Chapitre 11 : N'ai pas peur.

- Défi des Mille-Prompts : 5. Personnage – Brienne de Torth.

- Collectionner les POP : Harley Quinn, une femme atypique : Écrire sur Bellatrix Lestrange ou sur une femme qui a un drôle de caractère (Brienne.)

« Bien... tout d'abord Lady... pardon, ser Brienne, comment allez-vous ?

- Bien, répondit la femme chevalier, enfin, aussi bien qu'il est possible d'aller après tout ce qu'il nous est arrivé. Et vous ?

- Oui, effectivement. Je vais bien... je crois. Un peu secoué en tout cas, un peu comme vous j'imagine...

- En effet, je ne le nie pas. Dites-moi ser... pouvons-nous parler librement ici ? Je ne sais peut-être pas beaucoup de choses sur Port-Réal, mais ce que je sais, c'est que tout le monde espionne tout le monde à la capitale. Alors ? Cet endroit est-il sûr ? »

Tyrion eut un sourire amusé.

Bien, au moins, elle savait dans quoi elle mettait les pieds.

« Oui, ne vous en faites pas, je m'en suis assuré. Les espions de Varys, de ma sœur ou de Littlefinger ne viennent jamais par ici, et de toute façon, ils n'ont aucune raison d'espionner un simple nain qui n'a aucun pouvoir et aucune influence ici, fut-il le frère de la reine... Après tout, je ne suis qu'un membre de la cour, amateur de prostituées, de vin et de livres ! Ajouta-t-il avec amertume.

Voilà une chose qui ne lui avait pas manquée, à savoir la piètre opinion que les autres avaient de lui, en dehors de son frère, de Tommen, de Myrcella, et de Varys peut-être (encore que, ils n'étaient pas vraiment amis non plus à l'époque).

Même si d'un autre côté, cela lui permettait de passer pour quelqu'un d'inoffensif auprès de la plupart des gens.

- J'espère que vous savez déjà que vous êtes bien plus que cela, l'interrompit Brienne. Que vous êtes bien plus que ce que les gens voient en vous.

- Je l'espère en tout cas. Bien, par quoi commençons-nous ? Le fait est que nous allons avoir beaucoup de choses à penser et à faire dans les jours à venir, au point que ça me donne déjà mal au crâne rien qu'en y pensant. Et pour une fois, ce n'est pas à cause du vin...

Brienne pouffa légèrement, avant de reprendre rapidement son sérieux.

- C'est la femme rouge qui nous a tous ramenés jusqu'ici, à cette époque... Nous devons aller la voir, dans les plus brefs délais, afin de nous assurer qu'elle est bien de notre côté... Ou du moins pour essayer de lui faire comprendre qu'il est dans son intérêt de l'être.

Tyrion la regarda avec surprise, et elle soupira.

- Je n'aime pas cette femme, annonça-t-elle directement, c'est vrai, mais je ne peux en aucun cas nier que sa magie est puissante. Sans elle, nous serions sans doute tous déjà morts. Et même si je la hais, le fait est qu'elle n'a encore rien commis de préjudiciable. Pour l'instant.

Tyrion le savait déjà, la guerrière n'hésiterait pas une seule seconde à exécuter la prêtresse si jamais il s'avérait qu'elle était un danger pour les sept couronnes.

- Et nous ferons tout pour que ce qui est arrivé ne se produise pas une seconde fois... Empêcher la mort de Renly Baratheon, celle de la petite Shireen également...

- Sans oublier tout ces pauvres malheureux brûlés au nom du Maître de la Lumière...

- Oui, c'est vrai. Bien que, aussi étrange que cela puisse paraître, c'est probablement la magie du dieu rouge qui nous a permis de revenir ici... Il semble qu'il y ait une part de vrai dans les croyances de Mélisandre. Ne nous reste plus qu'à démêler le vrai du faux, marmonna-t-il. »

En parlant du voyage dans le temps...

Il y avait quelque chose que Tyrion se demandait depuis son réveil, et il n'avait pas encore eu de réponse à sa question.

C'était le parfait moment pour l'avoir.

« Par ailleurs, Brienne... Je voulais vous parler de ce qu'il s'est passé, dans... dans le futur, quand vous avez combattu les marcheurs blancs, avant que le sort de Mélisandre ne nous transporte ici.

La jeune femme fronça les sourcils, ne voyant pas où il voulait en venir.

- Oui ? Quoi donc ?

- A un moment, au cours de la bataille, durant le combat... Vous vous êtes mise à crier, à hurler... Brienne... pourquoi avez-vous hurlé ? »

La femme chevalier se raidit immédiatement, et son souffle s'arrêta pendant quelques secondes.

En voyant l'air de détresse qui apparut alors sur son visage, le nain regretta immédiatement d'avoir posé la question.

Des larmes apparurent également au coin de ses yeux, des larmes qu'elle eut bien du mal à contenir.

Elle serra alors les poings.

« Brienne, je suis désolé, je ne voulais pas...

- Je l'ai vu mourir, lâcha-t-elle enfin, la respiration toujours un peu erratique.

- Quoi ?

- Votre frère... Nous nous battions ensemble, lui, Podrick et moi, et... il était juste devant moi, quand un marcheur blanc est apparut devant nous deux, et Jaime... il l'a transpercé, mais un autre est arrivé, et... je n'ai pas été assez rapide. Il est mort devant moi, juste sous mes yeux, sans que je puisse rien faire ! Comme... comme Renly. Voilà la raison pour laquelle je me suis mise à hurler. »

Qui aurait cru qu'ils en arriveraient là un jour ?

Que l'une des femmes les plus honorables des sept couronnes ait pu s'attacher à ce point-là à un des hommes les plus méprisés de ce même royaume, c'en était presque amusant.

Mais Tyrion, en la voyant aussi bouleversée (et ce pour la première fois), n'avait pas la moindre envie de rire.

« Écoutez Brienne, je ne suis pas vraiment doué pour réconforter les gens, et ce que je vais vous dire risque de vous paraître creux, mais... Jaime est vivant désormais. Et il va bien. Je sais que ça ne change rien à ce que vous avez vu, mais...

- Merci Tyrion... Vous essayez de faire de votre mieux au moins. Elle s'essuya alors les yeux, désormais calmée. Bien, alors, par quoi commençons-nous ? Vous avez raison, nous avons beaucoup de travail qui nous attend. En plus de nos obligations habituelles. J'ai dit à ser Renly que j'étais là pour devenir chevalier... Je sens que ça risque d'être plus difficile que prévu. »

Tyrion se surprit à sourire.

« Vous êtes forte Brienne. Bien plus forte que certains, plus forte que vos détracteurs, que ceux qui vous pensent incapable de devenir chevalier. Qu'ils aillent tous se faire voir.

Brienne sourit alors à son tour.

- Et après ça, vous ne savez pas réconforter les gens ? Le taquina-t-elle. »

Ils ricanèrent tout deux.

Dieux, que les prochains jours allaient être compliqués.

§§§§

« Qu'est-ce qu'elle te voulait ?

Renly haussa les épaules avec indifférence.

- Elle voulait savoir où se trouve Lord Tyrion...

- Tu es sûr que ce n'était pas toi qu'elle voulait voir ? »

Le Baratheon se retourna vers son amant, avant de hausser un sourcil étonné, et il sourit en percevant la jalousie dans sa voix.

« Tu ne serais pas jaloux toi par hasard ?

Loras se rembrunit immédiatement.

- Moi ? Jaloux ? Non, pas du tout. »

L'autre noble se mit à doucement rire, avant de l'enlacer.

« Mon amour, tu n'as jamais su bien mentir... De quoi pourrais bien tu être jaloux ? J'ai dansé autrefois avec elle, sur Torth, c'est vrai, mais ça n'a aucune importance. Et même si elle avait le béguin pour moi, qu'est-ce que ça changerait ? C'est toi que j'aime.

- Je ne... Il soupira, avant d'enserrer d'autant plus le frère du roi dans ses bras. Bien sûr que je suis jaloux... je suis jaloux de toutes ces femmes qui peuvent se trouver à tes côtés sans que personne n'y trouve rien à redire, alors que lorsqu'il s'agit de moi, c'est une autre histoire... »

Renly, soucieux, prit alors son visage entre ses mains, et le regarda droit dans les yeux.

Il y avait de l'amertume dans les yeux de Loras, et un peu de tristesse, aussi.

Il semblait prêt à pleurer.

Il n'était pas jaloux de Brienne en elle-même, non, mais plutôt de ce qu'elle représentait.

C'était une femme, et de part son statut, elle aurait pu prétendre à la main du jeune Baratheon s'il lui en avait pris la fantaisie, même si elle faisait partie d'une maison mineure de Westeros.

Et ce n'était pas le cas de Loras, parce qu'il était un homme.

« Ce que nous avons ensemble... lui murmura alors le noble... Ce que nous sommes... Ça ne te suffit pas ?

Un léger sourire prit place sur le visage du Tyrell.

- Si... bien sûr que si, je... je suis heureux avec toi Renly. Vraiment. Mais... pardon si ça te semble égoïste, ou déraisonnable, mais... je voudrais avoir plus. Jevoudrais ce que tout le monde a. J'aimerais pouvoir montrer à tout le monde à quel point je t'aime, que tout le monde puisse savoir que tu es à moi, et que je suis à toi.

Que nous sommes tout les deux heureux ensemble, et qu'on les emmerde tous, ton frère Robert le premier ! Je voudrais ne plus être obligé de me taire, de me cacher, de ne plus avoir à serrer les dents à chaque fois que j'entends une remarque insultante ou dégradante, sur... les gens comme nous. J'aimerais avoir le droit de leur dire d'aller se faire foutre... J'aimerais pouvoir faire tout ça et ne pas être pointé du doigt à cause de ce que je suis, ce que nous sommes. »

Renly lui envoya un regard amoureux et attristé, avant de longuement et langoureusement l'embrasser.

« Tu sais bien qu'on ne peut pas faire autrement...

- Renly... je ne te reproche rien, d'accord ? Seulement, en voyant toutes ses femmes qui tournent autour de toi, chaque jour qui passe, en espérant devenir un jour la dame d'Accalmie... Ça me rend malade.

- Aucune de ces femmes ne compte à mes yeux, et aucune ne prendra ta place. Jamais. C'est une promesse, tu m'entends ?

- Et si jamais tu n'avais pas le choix ? Que Robert ou n'importe qui d'autre qui en a ce pouvoir finisse par te forcer à le faire ? »

Le cerf savait déjà que s'il lui promettait que jamais il ne se marierait avec une femme à cause d'un mariage arrangé, ce serait un parfait mensonge.

Après tout, l'idée d'un mariage entre lui et Margaery Tyrell commençait à fleurir dans l'esprit des uns et des autres, et ils savaient tout deux que ce serait probablement inévitable.

Au moins, pensa Renly, si il épousait Margaery, ce serait moins pire que d'épouser quelqu'un qui ne savait pas pour sa relation amoureuse avec Loras.

Avec un peu de chance, elle serait plus tolérante que d'autres à sa place, et leur romance clandestine ne le deviendrait pas plus qu'elle ne l'était déjà.

« Écoute moi Loras, même si cela arrive... Il y aura toujours une place pour toi d'accord ? Je te le promets. »

Malgré ses doutes, Loras essaya de sourire.

Après tout, ils n'en étaient pas encore là, non ?

Autant qu'ils profitent encore un peu de ce qu'ils avaient ensemble.

« Toujours ?

- Toujours. C'est promis. »

C'était au moins une chose que Loras pouvait se permettre de croire...

« Par ailleurs, ajouta Renly, je ne pense pas Brienne puisse vraiment être un danger... pour nous.

- Ah oui ? Comment ça ?

- Elle m'a dit qu'elle me souhaitait d'être heureux... Qu'elle nous le souhaitait à tout les deux.

Loras se raidit, inquiet.

- Tu penses qu'elle...

- Non Loras, ne t'inquiète pas, elle ne le dira à personne, j'en suis sûr. Elle n'est pas Littlefinger, elle n'est pas comme toutes ces vipères de la cour... J'y vis depuis assez longtemps pour savoir quand quelqu'un joue la comédie, et quand quelqu'un est vrai dans ses paroles...

Vois-moi comme un naïf si tu veux, mais... Cette femme était sincère, de cela j'en suis certain. Elle ne dira rien à personne, répéta-t-il. Et au moins, cela veut peut-être dire que nous avons une alliée véritable à la cour. Nous ne sommes pas seuls. Nous ne le sommes plus. »

Ça par contre, Loras avait plus de mal à le croire.

Mais si son amant y croyait...

Peut-être se pouvait-il permettre d'espérer qu'un jour, grâce à des gens comme Brienne, ils n'aient plus à se cacher...

§§§§

Jaime savait d'avance qu'il allait détester cette conversation.

Il détestait Robert déjà, ce qui n'était pas vraiment un bon début.

Mais bon, il n'allait pas revenir sur toutes les raisons qui faisaient qu'il haïssait ce gros connard de roi, il n'était pas là pour ça.

Il était là pour Lancel.

Parce que son frère lui avait confié une mission.

Une mission qui lui déplaisait au plus haut point, d'ordinaire il faisait tout pour croiser le moins possible le roi, excepté quand ses obligations le forçaient à être en sa présence, donc oui le fait d'être obligé d'aller le voir de lui-même pour lui parler n'était pas une chose qui le rendait très joyeux.

Lancel lui-même n'était par chance pas dans les parages, probablement en pause, ou quelque chose comme ça.

Il espérait sincèrement que l'écuyer allait mieux depuis la dernière fois qu'il l'avait vu.

C'était Tyrion qui avait raison : il ne méritait pas de devenir comme lui.

Il ne méritait pas de perdre toutes ses illusions, pas tout de suite, pas comme ça.

Prenant son courage à deux mains, il frappa à la porte des appartements du roi, qui ne l'était que de nom, puisque ce n'était clairement pas lui qui gouvernait vraiment le royaume.

Non pas que Jaime s'en soucie réellement, du moment que le roi en place n'avait pas pour projet de tout faire cramer, ça lui allait très bien.

Bon, premier bon point, aucun gémissement ne parvenait pour l'instant aux oreilles du Régicide, avec un peu de chance, le roi était en ce moment seul et non en charmante compagnie.

C'était rassurant, il n'aurait donc pas à extirper le « roi » des bras d'une quelconque prostituée.

Un « Entrez » suivit son geste quelque secondes plus tard et résonna dans l'air.

Jaime prit une profonde inspiration, avant de se résoudre à entrer pour de bon.

Voilà, ça recommençait, il allait devoir remettre son masque, le masque du garde royal, qui faisait semblant de respecter son roi, celui qui avait été si douloureux à porter au temps d'Aerys.

Il détestait faire ça.

Il détestait être obligé de tout le temps faire semblant.

À part quand il se trouvait avec Tyrion ou Cersei, ou avec ses... ses enfants (Tommen et Myrcella en tout cas), il n'avait jamais la possibilité d'être complètement lui-même.

Affalé sur son fauteuil, Robert posa son verre emplit de vin sur la table en le voyant arriver.

« Régicide ! Brama le Baratheon. Qu'est-ce que tu veux ? »

Jaime ne put s'empêcher de grimacer en entendant ces mots.

Il détestait quand on l'appelait comme ça, comme si c'était devenu son titre, à la place de chevalier, ou de ser.

Est-ce que les gens croyaient réellement qu'il allait finir par oublier qu'il avait tué Aerys si on ne le lui rappelait pas en permanence ?

Il laissa la remarque glisser sur lui comme l'eau sur les plumes d'un canard, mais le fait est que, après dix-sept ans à s'être fait appelé comme ça, il avait appris à faire semblant de s'en foutre.

Il avait arrêté d'être en colère depuis bien longtemps, ou du moins il la cachait bien, cette amertume qu'on le blâme encore pour ça, que personne n'ait jamais été reconnaissant à son égard, alors qu'il n'avait fait que ce qu'il pensait être juste.

Il avait fini par se résigner, et au fil du temps, il était vraiment devenu cet homme sans honneur que l'on voyait en lui, à son grand désarroi.

Mais bon, que pouvait-il faire d'autre exactement, quand tout le monde pensait que c'était ce qu'il était, à part se conformer à la vision que les gens avaient de lui ?

Ce n'est pas comme si il pouvait leur prouver qu'ils avaient tort...

Enfin, bref...

Il secoua la tête, et se força à sourire.

« Sire, fit-il en s'inclinant devant le roi, qui ne sembla même pas y faire attention, alors qu'il reprenait une gorgée de vin. Je suis ici pour vous parler de votre écuyer, Lancel.

- Qu'est-ce qu'il a fait ce petit con ? »

Jaime leva les yeux au ciel.

Vraiment, Robert était... charmant quand il le voulait.

(Gros con, pensa le chevalier en serrant les dents, tentant de ne pas faire transparaître sa colère naissante.)

« Rien, fit-il avec calme, enfin pas que je sache. Depuis combien de temps Lancel est-il à votre service ?

Le roi haussa les épaules.

- Qu'est-ce que j'en sais ? Et qu'est-ce que ça peut bien me foutre depuis quand ce petit merdeux bosse pour moi ? Qu'est-ce que ça peut te foutre à toi Lannister ?

Oh par les Sept, c'était vraiment dur de rester contenu là...

- Hé bien, il s'agit de mon cousin, je pense que ça me regarde, répondit-il avec un ton glacial.

Robert, reprenant une nouvelle gorgée de vin, se mit alors à ricaner et en renversa la moitié sur sa barbe, avant de s'essuyer la bouche avec sa main, sous le regard écœuré de Jaime.

(Étouffe-toi donc avec, gros porc...)

- Ah oui, c'est vrai j'en avais presque oublié que je n'étais presque plus entouré que de Lannister désormais, ironisa-t-il. Hum... six mois, un an peut-être... C'est ta chère sœur qui me l'a imposé... dit-il avec un ton grinçant.

- Êtes-vous satisfait de son service ?

Il le regarda avec un air soupçonneux.

- Qu'est-ce que ça peut bien te foutre ? Parle sans détours, Régicide. »

Pour la peine, Jaime lui aurait bien envoyé son poing dans la gueule.

« Je voudrais le faire entrer au service de Ser Barristan Selmy.

Un air d'intérêt apparut sur le visage du roi.

- Ah ? Et pourquoi donc ? »

Maintenant, il ne lui restait plus qu'à le convaincre de laisser Lancel partir, mais sans l'insulter.

Sans lui dire qu'il n'avait plus rien d'un vrai chevalier et que Lancel n'apprendrait jamais rien en travaillant pour lui.

(Ce qui était... tout à fait exact.)

« Ser Barristan n'a pas eu d'écuyer depuis un certain temps, le royaume est fort heureusement en paix depuis des années, et les tournois se font rares ces derniers temps... Il ne serait pas bon que le meilleur chevalier du royaume voit ses talents s'émousser par manque de pratique... Avoir un jeune écuyer valeureux à son service lui permettrait d'éviter cela.

Et votre majesté a elle-même beaucoup trop de choses à penser et à faire pour avoir le temps d'entraîner efficacement Lancel. Vous ne pouvez nier que Barristan Selmy est tout désigné pour cette tâche. Et je suis certain que vous saurez rapidement retrouver un échanson qui vous servira aussi bien voire mieux que Lancel. »

Si Robert perçut l'ironie dans sa voix, il ne fit aucune remarque à ce sujet.

Puis, le roi hocha finalement la tête.

« De toute façon, je ne vois pas comment on peut être pire que lui... Très bien Lannister, tu m'as convaincu, si Barristan accepte de l'entraîner, alors je lui laisse ce gamin, qu'il en fasse ce qu'il veut.

Jaime grimaça une nouvelle fois, soulagé que la conversation soit enfin terminée, remarquant malgré tout qu'à aucun moment le roi n'avait demandé l'avis de Lancel, qui était quant même un des premiers concernés...

Peut-être avait-il déjà conscience qu'il traitait mal le jeune lion et que ce dernier avait toutes les raisons du monde de ne plus vouloir être son écuyer ?

Ouais... non, c'était sûrement trop demander.

Il s'inclina une nouvelle fois, ayant hâte de sortir de la pièce.

Toutes ces courtoisies hypocrites lui donnaient envie de vomir...

« Merci Sire...

Et, alors qu'il s'apprêtait à sortir, il entendit Robert déclarer :

- Pour une fois que tu proposes une bonne idée Régicide... Ça change. »

Entendant la pique (complètement gratuite par ailleurs), Jaime se raidit et se figea sur place, serrant les poings et les dents, tentant de toutes ses forces de ne pas se retourner pour foutre son poing dans la gueule de Robert.

Il ne se retourna pas, et sortit sans un mot.

Une fois que Jaime se sut loin du roi, des serviteurs et de n'importe qui d'autre qui aurait pu le voir, alors qu'il était maintenant hors du Donjon Rouge, il balança son poing dans le mur le plus proche.

Ah, si seulement...

Il n'acheva jamais sa pensée.

Seulement quoi au juste ?

Il y avait tellement de choses qu'il regrettait dans sa vie actuelle qu'il n'aurait pas su par quoi commencer.

Le chevalier n'avait pas vraiment la tête à aller voir Lancel pour lui faire parvenir la bonne nouvelle, il risquait plus de lui faire peur qu'autre chose en étant dans cet état de rage et de colère, et il savait d'ors et déjà qu'il mettrait un bon bout de temps avant de se calmer.

Cersei étant probablement occupée à il ne savait pas quoi, il se décida à aller voir Tyrion.

Après tout, autant qu'il soit le premier au courant de ce qu'il venait de se passer, et qui sait, cela lui permettrait peut-être de se changer les idées...

§§§§

« Qu'est-ce qui a commencé toute cette histoire à votre avis ? Avant même la guerre.

- La mort de Jon Arryn, répliqua immédiatement Tyrion avec un air sûr. C'est son assassinat qui a petit à petit propulsé les Sept Couronnes dans le chaos le plus total... C'est comme ça que tout a commencé en tout cas. Sans cela, peut-être les choses auraient-elles été différentes.

- Peut-être... Ou peut-être pas... Les marcheurs blancs auraient fini par fondre sur nous, et Daenerys aurait continué son périple à Essos, avant de venir à Westeros. Et les nobles auraient continué de s'entre-déchirer les uns les autres pour la moindre parcelle de pouvoir. Vous pensez réellement que la survie de la Main du Roi aurait changé tant de choses que cela ?

- En tout cas, si nous voulons réussir à conserver un semblant de paix, fit Tyrion en grimaçant, nous allons devoir essayer de le garder en vie le plus longtemps possible... Tout en faisant en sorte qu'il ne découvre pas la vérité sur mes neveux et ma nièce. Et en tentant d'empêcher Robert de mourir, malgré le fait que je ne l'aime pas. Mieux vaut ça que Joffrey au pouvoir ou une guerre de succession dans le cas où l'inceste serait découvert...

- Vous pensez qu'il serait prêt à abandonner le trône ? Robert, je veux dire.

Tyrion se figea, interdit.

Il n'y avait jamais pensé.

- A vrai dire, confia-t-il à la jeune femme, j'ai côtoyé, au cours de ma vie, tellement de gens incapables d'abandonner le pouvoir, que l'idée ne m'a jamais traversé l'esprit. Peut-être... Pourquoi ?

- J'ai beaucoup réfléchi à cela depuis le début de la guerre des cinq rois... Tout le monde veut le trône, tout le monde veut le pouvoir. Ne serait-il pas mieux pour tout le monde que personne ne monte sur ce fichu trône et que le pouvoir ne soit pas dévolue à une seule personne mais... partagé ?

- C'est une bonne idée, je suis d'accord, seulement je pense que si nous arrivons déjà à mettre tout les nobles de Westeros plus ou moins d'accord, nous aurons déjà fait un grand pas en avant. Avez-vous la moindre idée du nombre de divergences d'opinions ou des conflits qu'il va nous falloir régler ?

Je veux dire... imaginez-vous mettre dans une seule pièce Ned Stark, Balon Greyjoy, mon père, Oberyn Martell, Robert Baratheon, Olenna Tyrell et Daenerys Targaryen sans qu'ils n'aient tous envie de s'étriper les uns les autres ?

- Effectivement, il nous reste ça à régler... Et bien d'autres choses.

- Oui, c'est vrai... Tout d'abord, nous devons empêcher Jon Arryn d'apprendre la vérité... et empêcher Littlefinger et Lysa Arryn de mener leurs plans à bien. Je vais essayer de me charger de Jon Arryn, quand aux deux autres... Lancel m'a déjà servi d'espion par le passé... enfin, dans le futur, mais vous voyez ce que je veux dire. Peut-être qu'il acceptera de le faire à nouveau.

- Et d'espionner aussi votre sœur, si celle-ci réessaye de faire assassiner son époux.

- Lancel n'est qu'un pion pour elle, qu'elle a placé auprès du roi, d'ailleurs, elle risque de prendre mal le fait que notre cousin ne sera bientôt plus au service du roi...

- Qui d'autre pourrions-nous envoyer les espionner exactement ?

- J'avais pensé à Podrick également.

- Podrick ? Savez-vous où il se trouve en ce moment ?

- Quelque part à Port-Réal je dirais... La capitale est grande vous savez, je ne sais pas où se trouve tout le monde. Il faudra aussi que je demande à Varys, en plus de le chercher lui, de chercher Bronn également s'il le peut, il pourrait lui aussi nous être utile.

- Alors c'est entendu, nous allons surveiller et faire surveiller les agissements de ces trois personnes, puis, une fois que nous serons sûrs qu'elles sont bien observées, nous irons à Winterfell pour nous entretenir avec les autres. Cela vous convient-il ?

- Parfaitement, mais tout d'abord il nous faut effectivement avoir des yeux et des oreilles dans toute la ville, et auprès des trois personnes que nous venons de citer... Une fois que cela sera fait... »

Il se tut brusquement, entendant la porte menant à cette partie de la bibliothèque grincer et s'ouvrir.

Et, quelques secondes plus tard, Brienne se figea sur place, tétanisée.

Car la personne qui venait de rentrer dans la pièce et qui se dirigeait vers eux n'était nul autre que Jaime Lannister en personne.

À suivre...

ND'A : Que puis-je dire par rapport au prochain chapitre, si ce n'est... Braime, Braime, et encore du Braime ?