Peep-bo ! Voilà le deuxième chapitre. Toutefois, j'aimerais vous informer d'une chose que j'ai oublié de vous dire l'autre fois : l'histoire se déroule grosso modo lors de la saison 3 mais vous oubliez toute la partie relative aux FIV et tout ce qui s'en suit. À vous donc de découvrir ce qui va s'y passer.
Good Read ;)
Chap' 2
Quand elle se réveilla, c'est à peine si elle osait bouger. Aussitôt avait-elle ouvert les yeux que son cerveau donna l'alerte. Elle venait tout juste de réaliser qu'elle avait fait une énorme erreur qu'elle aurait pu grossièrement éviter si elle avait été lucide, d'autant plus qu'il s'agissait d'un ami pour lequel elle ne ressentait rien de particulier. De ce fait, elle se sentait doublement gênée. Mais fallait-il ressentir quelque chose de profond pour en arriver à ce stade-là ? Ce n'était pas une croqueuse d'homme, elle n'était pas comme ça. Mais vu la situation dans laquelle elle se trouvait, c'est ce qu'on pouvait appeler l'ironie du sort. Elle se souvint de ce que lui avait dit son diagnosticien une fois, soit disant qu'elle ne pouvait trouver chaussure à son pied, ce qui lui décrocha un sourire plein d'amertume. Le fait qu'il soit bel homme, gentil et attentionné ne faisait pas pencher la balance de l'autre côté. Elle était dégoûtée d'elle-même, bien qu'elle n'eût rien fait pour le séduire, du moins pas volontairement. Mais c'était peut-être ça d'ailleurs, peut-être qu'elle n'avait pas besoin de séduire pour séduire… Voir un homme dans son lit lui faisait extrêmement plaisir mais à vrai dire vu le contexte elle aurait préféré se réveiller seule.
Dos à lui, elle se disait que c'était sûrement mieux ainsi. Rien que l'idée de se savoir entièrement nue à côté de lui qui se trouvait être dans le même état l'immobilisa totalement. Et pour ne rien arranger, voilà qu'elle le sentit remuer tout en posant une main sur sa taille. Les mots qu'il lui dit alors finirent de lui glacer le sang.
Je crois que je t'aime, Lisa… Lâcha-t-il d'une voix encore ensommeillée tout en faisant glisser le bout de ses doigts sur sa hanche.
Et maintenant, voilà qu'apparemment il ressentait quelque chose de fort pour elle. Bah tiens, il ne manquait plus que ça ! De toute évidence, elle allait le faire souffrir, ce qui finirait par la faire souffrir également. Ne pouvant décidément l'affronter pour le moment, elle se redressa en remerciant silencieusement son peignoir de s'être trouvé au pied du lit et prétexta aller faire du café. Arrivée dans sa cuisine, elle s'adonna à sa tâche tout en étant nerveuse, voire même légèrement paniquée. Mais qu'est-ce qu'elle avait fait ? Elle ne savait plus où elle en était, probablement au beau milieu de nulle part. Elle se sentait seule, délaissée comme une poupée qu'un enfant abandonne pour aller chercher d'autres jouets. Car c'était ça, House se jouait d'elle. Tout comme elle avait le sentiment de se jouer de Benoît, sauf qu'il ne s'agissait absolument pas de ça mais bel et bien d'une situation à laquelle elle ne voyait pas d'issue sans souffrance. Elle avait eu le cœur sur la main la veille et n'avait pas pu lui dire non, allant même jusqu'à l'encourager. Mais après tout, ne dit-on pas que seul le moment présent compte et qu'il faut savoir en profiter car les regrets et la frustration viennent par la suite ? Et, de son point de vue, c'était déjà le cas…
Après avoir rapidement bu son café, elle fila prendre une douche et trouva Benoît sur le chemin, toujours étalé dans le lit. Ne lui adressant pas le moindre regard, elle se contenta de lui dire comme si elle parlait dans le vide qu'il pouvait aller se servir. Quand elle ressortit de sous le jet d'eau, elle se maudit intérieurement en constatant qu'elle n'avait pas pris de quoi se vêtir. Remarquant son absence, elle soupira de soulagement et entreprit de trouver quelque chose à se mettre. En revenant dans la cuisine, elle le trouva avec une tasse à la main. De par la gêne qu'elle ressentait, elle n'osait pas croiser son regard mais elle ne pouvait bien sûr pas faire autrement.
Bien dormi ? Lui demanda-t-il en la scrutant.
Oui… Excuse-moi mais il faut que j'y aille sinon je vais être en retard. Fit-elle en donnant un coup d'œil à sa montre.
Il vida le contenu de sa tasse puis la posa sur le comptoir pendant qu'elle s'encombrait de clés, sac et manteau avant de se diriger vers la porte d'entrée. Une fois dehors, elle se retourna vers lui et l'envie folle de vouloir s'en aller en courant lui traversa maladroitement l'esprit.
Il faut que je passe à ma chambre d'hôtel, je viendrai te voir plus tard.
Euh… D'accord, si tu veux.
Son action jugée un peu trop ambitieuse par la jeune femme fut ruinée lorsque celle-ci tourna la tête et que son baiser se déposa sur sa joue. Rejoignant sa Lexus, elle se dit que son idée farfelue ne s'était sûrement pas imposée à elle par hasard…
N'ayant aucun cas à traiter, il était pour ainsi dire en train de lancer le compte à rebours pour la journée. Il avait envoyé ses larbins en consultations mais comme toujours il ne comptait pas faire les siennes. A croire que aujourd'hui il préférait s'ennuyer à mourir plutôt que d'aller jouer son indécrottable cynique auprès des patients venus pour une consultation. Et en dépit de son immesurable ennui, il avait vraisemblablement trouvé de quoi s'occuper… Jusqu'à ce que Wilson ne déboule dans son bureau.
Tu n'as pas de cas ? Questionna-t-il en lui portant un regard louche.
La réponse est sous tes yeux ! Non mais sérieusement, tu ne penses pas que si j'en avais un je ne serai pas là à m'entraîner pour le concours du plus ridicule empilement d'objets en tout genre ? Répondit-il narquoisement en ajoutant une pochette de CD des Who à sa construction.
L'oncologue ne dit rien et se contenta d'hausser les épaules avant de s'asseoir sur la chaise en face de lui.
Au fait, tu n'étais pas au courant que Hopkins était dans le coin ?
Il est à Princeton ? Je ne savais pas…
Je l'ai vu dans un resto de la ville, en très charmante compagnie d'ailleurs ! Déclara-t-il faussement moqueur.
Si tu parles de Cuddy, ça n'a rien de très étonnant. Ce sont des amis il me semble. Fit-il avant de marquer une pause en le voyant avec un air innocent peint sur le visage. Ne me dis pas que tu es allé les voir !
Bah quoi ? J'ai juste été dire bonjour ! Répliqua-t-il sur un ton enfantin.
Oui, bien sûr ! On sait tous ce que 'aller saluer les gens au restaurant' veut dire pour toi !
Ils parlaient de nous d'ailleurs. Poursuivit-il sans tenir compte de sa remarque.
Comment ça, explique.
Cet imbécile lui demandait si on travaillait toujours avec elle. Non mais franchement, quelle question stupide !
Arrête, ce n'est pas un imbécile. De toute façon à chaque fois que tu vois Cuddy avec un autre homme tu ne peux pas t'empêcher de t'en mêler, ce qui prouve bien des choses ! Affirma-t-il d'un air triomphant.
Rhô c'est pas vrai, t'as pas encore fini avec ça ! Va dont t'occuper de tes p'tits cancéreux à l'agonie !
T'en fait pas regarde, j'y vais tout de suite ! Termina-t-il en se levant avec un sourire quelque peu satisfait avant de quitter son bureau.
Après avoir fait s'écrouler son Kilimandjaro d'objets en ayant voulu y incorporer une boite de Tic Tac, il soupira d'abandon et partit à la rechercher de son tube de vicodin. Une fois ce dernier trouvé, il en sortit deux comprimés qu'il goba d'un coup avant de se saisir de sa canne pour enfin se lever et sortir de son bureau. Marchant dans les couloirs, il s'engouffra dans l'ascenseur à destination du rez-de-chaussée. Sortant de la cabine de métal, il prit à gauche et encore à gauche. Arrivé devant la porte, il observa l'antre dans son intérieur mais également son hôte. Constatant qu'elle remplissait son habituelle paperasse, il décela dans ses gestes une certaine désorganisation. Il entra alors, puis se racla la gorge pour accentuer un peu plus sa présence. Quand elle releva la tête de ses papiers, il remarqua qu'elle avait les traits plus ou moins tirés, comme on peut les avoir lorsque l'on manque de sommeil.
Vous devriez aller vous prendre une glace au chocolat et un bon café parce qu'à voir votre tête j'en déduis que soit vous êtes anxieuse et n'avez pas eu votre compte de sommeil, soit que vous vous posez une hécatombe de questions.
Elle le fixa un instant en essayant d'interpréter l'expression présente dans son regard. Il ne se souciait pas plus que ça de son état et paraissait vouloir une sorte de compte-rendu sur sa soirée plutôt qu'une discussion amicale traitant de son étrangeté qui était cependant sans ambiguïté. Elle préféra ne pas lui faire ce plaisir et se replongea dans son travail en lui balançant une réplique qui lui parut presque sardonique.
Mêlez-vous de ce qui vous regarde au lieu de courir après un fantôme !
Alors ça c'est la meilleure ! Quand je ne vous accorde aucun intérêt vous me méprisez et lorsque je vous témoigne une quelconque sorte d'inquiétude vous vous en fichez !
Parce que je sais que ce n'est qu'un leurre ! Vous espérez me duper pour que je vous dise ce que vous avez envie d'entendre, sauf que je vous connais tellement bien que je ne suis pas tombée dans le panneau ! Dit-elle en relevant une nouvelle fois la tête vers lui.
Ah, alors quand vous serez à deux doigts de faire un anévrisme je resterais fidèle à ce que je suis !
Si vous êtes aussi sincère que vous prétendez l'être, pourquoi est-ce que j'ai l'impression que vous ne voulez que satisfaire votre curiosité ?
Parce que je suis curieux, mais sachez que la curiosité n'a pas que du mauvais. Répondit-il spontanément.
La jeune femme ne dit rien et se contenta de le toiser sans pour autant pouvoir lire avec exactitude ce qui résidait au fond de ses yeux, un peu comme si elle ne parvenait pas à distinguer le fond d'une rivière, faite d'eau trouble presque opaque. Il l'observa quelques secondes avant de faire demi-tour et s'arrêta, main sur la poignée.
Vous ne poursuivez pas la bonne personne, Cuddy.
Il lui jeta un regard alambiqué et sortit de son bureau. Perplexe, elle soupira de lassitude et se laissa tomber sur le dossier de sa chaise. Qu'est-ce qu'il avait encore inventé pour la rendre indécise, accablée par ses propres actes ? Quoique sur ce dernier point, elle n'avait pas eu besoin de lui… C'était sûrement une de ses ruses pour parvenir à ses fins. Et si c'était autre chose, une sorte de… De quoi ? Proposition ? Si c'était le cas, c'était sacrément tiré par les cheveux et elle s'intima de ne pas trop y croire. Ce qui sous-entendait le fait qu'elle avait pensé faire le contraire…
S'étant replongée dans ses occupations, la Doyenne sursauta en entendant frapper à la porte ; il s'agissait de Benoît. C'est pas vrai, se disait-elle. Avec tout ça, elle l'avait complètement oublié. Se tenant devant elle, il l'observa avec des yeux pétillants. La gorge nouée, elle ne savait pas trop quoi lui dire, ou plutôt comment le lui dire. C'était très clair dans sa tête mais elle ne savait pas vraiment comment tourner les choses pour ne pas qu'elles soient dites trop crûment. Et alors qu'il avait engagé la conversation et lui avait fait part du stress qu'il avait pu relever dans son attitude, elle chercha ses mots pour lui annoncer certainement l'une des choses les plus dures à entendre.
Écoute, pour ce qui s'est passé entre nous…Commença-t-elle avant de soupirer. Je m'en veux de t'avoir laissé sous-entendre des choses, mais je ne veux pas que tu te fasses des idées. Acheva-t-elle, le regard ancré au sien.
C'est parce qu'il y a quelqu'un d'autre ?
… Pas vraiment. Admit-elle en toute franchise après un court instant. Ma vie est loin d'être simple. J'avais un peu bu, j'étais fatiguée et je me sentais…
C'est bon, tu n'as pas à te justifier. L'interrompit-il. C'est peut-être mieux comme ça après tout.
Ne sachant quoi dire de plus, elle le regardait comme si elle n'arrivait plus à en détacher les yeux. La tristesse qu'elle lut sur son visage s'effaça pour laisser place à de l'assurance, plus caractéristique chez lui.
Je dois rentrer à New York.
Et quand penses-tu revenir par ici ?
Je ne sais pas, mais je te tiendrai au courant.
Elle acquiesça et il fit un pas de plus en sa direction, ce qui ne l'offusqua en rien.
Alors, à la prochaine et… Prends soin de toi, Lisa. Recommanda-t-il avec un léger sourire.
Ne t'en fait pas pour ça. Le rassura-t-elle en lui rendant son sourire.
Il l'embrassa d'une manière plus amicale qu'il n'avait voulu le faire dans la matinée et déposa sur elle un dernier regard appréciateur avant de sortir de son bureau et, par la même occasion, de son quotidien pendant un laps de temps. Se rasseyant derrière son bureau, elle avait la conscience plus tranquille et l'esprit moins encombré. Elle s'était imaginée pire situation que celle-ci et, de ce fait, se sentait d'autant plus soulagée par la finalité de cette histoire. Même si cette révélation l'avait attristé, il avait plutôt bien accepté son choix et l'important était qu'ils restaient amis. Après de vagues pensées, la jeune femme se replongea dans son interminable paperasse administrative en laissant de côté sa vie personnelle, du moins pour un temps.
Un soir, alors qu'elle rentrait chez elle après avoir fait le nécessaire auprès de ses obligations professionnelles, elle fut d'abord surprise puis devint excédée par la suite en découvrant son diagnosticien faire face à son domicile. Lorsqu'elle descendit de sa voiture, il jeta sur elle des regards alanguis et quelque peu provocateurs. Bien qu'elle tentait de ne pas prêter attention à ses œillades, ses joues commençaient sérieusement à prendre une teinte pourpre qui décrocha un sourire satisfait de la part de l'homme. Sentant son regard posé sur sa personne, elle ne fut pas étonnée de voir qu'il la reluquait avec un certain acharnement quand elle lui fit face.
Vous avez perdu votre chemin ?
Tout dépend de votre réponse.
Qu'est-ce que vous me voulez encore ?
Ah, si vous pouviez exaucer mes rêves les plus fous !
Bah tiens ! Je ne suis pas votre gourou alors laissez-moi tranquille !
Après avoir trifouillé dans son sac pour en retirer ses clés, elle inséra la bonne dans la serrure et avait l'intention d'ouvrir la porte avant qu'il ne la retînt par le bras. La jeune femme fronça les sourcils en signe d'incompréhension tandis que brillait dans ses yeux une lueur d'effroi atténuée par de la stupéfaction, ce qui dans un sens trahissait la manifestation de ses deux arcades sourcilières. Desserrant son étreinte sans pour autant rompre totalement le contact, il se rapprocha d'elle d'un pas assuré sans perdre de vue ses deux orbes bleu grisées. Prise à la fois d'une envie aussi évidente qu'absurde et d'un doute plus que monumental, elle esquiva ses intentions qui de son point de vue n'avaient aucun fondement.
Si vous prévoyez de faire ce que je pense, vous perdez votre temps.
Qui vous dit que je prévois quelque chose ?
A sa question, elle ne trouva rien à lui répondre et ne put soutenir son regard plus longtemps. Avec un semblant de sourire, il la lâcha et sa main effleura la sienne au passage. Sans un mot de plus, il s'éloigna et regagna sa moto garée de l'autre côté de la rue. Une fois sa canne placée prudemment à son emplacement et sa tête étroitement séquestrée dans son casque, il enfourcha l'engin qui se mit à rugir avec force et élégance lorsqu'il s'élança sous l'éclairage d'un croissant de lune et de lampadaires d'un orange mordoré.
TBC…
