Chapitre 2 : Une décision difficile

La Coupe de Feu avait désigné un nom et Minerva ne pouvait plus reculer maintenant, elle devrait mener ce projet jusqu'au bout. Cependant, le plus dur restait à venir. Elle devait maintenant se rendre à l'adresse indiquée pour rencontrer la jeune fille et ses parents. Le Professeur Mcgonagall avait l'habitude de traiter avec les moldus, pas plus tard que le mois dernier elle s'était rendue dans deux familles pour expliquer aux enfants nés-moldus qui devaient intégrer Poudlard à la rentrée et à leur parents, l'existence de l'école et du monde magique. La plupart du temps ces visites se déroulaient bien mais quelquefois elles pouvaient vite dégénérés, cela dépendait du profil et de la sensibilité de la famille…

Elle avait, néanmoins une autre chose à régler avant de se rendre chez Harmony Marshall. Quittant son bureau, le Professeur Mcgonagall, traversa un long couloir et descendit de nombreux escaliers avant de se retrouver aux sous-sols où se trouvaient les cachots. La température avait nettement baissé et le Professeur Mcgonagall frappa à la porte du bureau du Professeur Slughorn en resserrant sa cape autour d'elle.

-Minerva ! Quelle joie de vous voir ici ! S'exclama Horace Slughorn en la voyant pénétrer dans son bureau.

Minerva tira une des chaises qui se trouvaient devant le bureau, s'installa sur l'une d'elle et expliqua au Professeur Slughorn :

-Je suis ici, Horace, pour vous parler des élèves de Serpentard et particulièrement ceux de septième année à qui j'ai proposé une sorte de redoublement afin qu'il puisse passer leurs ASPIC dans de bonnes conditions. J'ai bien entendu, envoyé une lettre à chacun d'entre eux mais à l'heure actuelle, je n'ai eu que trois réponses et cela m'inquiète. Il me tient à cœur de laisser une seconde chance à ces jeunes adultes. Vous les connaissez certainement bien mieux que moi et j'ai pensé que vous pourriez m'éclairez sur la situation de ceux n'ayant pas répondu…

-Qui vous a répondu ? Questionna Slughorn dont le visage était soudainement devenu sérieux.

-Tracey Davis, Blaise Zabini et Daphnée Greengrass.

-Cela ne m'étonne en rien…La première est de sang-mêlé et les deux autres n'ont pas une famille ayant été endoctriné par les forces du mal…

-En ce qui concerne les autres, ceux dont les parents sont des mangemorts, ou qui sont toujours réticents à un changement de mentalité concernant les moldus et les nés-moldus, que savez-vous ?

-Et bien, je suppose que la famille Parkinson, malgré l'éducation presque prosélyte qu'ils ont donnés à leur fille, veulent qu'elle finisse ses études et ne tarderons par à répondre positivement. En ce qui concerne la famille de Grégory Goyle, je n'en ai absolument aucune idée. En revanche pour la famille Malefoy et Nott cela va s'avérer plus compliqué. Les deux viennent d'être innocentées et je pense que les deux garçons vont garder des séquelles de la guerre, plus particulièrement Drago Malefoy, et je ne sais si l'envie de reprendre ses études l'amènera à refaire une septième année. A propos de Théodore Nott, je suis certain que si ça ne tenait qu'à lui, il vous aurait déjà répondu depuis longtemps. C'était un excellent élève et je suis sûr que passer ses ASPIC lui tient à cœur. Mais son père est vieux, veuf et malade et j'imagine que l'idée de le laisser seul une année entière le fait hésiter…C'est tout ce que je peux vous dire Minerva…Attendons la rentrée et nous verrons bien qui aura saisit la chance que vous leur offrez.


Théodore venait tout juste de finir de débarrasser la table et de faire la vaisselle, aidé de quelques coups de baguette magique. Une fois la salle à manger remis en ordre, il se dirigea vers le petit salon dans lequel se trouvait son père. Assis sur son habituel fauteuil celui-ci lisait tranquillement la Gazette du Sorcier. S'installant près de lui, le jeune homme repris le livre qu'il avait laissé sur le canapé et se replongea dans sa lecture. Cependant, il n'arrivait pas à se concentrer. Depuis plusieurs jours, quelque chose dont il n'avait pas osé parler à son père, hantait son esprit. Se tortillant nerveusement sur le canapé, il cherchait un moyen d'amorcer la conversation quand le vieillard lui dit soudainement :

-Qu'est-ce que tu as ? Ce sont tes vertèbres qui te font encore souffrir ?

Théodore ne put réprimer un sourire presque attendri. Ce n'était pas spécialement dans les habitudes de son père que de se préoccuper de sa santé même s'il l'avait toujours bien soigné. Juste avant la bataille de Poudlard, alors que Théodore tentait de traverser la foule apeurée d'élève pour trouver un endroit où se cacher, il avait été projeté violemment contre un mur, ce qui lui avait abimé quelques vertèbres. L'angoisse liée à la nuit d'horreur qu'il avait passé ne l'avait pas aidé et le lendemain matin, lorsqu'il avait été de retour au manoir avec son unique parent, tous les deux sains et saufs, la douleur était devenue tellement insupportable que son paternel avait dû contacter leur médecin de famille en urgence.

-Il faut que je te remette de l'onguent ce soir ? Le questionna-t-il de nouveau.

-Non, ce n'est pas la peine ça va mieux répondit doucement Théodore.

-Tu sembles soucieux…Lui fit remarquer son géniteur en plongeant de nouveau son nez dans son journal.

Prenant une profonde inspiration, il ferma son livre, le posa sur ses genoux et se jeta à l'eau :

-J'aimerais te parler de quelque chose…J'ai reçu une lettre du Professeur Mcgonagall au début de l'été. Dans cette lettre elle me propose de revenir à Poudlard cette année pour refaire ma septième année et passer mes ASPIC…

-Je suppose que tu meurs d'envie d'y retourner…

-J'aimerais vraiment finir ma scolarité comme il se doit et…

-Tu n'en as pas besoin Théodore, ce ne sont que des morceaux de parchemins et ce n'est pas ça qui t'aidera à trouver du travail si tu souhaites travailler le coupa son père en se renfrognant.

Le jeune homme poussa un nouveau soupir en songeant à un autre angle d'attaque. Depuis qu'ils étaient revenus au manoir tous les deux, le père et le fils avaient développés une sorte de dépendance étrange l'un envers l'autre qu'ils n'avaient jamais eu auparavant. Ni l'un ni l'autre n'étaient très démonstratifs mais Théodore sentait que son père avait besoin de lui, sans compter que la guerre l'avait très fortement affaibli et que ce n'était plus qu'une question de temps avant qu'il ne parte rejoindre sa défunte épouse. Théodore en avait bien conscience, mais il n'était pas encore prêt à affronter un nouveau deuil et à se retrouver orphelin, livré à lui-même.

-Si c'est le fait de t'occuper du ménage et de la cuisine qui t'embête je peux encore aller au marché noir pour voir si quelqu'un ne veut pas se débarrasser de son elfe de maison…

-Non ça ira, je t'ai déjà dit que je ne veux plus avoir ce genre de créature dans les pattes, je m'en occuperai moi-même…De toute façon, je vois que ta décision est déjà prise et que je ne peux pas t'empêcher d'y aller…répondit le vieil homme en grognant.

Théodore resta un moment silencieux, se leva du canapé, emportant son livre avec lui puis monta à l'étage avec la ferme intention de répondre de manière positive au Professeur Mcgonagall. Il était rongé par la culpabilité mais il ne voulait pas laisser passer cette chance.


Assise à son bureau de Directrice, le Professeur Mcgonagall réfléchissait au meilleur discours à tenir à la famille Marshall lorsqu'elle irait leur rendre visite le lendemain.

-Si la Coupe de Feu a choisi cette jeune fille en particulier, c'est pour une bonne raison puis vous avez l'habitude de traiter avec les moldus, Minerva. Tout se passera certainement très bien, j'en suis convaincu tenta de la rassurer le tableau d'Albus Dumbledore.

Minerva hocha la tête, penchée sur un plan de Londres pour préparer son arrivée dans le quartier de la famille Marshall. Elle avait demandé au Professeur Curter, le nouveau Professeur d'Etude des moldus quelques conseils pour s'y rendre discrètement et en sécurité et elle lui avait indiqué près de l'endroit qu'elle visait, une bouche de métro désaffectée où elle pourrait transplaner.

Alors qu'elle tentait de repérer avec précision le trajet qui séparait la bouche de métro, un hibou vint frapper de sa patte à la fenêtre du bureau. Se levant pour aller lui ouvrir, Minerva se saisit de la lettre qu'elle contenait, l'ouvrit délicatement et la lut silencieusement. Un petit sourire naquit sur son visage à la fin de sa lecture.

-De bonnes nouvelles ? Questionna le Professeur Dumbledore.

-Oui, je m'inquiétais à propos des élèves de Serpentard car j'avais peu de réponses à ma lettre et je viens de recevoir celle de Théodore Nott. Il dit qu'il est ravi de revenir à Poudlard pour une huitième année et qu'il compte bien décrocher ses ASPIC.

-Si mes souvenirs sont exactes, ce jeune homme n'a jamais vraiment suivit ses camarades de maison dans leurs moqueries concernant les élèves né-moldus et pourtant son père a été l'un des premiers à rejoindre Voldemort…

-Je m'en veux un peu de penser une telle chose, mais les élèves de Serpentard et particulièrement les enfants de mangemort devront être surveillés attentivement. Autant pour leur bien-être que celui des autres élèves. Je ne tolérerais pas le moindre écart de comportement que ce soit de leur côté ou celui des autres maisons.

-La plupart des élèves, enfants de mangemorts que vous décrivez ici sont seulement un peu perdus. Le fait de revenir à Poudlard leur fera le plus grand bien, j'en suis certain affirma le Professeur Dumbledore.

Minerva hocha la tête, rangea soigneusement la lettre dans un des tiroirs de son bureau et retourna à son plan de Londres.

Le lendemain aux alentours de 13h, le Professeur Mcgonagall venait tout juste de passer le portail de Poudlard et s'aventurait sur le sentier qui passait à travers les bois pour se rendre à la gare de Pré-Au-Lard. Il lui fallait à tout prix sortir de l'école pour pouvoir transplaner. Une fois arrivée à Pré-Au-Lard, elle trouva une rue déserte, sorti une dernière fois de sa poche le plan de Londres qu'elle avait emporté avec elle, regarda attentivement l'emplacement la bouche de métro, se concentra et transplana dans un craquement sonore.

Aussitôt, elle se retrouva dans un endroit désaffecté, presque lugubre et mal éclairé. Le plus important était qu'il soit désert. Face à elle se trouvait des escaliers. Vérifiant autour d'elle que personne n'était à proximité, elle rangea le plan dans sa poche, se concentra une seconde fois et prit sa forme animale. Elle ne s'était pas habillée en conséquence et il valait mieux ne pas attirer les regards indiscrets en se rendant ainsi accoutrée chez la famille Marshall. Le chat en lequel elle s'était métamorphosée était bien plus passe partout que la cape vert émeraude qu'elle portait actuellement. Montant souplement les marches, elle se retrouva à l'extérieur. A vol d'oiseau, la maison des Marshall se trouvait à dix minutes environ de la bouche de métro désaffectée. Minerva n'eut aucun mal à se repérer parmi les rues de Londres et se retrouva très vite au 24 Camden High Street devant une jolie petite maison.

Ses yeux jaunes perçants balayèrent la rue et constatant qu'il n'y avait personne aux alentours, elle reprit une forme humaine. Elle poussa le petit portail de bois, admira un instant les rosiers qui poussaient devant l'entrée de la maison, puis s'approcha de la porte. Respirant profondément et tentant de masquer sa nervosité, elle appuya sur la sonnette et attendit patiemment en espérant de tout cœur qu'Harmony est ses parents se trouvaient chez eux. Quelques secondes plus tard, un homme aux cheveux châtains lui ouvrit la porte avec un air tout à fait affable sur le visage.