Tython célébrait. Les voiles s'agitaient aux vents, les tambours résonnaient dans les temples. Les plus jeunes Jedi dansaient dans les cours intérieures, sabres d'entraînement à la main, imitant un héros à la cicatrice sur la joue, celui qui avait défié la nuit.
Leowen marchait à travers les jardins suspendus, calme et droit, acclamé par des maîtres, salué par des enfants. Sa silhouette, jadis celle d'un jeune homme incertain, s'était ancrée dans la terre. Il était devenu pilier. Pas seulement de l'Ordre. Mais d'un nouvel espoir.
Le Conseil lui offrit un siège. Il l'accepta, sans fierté ni orgueil. Seulement une idée en tête : réconcilier l'ombre et la lumière. Il savait que l'émotion n'était pas l'ennemi. L'attachement, pas une faille. Il porterait en silence les cicatrices du cœur, mais les porterait avec fierté. Comme un rappel que la Force doit être vivante. Sentie. Humaine.
Scourge se tenait à l'écart. Il supportait difficilement les honneurs. Il avait été une arme. Une tempête de muscle et de colère. Un outil forgé dans la haine, aiguisé par les siècles.
Et pourtant, il était encore là.
Libre.
Il avait sauvé plus que des vies. Il avait aimé. Il avait appris à ressentir, à craindre la perte, à espérer un futur. Et ça… c'était un putain de miracle.
Il leva les yeux vers le ciel nocturne.
Un astre brillait plus fort que les autres. Rakata Prime. Là-bas, elle l'attendait peut-être.
Ou pas.
Mais il s'en fichait. Il avait encore un chemin à tracer.
Elle, justement, était partie.
Loin des louanges, loin des médailles.
Illaoï, dans sa robe pâle, les pieds nus dans le sable de Rakata, fixait l'horizon. Kira à ses côtés, silencieuse, respectueuse.
Un temple oublié se dressait derrière elles, tordu par le temps. Et dans ses profondeurs, la Fille de la Force attendait.
— « Tu veux vraiment cela ? » demanda la voix ancienne, douce et grave.
Illaoï hocha la tête.
— « J'ai combattu. J'ai aimé. J'ai eu peur. J'ai donné. J'ai perdu. Je suis entière, maintenant. Et je veux vivre. Juste vivre. »
La fille de la Force toucha son front, et un halo pâle l'enveloppa.
Les éléments se turent en elle. Comme une mer calme après l'orage.
Elle sentit le vent, la chaleur du soleil, la douceur de la pluie. Et tout cela sans qu'ils ne soient à ses ordres.
Un cadeau, à présent rendu.
Elle retourna auprès de Kira, le regard paisible. Elle n'avait plus de sabre. Plus de pouvoirs. Mais tout l'univers en elle.
Et sous sa main, son ventre rond vibra d'un frisson à peine perceptible.
— « Tu crois que je serai une bonne mère ? » demanda-t-elle dans un murmure.
— « Tu seras... ce que personne d'autre ne pourra jamais être, » répondit Kira, en l'enlaçant.
Loin dans les étoiles, la Force elle-même se tut un instant.
Pas pour s'endormir. Mais pour écouter.
Car les batailles les plus grandes laissent parfois place à une paix sans mots.
Et dans ce silence naquit un monde neuf.
Un monde avec des chants, des pleurs, des rires… et des regards enfin sans haine.
