Chapitre 20 : Déplacer des montagnes.

Défi 13 de Sarah et Voirloup : écrire du angst et du fluff dans le même texte

W – Westeros (GOT)

Sagittaire : Yara Greyjoy (GOT)

Écrire sur Tyrion

Winterfell…

En théorie, aucune d'elles deux ne s'y était rendue, mais en vérité, Yara y était déjà entrée, et ce souvenir lui laissait un goût bien amer.

Prenant une profonde inspiration, elle décida de laisser ses souvenirs de côté, si elle voulait passer à autre chose, elle se devait de ne plus penser à ce passé révolu qui, de toute façon, ne s'était jamais réellement passé.

Cette fois-ci les choses seraient différentes, ils seraient différents, et ils feraient les choses bien, il ne pouvait pas en être autrement, ils ne pouvaient pas avoir fait tout ça pour rien.

« Pourquoi m'avoir envoyé cette lettre lady Yara ? Lui demanda immédiatement Ned Stark une fois qu'ils se furent tous les quatre installés.

Elle essaya de lui sourire, elle comprenait son sentiment de méfiance, un sentiment qu'elle partageait autrefois, mêlé qui plus est à une certaine rancœur qui n'avait d'ailleurs pas complètement disparu, mais elle espérait qu'ils seraient tous les deux capables de mettre leurs différents de côté.

Il le fallait.

Pour l'avenir de leurs familles et de leurs peuples respectifs, pour celui des Sept couronnes.

Il fallait que ça fonctionne, sinon, elle ne savait pas ce qu'elle ferait.

- Comme je vous l'ai dit dans ma lettre, reprit-elle avec politesse, mon père compte redevenir roi des îles de fer, et prévoit de s'attaquer au Nord à un moment qu'il jugera opportun. Et ce n'est pas ce que je veux.

- Pourtant, vous êtes une fer-née, lui rétorqua le seigneur de Winterfell. Ne partagez-vous pas les désirs de conquête de votre père, ou ses volontés d'indépendance ?

Il n'avait pas tort, effectivement.

- Ce serait un mensonge de vous dire que cela n'a pas été le cas. Moi aussi j'ai rêvé d'une couronne, de m'asseoir un jour sur le trône de sel, de lui succéder et d'être autre chose que seulement la future dame des Îles de Fer. Je ne vais pas vous mentir, lui dit-elle en le regardant droit dans les yeux, et avec détermination, j'ai voulu être reine. Et peut-être que je veux encore l'être. »

Eddard Stark était beaucoup de choses, mais c'était surtout un homme d'honneur, pour qui l'honnêteté était primordiale, et si, dans leurs vies précédentes, c'était justement cet honneur, cette honnêteté (et il faut bien le dire, cette naïveté) qui lui avaient coûté sa tête en même temps que la vie, cette fois, ce ne serait pas le cas.

Yara avait envie de croire que les choses se passeraient différemment, et que l'honnêteté pourrait peut-être y aider, voire les sauver tous, ou du moins qu'elle ferait la différence, l'honnêteté vis-à-vis des personnes en qui elle avait confiance bien sûr.

Ou dont elle voulait gagner la confiance.

Et Ned Stark était une de ces personnes, pas seulement parce que son petit frère lui faisait confiance et le considérait comme son père, mais parce qu'il était le seigneur de Winterfell, du Nord, et qu'elle avait besoin de lui.

Révéler une telle vérité pouvait s'avérer être dangereux, mais la dernière fois, c'était les mensonges, les intrigues et les coups en traître qui avaient absolument tout détruit, le jeu des trônes et tout le reste.

Cette fois-ci, ce ne serait pas différent, parce que les gens ne changeaient pas, et que les intrigues risquaient de se répéter, mais…

Mais ils savaient ce qui allait se passer, au moins dans les grandes lignes, alors peut-être que cette fois-ci, les choses pourraient se dérouler autrement, et qu'elle pourrait mettre un grand coup de pied dans la fourmilière.

Que tout ça n'ait pas été fait en vain.

« Alors dans ce cas-là, déclara Catelyn, qu'est-ce qui a changé ?

- Theon. Mon père ne semblait pas se soucier de son sort, et je ne sais pas si il comptait attaquer après l'avoir récupéré, mais…

La dernière fois, le retour du kraken à Pyk n'avait été qu'un heureux hasard, ce n'était pas prévu, et Balon aurait malgré tout voulu attaquer, alors, puisque c'était déjà le cas à ce moment-là, elle doutait que ce soit réellement différent.

Lui n'avait pas changé après tout.

- Mais j'en doute fortement… Je suis une fer-née, oui, je suis une guerrière, une combattante, mais je ne suis pas mon père.

- Je vois cela, lui répondit Eddard. Et je pense que c'est une bonne chose.

Yara lui sourit une nouvelle fois.

- Je le pense aussi. Je ne veux pas devenir comme lui, et je veux pouvoir… changer les choses. Mais pour ça j'ai besoin de votre aide.

Elle ne lui parla pas des marcheurs blancs, il n'était pas temps, pas encore, et elle doutait qu'il soit réellement prêt à la croire.

Personne n'y était prêt de toute façon, et ils avaient encore du temps, se répéta-t-elle, sept ans environ, mais ce n'était pas assez.

- Et vous ? Demanda Catelyn à Alannys. Quelles sont vos raisons ? Vous êtes la dame des Îles de fer après tout, n'avez-vous pas pu raisonner votre époux ?

Le sourire qu'Alannys lui adressa était dépourvu de joie.

- J'ai passé les dix dernières années à errer tel un fantôme. Deux de mes fils étaient morts, le troisième m'avait été enlevé, j'ai cru devenir folle… Ce n'est que lorsque ma fille m'a appris le projet de son père que j'ai fini par me reprendre en main. Et pour répondre à votre question, non. Je connais Balon, et il ne m'aurait pas écoutée. »

Ils avaient envie de les croire, elle pouvait le lire dans leurs yeux, et Yara se jura de tout faire pour gagner et mériter leur confiance.

Si elle était revenue dans le passé, c'était bien pour changer les choses, alors autant le faire d'une manière radicale et définitive.

§§§§

Yara n'était sincèrement pas étonnée de sentir les regards des nordiens sur elle et sa mère alors qu'elle sortait de la pièce.

Les choses risquaient d'être étranges et bizarres durant les premiers jours, à la fois du côté des habitants de Winterfell et de celui des fer-nés qui étaient venus avec elle (ils avaient un peu de mal à comprendre pourquoi ils étaient là, et oui c'était normal, le changement prendrait du temps), mais avec un peu de chance, les choses s'arrangeraient rapidement.

Bien qu'optimiste, elle n'était pas naïve pour autant, et elle savait pertinemment que les bonnes intentions ne suffisaient pas toujours, c'était bien pour ça qu'elle avait choisi d'essayer de créer le plus d'alliances possible.

Les Sept Couronnes, les Îles de Fer incluses, avaient besoin d'être les plus fortes possibles face aux marcheurs blancs, et elle allait y contribuer.

Sans compter qu'ils avaient un atout de taille, leurs souvenirs, que les autres ne possédaient pas, et…

Bran Stark.

La corneille à trois yeux, qui ne l'était plus vraiment désormais, et qui se souvenait non seulement de sa propre vie mais aussi d'une multitude d'autres.

Avec lui, la victoire n'était pas assurée, mais au moins, ils avaient une longueur d'avance sur leurs ennemis, quels qu'ils soient.

La jeune femme ne l'avait jamais rencontré de sa vie (la dernière et seule fois qu'elle était venue, le petit garçon était présumé mort), mais Theon lui avait parlé quelques heures plus tôt de ses pouvoirs, et de celui que le loup était devenu à cause de cela.

Par chance, ce n'était pas face à une coquille vide qu'elle se trouvait à présent, mais avec un petit garçon plein de vie, mais néanmoins aussi très sérieux et bien conscient de ce qui allait se jouer durant les mois et années à venir.

« Bran Stark, le salua-t-elle en entrant dans la pièce où seule elle, son frère et le nordien se trouvaient, sa mère ayant décidé de continuer de discuter avec Ned et Catelyn Stark, je suis ravie d'enfin vous rencontrer dans cette vie. Et dans des circonstances différentes que celles que nous avons tous deux autrefois connues.

Il lui sourit, et elle lut dans ses yeux, tout comme elle pouvait le faire dans les siens ou dans ceux de son petit frère, non seulement les sept années de souvenirs qu'il avait emmagasinées, mais également toute la sagesse et tout le savoir qui lui était venu lorsqu'il était devenu la corneille.

- Lady Yara, ravi de vous voir moi aussi. Dans le même camp cette fois-ci qui plus est.

- Oui. Comment vous sentez-vous ? Lui demanda-t-elle, curieuse.

- Vivant. Et bien déterminé à changer les choses, et vous ?

- De même. Le chemin sera long, ardu et difficile, mais je ne compte pas abandonner pour autant. Alors dites moi, fit-elle en s'installant à côté de Theon, et si vous racontiez ce que vous savez et ce que moi j'ignore ? »

Oui, ils allaient très certainement en avoir pour la soirée…

§§§§

Balon Greyjoy avait rarement été aussi en colère de sa vie.

Il lui avait fallu du temps pour réaliser ce qui se tramait, pour le comprendre, mais aussi et surtout pour l'accepter, et pour réaliser que sa fille aînée était bel et bien partie.

Qu'elle était partie avec tous ses navires et certains des siens, avec ses guerriers à elle, et une partie de ses propres guerriers à lui, le seigneur des Îles de Fer, et que ce n'était pas pour combattre ou pour piller, ou même l'aider dans sa future conquête, non.

Rien de tout cela.

Elle était partie dans le Nord.

À Winterfell.

Chez les Stark.

Comment…

Comment avait-elle pu seulement oser ?

Sa propre fille venait de le trahir, de même que sa femme, et le fer-né était purement hors de lui.

L'indépendance qui lui semblait autrefois à portée de main s'éloignait de plus en plus, et c'était de sa faute.

Il ne savait pas encore ce qu'il ferait si jamais il la retrouvait, mais elle apprendrait ce jour-là qu'on ne pouvait pas défier le souverain des Îles de Fer en toute impunité.

§§§§

Alors qu'il voyait l'île de Peyredragon se dessiner sous ses yeux, Tyrion Lannister ne pouvait s'empêcher de repenser subitement à la bataille de la Néra.

Il lui suffisait de poser ses yeux sur le fleuve de la Néra pour que d'un seul coup, sans prévenir, des flashs de cette terrible nuit apparaissent devant ses yeux.

Absolument tout revenait d'une manière atrocement précise, comme si il s'y trouvait de nouveau, les combats, le sang, la mort, le carnage que cela avait été, les bateaux, les flammes, le feu grégeois…

Toutes ces morts qui auraient pu être évitées mais qui ne l'avaient pas été, sans oublier bien sûr ce moment terrifiant où il avait failli perdre la vie, et où seule la présence de Podrick lui avait permis de survivre.

La cicatrice avait disparu, bien entendu, et elle n'avait même jamais existé, mais par moments, justement lorsqu'il y repensait (c'est-à-dire pas très souvent), il avait la sensation que son visage le brûlait, même si ça n'avait pas le moindre sens.

Il serra les poings et prit une profonde inspiration.

La bataille de la Néra n'était jamais arrivée, et elle ne se produirait jamais avec un peu de chance.

Il fallait qu'il fasse tout pour empêcher son existence.

Et les choses ne seraient pas aisées, loin de là, Stannis n'était pas leur ennemi, pas encore mais c'était un homme… compliqué.

Un homme qu'il n'avait jamais vraiment porté dans son cœur, il l'avouait volontiers, et avec lequel il avait souvent été en désaccord, dans cette vie comme dans la précédente (surtout dans la précédente), mais qu'il respectait malgré tout.

Sans compter que Stannis n'était pas Robert Baratheon, ou Petyr Baelish, qui étaient des hommes qu'il méprisait, le cerf, lui, avait au moins agi en faisant ce qu'il pensait être juste.

Bon, il est vrai que sa définition de la justice n'était pas la même que celle de tout le monde, et manquait un peu de souplesse, mais il n'avait pas agi par avidité, appât du gain, ou ambition (enfin pas que par ambition), et cela l'avait conduit à faire des choses terribles.

L'assassinat de son frère Renly, Shireen brûlée sur un bûcher…

Mais par chance, toutes ces choses ne s'étaient pas encore déroulées, et Tyrion ferait absolument tout ce qui était en son pouvoir pour qu'elles n'arrivent jamais.

Ou en tout cas, il se doutait bien que la blonde juste à côté de lui en faisait une affaire personnelle, et il ne pouvait pas lui en vouloir pour ça.

Brienne avait un air grave et tendu, et il était certain qu'au moindre faux pas de Stannis Baratheon, elle serait prête à frapper si elle jugeait que c'était nécessaire.

La dernière fois, elle n'avait pas pu sauver Renly, ni empêcher les Sept Couronnes de s'entre-déchirer.

Cette fois, ce serait différent.

Ils avaient tous droit à une seconde chance après tout, autant ne pas la gâcher stupidement.

Tyrion la fixa pendant encore quelques secondes, il était bien conscient qu'elle était en train de prendre sur elle, et il ne l'en admirait que plus pour ça, certes ce n'était pas arrivé, mais pour elle, c'était bien réel.

Tout comme il n'avait pas pu oublier la bataille de la Néra ou effacer les images et les sensations de cette bataille, elle ne pouvait pas oublier non plus la vision du cadavre de Renly, du roi qu'elle avait choisi de défendre s'effondrant juste devant elle et qu'elle n'avait pas pu protéger ni sauver.

Elle ne pourrait jamais faire disparaître complètement l'ombre qui l'avait transpercé, sans oublier sa douleur, ses larmes, ses hurlements, sa course, sa fuite aux côtés de Lady Stark et les accusations de meurtre contre elle.

Ce n'était pas parce que ce n'était jamais arrivé que ce n'était pas réel.

Ça l'était, douloureusement, et si elle avait assez de force moral pour mettre de côté ce que Stannis Baratheon lui avait fait, cela ne signifiait pas qu'elle le pardonnait pour autant, et que cela ne lui faisait pas mal.

Le Stannis qu'elle haïssait n'était pas celui qu'elle allait revoir, et elle devait se le répéter à chaque instant.

Mais le Stannis de cette autre vie était le même que celui qui se trouvait à Peyredragon, alors, qui disait qu'il ne suivrait pas le même chemin que son autre lui ?

Elle ne le savait pas, ne pouvait pas en être sure, et ça la rendait malade.

Et c'était bien ça le problème en un sens, ils avaient beau connaître ce qui n'était désormais plus qu'un potentiel futur, ils n'avaient aucune idée de comment les choses allaient tourner maintenant, et surtout, quelles conséquences résulteraient de leurs futures actions.

Les gens étaient imprévisibles et Stannis l'était sans doute encore plus que les autres.

Il avait tué Renly et sa fille dans l'autre vie, que ferait-il dans celle-ci ?

Ferait-il pire ou mieux ?

Seuls les dieux devaient le savoir.

« Nous devons convaincre la femme rouge, déclara Brienne, plus pour calmer sa propre nervosité que pour réellement dire quelque chose de pertinent, ce dont elle avait conscience puisqu'ils le savaient déjà parfaitement tous les deux. Si elle est de notre côté, alors peut-être que Stannis ne fera pas les mêmes choix cette fois-ci.

- Et peut-être même, renchérit Tyrion, que si la situation ne dégénère pas de nouveau, nous pourrons faire de lui notre allié. Stannis est un homme intelligent et raisonnable, et s'il ne sombre pas de nouveau dans le fanatisme, alors les choses pourront changer. Sans compter que c'est lui qui possède le verredragon, nous avons donc besoin de lui. »

Alors qu'elle mettait le pied sur Peyredragon, Brienne de Torth ne put qu'acquiescer, ne pouvant pas lui donner tort sur ce point.

A suivre…