Bonus 1 : Port-Réal.

Série de moments sans grands liens entre eux. Brienne va au bordel, Jaime et Lancel discutent, Tyrion essaie de ne pas tuer Joffrey, et Bronn s'emmerde.

ND'A : Pour vous faire patienter jusqu'au prochain chapitre, je vous propose ce bonus qui se centre sur la capitale, dont un sur Brienne qui n'est jamais arrivé (mais ça me faisait marrer de l'imaginer), et quelques autres « missing moments » que je n'ai pas forcément pensé à faire dans le chapitre sur Tyrion et Brienne. J'en ferai peut-être d'autres.

Tout ça se passe avant la conversation entre Brienne et Tyrion et rien n'est vraiment dans l'ordre chronologique.

Pour le nombre de bordels de Littlefinger, j'ai pris un chiffe au pif (la série dit qu'il en a un, les bouquins plusieurs, mais j'ai pas réussi à trouver le nombre exacte).

Et ce texte a également été écrit pour un défi de la gazette des bonbons au citron, la collection restreinte, pour la contrainte : ne pas utiliser le mot « dit ».

Bonne lecture !

Et si Tyrion avait effectivement été dans un des bordels de Littlefinger au moment où Brienne le cherchait ?

Brienne pesta pour au moins la troisième ou quatrième fois de la journée.

Déjà qu'elle avait du mal à se repérer dans Port-Réal en général, mais si en plus elle devait explorer la ville pour retrouver Tyrion, elle risquait de se perdre.

Elle savait où se trouvait le Donjon Rouge, où était le Septuaire de Baelor...

Et c'est tout.

Quand Renly Baratheon lui avait indiqué que Tyrion était dans un des bordels de Petyr Baelish, elle n'avait pas hésité une seule seconde avant d'aller l'y chercher.

Elle le regrettait amèrement désormais.

Ce n'était pas tant sur le principe même d'aller dans un bordel, en réalité, l'entreprise en elle-même avait un côté de frisson d'interdit qui n'était vraiment pas désagréable, après tout, c'était la première fois qu'elle se rendait dans ce genre d'endroit, et elle était curieuse, c'était bien normal.

Non, ce n'était pas ça le véritable problème.

L'ennui c'était qu'il y avait beaucoup trop de bordels dans la capitale des Sept Couronnes, dont la plupart appartenaient à Littlefinger, et, comment expliquer ça...

Elle s'était perdue.

Tout simplement.

La jeune femme avait déjà écumé trois des cinq bordels sur sa liste (que Lord Renly avait eu l'amabilité de lui fournir, même si il n'avait pas su dans lequel le Lutin se trouvait), et elle commençait vraiment à en avoir marre.

Elle avait été prise pour un homme à plusieurs reprises (l'armure sans doute...), et plusieurs des prostituées qu'elle avait vues et qui étaient inoccupées lui avaient proposé de passer un peu de bon temps avec elles, et Brienne avait poliment refusé (d'ailleurs même en réalisant qu'elle était une femme, la « proposition » tenait toujours. Ce n'est pas comme si ça changeait grand-chose pour elles).

Sortant du quatrième bordel, elle soupira.

Pourquoi, par les Sept, s'était-elle embarquée là-dedans au juste ?

Sans trop d'espoir, elle entra dans le cinquième bordel.

Si il y avait bien une chose dont elle était satisfaite, c'était de n'avoir croisé Littlefinger à aucun moment, et elle savait déjà que si elle l'avait fait, elle aurait très certainement ressenti le désir, et même le besoin de lui mettre son poing dans la gueule.

Ça aurait terriblement libérateur...

Enfin bref.

Elle s'adressa directement au responsable.

« Excusez-moi ? Je souhaiterais voir Tyrion Lannister si possible, s'il est ici, je voudrais lui parler. Enfin, je veux juste savoir s'il est là, et si jamais il est... occupé, je suis prête à attendre. »

Oui, le fait est qu'elle n'avait pas vraiment envie de tomber sur lui par accident en train de forniquer avec une quelconque prostituée, et c'est ce qui risquait de se passer si jamais elle le cherchait par elle-même.

On lui indiqua assez rapidement par où aller, et à son grand soulagement, elle ne se perdit pas, et finit par arriver rapidement à une table, devant laquelle Tyrion se trouvait, en train de... boire.

C'était tout sauf une surprise pour elle.

Elle soupira de soulagement.

« Dieux merci vous êtes là ! Je vous ai cherché partout, vous n'avez pas idée de l'enfer que ça a été pour m'y retrouver dans tout ce bordel ! Sans mauvais jeu de mot, ajouta-t-elle, et Tyrion se mit à sourire.

- Bien trouvé... murmura-t-il. Vous vouliez me voir pour...

- Vous savez déjà pourquoi...

- Exact... Nous devrions partir au plus vite et en parler ailleurs... Les petits oiseaux de Varys se font rares par ici, mais dans ce genre d'endroit on y trouve surtout les espions de Baelish. C'est bien pire. »

§§§§

Jaime n'avait pas pour habitude de discuter avec Lancel.

Certes, lui et son jeune cousin avaient été proches, il fut un temps, mais c'était il y a longtemps, autrefois, quand Jaime était certes déjà appelé le Régicide, qu'il couchait déjà avec sa sœur, mais qu'il ne s'était pas encore fait bouffer par le cynisme et l'amertume dus au fait d'être surnommé le Régicide et l'homme sans honneur, sans que personne ne lui ait jamais demandé pourquoi il avait tué le roi fou, à part Tyrion.

De ce fait, si son petit frère ne lui avait pas demandé (enfin, insisté serait probablement plus exacte) pour qu'il aille parler au jeune écuyer, Jaime n'aurait jamais pris la décision d'aller le voir.

Il tâchait d'être le plus souvent le plus loin possible de Robert, sauf quand ses fonctions l'en empêchaient, de ce fait, il voyait assez peu souvent son jeune cousin.

Il se remémora la conversation qu'ils avaient eu quelques heures plus tôt, se demandant encore pourquoi Tyrion avait décidé de lui en parler justement maintenant.

Ce n'est pas comme si son frère avait jamais montré un quelconque intérêt envers Lancel avant cela.

Enfin, depuis son réveil, Tyrion était plutôt... bizarre.

Plus que d'habitude.

« Est-ce que tu as parlé à Lancel ces derniers jours ? Lui avait demandé Tyrion, après lui avoir encore une fois assuré que tout allait bien.

Jaime avait sursauté.

- Hum... Récemment, c'est ça ? À part les salutations habituelles, non, pourquoi ?

- Je voulais te parler de lui. »

Cela faisait désormais environ trois mois que Lancel était devenu l'écuyer du roi, fonction extrêmement prestigieuse, de toute évidence.

Enfin, en théorie du moins.

Après tout, le roi Robert n'était-il pas celui qui avait mené la rébellion contre le roi Aerys, qui avait combattu le prince Rhaegar lors de la bataille du Trident et l'avait vaincu ?

Et qui avait également réprimé la rébellion de Balon Greyjoy quelques années plus tard.

C'était un guerrier de légende, fort et courageux, apparemment.

Autrefois, peut-être...

Mais aujourd'hui, il n'en était plus rien.

Oh oui, Lancel avait dû bien sévèrement déchanter en comprenant ce qui l'attendait.

Tout comme Jaime lui-même l'avait fait au fil du temps.

Non, de toute évidence, Lancel n'avait pas eu de chance et était très mal tombé.

Si seulement il avait eu la chance de Podrick et s'était retrouvé au service de quelqu'un comme Brienne de Tarth.

En fait, maintenant qu'il y pensait plus en détail, quand il pensait à Lancel, il revoyait un peu Podrick en lui, avant qu'il ne soit au service de Brienne.

Quoi que...

...

Oui, réalisa-t-il soudainement, Lancel et Podrick étaient exactementpareils !

Tout deux jeunes novices dans l'art de combattre, tout deux au service de piètres guerriers qui ne leur permettaient pas d'exploiter leur plein potentiel (encore que lui traitait bien mieux Podrick), chacun assez naïf et innocent, loin de leur famille proche respective, et connaissant peu la capitale...

Oui, comprit alors le nain avec clarté, Podrick était exactement ce que Lancel aurait pu devenir, aurait devenir si on l'avait bien formé.

Et il pouvait encore le devenir un jour.

« A quel sujet ? Lui demanda Jaime.

- La manière dont Robert le traite.

Le visage de son frère s'assombrit soudainement.

- Oui, Robert est un con, rien de nouveau sous le soleil, c'est loin d'être une surprise. Quoi d'autre autrement ?

Tyrion leva les yeux au ciel.

- Tu vois parfaitement de quoi je parle... Tu es passé par là après tout toi aussi. »

L'idée que son frère ait pu perdre un à un tout ses idéaux de chevalerie en étant au service de Robert lui faisait franchement mal au cœur.

Jaime haussa les épaules.

« Qu'est-ce que ça peut faire ? Ça va l'endurcir ! Comme tu l'as toi-même si bien déclaré, je suis passé par là moi aussi, et je n'en suis pas mort pour autant ! »

Le nain le fusilla du regard.

Dieux, qu'il haïssait ces moments où Jaime prenait un ton cynique.

Le cynisme, c'était pour les gens comme lui, pas pour quelqu'un comme Jaime.

Certes oui, les épreuves qu'il avait vécues l'avaient forgé, tout comme elles avaient pu forger quelqu'un comme Sansa Stark.

Mais Tyrion n'était pas sûr qu'ils aient réellement eu besoin de ces épreuves pour devenir qui ils étaient désormais.

Son grand frère n'avait pas mérité de se faire appeler Régicide durant les dix-sept dernières années, n'avait pas mérité de voir son nom et son honneur être traînés dans la boue, pas alors que les habitants de Port-Réal vivaient aujourd'hui en paix grâce à lui, pas alors que personne ne lui avait jamais demandé pourquoi.

Sansa n'avait pas non plus mérité tout ça.

Elle n'avait pas mérité de voir toutes ses illusions, tout ses repères et toutes ses certitudes être réduites en cendre à cause de plusieurs salopards qui avaient tout fait pour la détruire.

Et Lancel ne méritait pas ce qu'il était en train de vivre.

« Ça ne t'a pas endurci Jaime, le contredit son frère. Ça a détruit toutes tes croyances dans les valeurs de la chevalerie.

Le Régicide éclata brutalement de rire.

- Ah, parce qu'il y a encore des gens qui croient à ces trucs ? Fit-il avec un ton sarcastique, mais Tyrion sentait l'amertume dans ses paroles, si peu et si mal dissimulée.

Oh que oui il y en a, pensa-t-il, pensant à Brienne. Dieux merci.

- Tu n'y crois peut-être plus, tu ne crois sûrement plus en rien, et moi non plus d'ailleurs, mais il y en a encore, dans ce bas-monde, qui parviennent à croire en quelque chose. C'est le cas de Lancel. Pour l'instant. Mais en étant au service de notre « bon roi », cela risque de ne pas durer.

- Tant mieux ! S'exclama son frère, impitoyable. Ça le fera grandir. »

Cette fois, Tyrion avait violemment tapé du poing sur la table.

- Écoute-moi bien Jaime, tu as le droit d'être complètement cynique et désabusé si tu le veux, après tout, tu es grand, et tu as toutes les raisons de l'être. Soit... Mais cela ne signifie pas que Lancel doit forcément devenir comme toi.

Il a le droit d'avoir ce que toi tu as eu, avant de devenir un garde au service de Robert... De servir un véritable chevalier, sans être constamment humilié et insulté, et sans rien apprendre de personne... Où en serais-tu aujourd'hui si tu avais été à la place de Lancel, à ton avis ? Serais-tu cette fine lame célébrée dans tout le royaume ?

Jaime hocha la tête.

- Je vois ce dont tu parles... Que proposes-tu alors ?

- Va parler à Robert...

- Attends, tu plaisantes là... Parler à Robert ? Robert ne m'écoute pas, il n'écoute pas Cersei, il n'écoute pas ses enfants, il ne t'écoute pas, il n'écoute pas les membres du Conseil Restreint... Il écoute à peine sa Main ! Comment voudrais-tu qu'il daigne prendre en compte ce que j'aurais à lui demander ?

- Il faut que Lancel soit au service d'un autre chevalier, d'un vrai chevalier. Cette situation ne peut plus durer. »

Jaime fronça les sourcils.

« Depuis quand tu te soucies à ce point-là du bien être de Lancel ?

- La vraie question serait plutôt quand est-ce que toi tu as cessé de t'en préoccuper ? Après tout, de nous deux, ça a toujours été toi qui en étais le plus proche. Tu ne l'appelais pas « cousinet » à une époque ? »

En entendant cela, Jaime se mit à sourire.

« Exact...

- Dans les faits, Robert n'a pas réellement besoin d'un écuyer, il n'a plus rien d'un chevalier, il ne se bat plus, il a seulement besoin d'un serviteur, trouve lui un échanson qui saura lui tenir tête et c'est bon, ce sera réglé.

Le Régicide le regarda avec un mélange de perplexité et d'admiration.

- Tu tiens vraiment à le protéger j'ai l'impression.

- Ça t'étonnes ?

- En un sens, oui... Parce que j'avais fini par avoir peur que... Port-Réal ne te change définitivement.

- Port-Réal change tout le monde... La capitale t'a changée toi aussi.

- A qui comptes-tu confier Lancel une fois qu'il sera débarrassé de Robert ?

- Ser Barristan Selmy me paraît être le candidat idéal. Après tout, c'est un des meilleurs bretteurs des Sept Couronnes, malgré son âge, et même s'il ne t'apprécie pas (comme presque tout le monde ici, marmonna Jaime dans sa barbe), je le pense suffisamment droit pour ne pas faire payer Lancel le fait d'être un Lannister. Et je suis sûr il le formera bien. Aux dernières nouvelles, il n'a pas eu d'écuyer depuis longtemps si je ne m'abuse. »

Bon, si jamais tout tournait mal de nouveau et que Barristan était obligé de décamper après la mort de Robert, Lancel se retrouverait de nouveau sans professeur, mais bon, cela lui ferait au moins une base à partir de laquelle travailler.

C'était toujours mieux que ce qu'il avait avec Robert.

(A la réflexion, tout ou presque était mieux que Robert, maintenant qu'il y réfléchissait deux minutes.

Même si il y avait aussi bien pire...)

« En effet, tu as raison... Ça me paraît être une bonne idée. Je crois. Ne reste plus qu'à convaincre Barristan de le prendre à son service.

- Fais-moi confiance sur ça, je pense que j'y arriverai... Une fois que tu auras parlé à Robert.

- Très bien, je le ferai d'ici peu, tu as ma parole petit frère. »

Avec n'importe qui d'autre, cette phrase aurait été raillée, de toute évidence.

N'était-il pas appelé l'homme sans honneur après tout ?

Mais Tyrion s'était contenté de sourire, avant de hocher la tête.

« Merci Jaime. Tu ne le regretteras pas.

Le chevalier eut un léger sourire.

- Je le regrette déjà, prétendit-il avec un ton qui ne trompa personne. »

Cette fois, Tyrion éclata de rire, et Jaime le suivit de bon cœur.

Depuis combien de temps n'avaient-ils pas ri ensemble, insouciants, sans se préoccuper d'une quelconque façon des soucis du monde ?

Trop longtemps, de toute évidence.

Et tout cela manquait à Tyrion.

Quand le nain était reparti, c'était en ayant la sensation d'avoir fait quelque chose de bien.

C'était bon de rentrer à la maison.

Au lieu d'aller directement voir Robert, Jaime s'était d'abord décidé à rendre une petite visite à Lancel lui-même.

Après tout, il s'agissait de son avenir, il avait bien le droit d'être au courant.

Lorsqu'il trouva son cousin, celui-ci déambulait sans but dans un des couloirs du Donjon Rouge, et cette simple vision suffit à réveiller la colère de Jaime.

En voyant son air misérable, il comprit ce que son frère avait voulu lui faire comprendre.

Oui, Lancel était de toute évidence terriblement malheureux ici.

Et Jaime se revoyait en lui, un peu.

Robert, espèce de foutu connard.

Il s'avança vers lui.

« Bonjour Lancel, comment vas-tu ? Lança Jaime avec un sourire affectueux.

L'écuyer sursauta.

C'était la deuxième fois de la journée qu'il se faisait demander cela par un de ses cousins (manquait plus que Cersei et il aurait le bingo...).

Que se passait-il donc ?

- Bien ser Jaime, je vais très bien... Et vous ?

Le mensonge de son cousin ne trompa en aucun cas le Régicide, qui fronça les sourcils quelques secondes plus tard, l'examinant plus attentivement.

Lancel avait un bleu sur la joue droite.

- Je vais bien... Contrairement à toi, d'après ce que je vois. »

Apparemment, son jeune cousin avait essayé de dissimuler la blessure.

Sans succès.

Et ce dernier ne semblait pas s'en être rendu compte.

« Lancel... est-ce tu es heureux ici ? Est-ce que ton travail te plaît ?

- Oui ! Oui, bien sûr que oui ser... Pourquoi, est-ce que le roi s'est plaint de mes services ?

Jaime leva les yeux au ciel.

- Peu importe Robert... Qu'est-ce que toi tu penses « cousinet » ? Que veux-tu réellement, cousin ?

Cela faisait des années qu'il ne l'avait pas appelé ainsi, et une lueur de nostalgie apparut dans les yeux du futur chevalier.

Puis, son regard se fit empli de peur, ses mains commençant à trembler.

- Est-ce que le roi t'a frappé ? Finit par lui demander Jaime.

À ces mots, les yeux de Lancel s'emplirent de larmes, et il hocha la tête.

Jaime se mit à soupirer.

Quel sombre connard.

- Quand et pourquoi ? L'interrogea son cousin avec une voix glaciale et calme, en parfait contraste avec le fait qu'il bouillonnait littéralement de colère.

L'écuyer détourna le regard, embarrassé.

- Ce midi, pendant la chasse. Parce que je ne lui ai pas apporté assez vite sa lance. C'est de ma faute, ajouta-t-il précipitamment, j'aurais dû être plus rapide...

- Lancel, le coupa fermement Jaime, regarde-moi... Ce n'est en aucun cas de te faute, tu m'entends ? Le roi n'a pas à te frapper, toi, son écuyer, surtout pour un motif aussi futile... Quel que soit le motif en fait. Alors, si jamais cela se reproduit, viens me voir, et je verrai ce que je peux faire.

En entendant ces mots, Lancel ne tint plus et commença à pleurer, avant de balbutier entre deux sanglots à quel point Robert pouvait être horrible parfois (souvent même), ce qui conduisit Jaime à serrer les poings de colère.

Il finit par le serrer dans ses bras, tandis que Lancel pleurait toujours.

Oh que oui, Tyrion avait eu bien raison, réalisa soudainement Jaime.

Lancel vivait un enfer, et il avait le droit d'en sortir.

« Écoute moi bien Lancel... je vais aller parler à Robert et lui demander de te mettre au service de quelqu'un d'autre. Un vrai chevalier. Quelqu'un qui te traitera bien. »

Son cousin se détacha de l'étreinte et le regarda avec un mélange de gratitude et d'admiration.

Depuis quand quelqu'un ne l'avait-il pas regardé ainsi au juste ?

C'était le genre de regard qu'il aurait aimé recevoir de la part des gens après la mort d'Aerys.

Mais il savait qu'il n'y aurait jamais droit.

« Merci Jaime, murmura Lancel, abandonnant momentanément le ser de son discours. Merci infiniment, cousin. »

Pour la première fois depuis des années, le Régicide sentit un véritable sentiment de fierté l'envahir.

§§§§

Ne pas le tuer.

Surtout, ne pas tuer Joffrey.

Dieux, que ça allait être dur.

Non, vraiment, il devait se retenir, de toutes ses forces.

Alors qu'il voyait son neveu en face de lui, durant le repas du soir, aussi arrogant et insupportable qu'à son habitude, Tyrion, les poings serrés, n'était animé que par cette unique pensée.

Essayer de ne pas étrangler ce petit salopard.

Après tout, tenta-t-il de rationaliser, tout comme Cersei, il n'avait encore rien fait de mal.

Sa sœur et son neveu avaient chacun mal agi, pour des raisons différentes.

La reine, elle, avait bien appris de leur père, et avait la plupart du temps agi par calcul politique (et parfois par peur de la prophétie supposée la frapper elle et ses enfants), ce qui ne l'excusait en rien, et ses actes n'en étaient pas moins condamnables, mais elle n'était pas comme Joffrey.

Lui n'avait agit que par pur sadisme, et parce qu'il était inconséquent, aussi.

Et le fait que tout cela ne se soit pas encore passé n'ôtait en rien chez Tyrion le terrible besoin qu'il ressentait en ce moment de le tuer.

Pour la mort de Ned Stark.

Pour Arya et Sansa Stark, forcées de grandir trop vite par sa faute.

Pour la Guerre des Cinq Rois qui s'était ensuivit.

Pour Ros, pour toutes celles et tout ceux qu'il avait pu faire souffrir au cours de son règne.

Il voulait le tuer, vraiment, pour empêcher toutes les horreurs à venir.

Mais il ne le pouvait pas.

Pas ici, pas maintenant, pas comme ça.

On ne tuait pas son propre neveu en public, de surcroît si celui-ci était le prince héritier.

Cela ne ferait qu'empirer les choses, faire s'emballer la machine infernale qui menaçait déjà de tous les broyer.

Il reprit une gorgée de vin en essayant de ne pas soupirer trop fort.

Oh que oui.

Ça allait être difficile de tenir.

§§§§

Bronn n'avait présentement rien à faire.

Non pas qu'il soit actuellement en pause, ou quoi que ce soit, non, il n'avait absolument rien à faire.

Le mercenaire soupira.

Oui, le fait est qu'il s'emmerdait comme un rat mort présentement.

Pas de travail à faire, pas d'employeur en ce moment, personne à tuer ou à menacer, pas de guerre à mener, il n'avait pas assez d'argent pour aller au bordel, et juste assez pour se payer une chambre dans une auberge miteuse de Port-Réal.

En bref, il faudrait qu'il trouve une solution (et donc un nouvel emploi) d'ici environ une semaine, ou sinon il serait à la rue.

Mais bon, il s'en sortirait, non ?

Il s'en sortait toujours.

Fin du bonus.