La rumeur avait très vite circulé dans la base militaire. Certains criaient de joie, d'autres étaient extrêmement silencieux d'apprendre la mort de Solus. Anne ne pouvait pas retenir ses larmes en apprenant la mauvaise nouvelle venant de Bonanza, sa partenaire. Elle donna un coup de poing dans un mur qui se fissura légèrement. Elle était furieuse contre ses collègues ayant participé à l'opération et surtout contre son patron qui avait imaginé ce plan ignoble ! Elle partit immédiatement pour Vellie avant qu'elle ne commette l'irréparable envers son chef. Mais avant, elle retirait chapeau et uniforme pour une tenue de civile. Chemise et pantalon vert kaki et discret suffisaient.

À l'école, les élèves étaient soulagés que Solus ne soit plus là. Eux ne pouvaient pas comprendre parce qu'ils avaient peur. Strix leur rappela qu'il avait été un excellent élève et qu'il ne faut jamais l'oublier, il leur rappela aussi de ne pas souiller le deuil en se moquant ou en insultant l'harfang des neiges au risque d'avoir une sanction très sévère.

- Je vous rappelle aussi que sans lui, ajouta-t-il, notre planète n'aurait pas été restaurée et qu'elle serait détruite à l'heure qu'il est. Alors respectez sa mémoire !

- Compris, monsieur..., disaient les élèves, penauds.

Après les cours, Fib et Bonacci décidèrent d'aller voir chez Solus s'il avait déjà été enterré. Ils avaient trouvé facilement sa tombe derrière la maison.

Un silence de recueillement régnait. Bonacci se confiait à son amie.

- Dis, Fib... Je me sens mal d'être méchant envers lui... Mais je me sens surtout mal pour ses parents...

- Oui, pareille...

Il eut, par la suite, une idée.

- On peut peut-être aller voir ses parents et manifester notre soutien à eux pour leur fils, non?

- Je ne sais pas... Le connaissant, Solus a dû se plaindre plusieurs fois auprès d'eux parce qu'on l'avait embêté... Jamais ils nous laisseront entrer...

- Mais essayons! Tu ne vois pas dans quel état nous sommes quand on a appris la nouvelle? On n'avait même pas le cœur à rigoler tellement on se sentait mal. On n'est pas malpoli avec eux, non?

- Hmmm... D'accord, essayons... Mais je préfère ne pas entrer si jamais on croisait Otus. La colère qu'il avait eue, tout à l'heure, la vache!

Fib toqua à la porte de l'habitation après un moment d'hésitation avec Bonacci. Hedwige leur ouvrait, c'est la jeune fille chouette qui parla.

- Bonjour m'dame, on a appris la triste nouvelle et on est désolés pour ce qui est arrivé à Solus... Nos condoléances...

Le duo était sincère dans leurs propos.

- Merci, c'est très gentil à vous d'avoir pensé à nous, les enfants...

Hedwige s'essuya les yeux pendant qu'elle parlait.

- Vous voulez quelque chose ? lui demandait Bonacci. Si ce n'est pas le cas, n'hésitez pas. On est là pour ça.

- C'est très gentil, Bonacci, mais malheureusement, mon mari et moi, on est en plein deuil et on a besoin d'être seuls pendant un moment encore... Merci quand même.

- Comme je l'ai dit, n'hésitez pas. Bonne journée, m'dame. Et encore, nos condoléances.

- Bonne journée à vous aussi les enfants... Au revoir.

- Au revoir, m'dame.

Elle ferma ensuite la porte. Le duo, avant de partir, retourna sur la tombe de Solus pour se recueillir encore un peu mais aussi pour lui parler. Fib commença son petit discours la première.

- Solus... On est vraiment désolés pour tout ce qu'on t'a fait durant toutes ces années à l'école... Pardon... On était vraiment trop bêtes... Et on l'est encore en y repensant...

Vint ensuite Bonacci.

- Et on l'est là maintenant quand on y pense... Vraiment... Pardon... J'avoue qu'on s'était bien amusés quand on était à la Tour Ancestrale, c'était marrant. Le coup du cache-cache grandeur nature était bien trouvé ! Ta méthode pour nous faire peur était très efficace. Et puis... Tu n'étais pas si faible finalement... Tu nous l'a montré lorsque tu t'es transformé en dragon devant nous... Tu étais vraiment à fond dans ton instinct de chasseur et...

Fib lui tapota l'épaule pour lui indiquer quelque chose là où il y avait la fleur bourgeonnante, elle était en train d'éclore !

- Ooooh...

Les pétales qui se présentaient brillaient d'un bleu magnifique, Fib s'approcha pour la regarder de plus près.

- Elle est vraiment belle, cette fleur.

- Fib ! paniqua Bonacci. T'es folle de marcher sur sa tombe ! R-Reviens !

- Attends, je veux juste la regarder de plus près.

Elle la regarda.

- Si Solus était là, il aurait été fasciné par cette plante, c'est sûr !

- Mais... il est juste sous tes pieds ! Reviens, je te dis !

Pendant ce temps, Anne était arrivée, en civile, à Vellie et se dirigea vers la résidence des harfangs des neiges tout en réfléchissant avec précaution à ce qu'elle va dire aux parents endeuillés.

- Tiens, eut l'idée Fib, on va l'appeler la Solus en sa mémoire ! Elle ne ressemble à aucune fleur connue.

- Oui mais reviens, s'il te plait ! Je ne me sens pas à l'aise que tu marches sur sa tombe !

- Bon d'accord, d'accord..., se tourna-t-elle vers son ami. Je reviens... Pff... T'es vraiment peureux ma parole... On n'est pas en Octobre, à Halloween, à ce que je sache ? On est encore au printemps... Il ne va pas revenir à la v-...

Au moment où elle fit quelques pas pendant qu'elle parlait, Fib sentit que le sol se soulevait sous ses pieds.

- Hm ?

Puis soudain...

- AAAAAAAAH !

Fib fut envoyée dans les airs en même temps que des morceaux de terre retournée, elle put se rattraper en volant grâce à sa cape chouette. Bonacci, lui, était tétanisé par ce qu'il voyait.

Réveillé comme s'il avait dormi pendant longtemps (alors que ça ne faisait que quelques heures), Solus était revenu à la vie. Il avait cette mystérieuse fleur bleue sur sa tête, les racines étaient plantées dans ses bras, dans son dos et ainsi qu'au niveau de sa poitrine, là où il y avait le cœur, se mêlant aux vaisseaux sanguins. Les racines se rétractaient mais la fleur en question ne fânait pas, elle était restée sur le crâne de la chouette, toujours brillante de wakfu, prête à être cueillie. Quand sa famille l'avait enterré, on lui avait retiré ses vêtements, Solus était en petite tenue (sans que ça soit explicite) mais sa transformation avait continué son processus là où elle s'était arrêtée mais quelque chose était différent. Ses caractéristiques draconiques s'étaient comme... légèrement accentuées.

Il baillait et s'étirait. Il faisait coucou à Bonacci en le voyant. Ce dernier s'était évanoui après avoir hurlé «AU SECOURS ! UN REVENANT !». Solus n'avait pas compris, il haussait les épaules. Il sortit ensuite de terre. Au lieu d'être dans les deux mètres vingt, comme à l'habitude lorsqu'il se transformait en dragon bipède, il faisait trois mètres. Solus s'en apercevait alors il se rapetissait un peu. Il regardait ses avant-bras et torse, comprenant qu'il était à plume, il était intrigué que des épines couleur wakfu s'étaient ajoutés au niveau de ses coudes et un peu à l'arrière de ses avant-bras, ça n'y était pas avant et il était 100% sûr ! Il se toucha la tête, d'autres épines étaient présentes sur les coins de sa mâchoire et sur son crâne comme s'il avait été soufflé par un vent extrêmement violent.

«Attends... c'est des épines que je sens ? Oh... Bof, ça ne change rien tant que je peux redevenir normal...»

En effet, c'était à cause des épines et des racines de la fleur qui faisait cet effet au touché.

De sa bouche, un liquide transparent ressemblant presque à de l'eau en sortit. C'était le liquide léthale. Le corps de Solus l'avait complètement rejeté. Il ressentit une violente douleur due à l'irrigation de son cerveau.

«Argh... Il s'est passé quoi ?»

Il aperçut une pancarte et la lut. C'était sa pancarte tombale !

«J'étais mort ?! Oh non... Pauvres papa et maman...»

Il fut tiré de ses pensées par Fib qui l'interpella depuis le ciel.

- Hé, Solus ! C'était comment là-haut ?

- Hm ? Eh bien... Je n'en ai aucune idée.

«En vérité, j'ai vu quelque chose.»

- Il n'y avait rien ?! C'est nul... et j'ai peur. En tout cas, bienvenue parmi nous, Solus !

Elle redescendit vers la terre ferme pour prendre Bonacci avec difficulté et s'en alla avec lui.

Solus reprit son apparence normal assez facilement mais était en petite tenue (encore...) comme dit plus tôt ! À l'abri du regard des "spectateurs", il se cacha les parties intimes avec le livre de Noctae qu'il avait retrouvé et la pancarte en le tenant à l'envers après avoir vérifié qu'il était compètement normal. Il était pareil en normal que les autres fois, juste que sa transformation avait évolué. En retirant un peu de terre qu'il avait sur la tête, il avait senti cette fleur qu'il avait sur le crâne, il put la cueillir sans crainte (malgré qu'il ait peur d'avoir mal en la cueillant).

Naturellement, il rentra chez lui, il toqua d'abord à la porte. Au même moment, Anne était arrivée et elle ne crût pas ses yeux, pensant à une plaisanterie.

- Solus ?! C'est bien toi ?!

Étant de dos, il tourna sa tête en entendant une voix familière. Comme c'était une chouette, il pouvait tourner sa tête à 180° contrairement aux humains qui ne peuvent que tourner leur tête à 45°.

- Anne ?

La jeune femme se précipita vers lui pour lui faire un câlin assez serré, en larmes et soulagée.

- ESPÈCE D'IDIOT ! TU M'AS FICHU UNE DE CES TROUILLES ! J'AI CRU QUE TU ÉTAIS VRAIMENT MORT !

- J-Je l'étais, Anne ! Regarde, j'ai ce panneau et je suis recouvert de terre ! E-Et je suis en petite tenue ! J'étais sorti d'une tombe que mes parents m'ont faite ! Derrière la maison !

- Une tombe, tu dis ?

Elle reposa l'harfang des neiges et alla en courant vers l'arrière de la maison et effectivement, la terre était retournée, un trou s'y présentait, elle revint rapidement vers Solus.

La porte s'ouvrit et, à son tour, Hedwige prit Solus dans ses bras et éclata en sanglot, soulagée elle aussi. Elle le reconnut puisqu'il était recouvert de terre et elle ne se posait même pas la question, son instinct de mère avait parlé.

- Hélios ! HÉLIOS ! criait-elle en rentrant dans la maison avec son fils dans ses bras, accompagnés d'Anne. Regarde qui est revenu à la vie !

Le père de famille sursautait, ne croyant pas ses yeux aussi.

- PAR LES CHOUETTES ANCESTRALES ! SOLUS !

Il se précipita lui aussi vers son fils pour lui faire un câlin, ne prêtant pas attention à son état. Le couple pleurait, extrêmement soulagé d'avoir retrouvé leur fils.

- A-Arrêtez ! Si vous continuez à m-me serrer comme ça, j-je vais mourir encore une fois !

Ils désserraient leur étreinte. Ils ne s'apercevaient que maintenant de l'état de Solus.

- Oups ! faisait Hedwige. C'est vrai qu'on a retiré tes habits pour ton enterrement mais ne t'inquiètes pas, on les a gardés, tu vas pouvoir les remettre... à condition que tu prennes un bain.

- J'y compte bien... Tiens, m'man, j'avais cette fleur sur la tête.

Il lui donna la plante avec ces racines encore intactes qu'elle accepta comme un cadeau de résurrection puis il alla prendre son bain.

Quelques minutes plus tard, Solus était tout propre, d'une blancheur éclatante à son plumage. Et ainsi, il avait pu remettre ses vêtements élastiques sur lui. Otus, tout comme Marcus et Brindille, n'en croyait pas ses yeux en voyant son ami revenu à la vie après être revenu à la maison. Il courut vers lui, en larmes, pour lui faire un câlin, il se retenait de l'embrasser. Marcus pleurait de joie, sa perle rare était de retour! Brindille, lui, fermait ses yeux larmoyants en faisant un câlin avec Otus, soulagé.

- M-Moi aussi, je suis content de vous revoir, les amis ! Je ne pensais jamais revenir !

Solus pleurait à son tour. D'autant plus que dans deux semaines c'était son anniversaire ! Deux semaines, ça va être long pour lui.

- Oh ! s'exclamait-il. J'oubliais que je dois récupérer mes pyjamas chez le Professeur ! Je les lui ai confié afin qu'il les renforce.

- Ah non, Solus ! protesta sa mère en l'attrapant par le col arrière. Tu restes ici ! C'est ton père qui s'en chargera. N'est-ce pas, Hélios ?

- Oui, bien sûr! J'y vais tout de suite! Je reviens tout à l'heure.

Quelques minutes plus tard, Hélios rentrait en rendant les pyjamas à Solus qui était content de les récupérer, il va pouvoir les mettre et se transformer dedans. Otus était tout excité de voir ce que ça allait donner. Le père de famille avait néanmoins un message de la part du Professeur après qu'il lui ai dit que Solus était revenu à la vie.

- QUOI, L'EXIL ? s'exclamait Solus en entendant cette proposition. Mais...

- D'après lui, c'est la seul solution sinon, l'Armée recommencera à vouloir se débarrasser de lui si elle l'apprenait ça.

Hedwige prenait Solus dans ses bras.

- Non, mais, Hélios, ce n'est pas possible ! Je ne veux pas que mon bébé quitte le nid aussi tôt ! C'est impossible ! On vient à peine de le revoir ! NON ! À moins qu'on ne l'accompagne durant son périple !

- Je ne pense pas que cela soit possible, Hedwige. Si l'Armée s'aperçoit qu'on a disparu, ils vont soupçonner quelque chose ! Non, faut que Solus parte seul... ou accompagné de quelqu'un qui puisse l'assister !

- Si vous voulez savoir où je vais, leur indiqua le jeune garçon harfang des neiges, je serai à la Tour Ancestrale. Il y a tout ce qu'il faut là-bas... Et puis... Certains disent qu'elle est hantée donc...

Otus faisait les gros yeux. Maintenant il s'imaginait que c'était hanté par les Chouettes Ancestrales ! D'abord la porte qui s'ouvre toute seule, ensuite, l'ambiance... puis les hologrammes qui connaissent son nom d'après la théorie de la Boucle...

- Non, non ! Ne t'inquiètes pas, Otus ! Ce n'est qu'une rumeur, les gens y croient alors ils n'osent même pas. Les gens... sauf les soldats... Ils ont cassé les fenêtres là-bas...

- En tout cas, si jamais tu changes de région, là où on ne connaît pas, en cas où il y aurait un souci, Solus, n'oublies pas de nous prévenir...

- Mais oui, m'man ! Ne t'inquiètes pas !

- Tu veux qu'Otus t'accompagne ?

Celui-ci lança un regard noir à la mère de Solus et bouda.

- Je crois que tu nous l'a vexé, m'man..., devina-t-il.

- Oooh... Pardon, Otus. C'est vrai que t'es son seul véritable ami.

Il accepta ses excuses. Solus accepta pour qu'Otus l'accompagne mais qu'il reste avec lui durant son exil.

- Préviens quand même Asio, qu'il ne s'inquiète pas.

Otus hochait la tête pour dire de ne pas s'en soucier, il le fera.

Hedwige eut un petit sursaut.

- Mais... vous avez oublié que dans deux semaines, c'est l'anniversaire de Solus, il ne doit pas partir tout de suite ! Pas tant qu'on le fête en famille avant son départ !

- N'oubliez pas qu'il y a nous, leur rappela Anne, ses amis.

- Ah oui, la famille et les amis... Oh, tiens, bonjour, mademoiselle ! On s'était déjà vues, non ?

- En effet. Anne.

- Oh, Anne ! Je ne vous avais presque pas reconnue dans cette tenue ! Vous allez bien ?

- Comme vous voyez, lui sourit-elle, ma jambe va mieux.

Elle se tenait vraiment bien sur ses deux jambes. Elle aperçut, parmi les personnes dans la pièce, un visage familier.

- Marcus ?

Elle ne l'avait pas reconnu dans ces habits de civil mais elle le reconnaissait dans sa posture de garçon timide.

- A-Anne ?

- Eh bien, c'était dans cette maison durant tout ce temps que tu étais là ? À la base militaire, on était super-inquiets pour toi.

- Ça m'étonnerait. Personne, à part toi, Anne, ne m'apprécie...

- Tu dis ça parce qu'ils savent que t'es gay ? Ignore-les, c'est des idiots. Moi je t'apprécie comme tu es.

- Bravo, Anne, la félicita Hedwige. Voilà une jeune fille qui soutient ses amis différents ou non. Ça c'est bien !

Solus avait eu le sourire, dans sa tête, il félicitait sa mère.

«Bravo, m'man ! Belle ouverture d'esprit !»

La mère de famille vaqua à ses occupations dans la joie et la bonne humeur. Une fois les oreilles indiscrètes parties, Anne murmura à Solus.

- J'espère qu'il n'a pas été trop... tactile avec toi. Quand je t'ai vu te transformer, j'avais directement pensé à Marcus que ça pouvait lui plaire de te voir en pleine transformation. Il a un fantasme assez spécial.

- Oui, je sais, lui souriait-il. Je l-lui en ai profité deux fois t-tout en lui rappelant la règle de se g-gérer autrement... SCROUTCH !

Il mimait un écrasement avec ses deux mains.

- Ah je vois. Non, ne t'inquiètes pas, jamais il n'ose s'en prendre aux ados ni aux enfants.

- Je sais mais en me voyant et en me... lorsque je me transforme, j'ai peur qu'il aille trop loin...

- Hé, je vous entends hein! les prévenait-il. Je sais me contrôler!

- Ça dépend comment, le taquina Solus, mon joli.

Il regarda ensuite Anne.

- I-Il masse très bien les épaules en plus. C'est pour ça que je l'ai p-pris. Je ne voulais pas réellement l'enlever, il déteste l'Armée, c'est j-juste un heureux hasard.

- Je vois ça !