Chapitre 17 : Des retrouvailles longuement attendues.
- Si tu l'oses : 120. Flocons de neige.
- Mille-Prompts : 143. Trio – Jojen / Meera / Bran.
- Mot du 11/07/2020 Retrouvailles.
- Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas
- Fusion : Fusionner 4 défis.
Durant les jours qui suivirent, de nombreuses lettres furent donc envoyées aux quatre coins de Westeros, la plupart d'entre elles demandant tout simplement des explications en lien avec la ou les lettres précédemment reçues.
Ainsi, Eddard Stark reçut une lettre de Maege Mormont, lui faisant part de la demande de Yara Greyjoy ainsi que du projet de son père qu'elle tentait à tout prix d'éviter, et, une fois la surprise passée, il lui avait à son tour envoyé une lettre afin de lui expliquer la situation, et de lui demander d'accéder à la demande de la fer-née.
Par la suite, il avait à son tour finalement envoyé une lettre à Yara Greyjoy pour lui dire qu'il acceptait sa venue et celle de sa mère à Winterfell, et il avait aussi reçu une lettre de Stannis Baratheon, qui acceptait de lui donner accès au verredragon de Peyredragon.
Pendant ce temps-là, à Port-Réal, Tyrion Lannister, quant à lui, avait reçu également une lettre de ce même Stannis, qui accédait à ses deux requêtes, et il s'était empressé d'aller voir Brienne pour lui en faire part, chacun d'eux décidant de si possible se rendre au plus vite là-bas.
En recevant sa lettre du frère du roi, Yara ne put s'empêcher de grimacer.
Sa mère avait eu raison, il ne se contenterait pas d'une simple lettre pour accéder à sa requête, il avait besoin de réponses.
Hé bien soit, très bien, elle allait lui en donner dans ce cas.
Prenant sa plume, de l'encre et du papier, elle se résolut à écrire la vérité noir sur blanc, en espérant que, peut-être, le cerf ne la prendrait pas complètement pour une folle.
Et, qui sait, peut-être cela allait-il enfin réveiller quelques consciences ?
En parallèle, Tyrion finit par apprendre par le biais de Jaime que Robert avait lui aussi reçu un corbeau provenant de son frère Stannis, évoquant le fait que Yara Greyjoy avait demandé à avoir accès à du verredragon.
Bien, au moins, ils n'étaient pas les seuls à tenter quelque chose.
Plus tard, un des mestres de la Citadelle, mestre Marwyn, eut la surprise de recevoir une lettre de Lord Stannis Baratheon, lui demandant des précisions sur les propriétés du verredragon.
Les choses étaient en train de changer à Westeros.
Dommage que presque personne n'en ait encore pris conscience.
§§§§
Plusieurs semaines plus tard.
En un sens, Bran le sentit peut-être même avant que cela n'arrive réellement.
C'était étrange comme sentiment, que d'en quelque sorte prédire ces retrouvaillesqui n'en étaient pas vraiment, puisque officiellement, dans cette vie, ils ne s'étaient encore jamais rencontrés, il ne les avait jamais vus, il ne les connaissait pas.
Il n'était pas censé être au courant de leur venue, et pourtant, il ne savait pas si c'était quelque chose dans l'air ou ses anciennes capacités de corneille à trois yeux qui le lui avaient fait ressentir cela, mais, alors que les flocons de neige voltigeaient autour de lui, et qu'il marchait seul dans la cour de Winterfell, il sut tout au fond de lui-même qu'ils étaient là.
Jojen et Meera Reed étaient arrivés à Winterfell.
Voyant les portes du château s'ouvrir, et en les voyant apparaître devant ses yeux, pour de vrai, il sentit son cœur se gonfler de joie et c'était si bon de ressentir des choses à nouveau, et de ne plus être uniquement une coquille vide, et… est-ce qu'ils étaient venus ici à cheval ?
Bran cligna des yeux de surprise, se souvenant d'à quel point leur trajet jusqu'au Mur avait pu être long à l'époque de leur départ de Winterfell, et il réalisa soudainement que quelque chose de véritablement important avait dû se produire récemment pour qu'ils en viennent à venir dans le Nord à cheval.
Le jeune garçon regarda ses amis une nouvelle fois, et se mit à sourire, tandis qu'une terrible vague d'affection l'envahissait, alors qu'il les revoyait, pour de vrai, et pas uniquement dans ses souvenirs ou en vision, et ils étaient là, bien là, bien vivants et pas loin de lui, et avant de revenir ici, dans le passé, il n'aurait jamais cru cela possible.
La dernière fois qu'il les avait vus, les choses étaient bien différentes, il était terriblement différent de celui qu'il était désormais, Jojen était mort, mort sous ses yeux, mort pour le protéger, le sauver, et à l'époque, il ne ressentait plus rien, et maintenant qu'il était humain à nouveau, la tristesse de l'avoir perdu le disputait à la joie de l'avoir retrouvé.
Quant à Meera, les choses étaient différentes, elle était encore vivante quand il l'avait vue lors de son départ de Winterfell, mais il n'était plus Bran Stark, plus vraiment.
Tu es mort dans cette caverne !
Et c'était vrai, c'était tellement vrai, et c'était probablement à cause de cette phrase qu'il ne voulait plus jamais redevenir la corneille à trois yeux, il ne voulait plus se perdre, perdre ce qu'il faisait de lui qui il était, il ne voulait plus n'être plus rien.
Il voulait juste vivre, ressentir, pouvoir continuer à marcher, sauver sa famille.
Et rien, non, rien ni personne ne l'en empêcherait, il se le jurait.
Lorsque les deux adolescents descendirent de cheval, puis se dirigèrent dans sa direction, comme s'ils savaient que c'était lui qu'ils devaient voir, et avec qui ils étaient supposés discuter (et connaissant Jojen comme il le connaissait maintenant, c'était très certainement le cas), il ne put s'empêcher de leur adresser un sourire malicieux, les yeux pétillants de joie.
Ils s'attendaient peut-être à le surprendre, hé bien ce serait eux qui seraient surpris…
« Jojen, Meera… Bienvenue à Winterfell, fit-il, le frère et la sœur se regardant avec un air étonné, ne s'attendant clairement pas à cela.
Et, avant qu'ils n'aient eu le temps de formuler une réponse, il se jeta sur eux pour les serrer dans ses bras, contre lui, pour s'assurer qu'ils étaient bien là, que ce n'était pas un rêve, et qu'il n'était pas retourné dans la caverne, que tout ça était réel, bien réel, et qu'il n'allait pas les perdre une nouvelle fois, qu'il n'allait pas se perdre encore.
- Vous m'avez manqué, murmura-t-il, commençant peu à peu à sangloter malgré lui, oh par les Sept, vous m'avez tellement manqué. »
Ils ne comprenaient absolument rien…
Comment Brandon Stark pouvait-il déjà les connaître ?
§§§§
Assis dans la grande salle du palais, juste en face de celui pour lequel ils avaient fait un voyage de plusieurs semaines, les deux enfants de Howland Reed n'arrivaient pas à en croire leurs oreilles.
« Tu… tu sais déjà…
- Je sais qui vous êtes, oui, rétorqua le jeune garçon avec un sourire amusé, et l'air malicieux de l'enfant de dix ans qu'il était encore, parce que, tout ça, je l'ai déjà vécu… Je…
Oh et puis après tout, il pouvait bien le leur dire, ce n'était pas vraiment quelque chose qu'il devait partager avec n'importe qui, certes, sauf que Jojen et Meera n'étaient pas n'importe qui.
Ils étaient ses amis, même si pour l'instant ils n'en savaient encore rien, même si tout ce dont il se rappelait, lui, ils ne l'avaient jamais vécu, et ne le vivraient sans doute jamais, et c'était tant mieux, parce qu'il n'avait sincèrement pas envie de voir Jojen mourir une seconde fois.
Et puis ce n'était pas réellement un secret non plus, du moins, pas pour quelqu'un qui pouvait voir le futur, et si jamais les visions de Jojen avaient changé depuis leur retour, il serait bon pour lui de le savoir.
- Je viens du futur, annonça-t-il d'emblée, et s'il eut un temps peut-être la crainte que le monde ne s'effondre autour de lui suite à cette révélation, il reprit son calme en constatant que rien n'avait changé, si ce n'est l'expression sur le visage de ses deux interlocuteurs.
Dans d'autres circonstances, moins graves et moins sérieuses, il aurait peut-être éclaté de rire face au choc qui se reflétait sur le visage des deux enfants.
- Tu… tu quoi ? S'écria Meera, tandis que son frère gardait quant à lui un calme olympien, ce qui, au vue de ses pouvoirs mystiques, n'étonna pas plus que cela l'ancienne corneille.
- Alors c'est pour ça que certaines de mes visions ont changé et que j'en ai eu une récemment, me disant que je devais aller à Winterfell au plus vite, murmura le jeune homme.
- Comment… comment est-ce que tu peux venir du futur ? Demanda alors la jeune fille, ne parvenant toujours pas à y croire, ou du moins à imaginer que cela puisse véritablement arriver.
- Il y a encore quelques jours, j'étais toujours la corneille à trois yeux, et j'attendais que les soldats réunis non loin du Mur fassent tout leur possible pour défaire l'armée de marcheurs blancs qui nous fonçait dessus, menée par le roi de la nuit. Et aujourd'hui, me voilà, revenu six ans en arrière, l'hiver vient, de même que les marcheurs blancs, la guerre n'a pas encore éclaté, et le Mur est toujours debout alors peut-être avons-nous une chance de survivre au désastre qui s'annonce, expliqua-t-il d'une voix calme et posée, et les deux autres blêmirent.
- Alors… Tu étais au courant pour ça aussi, fit Jojen, semblant encore plus perdu qu'avant.
- Je suis au courant de beaucoup de choses, répondit le loup sans la moindre trace d'arrogance dans la voix, juste une absolue certitude, et ce fut probablement à ce moment précis qu'ils réalisèrent pleinement tous deux qu'il avait beau avoir un corps de petit garçon il n'avait plus réellement dix ans, ou du moins son esprit était bien plus âgé que ce dernier.
Il était toujours un enfant, et il ne l'était plus, et ils avaient beau avoir du mal à concilier les deux idées, désormais, ce qu'il venait de dire leur semblait juste logique.
- Qu'est-ce qui nous arrive ? Demanda Meera. Dans le futur, qu'est-ce qu'il se passe, comment est-ce que les choses tournent, est-ce que c'est… aussi grave que je le pense ?
En voyant son regard grave et sérieux, bien loin de l'amusement qui y régnait encore quelques minutes plus tôt, Meera sentit un frisson glacial la traverser, et d'un autre côté, elle n'était pas réellement surprise, si le noble était revenu dans le passé (à moins que ce ne soit arrivé que par hasard, mais elle avait du mal à y croire), c'était bien parce que quelque chose de terrible était advenu, pas vrai ?
Quelque chose de sombre luisait maintenant dans les yeux de Bran Stark.
- La guerre a éclaté…
- Contre les marcheurs blancs ?
Il faillit éclater de rire, un rire triste et amer.
- Non, pas celle-là, pas encore… Le roi Robert est mort, et… disons que c'est devenu le bordel. Entre ceux qui voulaient le trône de fer, et la Longue Nuit qui s'annonçait, le royaume a été mis à feu et à sang…
- C'est pour cela que tu es revenu dans le passé ? L'interrogea Jojen avec curiosité.
- Entre autres oui… Disons que… j'ai beaucoup de choses à changer.
Les deux Reed se regardèrent avec surprise, avant que Meera ne reprenne la parole :
- Bran… Tu ne peux pas sauver le monde à toi tout seul !
Un sourire amusé apparut sur le visage du petit garçon.
- Qui vous dit que je suis seul ?
Ils froncèrent tous deux les sourcils.
- Comment ça ?
- Je ne suis pas la seule personne de Westeros à être revenue à cette époque, en vérité, nous sommes cinq que la femme rouge… Mélisandre d'Asshai, a ramenés dans le passé, moi, Theon Greyjoy, Yara Greyjoy, Tyrion Lannister et Brienne de Torth… A nous cinq, nous ne pouvons pas tout changer, mais avec nos connaissances, avec mon ancien statut de corneille, et notre volonté, peut-être… peut-être que nous pouvons faire la différence.
- En parlant de ça d'ailleurs Bran… Dit Jojen. Si nous étions venus ici, à la base, c'était pour…
- Pour m'emmener au Nord du Mur, pour que je devienne la corneille à trois yeux, oui, je sais… Et c'est non.
Meera sursauta.
- Attends, quoi ?
- Bran, fit Jojen, tout aussi étonné, ton destin est…
- Je sais, rétorqua le brun, vaguement agacé, mais c'est non. Mon destin, ces dernières années, a été de perdre mes jambes, puis mon père, puis ma maison, puis successivement ma mère et deux de mes frères, et enfin de me perdre moi-même jusqu'à ne plus être qu'une coquille vide ! Alors… oui je sais que c'est ce que je suis censé faire, mais je refuse de redevenir la corneille à trois yeux.
- Mais Bran, c'est…
- C'est de l'égoïsme, oui, je sais bien. Et c'est l'une des choses qui fait que je suis encore humain. Je veux pouvoir encore vivre, être un enfant, rester aux côtés de ma famille, et ne pas les perdre une nouvelle fois. Mais ce n'est pas la seule raison, je serai plus utile ici que là-bas, je peux convaincre mon père de l'existence des marcheurs blancs et du danger imminent qui nous menace, et peut-être changer les choses. De plus, je possède déjà les connaissances de la corneille actuelle, je peux déjà posséder des êtres vivants, refaire le même voyage ne servira à rien, si ce n'est risquer d'empirer les choses et que l'histoire se répète…
Puis ses mains se mirent à trembler.
- Je t'ai vu mourir… lâcha-t-il enfin. Et, alors qu'il regardait Jojen droit dans les yeux en disant ces mots, il sentit les larmes lui monter aux yeux. Tu es mort devant moi, et… je n'ai rien pu faire pour te sauver. Je refuse de revivre ça une seconde fois, il n'en est pas question, tout comme je ne veux pas non plus que la tragédie de la guerre des cinq rois réduise ma famille en mille morceaux !
- Mais alors… nous sommes venus ici pour rien ?
Il eut un sourire triste.
- Non, en fait… Si vous voulez participer à la future guerre qui s'annonce, vous pouvez rester ici… et rester à mes côtés. Je pense que je serais heureux que vous soyez là, dit-il en souriant avec affection, et cette fois, il était redevenu l'enfant de dix ans qu'il était encore, et qu'il resterait encore pendant un temps avec un peu de chance. »
Ce n'était pas exactement ce à quoi ils s'attendaient, mais…
Pourquoi pas ?
« D'accord, répondirent-ils en chœur, et un sourire illumina le visage du jeune garçon. »
Il ne les perdrait pas cette fois, il ne perdrait personne.
Il se le jurait.
§§§§
Theon ne s'était pas sentit aussi fébrile depuis bien longtemps.
Enfin, pas dans cette vie, ni dans cette ligne temporelle en tout cas, à force de seulement se rappeler en grande partie sa vie après le début du désastre, il avait presque oublié ce qu'il voulait, attendait et espérait à l'époque.
Toujours est-il qu'il allait bientôt revoir sa sœur, enfin, et certes, contrairement à son lui du passé, il n'avait pas été séparé de Yara depuis des années, mais contrairement à son autre lui, il se souciait de sa sœur, il avait craint pour sa vie et sa sécurité pendant tellement longtemps, et il s'en était tellement voulu de ne pas avoir pu la sauver, et dieux merci, elle n'était plus prisonnière d'Euron désormais, et elle allait bien.
Jamais il n'avait été aussi heureux et euphorique de toute sa vie, et par chance, il n'avait pas besoin de dissimuler ce fait, puisqu'il n'avait pas vu sa sœur (et sa mère également) depuis des années, normal qu'il soit complètement dans tous ses états à la simple idée de ces retrouvailles.
Mais, alors qu'il se sentait revivre une scène qu'il avait déjà vécue peu de temps avant l'arrivée du roi Robert à Winterfell, il ne put s'empêcher de grimacer.
Tout comme ce jour-là où, sans qu'il le sache, tout allait basculer et commencer à s'effondrer, lui, Robb et Jon (avec qui il n'était pas complètement ami mais qui avait l'air de le détester beaucoup moins qu'avant, ce qui était un net progrès) étaient supposés se faire raser afin d'être présentables face à Lady Alannys et Lady Yara.
Et…
Oh…
Merde.
Il n'avait pas du tout prévu ça…
Déjà parce que, tout ce qui lui venait en tête à cet instant précis, c'était justement ce fameux jour de la venue de Robert Baratheon, où les choses s'étaient passées de la même manière, et qui semblait être advenu des décennies plus tôt, alors qu'en réalité cela faisait à peine six ans, et il ne se doutait pas alors à l'époque, que tout allait changer du tout au tout et que toute son existence allait s'écrouler autour de lui et le faire sombrer en Enfer.
Mais aussi et surtout…
Ça lui rappelait Ramsay.
Et plus particulièrement, il se souvenait de ce jour atroce, terrible, infâme, abominable, où, alors qu'il était censé raser le fils de Roose Bolton, et qu'il n'était déjà plus Theon Greyjoy depuis bien longtemps, le bâtard lui avait appris la mort de Robb Stark, et où il avait sentit tout son être se déchirer en mille morceaux, où tout ce qu'il lui restait de son ancienne identité avait hurlé intérieurement de douleur et de désespoir, et où seule la peur l'avait empêché de hurler de rage.
Où la simple idée de trancher la gorge de son bourreau s'était instantanément évanouie dans son esprit la seconde après avoir été formulée.
Et Robb était mort, et il ne l'était plus, mais ça ne changeait rien à ce qu'il avait fait, à sa trahison, le Jeune Loup était mort autrefois, et il n'était pas là, et il aurait dû mourir avec lui aux Noces Pourpres, et là tout de suite, la lame de rasoir sous la gorge, les rôles maintenant inversés, il n'arrivait pas à penser à autre chose qu'au sourire narquois et satisfait de celui qui avait été un temps (ou serait… ou plutôt ne serait jamais, avec un peu de chance) le seigneur de Winterfell.
Il avait beau lutter, il sentit sa respiration peu à peu s'affoler, et les larmes lui monter aux yeux, et serrer les poings n'y changeait rien, et lorsqu'il put enfin se lever, il constata rapidement que ses jambes tremblaient, et Robb était vivant, bien vivant, devant lui, et il allait bien, et ce fut sans doute la seule chose qui lui permit de ne pas s'effondrer.
En le voyant sortir précipitamment de la pièce, Jon et Robb se regardèrent tous deux avec incompréhension, n'ayant pas la moindre idée de ce qu'il venait tout juste de se passer.
« J'y vais, lâcha immédiatement Robb avant de partir, et Jon ne put même dire qu'il était un tant soit peu surpris de ce fait. »
§§§§
Il pleurait maintenant, réfugié dans sa chambre, il pleurait sur ce qu'il avait perdu, sur ses erreurs, les poings serrés de rage, et il n'avait pas pensé à Ramsay depuis des jours, alors bon Dieu, pourquoi par les Sept avait-il fallu qu'il ait ce flash là tout d'un coup ?
Les cauchemars étaient toujours là, bien présents, bien sûr, mais moins qu'avant, de ce fait, il avait ressentit cela comme un coup de massue en plein visage.
Et personne ne pouvait comprendre pourquoi excepté peut-être Bran, bien sûr.
L'un des désavantages d'avoir voyagé dans le temps et qu'absolument personne ne sache ce que vous avez vécu/allez vivre (bordel, ça aussi ça lui donnait furieusement mal au crâne)…
Il sut que c'était Robb qui frappait à sa porte avant même de lui ouvrir, et il ne savait absolument pas quoi lui dire pour lui expliquer pourquoi il avait fini en larmes parce qu'il s'était fait raser.
Enfin, autre chose que tu es mort, je t'ai perdu, je t'ai trahi, et je suis tellement, tellement désolé.
Il n'eut pas à le faire.
« C'était un autre souvenir, c'est ça ? Demanda le futur seigneur de Winterfell au kraken.
Il sursauta.
- Comment…
Comment pouvait-il savoir ça ?
- Tes yeux, lui confia-t-il, l'expression de ton visage, tu avais l'air aussi… désemparé que le jour où tu as vu les deux gamins du village… en moins pire cette fois. »
Ah !
Oui, effectivement, vu comme ça…
« En effet, c'était… un autre souvenir douloureux. »
Ce n'était même pas un mensonge.
Quand Robb se rapprocha de lui pour le serrer dans ses bras, il s'autorisa à pleurer.
Il n'était pas seul.
Il ne l'était plus, et avec un peu de chance, il ne le serait plus jamais.
§§§§
A Winterfell, l'ambiance était… électrique.
Avec la venue prochaine de lady Alannys Greyjoy et de sa fille Yara, tout le monde sentait confusément que les choses allaient changer d'ici peu.
Ainsi, de nombreuses personnes étaient maintenant réunies dans la cour de Winterfell, attendant avec plus ou moins d'impatience, et plus ou moins d'inquiétude ou d'intérêt l'arrivée des deux femmes et de leurs soldats.
Et, alors que Theon était sincèrement heureux de pouvoir revoir sa mère et sa sœur, qu'Arya était extatique à l'idée de rencontrer cette fameuse guerrière si habile au combat, d'autres, à savoir Sansa, Robb, Jon et Rickon, notamment, étaient plutôt indifférents à cet événement, du moins d'un point de vue personnel, étant ravis pour Theon.
Ned, quant à lui, tout comme Cat, espérait sincèrement que tout cela n'était pas qu'un piège dans lequel il était en train de se jeter, alors que Catelyn espérait également qu'Alannys ne serait pas comme son mari, et dans le cas contraire, elle allait avoir de ses nouvelles…
Bran, lui, était également heureux de la tournure des événements, et de pouvoir enfin voir et parler à une autre personne issue du futur.
Oh, bien évidemment, il y avait aussi les autres, ceux qui avaient de bonnes raisons de voir d'un mauvais œil cette visite diplomatique, les nordiens qui avaient participé à la guerre contre Balon Greyjoy lorsque ce dernier s'était rebellé, ou qui avaient perdu des proches au cours de celle-ci, rien de plus normal que tout cela les laisse plus que perplexes et mitigés.
Cependant, Alannys et Yara n'étant pas responsables de ce qui s'était passé, alors oui, malgré leurs appréhensions, ils étaient prêts à accueillir les fer-nés si ils n'avaient pas d'intentions hostiles.
(Sans oublier que le fait que Balon Greyjoy ne soit pas là facilitait grandement les choses.)
Et puis, soudain, la délégation fer-née fit son entrée à Winterfell, et, comme la dernière fois (enfin, dernière fois du point de vue de Theon, vu que ce n'était jamais réellement arrivé), Yara surgit dans la cour du château, à cheval, avec cette fois des intentions bien plus pacifiques.
Le reste de l'expédition suivait, et il se figea lorsqu'il vit sa sœur mettre pied à terre, elle n'était plus celle qu'elle était encore quelque mois plus tôt (quelques mois plus tôt dans le futur, lui rappela son esprit qui avait encore un peu de mal à s'y retrouver dans tout ça), tout comme il ne l'était plus non plus, aux yeux des autres, ils étaient les mêmes qu'avant, mais lui pouvait voir dans ses yeux à quel point elle avait changé suite à toutes les choses qu'elle avait pu vivre, de même que lui.
Durant les secondes suivantes, les nordiens d'un côté, les fer-nés de l'autre, tout le monde se regarda en chien de faïence, sans qui que ce soit bouge ou fasse quelque chose, et le plus logique aurait été que soit Yara soit Alannys vienne saluer Catelyn et Ned, la dame et le seigneur de Winterfell, sauf que…
Sauf que Yara n'avait là tout de suite que faire des convenances et aussi, dès qu'elle eut enfin retrouvé son frère parmi la foule devant elle, ce frère qu'elle avait perdu puis retrouvé, brisé par Ramsay Bolton, puis qui s'était reconstruit, même si pas complètement, et qu'elle avait encore perdu lorsque Euron l'avait capturée et retenue prisonnière, elle se dirigea immédiatement vers lui.
Et, sans que personne dans l'assemblée ne s'y attende, elle se jeta sur son petit frère pour le serrer dans ses bras.
Theon sursauta et se figea, ne s'y attendant pas non plus, avant de répondre à l'étreinte, et il la sentit sourire contre lui, et elle était là, bien là, et tout allait bien.
(Pour l'instant…)
« Tu m'as manqué petit frère, murmura-t-elle, et il aurait juré entendre des sanglots dans sa voix.
- Toi aussi tu m'as manqué grande sœur, répondit-il. »
Et, pour la première fois depuis bien longtemps, il se sentit véritablement et de façon complète à la maison.
A suivre…
