Le ciel de Rakata Prime s'étirait comme un voile de soie au-dessus des lagons limpides.
Les rires des enfants résonnaient dans l'air tiède du crépuscule. Deux petites silhouettes dévalaient les rochers polis par les vents et le sel, leurs pieds nus foulant l'herbe souple, leur peau rougeoyante vibrante sous la lumière dorée du couchant.
Des yeux d'eau, limpides, d'un turquoise incandescent, les trahissaient comme ceux d'Illaoï.
Un héritage... mêlé.
À la croisée des ombres et de la lumière. De la guerre et de la paix.
Assise sous un arbre au feuillage opalescent, elle les regardait.
Un sourire doux sur les lèvres. Les mains posées sur son ventre arrondi.
Un souffle, une promesse, un monde en devenir.
Elle leva les yeux vers la silhouette qui s'approchait.
Massif, impassible, l'ombre rouge aux tendrils ornés d'anneaux s'immobilisa à ses côtés. Ses yeux ne reflétaient plus la violence des siècles passés, mais une force tranquille, et un amour puissant.
Il s'agenouilla devant elle, dans le sable chaud, et prit sa main.
Un nouvel anneau y fut glissé, à côté de l'ancien, gravé de runes oubliées.
Pas une demande. Pas un discours.
Un acte.
Simple. Solennel. Sans prétention.
Elle baissa les yeux vers leurs enfants, toujours en train de jouer.
— « Tu sais, » dit-elle d'une voix paisible, « ils me demandent souvent ce que nous étions avant. »
— « Et tu leur réponds quoi ? » souffla-t-il.
Elle le regarda, un sourire tendre au coin des lèvres :
— « Que nous étions seuls. Que nous étions brisés. Que nous étions forts. Mais qu'au fond, nous ne savions rien… jusqu'à ce que la vie nous apprenne à aimer. »
Il ne répondit rien.
Ses bras vinrent entourer son dos, l'aidant à se relever doucement. Ils marchèrent lentement vers la maison blanche perchée sur la falaise, bercés par le chant lointain de la mer.
Plus de guerre.
Plus de fardeaux.
Plus de prophéties à accomplir.
Seulement l'écho des rires d'enfants.
Et un futur construit, non plus sur les cendres d'hier, mais sur les racines profondes d'un amour choisi, libre, et absolu.
FIN