Chapitre 35 : Inquiétudes et surprise

"Sometimes people who live in another world, in another reality are a better support than people in real life"

Il s'agit du dernier chapitre de cette histoire ! En espérant qu'elle vous aura plu. Je remercie toutes les personnes qui ont pris le temps de me faire un retour !

Le dernier jour que la jeune femme devait passer en sa compagnie arriva bien vite et avait rendu Théodore soucieux. Debout devant la fenêtre de sa chambre qui donnait sur le portail de fer et le chemin qui menait jusqu'au manoir, il observait le soleil se coucher sans un mot.

-Tu devrais venir te coucher…J'ai dit à mes parents que tu viendrais me déposer vers 10h demain matin.

Théodore se retourna et regarda un moment la jeune femme qui déjà couchée, lisait distraitement un livre. Obéissant en poussant un petit soupir, il vint à son tour se blottir sous les draps tout près d'Harmony. Celle-ci posa son livre sur la table de nuit et se tourna vers lui, le dévisageant attentivement.

-Je sais que tu n'as pas envie que je quitte le manoir mais je te promets que ça ne sera que provisoire. Je reviendrais vite ! Lui murmura-t-elle à l'oreille en venant prendre avec tendresse ses mains dans les siennes.

-Et s'ils refusent ? Questionna Théodore en tentant de maîtriser l'inquiétude dans sa voix.

-Je suis presque certaine qu'ils ne le feront pas…

Poussant de nouveau un soupir, le jeune homme décréta qu'il était inutile de se torturer l'esprit plus longtemps, s'allongea un peu plus confortablement tandis que la jeune femme venait se lover dans ses bras, puis souffla sur les trois bougies qui éclairaient la pièce.

-Théodore…Théodore…

Le jeune homme grogna en entendant Harmony qui tentait de le réveiller. Il était bien trop tôt et les deux adolescents n'avaient pas beaucoup dormis la nuit dernière, bien trop occupé à se dire au revoir intimement…

Il se retourna en grognant de plus bel.

-Théodore, s'il te plait, il est déjà presque 8h…

Faisant un effort presque surhumain, il ouvrit ses yeux bleus et se tourna vers la jeune femme. C'était aujourd'hui qu'elle partait. Se rapprochant d'elle, il vint enfouir son visage dans ses longs cheveux, humant son odeur une dernière fois, s'agrippant à elle comme si sa vie en dépendait et retenant ses larmes.

-Tu m'avais promis de ne pas pleurer…

Théodore leva vers elle ses yeux embués de larmes et murmura :

-Tu sais bien que même si ce n'est pas ton intention, le fait que tu me laisses pour une durée indéterminée me renvoi à de profondes blessures…

Ayant perdu sa mère très jeune et se retrouvant orphelin à l'âge de 19 ans, le jeune homme avait développé une peur panique de l'abandon.

Harmony réfléchissait à un moyen pour que le jeune homme ne soit pas trop affecté par la séparation tout en lui caressant doucement les cheveux. Son regard se posa sur un tas de vêtements qui lui appartenait et qui était posé sur une chaise près du bureau de Théodore. Elle se leva soudainement, s'empara d'une de ses chemises de nuit et la tendit au jeune homme qui la pris en la regardant avec incompréhension.

-Je te la laisse jusqu'à mon retour, comme ça c'est un peu comme si j'étais toujours avec toi…Lui expliqua-t-elle.

A son tour, Théodore se leva et s'empara de la chemise qu'il avait porté la veille.

-Tu penseras à moi aussi…

La pendule du salon indiquait 9h30 et les deux adolescents se trouvaient dans le jardin du manoir prêt à transplaner.

-Tu es prête ?

Harmony hocha positivement la tête, d'une main agrippant fermement sa valise et de l'autre attrapant le bras que Théodore lui tendit. La jeune femme atterrit durement sur le sol, complètement désorientée. Elle avait horreur de transplaner.

-Tu ne tiens pas sur tes pieds ? se moqua gentiment le jeune homme en l'aidant à se relever.

-Si, mais je te l'ai déjà dit, je n'aime pas transplaner…

-C'est pourtant bien pratique…Lui répondit Théodore en prenant la valise de la jeune femme et en montant les escaliers pour sortir de la bouche de métro désaffectée.

A 10h pile, Harmony frappa à la porte de ses parents.

-Pile à l'heure ! Que je suis contente de vous voir ! Entrez donc ! s'exclama Mrs Marshall en les embrassant à tour de rôle.

Alors qu'Harmony suivait sa mère à l'intérieur de la maison, elle jeta un regard qui se voulait rassurant à Théodore. Elle était certaine que ses parents comprendraient son choix de vouloir vivre dans le monde magique et la laisserait s'installer au manoir sans opposer de résistance.

Théodore fut contraint de suivre Harmony et sa mère jusqu'au salon où se trouvait Mr Marshall. Il regarda Harmony embrasser son père, tandis que celui-ci venait le saluer chaleureusement.

-Comment vas-tu mon garçon ? Tu as bien meilleure mine que la dernière fois !

Le jeune homme eu un faible sourire et répondit :

-Je vais beaucoup mieux.

-Une tasse de thé ? Lui proposa Mrs Marshall.

Bien trop poli pour refuser, il s'assit sur le canapé du salon à côté d'Harmony. C'était tout ce qu'il craignait mais il était bien obligé de s'y acclimater de peur de paraitre impoli…

L'adolescent aurait préféré laisser Harmony devant la porte de la maison pour repartir aussi vite que possible, évitant les au revoirs larmoyants. Il espérant simplement parvenir à se contenir quand le moment de quitter la jeune femme pour de bon viendrait…

Remarquant son trouble, Harmony lui prit doucement la main.

L'heure tant redoutée fini par arriver. Après avoir poliment dit au revoir aux parents de la jeune femme, il se vit entraîner un peu à l'écart par celle-ci. L'enlaçant, elle lui chuchota d'un ton rassurant :

-Tout ira bien, ne t'en fais pas, nous nous retrouverons bientôt…

Elle l'embrassa longuement puis mettant fin au baiser, l'accompagna jusqu'à la porte.

-Je t'écrirais, c'est promis !

Hochant la tête, n'osant prononcer un mot de peur de fondre en larmes, il prit son courage à deux mains pour se retourner et marcher jusqu'à la bouche de métro désaffectée où il transplana.

De retour au manoir, il monta directement à l'étage, dans sa chambre et s'effondra en serrant contre lui la chemise de nuit qu'Harmony lui avait laissé. Il trouvait son comportement profondément enfantin et ridicule mais il n'y pouvait rien, c'était plus fort que lui…

Quelques jours plus tard, un matin, alors que la jeune femme venait de se réveiller, elle décida que c'était le moment d'en parler à ses parents. Elle avait répété son discours dans sa tête des dizaines et des dizaines de fois, humant la chemise du jeune homme pour se donner du courage.

Ses parents étaient déjà attablés à la table du petit déjeuner lorsqu'elle descendit au salon. S'installant en face d'eux et d'une tasse de thé, elle les salua et déclara :

-J'ai quelque chose d'important à vous dire…

-Nous t'écoutons, ma chérie lui dit sa mère.

-Et bien voilà, il y a quelques mois à peine, je n'avais aucune idée de ce que j'allais vivre durant cette année. Je ne vous cache pas qu'en arrivant à Poudlard j'étais totalement perdue mais j'ai fini par vraiment m'habituer à ce monde si différent du notre et même à m'y sentir chez moi, et puis, il y a Théodore que je ne peux pas me résoudre à l'abandonner. Il en était malade hier en m'amenant ici…

-Je l'ai trouvé un peu patraque aussi…Ce que tu essayes de nous dire Harmony, c'est que tu souhaites retourner dans le monde magique, c'est bien ça ? La questionna son père.

Harmony hocha doucement la tête.

-Pour être honnête, nous nous y attendions un peu…mais es-tu certaine de ta décision ? Je suppose que Théodore t'accueillera à bras ouvert dans sa maison, mais qu'est-ce que tu vas faire de ta vie dans le monde magique ? Tu n'as même pas eu une scolarité complète à Poudlard…s'inquiéta Mrs Marshall.

-Nous nous sommes renseignés et apparemment sur le Chemin de Traverse, la rue commerçante, il est assez simple de trouver du travail. Je n'aurais pas besoin de compétences magiques particulières par exemple si j'arrive à me faire embaucher à la librairie.

Il y eu un petit silence durant lequel Mr et Mrs Marshall semblèrent réfléchir.

-Je suis un peu sceptique Harmony…murmura sa mère d'un ton grave.

-Pourquoi ?

-Si la librairie ne veut pas t'embaucher, qu'est-ce que tu comptes faire ?

Harmony ne sut que répondre, sentant le vent tourner en sa défaveur…

Au bout d'un moment, Mr Marshall fini par prendre la parole.

-Si telle est ta décision nous ne pouvons que l'accepter…De toute manière tu pourras toujours revenir ici, si jamais il arrivait quelque chose de fâcheux dans le monde magique…

Harmony sauta au cou de ses parents et s'empressa de remonter à l'étage où se trouvait Héraclès qu'elle avait gardé quelques jours chez elle pour pouvoir répondre à son propriétaire.

Théodore tournait en rond dans la cuisine de bon matin. Depuis le départ d'Harmony, il dormait très mal et n'arrivait plus à s'habituer à la solitude qu'il avait pourtant toujours affectionné. Quelque chose frappa à la fenêtre de la cuisine et levant les yeux, il vit son hibou qui attendait sagement qu'il lui ouvre, une enveloppe dans le bec. Le jeune homme se précipita vers la fenêtre, l'ouvrit et pris en tremblant un peu la lettre. Il l'ouvrit et lu :

Théodore,

Je ne te fais pas attendre plus longtemps et je t'annonce que je suis de retour au manoir dans deux jours, si tu veux toujours de moi. Mes parents, comme je m'y attendais ont été très compréhensifs et ont acceptés sans problème ma décision de venir vivre dans le monde magique. J'ai déjà commencé à faire mes bagages, mais je pense que je vais avoir besoin de ton aide pour que je puisse déménager une grande partie de mes affaires au manoir. Est-ce que tu pourrais venir demain pour nous aider ?

Je t'embrasse,

Harmony.

Le jeune homme poussa un long soupir de soulagement. Il monta avec empressement à l'étage pour répondre à Harmony.

Le lendemain, le jeune homme s'était rendu au domicile de la jeune femme pour l'aider à transporter les « quelques affaires » d'Harmony. En réalité, il s'agissait de cartons entiers et même avec l'aide de la magie, il allait falloir plusieurs jours.

Alors qu'il descendait à l'étage, Mr Mashall lui fit discrètement signe de venir le rejoindre. Théodore s'exécuta et le suivit dans le couloir.

-Le camion devrait arriver demain à l'adresse que tu m'as donné aux alentours de 15h. Nous retiendrons Harmony jusqu'ici, le temps que tu la fasses descendre et que tu l'emmène jusque dans ton jardin…

-J'espère qu'elle se montrera docile, je n'ai pas beaucoup d'expérience…

-Elle est habituée à voir du monde et des inconnus, ne t'en fais pas, même moi je pouvais la manipuler sans trop de problème alors que je n'y connais rien non plus…

Le lendemain, Théodore se rendit au lieu indiqué, à 15h, où se trouvait déjà un petit camion. Il se présenta à l'homme qui attendait lorsque celui-ci lui dit :

-Je vous la descend et je vous donne les papiers…

L'homme ouvrit le camion et en fit descendre la jument noire qui avait provoqué une belle frayeur au jeune homme quelques mois auparavant. Il s'empara un peu maladroitement de la longe que l'homme lui tendit et des papiers de la jument.

-Elle est à vous ! Je vous souhaite un bon retour ! Lui dit l'homme en retournant au volant du camion.

Inspirant profondément, Théodore exerça instinctivement une légère pression sur la longe et avança. Docile la jument le suivit sans rechigner, flânant de temps à autre pour attraper un brin d'herbe. Le jeune homme n'avait que quelques mètres à faire pour passer le portail invisible aux yeux des moldus qui le ramènerait à deux pas de son manoir. Une fois arrivé, il emmena la jument de l'autre côté du manoir pour qu'Harmony ne puisse pas la voir tout de suite. Il vérifia soigneusement que le petit portail qui clôturait l'immense jardin était fermé et détacha la jument qui se mis à brouter.

Les parents d'Harmony avaient décidé de lui faire une surprise en rachetant la jument au centre équestre qui avait fait faillite et étant donné qu'elle allait désormais vivre avec lui, Théodore avait été mis dans la confidence. Jetant un œil à sa montre, il constata qu'il était déjà 16h et qu'Harmony devait déjà trépigner d'impatience.

-Ca fait presque une heure que je t'attends ! s'exclama la jeune femme en lui ouvrant la porte de chez elle.

-Je sais, excuse-moi, mais j'avais des choses à faire avant ton arrivée…

Pratiquement toutes les affaires de la jeune femme se trouvaient déjà au manoir. Il ne lui restait plus qu'un petit sac à prendre.

-On y vas ?

-Laisse-moi dire bonjour à tes parents avant !

Avec un petit soupir, elle le laissa entrer. Théodore salua Mrs Marshall puis échangea un regard et un petit signe de tête discret avec Mr Marshall, lui expliquant silencieusement que la jument était bien arrivée.

-Prends bien soin de notre fille…Lui susurra Mrs Marshall à l'oreille avant de les laisser repartir tous les deux.

-Je le ferais…Lui promit-il, en sentant son cœur se serrer.

Voir une famille aussi aimante que celle d'Harmony lui rappelait un peu plus que lui n'avait plus personne pour prendre soins de lui, hormis la jeune femme.

Ils marchèrent jusqu'à la bouche de métro désaffectée et Théodore les fit transplaner tous les deux jusqu'au manoir.

-Avant de rentrer j'ai une surprise pour toi…Lui dit-il en la prenant par la main et en lui faisant faire le tour de l'immense bâtisse.

En découvrant la jument qui broutait toujours paisiblement dans le jardin, Harmony s'exclama :

-Mais qu'est-ce qu'elle fait ici ?

-Tes parents ont décidé de te l'offrir. Le centre équestre n'arrivait pas à la vendre.

-Elle a dû leur coûter tellement cher !

-J'en ai payé une petite partie…

-Comment tu as fait ?

-J'ai amené quelques meubles et quelques vieilleries chez un antiquaire moldu qui m'a payé en argent moldu que j'ai donné à tes parents.

Harmony s'approcha de sa jument et vint se pendre à son encolure, alors que celle-ci semblait plus occupée à quémander quelques friandises en fouillant dans les poches de Théodore.

Harmony se jeta ensuite au cou de Théodore et le remercia de nombreuses fois.

-Maintenant il va falloir lui trouver un copain…Les chevaux sont des animaux grégaires…

-Je sais…Mais on y réfléchira un peu plus tard…répondit-il en l'entrainant à l'intérieur du manoir avec une tout autre idée en tête.

Il l'a fit rapidement monter à l'étage et s'enfermèrent dans sa chambre. Taquine, Harmony l'embrassa à pleine bouche, une de ses mains venant titiller son entrejambe à travers son pantalon.

Théodore poussa un petit gémissement en songeant qu'il y avait encore quelques mois de cela, il se laissait à peine embrasser par la jeune femme et qu'il y avait encore un an à peine, il ne la connaissait même pas.

Lorsqu'elle était encore en vie, sa mère lui répétait sans arrêt de ne jamais se laisser aller au désespoir car la chance et le bonheur venait toujours à nous lorsque nous ne nous y attendions pas. Théodore ne l'avait pas cru lorsque celle-ci était décédée. Le jeune homme avait passé une enfance douloureuse et une adolescence morne sans grande joie. Cependant, maintenant, il comprenait enfin le sens de paroles de sa mère. Aujourd'hui enfin, il était heureux.