Chapitre 23 : Encore une fois.

Titre – Encore une fois

Cap ou pas cap d'écrire l'action 185 (voyager dans le temps) ?

Pangolin : Hadès - écrire une scène drama

Défi 13 de Sarah et Voirloup : écrire du angst et du fluff dans le même texte

W – Westeros (GOT)

Quatre aspects de… Cersei : Inceste : écrire sur une relation entre deux membres d'une fratrie ou écrire sur la consanguinité

Préjugé 21 : Les hommes ne pleurent pas

6 défis fusionnés (copc, horoscope, Sarah et Voirloup, alphabets, quatre aspects, cassons les préjugés)

RaR : Lassa : Oui je suis d'accord. Merci beaucoup

Le voyage de retour entre Peyredragon et Port-Réal avait eu beau ne durer que quelques jours, Tyrion ne pouvait pas nier qu'il était heureux que ce dernier ait enfin pris fin.

Il n'était pas parti longtemps de la capitale, mais il ressentait malgré tout le besoin irrépressible et impérieux d'y retourner, juste pour s'assurer que tout allait bien, que le monde ne s'était pas encore écroulé, et que la guerre n'allait pas éclater d'un instant à l'autre.

C'était parfaitement stupide, et il le savait bien, à moins d'être extrêmement malchanceux, ils avaient encore droit à quelques semaines, voire quelques mois, si ils arrivaient à empêcher Littlefinger d'agir, avant que tout ne commence à mal tourner.

Peut-être arriveraient-ils même à stopper le désastre qui s'annonçait pourtant inévitable, mais Tyrion avait bien du mal à y croire.

Il fronça les sourcils.

Malgré tous les efforts qu'il mettait en œuvre, il avait le sentiment que peut-être, ils ne réussiraient finalement pas à s'en sortir.

Et ça le terrifiait.

Il fut tiré de ses sombres pensées par une voix qu'il avait appris à reconnaître au cours de ces derniers jours.

« Est-ce que tout va bien ? Lui demanda la fille de Stannis Baratheon avec un air inquiet. Vous avez l'air… soucieux.

Il essaya de lui sourire.

- Ne vous en faites pas princesse, je suis juste… préoccupé.

Elle fronça les sourcils à son tour, avant de croiser les bras, la tête posée sur le bastingage, tandis qu'elle regardait l'horizon, réfléchissant sans doute à ses paroles.

Puis elle se tourna de nouveau vers lui.

- A propos de quoi ? L'interrogea-t-elle sans la moindre hésitation.

Si la fillette avait été quelque peu timide au début, ce n'était plus le cas désormais, et de toute évidence elle appréciait sa compagnie, ce qui était également son cas, et Tyrion ne la connaissait pas depuis très longtemps, mais il voyait parfaitement ce que voyait autrefois Davos en elle.

Il comprenait parfaitement pourquoi il aimait autant cette gamine, pourquoi il la considérait comme sa fille, et pourquoi il avait absolument fait tout ce qui était en son pouvoir pour essayer de la protéger.

Sans succès malheureusement.

(Même si il n'avait pas été là pour voir ça, Tyrion se souvint d'un bûcher et d'une gamine en flammes qui appelait ses parents au secours.

Il avait vu la Néra en flamme suite au feu grégeois, il avait vu les dragons de Daenerys Targaryen et leurs flammes dévaster absolument tout alors il n'avait pas besoin d'avoir vu quoi que ce soit pour savoir comment ça s'était passé.

Il se souvint et se fit la promesse que cette fois, ça ne se passerait pas ainsi.)

- J'ai peur, lui confia-t-il avec une franchise qui l'étonna lui-même.

Sans doute parce que Shireen ne savait rien, qu'elle était innocente, et qu'il était facile de lui parler, parce que la petite fille était à l'écoute de ce qu'il disait et qu'elle ne le répéterait à personne, parce qu'il lui faisait confiance.

Parce que l'innocence était une chose qu'il n'avait que trop peu côtoyée ces derniers temps, et qu'il avait besoin de quelqu'un à qui parler pour lui prouver que le monde méritait d'être sauvé.

Et Shireen Baratheon était l'une de ces personnes.

- Vous êtes un Lannister, dit-elle avec étonnement, vous êtes un des lions de Castral Roc, vous êtes le fils d'un des hommes les plus puissants des Sept Couronnes, le frère de la reine et d'un des chevaliers de la garde royale. De quoi pourriez-vous bien avoir peur ?

- J'ai peur de l'avenir, lui dit-il, ne souhaitant pas lui en dire plus, à la fois pour garder ce secret qui n'était partagé que par une poignée de personnes dans l'univers, et pour la préserver de la terrible vérité. J'ai peur d'échouer, de… de ne pas être à la hauteur. J'ai peur de ce qu'il va se passer lorsque nous allons arriver à Port-Réal. J'ai terriblement peur de ne pas être écouté. La vérité, c'est que je suis terrifié.

La biche le regarda alors avec une infinie tristesse dans les yeux, et ce qu'il identifia comme de la compassion.

- D'autres personnes sont au courant de ça ? Du fardeau que vous portez ?

Il secoua la tête, et ce fut à ce moment-là précisément qu'il se rendit compte qu'il s'était mis à pleurer.

Il pleurait son frère mort dans une version de l'histoire qui n'existait plus, il pleurait Tommen et Myrcella, il pleurait pour tous ces gens tués par des Marcheurs blancs, ou par la guerre des cinq rois, il pleurait pour Shae et sa trahison, cette trahison qu'il n'avait encore jamais vécue, il pleurait parce que c'était trop dur de vivre avec deux vies dans la tête et d'en sortir indemne.

Il pleurait parce que personne ne le regardait, hormis une petite fille innocente morte bien trop tôt.

- Pas beaucoup non. Ce n'est pas quelque chose dont je peux vraiment parler.

Même si il n'y avait pas eu cette histoire de voyage dans le temps et de monde à sauver des marcheurs blancs, il n'était pas sûr que sa famille l'aurait écouté, en dehors de Jaime (et peut-être Kevan aussi, mais il n'était pas là, ou Lancel, mais il avait déjà ses propres problèmes à régler), alors oui il était seul.

Il avait bien Brienne, mais ce n'était pas suffisant, et toute façon, elle aussi devait de toute évidence batailler avec les démons dans son crâne.

- Oh par les Sept, s'exclama-t-elle avec une peine sincère dans la voix qui le toucha. Seigneur Tyrion, vous avez dû vous sentir tellement seul. »

Lorsque deux bras s'enroulèrent autour de lui et qu'elle le serra dans ses bras sans qu'il ne s'y attende, le nain sursauta et s'autorisa à sourire alors qu'il l'étreignait à son tour, encore plus décidé qu'il ne l'était déjà à la protéger et à la sauver.

Peut-être n'était-il pas si seul que cela finalement.

§§§§

Stannis n'aimait pas vraiment Tyrion Lannister, ça, c'était une vérité qu'il aurait pu difficilement nier (et il ne comptait pas le faire de toute façon), et ça n'avait pas vraiment changé durant les quelques jours où il l'avait côtoyé.

Le lion était un Lannister, et de surcroît, il était absolument tout ce qu'il haïssait, tout ce qu'il n'était pas, lui, le bon vivant, qui buvait de l'alcool un peu trop souvent pour son propre bien, et qui courait les bordels le plus souvent possible, là où le cerf ne rêvait que de tous les fermer.

Oui, il ne l'appréciait pas, et il avait encore plus de mal à le cerner qu'avant, mais…

Mais le noble semblait sincèrement vouloir faire quelque chose de bien, agir pour le royaume, et peut-être que cette histoire de marcheurs blancs était totalement fausse et fantaisiste, mais quant bien même, à moins que tout ceci ne soit un plan alambiqué de sa part, cela signifiait qu'il avait vraiment le bien-être du royaume à cœur.

Et c'était bien plus que ce qu'avait montré Robert en dix-sept ans de règne…

Sans parler du fait que Shireen semblait bien l'aimer, et si le seigneur de Peyredragon demeurait méfiant à son égard, de même que Ser Davos, le Lutin n'avait semble-t-il été que gentillesse à l'égard de la fillette.

Et si il était ravi que sa fille se soit fait un nouvel ami, il préférait malgré tout attendre un peu avant de lui faire confiance.

Mais…

Mais puisque Shireen avait l'air de bien l'apprécier et souriait bien plus depuis qu'elle l'avait rencontré, tant qu'il ne lui faisait pas de mal, il était prêt à le tolérer et à supporter sa présence.

L'autre question qui le préoccupait était celle des enfants royaux…

Ceux-ci étaient-ils réellement des bâtards comme le soupçonnait Jon Arryn, étaient-ils vraiment nés de l'inceste ?

Il ne savait pas encore quoi faire à ce sujet, le révéler à la face du monde, c'était laisser éclater la vérité, faire gagner la justice, mais cela n'allait-il pas également encore plus affaiblir le royaume ?

Il aurait aimé ne pas avoir à se le demander, il aurait voulu ne pas le savoir, mais maintenant il savait.

Et il devait faire quelque chose à ce sujet.

Quoi encore, il n'en savait à vrai dire absolument rien du tout.

§§§§

Le Septuaire.

Comme il était étrange et aussi presque physiquement douloureux pour lui que de le voir à nouveau debout, entier, à sa place, comme si absolument rien ne s'était passé.

Comme si le monde n'était pas écroulé, et que les Sept Couronnes n'avaient pas été mises à feu à feu à sang.

C'était sur le parvis du Septuaire de Baelor que Eddard Stark avait été exécuté après tout, c'était là véritablement que tout avait commencé, ou plutôt, que tout avait commencé à vriller, et qu'ils s'étaient tous rendus compte qu'aucun retour en arrière ne serait possible pour personne.

Enfin ça, c'était ce qu'ils avaient cru…

Aujourd'hui, face au Septuaire où s'était autrefois déroulé son mariage avec Sansa Stark, Tyrion Lannister réalisa qu'en réalité il n'en était rien.

À vrai dire, depuis qu'il était revenu dans le passé, le nain n'avait pas réfléchi plus que cela à ce que ce bâtiment représentait, vivre cette expérience ne l'avait pas vraiment rendu plus pieux (et quant bien même, au Septuaire on priait les Sept, pas le maître de la lumière), et tout au plus avait-il ressenti un certain frisson en le voyant de nouveau intact pour la première fois après son retour, lui qui ne se souvenait que de ruines et de cendres.

Parce que, la dernière fois qu'il avait vu le Septuaire debout, qu'il se souvenait y être entré, qu'il y avait vraiment prêté attention, c'est lorsqu'il avait dû épouser la fille de Ned Stark.

Ce n'était pas spécialement un de ses meilleurs souvenirs…

Et alors qu'il revoyait tout ce qu'il avait vécu à Port-Réal, tout ce qui avait irrémédiablement changé durant ces sept dernières années, le fait de voir que le Septuaire tenait encore, qu'il n'avait pas été détruit, pas encore, lui apporta un sentiment de soulagement auquel il ne s'attendait pas.

L'avenir n'était pas encore écrit, et ils avaient encore une chance de changer les choses.

Il devait se raccrocher à cela et ne pas perdre espoir.

Dans le cas contraire, il risquait de sombrer et de ne jamais remonter à la surface.

Il espérait qu'il y arriverait, qu'il ne se noierait pas dans le désespoir qui était oh si semblable à la mer sur laquelle ils avaient vogué durant ces derniers jours, qu'il n'allait pas s'écrouler une nouvelle fois.

Il l'espérait vraiment.

§§§§

Elle avait cru s'y être habituée depuis le temps pourtant.

Elle avait vraiment pensé que maintenant, elle avait réussi à se faire à l'idée que Jaime Lannister était à nouveau vivant, et pourtant, malgré tout, son cœur, son pauvre cœur sursautait à chaque fois de joie lorsqu'elle l'apercevait à nouveau et qu'elle se souvenait qu'il vivait.

Elle n'avait pas oublié pourtant, mais lorsqu'il n'était pas là, les deux réalités s'entrechoquaient dans sa tête, et parfois il était difficile pour elle de faire la différence entre ce qui était réel et ce qui ne l'était pas.

Parfois, quand son absence se faisait un peu trop ressentir, elle avait le sentiment que, peut-être, rien de tout cela n'était réel, qu'elle était juste folle, et qu'en réalité, rien n'avait changé, et qu'il…

Qu'il était toujours mort.

Et puis, elle le revoyait, et ce sentiment d'étrangeté, d'irréel, s'effaçait d'un seul coup, et soudainement, elle parvenait enfin à respirer correctement.

Aujourd'hui était un de ces moments.

Lui, en revanche, ne la regarda pas, comme d'habitude, et elle n'en fut pas surprise, il la connaissait à peine après tout, et même si Tyrion n'avait pas été sur le navire, elle doutait qu'un seul de ses regards se serait posé sur elle.

Il ne la voyait pas, il ne la voyait jamais, personne ne la voyait jamais de toute façon, et elle sourit en le voyant serrer son frère dans ses bras, elle sourit parce qu'il vivait.

Et parce que c'était largement suffisant pour elle, ou en tout cas, ça devait l'être.

Aussi, lorsqu'il tourna la tête dans sa direction et lui sourit, son cœur fit un véritable looping dans son estomac.

Jamais elle n'arriverait à s'y habituer, n'est-ce pas ?

§§§§

Les choses sérieuses allaient bientôt commencer.

Tyrion en avait bien conscience, et si il aurait préféré pouvoir serrer son frère dans les bras et lui parler d'autres choses que ce qu'il avait fait ces derniers jours, il n'avait pas vraiment le choix.

« Donc… Tu as ramené Stannis Baratheon à la capitale ? C'est un sacré exploit, je doute que qui ce soit y soit parvenu ces derniers mois, même Jon Arryn s'en est révélé incapable. Que lui as-tu dit pour le convaincre ?

- Lui et sa fille, lui rétorqua Tyrion sans répondre à sa question.

- L'enfant qui n'est jamais sortie de sa tour… Je suis encore plus impressionné dans ce cas-là. Pourquoi ? Lui demanda alors son grand frère.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi est-ce que tu as fait tout cela ? Pourquoi ramener Stannis Baratheon à la cour, sa fille, pourquoi es-tu allé le voir en premier lieu ?

Tyrion soupira.

Il ne le lui avait pas dit, il ne lui avait jamais parlé des marcheurs blancs.

Et il n'arrivait toujours pas à déterminer si c'était parce qu'il ne voulait pas qu'il le prenne pour un fou, ou seulement parce qu'il voulait le protéger de tout ça lui aussi.

Il ne l'avait jamais dit à personne.

Mais peut-être était-ce finalement le temps de le faire.

- Parce que nous avons besoin de lui pour lutter contre les marcheurs blancs.

N'importe qui d'autre aurait éclaté de rire en entendant cela, mais pas Jaime, pas lorsqu'il regarda son petit frère droit dans les yeux et n'y vit aucune trace d'amusement.

- Attends, t'es sérieux ? Lui demanda-t-il avec incrédulité.

- Complètement. Cette menace est bien réelle, et je sais que tu n'y crois pas, mais nous allons devoir tout faire pour la combattre.

Jaime le regarda avec un drôle d'air, comme si il n'était pas sûr d'avoir bien compris ce qu'il venait d'entendre.

- Comment comptes-tu t'y prendre exactement ?

- Oh ça mon frère, lui répondit le nain avec un air de conspirateur, c'est un secret ! Mais nous allons avoir besoin de Stannis Baratheon, entre autre. Et je vais aussi devoir parler devant la cour, fit-il en soupirant, n'étant guère pressé de le faire.

Jaime ricana.

- J'ai hâte d'assister à ça, je suis sûr que Robert va être ravi d'être forcé d'écouter ça. Tu n'as pas parlé de l'autre aspect de la question.

- Comment ça ?

- Les trois frères Baratheon vont être à Port-Réal, comment est-ce que tu comptes les gérer, sachant que c'est toi qui a fait revenir le troisième ?

Tyrion grogna.

- Oh, ne m'en parle pas j'ai tout fait pour essayer de ne pas y penser… Autre chose.

- Quoi donc ?

- Je ne veux pas que Joffrey s'approche de Shireen.

Jaime fronça les sourcils.

- Comment cela ? Et je te signale que je ne suis pas vraiment le mieux placé pour gérer ce genre de chose.

C'est ton fils, faillit lui dire Tyrion, avant de se mordre la langue.

- Toi et moi nous connaissons parfaitement bien le caractère de Joffrey, tu sais tout comme moi qu'il est cruel et méchant et Shireen… Je ne veux pas qu'elle souffre à cause de lui. Et c'est non négociable. »

Il avait vu à quel point son neveu avait fait du mal à Sansa lorsque celle-ci était à Port-Réal, il était hors de question que la jeune biche souffre comme elle l'avait fait.

Il ne pourrait peut-être pas sauver tout le monde, mais il pouvait au moins essayer de limiter les dégâts que son royal neveu pourrait essayer de causer.

Jaime regarda son petit frère, ne reconnaissant pas la lueur sombre qu'il trouva dans ses yeux.

Oh par les Sept.

Mais bordel de merde, qu'est-ce qui avait bien pu arriver durant ces derniers jours pour qu'il lui revienne aussi changé ?

« Je vais voir ce que je peux faire.

- Merci. »

Avec un peu de chance, Joffrey serait bien trop occupé à faire… des trucs de prince, et Tommen et Myrcella seraient les seuls enfants du couple royal qui passeraient du temps avec elle.

Tyrion prit une profonde inspiration.

Il avait le sentiment que les prochains jours allaient se révéler être particulièrement compliqués.

Comme si les précédents ne l'étaient pas déjà assez…

A suivre…