Coruscant.

La planète brillait comme une étoile artificielle dans le vide spatial, et pourtant, à l'intérieur de ses entrailles, c'était le monde des ombres et des murmures mécaniques. Rien ne respirait ici. Tout s'étouffait dans le métal et le béton.

Illaoï fut immédiatement transférée dans un centre médical de pointe, escortée par Doc et Scourge qui ne lâcha pas un mot. Les meilleurs spécialistes se relayèrent à son chevet. Brûlures profondes, tissus nécrosés, nerfs partiellement détruits… L'analyse était sévère, mais pas totalement désespérée. Une opération expérimentale permit de sauver en partie la mobilité de ses mains. Mais les séquelles resteraient. Sa peau restait fragile, rouge, tendue sur ses phalanges, et chaque mouvement lui rappelait ce que le feu lui avait volé.

Elle était dans sa chambre blanche, trop blanche, silencieuse, à contempler le néant du plafond. Les mains bandées, elle ne touchait plus rien. Pas même son carnet. Pas même sa musique.

Elle ne voulait plus parler.


Dans la salle de conférence, Loewen apparut sur l'écran d'holo-communication. Son visage était encore marqué par la tension, les traits tirés, les yeux trop sombres pour un Jedi. Mais il parlait avec calme. Il allait mieux. Il avait repris les méditations intensives, les entretiens avec les Maîtres de Tython. Kira le soutenait, bien plus qu'il ne l'aurait cru.

Scourge resta silencieux un moment, avant de briser la glace :

« La prochaine fois, ne laisse pas ta douleur parler à ta place. Tu as failli nous perdre tous. Et tu l'as perdue, elle. »

Loewen hocha la tête, honte dans le regard.

« Je sais. Je suis désolé… »

« Ne le sois pas. Sois prêt. Car la prochaine fois, je ne retiendrai pas mes coups. »


Dans sa chambre, Illaoï sombrait doucement. Ses yeux perdaient leur éclat. Elle ne supportait pas cette immobilité, cette dépendance. Elle ne supportait pas Coruscant, cette planète sans âme. Plus un souffle d'air naturel. Pas une goutte d'eau libre. Elle ne rêvait plus. Elle survivait.

Scourge entra sans frapper.

Il ne dit rien. Il l'observa, longtemps. Trop longtemps.

Et puis, il parla. D'un ton bas, sans artifice.

« Tu ne m'as pas répondu. Mais tu sais déjà ce que je ressens. Tu as vu. Tu m'as entendu. Tu m'as traversé, morceau par morceau. »

Il s'approcha, doucement.

« Tu dis que tu as tout perdu. Que tu n'es plus rien. Mais moi… j'ai tout gagné. Grâce à toi. Je ressens. J'existe. Je suis revenu. Tu es... »

Il s'interrompit. Chercha ses mots.

« …mon point d'ancrage. »

Elle détourna les yeux.

« Et si je ne peux plus guérir ? Si je ne peux plus rien donner ? »

« Alors donne-moi ce que tu as encore. Ta présence. Ton regard. Ta foutue honnêteté. C'est tout ce que je demande. »

Mais elle secoua la tête.

« Je veux partir. D'ici. Je ne peux pas… respirer. J'ai besoin d'eau. D'air. D'un monde vivant. »

Scourge sourit, rare éclat sincère.

« Alors suis-moi. »


Rakataa Prime

La planète s'étendait comme une promesse sous leur regard.

Sable blanc, eau translucide, jungle luxuriante vibrant de vie. Le berceau d'un empire ancien. Un monde chargé d'histoires, mais qui avait su préserver sa beauté sauvage.

Illaoï descendit la rampe du vaisseau, les bandages encore visibles sur ses mains. Elle inspira profondément. L'air était dense, chargé d'humidité et de parfums exotiques. Elle s'avança, pieds nus dans le sable chaud. Ferma les yeux.

Et pour la première fois depuis longtemps, elle sourit.

Scourge restait derrière, bras croisés, l'observant en silence. Il n'avait jamais vu ça. Ce calme. Cette lumière.

T7 roula jusqu'à ses côtés, lâchant quelques bips de contentement.

« T7 : "Mission : Réussie. Priorité : bonheur." »

Le Sith leva un sourcil.

« Je commence à croire que tu es le plus sage d'entre nous, tas de boulons. »

Ils restèrent là, un moment. Juste à regarder.

Et sous les arbres géants, bercée par le chant des insectes et le clapotis de l'eau, Illaoï s'éloigna, une fleur de jungle entre les doigts, ses pas déjà plus assurés.

Elle n'était pas encore guérie.

Mais elle avançait.