, Athéna t'attend.»

Sans un mot de plus, ils quittèrent l'infirmerie ensemble, se dirigeant vers le Palais du Grand Pope, où Saori attendait Hyoga pour une entrevue qui promettait d'être capitale. Après le départ d'Hadrien et Hyoga, Seiya, Shun et Shiryu restèrent un moment silencieux, réfléchissant à la suite des événements. Finalement, ce fut Seiya qui brisa le silence.

«Bon… Et maintenant, on fait quoi ?»

Shun, assis sur son lit, hocha légèrement la tête. «C'est vrai… On a gagné contre Poséidon, mais on ne sait pas combien de temps la paix va durer.»

Shiryu croisa les bras, pensif. «Pour ma part, je vais retourner en Chine.»

Seiya et Shun tournèrent la tête vers lui, surpris.

«Déjà ?» demanda Seiya.

Shiryu hocha la tête. «Oui. J'ai besoin de retrouver le Vieux Maître et de méditer sur tout ce qui s'est passé. Et puis…» Un fin sourire passa sur son visage. «Je veux revoir Shunreï. Et vous?»

Seiya et Shun échangèrent un regard en devenant sérieux. Shun prit la parole en serrant les poings.

«Je reste au Sanctuaire, nous avons parlé à notre réveil pendant vous dormez.»

Shiryu haussa un sourcil en demandant pourquoi ses deux amis restaient ici, Seiya répondait sérieusement à la question.

«Lors de la bataille sous-marine contre Poséidon, on a failli perdre à cause d'un Marina qui utilisait une illusion puissante.»

Shun hocha la tête, le regard plus grave. «Oui, il nous a forcés à voir nos proches comme des ennemis. On a hésité et cette hésitation a failli nous coûter la vie.»

Seiya fixa Shiryu avec sérieux. «On ne veut plus revivre ça. Alors, on a décidé de demander à Shaka de nous entraîner à voir au-delà des illusions.»

Shun ajouta doucement : «Il est le seul capable de nous enseigner ça. Il maîtrise l'illusion mieux que quiconque.»

Shiryu resta silencieux un instant, analysant leur plan. Puis, il hocha la tête avec un léger sourire. «Je vois, c'est une décision intelligente.»

Avant que Seiya ne puisse répondre, Shaina, qui écoutait la conversation depuis son lit, lâcha d'un ton moqueur :

«Eh bien, pour une fois, cette décision ne vient sûrement pas de toi, Seiya.»

Un silence s'installa, avant que Kiki n'éclate de rire, suivi par Shun, qui esquissa un sourire amusé. Seiya, lui, se tourna vers Shaina, les bras croisés et une expression faussement vexée sur le visage.

«Hé ! Tu insinues quoi, là ?»

Shaina haussa les épaules avec un sourire en coin. «Disons simplement que l'intelligence tactique, ce n'est pas ce qui te définit le mieux.»

Seiya ouvrit la bouche pour protester, mais Shun prit la parole avant lui.

«On peut dire que c'était une idée commune mais j'avoue que j'ai été le premier à y penser.»

Seiya le regarda, bouche bée. «Shun ! Toi aussi, tu t'y mets ?!»

Shiryu, amusé, avec un léger sourire. «Admets-le, Seiya. La réflexion n'a jamais été ton point fort.»

Hyoga aurait certainement ajouté une remarque, mais il était déjà parti avec Hadrien. Seiya soupira avant de lever les mains en signe de reddition.

«Très bien, très bien, je vais me concentrer sur mon entraînement avec Shaka et vous prouver que je peux réfléchir aussi !»

Shaina croisa les bras, toujours amusée. «On verra ça.»

L'ambiance était légère, mais derrière ces plaisanteries, une chose était sûre : chacun avait pris sa propre voie pour se préparer aux épreuves à venir.

À suivre