Les vagues s'échouaient paresseusement sur les rives nacrées de Rakata Prime. L'air était chaud, mais traversé de courants frais. L'île paraissait suspendue dans un entre-deux, figée dans un calme que seule l'imminence de la guerre pouvait précéder.
Le vaisseau républicain fendit l'atmosphère dans un grondement feutré, se posant doucement sur l'ancienne plateforme de pierre. Les rampes s'abaissèrent, et les silhouettes familières émergèrent dans le soleil doré de l'aube.
Kira, T7, Rusk… et Loewen.
Il avait changé. Son port restait droit, mais quelque chose en lui semblait moins tendu, plus ancré. Il avait affronté ses ténèbres, et s'il ne les avait pas vaincues, il les avait domptées juste assez pour marcher à nouveau sans tomber.
Illaoï les attendait. En retrait, au bord du lagon, vêtue d'une tenue souple, ses cheveux argentés noués en tresse haute. Elle les salua d'un hochement de tête. Leurs regards se croisèrent. Aucun mot n'était nécessaire. Il était temps.
Leowen descendit en dernier. Lorsqu'il vit Illaoï, il ralentit. Son cœur accéléra, mais il n'y avait plus de fièvre dans ses gestes, plus de tempête dans ses yeux. Il s'approcha simplement, la salua avec respect, un éclat doux dans les prunelles.
« Tu es revenue. » « Et toi, tu tiens debout. »
Un sourire, éphémère. Ils s'éloignèrent ensemble quelques pas. Derrière eux, Scourge les observait brièvement. Il ne ressentait plus ni jalousie ni peur. Pas même le besoin de se prouver supérieur. Il savait. Ils savaient tous les deux.
Il rejoignit Loewen peu après, dans une clairière à l'ombre des grands arbres.
« Tu n'es pas un Jedi comme les autres. » « Toi non plus, tu n'es plus un Sith comme les autres. »
Scourge grimaça. L'échange était direct, tranché, mais pas hostile.
« Tu as été brisé, puis recollé. Ce genre de fissure crée des angles tranchants. Tu ferais mieux d'apprendre à t'en servir. »
Loewen hocha la tête. Il savait que Scourge avait raison. Leurs destins étaient liés. Il ne lui fallait plus nier sa colère, mais apprendre à ne plus en être esclave.
Les jours suivants furent rythmés par l'entraînement.
Illaoï menait sa propre guerre. Non pas contre les autres, mais contre elle-même.
L'eau, elle la sentait couler en elle comme une symphonie familière, obéissante, douce, mais puissante. Elle n'avait jamais perdu le lien. Elle dansait sur les flots comme une prêtresse d'un culte ancien.
L'air l'enveloppait comme un ami d'enfance. Elle jouait avec les courants, apprenait à bondir, voler, se déplacer avec une vitesse imprévisible. Une brise devenait une caresse. Une bourrasque, une gifle.
La terre, elle, résistait. Elle ne vibrait pas encore sous ses pas. Elle s'effritait, butait. Alors elle s'acharna, chercha à comprendre. C'était un élément lent, patient, rude et profond. Elle apprenait l'humilité par sa rudesse.
Mais c'est le feu qu'elle redoutait. Celui qui consumait sans prévenir. Celui qui criait vengeance, douleur, passion.
Elle revint, seule, sur les hauteurs volcaniques de l'île, là où les geysers souterrains faisaient trembler la roche. Là, elle médita. Elle se souvint de la voix de Déréos, des conseils de Scourge, des mots sans fioritures de T7. Et elle ne chercha plus à l'enfermer. Elle l'écouta.
Je ne suis pas ton ennemi.
Je suis ton cri, ton instinct, ton besoin de vivre. Mais je ne suis qu'un outil.
Tu es la voix. Tu es le choix.
Elle ouvrit les yeux. La lave ne l'effrayait plus. Elle tendit la main. Le feu se lova autour d'elle, comme un animal apprivoisé.
À la tombée de la nuit, tous se réunirent au bord du lagon.
Leowen méditait. Kira et Rusk vérifiaient l'arsenal. Doc… râlait parce que personne n'avait pensé à son dos. T7 enregistrait chaque instant. Et Scourge, en retrait, observait Illaoï revenir à eux.
Elle s'avança. Ses mains étaient bandées, mais dans ses yeux brillait une lumière que même la douleur ne pouvait plus éteindre.
« Je suis prête. »
Elle ne criait pas. Elle ne cherchait pas à convaincre. Elle était.
Le calme avant la guerre. L'harmonie avant la dissonance.
La dernière bataille approchait.
