CHAPITRE 26
La vie suivait son cours sur la Cité et l'échéance arrivait à son terme pour Andréa, qui s'affairait à boucler sa valise. Elle était assise sur son lit et regardait une dernière fois le paysage par la fenêtre. Evan venait d'arriver devant sa porte ouverte et il avait marqué un temps d'arrêt pour l'observer. Ils avaient passé des mois à se tourner autour et tous ces moments lui revenaient en mémoire. Il avait eu un pincement au cœur en voyant sa valise sur le lit. Il avait tellement envie de la serrer dans ses bras, lui dire qu'elle faisait une erreur, mais il savait que ce n'était pas une bonne idée, alors il s'était simplement éclairci la gorge. «Salut.». La physicienne n'avait pas attendu avant de se lever. «Alors ça y est, c'est fini!?».
Elle se sentait triste et contente à la fois. Après tout, c'était sa décision et il fallait maintenant qu'elle l'assume pleinement. «Radek a prévu que l'on se retrouve tous ensemble ce soir, au mess.». Connaissant le Tchèque, elle n'était pas étonnée. Andréa savait que cela n'allait pas être facile, d'autant plus qu'elle détestait les adieux. Les derniers jours avaient été plus agréables à vivre maintenant qu'Evan et elle, avaient mis les choses au clair. Il n'y avait plus d'ambigüité et c'était mieux comme ça. « On n'a jamais eu le bon timing hein ?».
«Le destin cherche peut-être à nous éviter de faire une bêtise après tout …». Il y avait peu de chance pour qu'ils se revoient par la suite, sauf si Evan comptait démissionner, mais il était marié à son travail et il aurait donné sa vie pour lui, alors ils savaient tous les deux ce que cela signifiait. «Je crois plutôt qu'on s'y est mal pris, mais c'est comme ça.». Andréa détestait les adieux et le silence qui régnait la mettait mal à l'aise. Même si elle avait eu du temps les jours passés, elle ne s'était pas préparée à lui dire au revoir. «Tu vas me manquer quand même.».
Evan aurait pu mourir sur place en voyant son sourire et il était prêt à tout pour revivre l'époque pas si lointaine où ils partageaient tout. «Est-ce que ça veut dire que j'ai le droit à un câlin ?». Son rire les avait détendus, pour laisser place à la taquinerie. «Est-ce que tu le mérites ?». Le militaire aimait bien quand elle le chambrait, cela lui rappelait le temps où ils arrivaient à rire de tout. «Pour t'avoir supporté depuis que tu es là, je pense que c'est plutôt à moi de te poser la question.». Andréa avait soufflé en écartant grossièrement les bras, comme si elle n'avait pas le choix.
L'étreinte était interminable et aucun d'eux deux ne voulaient se séparer de l'autre. «Comment on en est arrivé là ?». Evan avait décelé de la nostalgie dans sa voix et son sérieux l'avait laissé songeur. «Je veux dire, comment on a pu nous aimer autant que d'en arriver à se détester.». Il s'était reculé sans la lâcher, jusqu'à croiser son regard. «Je ne t'ai jamais détestée voyons ! J'ai juste été déçu… C'est ce que tu as ressenti ?». Elle avait hésité à répondre, mais sa franchise avait pris le dessus sur sa peur de le blesser. «Je crois que oui… J'étais en colère et je t'en voulais… mais maintenant que je m'en vais, je me fiche de tout ça et je veux juste passer une bonne journée, sans prise de tête.».
Evan s'était contenté de sourire à cette réponse qui lui allait parfaitement. «Ok, j'espère qu'ils t'ont donné ton après-midi parce que j'ai une petite idée.». Elle connaissait ce sourire mais elle n'arrivait pas à jauger le degré d'ironie qui en émanait. « Tu as combien de temps devant toi ?». Son visage s'était illuminé en comprenant ce qu'il essayait de faire. «Je ne sais pas pourquoi mais je sens que je vais regretter… ». Evan s'était reculé, se tenant prêt à partir, avant de lui demander de lui accorder une heure de son temps. Elle n'avait rien à perdre, alors elle avait accepté en sachant que cela lui ferait plaisir. « Rejoins-moi au hangar à Jumper dans quinze minutes.». Elle le regardait s'éloigner en se demandant ce qui l'attendait.
Andréa avait attendu quelques minutes devant un Jumper, avant d'apercevoir Evan se diriger vers elle. Il était passé devant elle en souriant et l'invita à le suivre jusqu'à l'arrière d'un Jumper. «Après toi, copilote.». La physicienne s'était installée sur le siège avant et s'était retournée vers lui en fronçant les sourcils. «Ou est-ce qu'on va?». Il n'avait rien dévoilé de leur destination et il s'était contenté de lui dire qu'ils allaient juste faire un tour.
«Et Carter t'a autorisée à partir, juste comme ça? ». La porte arrière de l'appareil s'était refermée et Evan avait pris place aux commandes. «Disons que je lui ai dit que tu avais détecter une anomalie sur ton radar et que nous devions aller voir ce qu'il en est.». Elle avait rigolé en imaginant la scène. «Mon radar ? Et elle t'a cru?». Il s'était tourné vers elle en essayant de garder son sérieux. «Tu peux ajouter menteur à ton palmarès.».
Evan avait secoué la tête en souriant, avant de faire décoller l'appareil. Andréa n'avait pas dit un mot et regardait l'océan en contrebas. Ils avaient survolé la Cité pendant un long moment, jusqu'à ce qu'elle aperçoive un morceau de Terre excentré, flottant au beau milieu de l'étendue d'eau salée. Elle avait eu la confirmation de leur point de chute, lorsque l'appareil avait entamé une descente. «Comment tu connais cet endroit ?». Il lui avait souri en lui disant qu'il avait ses petits secrets, mais elle avait compris. «Radek ?». Un simple hochement de tête lui avait confirmé ses doutes.
Ils étaient descendus du Jumper et Evan l'avait invitée à la suivre. Il ne faisait ni trop chaud, ni trop froid, alors ils avaient décidé de s'assoir l'un à côté de l'autre sur le sable. Le paysage ressemblait à une plage typiquement Terrienne et Andréa se sentait bien. «Tu viens souvent ici ?». Il lui avait avoué qu'il s'y rendait régulièrement depuis son accident. Il se sentait comme à la maison et cette image de carte postale le ressourçait. Andréa appréciait l'attention qu'il avait eu pour elle, malgré leur passé. «Merci.». Même si le temps paraissait s'être arrêté, ils étaient resté un moment à contempler l'océan, jusqu'à ce qu'ils ne réalisent que cela faisait plus d'une heure qu'ils étaient partis.
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Lorsqu'il avait passé les portes du mess, Evan s'était étonné d'entendre autant de bruit. Il était en retard, mais il restait encore beaucoup de monde. Ce qui dénotait étaient les rire d'Andréa et de Reed, et en s'approchant, il avait tout de suite compris que la soirée avait commencée plus tôt pour certains. Le Lieutenant Reed l'avait joyeusement interpellé, l'invitant à les rejoindre pour une partie d'action/vérité. À titre exceptionnel, il n'allait pas relever le fait que la moitié des membres présents, avaient un coup dans le nez.
Andréa était en bout de table, là où Evan avait l'habitude de s'assoir. Le militaire n'allait rien dire, conscient qu'il s'agissait de sa dernière soirée. Reed était d'humeur taquin, alors en voyant que son supérieur était de la partie, il avait posé à la physicienne, la fameuse question qui définissait parfaitement le jeu. «Action ou vérité ?». Étant trop fatiguée pour faire de nouveau trois tours du mess en courant, elle avait choisi vérité. «As-tu déjà flirté avec une personne d'une autre planète ?».
Elle avait souri en secouant vivement la tête. Reed avait pouffé en lui rappelant que la Terre était une planète différente de celle où ils se tenaient actuellement. La jeune femme n'avait pas eu d'autre choix que de boire cul-sec le shooter qui était devant elle. Reed s'était tourné vers son supérieur, à qui l'on venait de déposer la même boisson sous ses yeux, et lui avait posé la même question. «Si vous parlez du jour où la Reine d'un vaisseau ruche a essayée de me tuer, je ne l'ai pas associé à du flirt, Lieutenant.»
Le tour s'était rapidement terminé, tout comme les deux bouteilles de liqueurs Athosiennes, englouties par les perdants. La salle s'était rapidement vidée et il ne restait plus grand monde. La physicienne avait réussi à se tenir lorsqu'on l'avait saluée, mais elle était contente de ne plus avoir à faire bonne figure, parce que l'alcool commençait à lui monter à la tête. Andréa avait de nouveau choisi vérité. «Citez une personne autour de cette table avec qui vous seriez obligés de vivre sur une île déserte.».
Elle s'était affalée sur la table pour s'emparer de la carte que Liam tenait dans ses mains. «Quoi? Tu viens de l'inventer !». Il avait ricané en tenant fermement la carte, ce qui avait mis Andréa sur la piste. Il ne restait plus grand monde, mais elle avait soufflé en jetant un rapide coup d'œil sur chaque personne encore présente. Ne sachant pas quoi répondre, elle avait quand même hésité jusqu'à ce qu'elle ne s'arrête sur Evan.«Pour être sûre de survivre, je prendrais le plus haut gradé.».
Ils avaient tous rigolés en voyant leur supérieur rougir. Evan n'avait pas échappé à la règle et il se maitrisait devant ses hommes pour ne pas flancher. Il avait été contraint de boire après les deux dernières questions, et cela commençait à lui chauffer les étiquettes. Il n'avait pas l'habitude de boire de l'alcool fort, et il fallait avouer que la liqueur Athosienne n'avait rien à envier à celle que l'on trouvait sur Terre.
Les heures s'étaient écoulées comme l'alcool qu'ils avaient ingérés, mais Andréa n'avait pas flanché. Il y avait une bonne ambiance, même si la soirée allait touchée à sa fin. La scientifique commençait à fatiguer et Evan était dans le même état. Les deux amis n'avaient plus de retenus, au point qu'il s'était levé de sa chaise après l'avoir observé pendant vingt minutes. Il s'était penché d'une manière qu'il avait cru discrète, et lui avait chuchoté des mots qu'elle avait été la seule à entendre.
Trop concentrés à ne pas vaciller, ils se moquaient bien de leur entourage lorsqu'ils avaient quitté le mess en pleine partie d'un énième jeu. La fraicheur de l'air extérieur leur avait fait le plus grand bien et ils étaient maintenant tous les deux seuls. Ils avaient trouvé refuge sur un balcon à quelques mètres de la grande salle. La lune éclairait l'océan paisible, reflétant une atmosphère similaire. Un simple regard les avaient fait rire comme deux enfants. Ils s'étaient longtemps regardés avant de reporter leur attention sur l'horizon. «Je n'arrive pas à croire que demain tu seras partie.».
Ils étaient restés quelques minutes à l'air frais, en profitant une dernière fois de leur compagnie. Andréa avait souri en voyant Evan bailler. «Pour une fois, c'est moi qui te raccompagne à tes quartiers!». Il n'avait pas eu son mot à dire, qu'Andréa l'avait agrippée par le bras pour l'emmener dans le couloir. Après s'être perdu deux fois, ils avaient brillamment retrouvé leur chemin et ils se tenaient devant sa porte. Elle ne l'avait jamais vu comme ça. Il avait tenu bon face à ses subordonnés mais devant Andréa, il ne semblait plus rien contrôler.
Elle avait du mal à voir ses yeux, mais elle était certaine qu'ils brillaient. «Bonne nuit, Evan.». La porte s'était ouverte, mais il se tenait toujours au même endroit. Il avait l'impression d'être sur un bateau et l'observait sans un mot. «À quoi tu penses?». Face à son mutisme, Andréa l'avait tirée par le bras pour le faire entrer dans la pièce. Il s'était laissé faire, comme si la connexion entre son corps et son esprit avait boguée. «Allonge-toi et dors!». La scientifique allait partir mais il l'avait retenu par la main.
L'alcool l'avait désinhibé au point de laisser sa raison s'occuper du reste. Il n'avait plus de barrière et il l'avait embrassé comme au premier jour. Il ne restait plus rien de leur vêtement lorsqu'Andréa lui avait demandé entre deux baisers, si c'était une bonne idée. « Me dit pas que t'en as pas envie. ». Plus elle le regardait, plus elle doutait. L'alcool ne l'aidait pas à faire un choix, alors elle s'était affairée à retirer le seul tissu qui restait sur elle.
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Le soleil venait de se lever sur la Cité encore endormie. Les couloirs étaient vides et la température extérieure était typique d'un mois de juin. Gênée par la luminosité, Andréa peinait à ouvrir les yeux. Alors qu'elle essayait de rassembler ses souvenirs de la veille, elle commença à s'étirer, jusqu'à ce que sa main ne touche un objet non identifié. Elle avait écarquillé les yeux en comprenant qu'elle n'était pas seule. Elle avait peur de ce qu'elle allait découvrir, mais elle avait lentement tourné la tête.
Elle avait reconnu l'homme à ses côtés qui dormait encore. Andréa s'était prudemment redressée en essayant de ne pas le réveiller. Elle essayait de maitriser ses gestes, malgré son mal de tête qui la rappelée à l'ordre à chacun de ses mouvements. Elle s'était roulée sur le côté pour essayer d'être discrète et s'était figée en sentant les draps bouger. Assise sur le bord du lit, elle n'osait plus bouger. Elle s'était tournée lentement vers lui pour s'assurer qu'il dormait toujours et avait soufflé silencieusement en le voyant immobile. Elle n'avait pas attendu avant de ramasser ses affaires et de s'habiller rapidement.
Andréa courait dans les couloirs en direction de ses quartiers, en espérant que personne ne l'ait vu sortir de l'appartement d'Evan. Elle avait regardé sa montre et avait accéléré le pas en voyant qu'elle avait rendez-vous trois heures plus tard en salle d'embarquement. Elle se sentait encore vaseuse et elle était persuadée qu'une bonne douche chaude allait l'aider. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle avait passé la nuit avec Evan.
Les minutes défilaient et il ne lui restait qu'une personne à saluer avant de partir. Andréa venait d'arriver au bout d'un couloir avec sa valise et deux sacs, lorsqu'Evan l'avait appelée. «Andréa, attend !». Il lui avait attrapé le bras et il avait tout de suite senti en voyant que quelque chose n'allait pas. «Tu comptais partir sans me dire au revoir ?». Il avait l'air de bonne humeur et son ton était tout ce qu'il y avait de plus normal. Ça l'avait surprise parce qu'elle n'était pas au meilleure de sa forme et elle était persuadée que ça se lisait sur son visage. «Je suis désolée… je…». Elle n'arrivait pas à croire qu'il faisait comme si rien ne s'était passé, jusqu'à ce qu'il n'ouvre la bouche.
«Si j'ai fait ou dit quelque chose de déplacé hier soir je m'en excuse d'avance. Je crois que j'ai trop bu et je n'ai aucun souvenir de la soirée.». Elle avait froncé les sourcils face à ce commentaire qui l'avait intriguée. «Euh… Tu te souviens de quoi exactement ?». Le militaire avait souri en lui avouant être dans le flou. «Non, c'est important !». Son sourire avait disparu quand il avait vu son insistance. «La dernière chose dont je me souviens, c'est quand on a pris l'air sur le balcon. Mais vu ta tête, je sens que tu vas combler la suite.».
Elle s'était sentie soulagée intérieurement et elle se demandait maintenant s'il était judicieux de lui avouer la vérité. Après tout, elle n'était même pas certaine de le revoir un jour, alors elle ne voyait pas l'intérêt d'évoquer ce qui lui semblait être un détail. «Je t'ai ramené à tes quartiers et tu t'es endormi comme une masse.». La jeune femme avait inventé quelques péripéties qui lui serviraient à noyer le poisson et cela semblait fonctionner.
Les minutes défilaient et Andréa attendait devant la porte. Elle regardait autour d'elle pour se convaincre que cette année passée sur une autre galaxie n'était pas le fruit de son imagination, mais elle ne rêvait pas. C'était bel et bien la fin. Elle ne s'était pas imaginée une seule seconde devoir partir, du moins pas aussi vite. Les membres d'Atlantis l'avaient accueillie comme un membre d'une même famille et elle s'apprêtait à la quitter. Elle avait vécu une expérience incroyable avec des jours plus ou moins compliqués, mais elle allait en garder un bon souvenir. Elle avait eu le temps de dire au revoir à tout le monde, en s'attardant un peu plus avec Radek.
Même si la décision de partir lui était propre, elle ne pouvait pas s'empêcher de ressentir une pointe de tristesse qu'elle avait du mal à s'expliquer. Ces quelques minutes à attendre devant cette porte, la faisait réfléchir. Elle prenait conscience qu'Atlantis lui avait beaucoup apporté et l'avait fait grandir. Travailler auprès de Rodney et Radek lui avait appris à être plus patiente et plus résiliente. Tout ce qu'elle considérait comme un problème d'envergure était devenu plus léger et plus futile. Andréa arrivait mieux à se concentrer sur ce qui comptait vraiment.
Elle savait que ça prendrait du temps pour tourner la page, mais elle emportait avec elle une expérience de vie unique et elle était reconnaissante d'avoir pu participer à cette expédition, ne serait-ce qu'une année. Elle vivait ses derniers instants sur la Cité et la jeune femme en avait eu la confirmation en voyant le Colonel Carter venir à sa rencontre. Chuck avait composé le code et le vortex s'était formé quelques secondes plus tard. Evan s'était posté en salle de contrôle et l'observait partir. Andréa s'était retourné une dernière fois en cherchant du regard ses amis. Elle avait souri à Evan, avant de finalement passer la porte.
Elle avait eu besoin de temps pour elle, alors ses premiers temps en tant que simple civil, avaient été comme des vacances. Andréa n'avait pas jugé utile de s'acheter un téléphone et ça ne lui manquait pas. Elle avait trouvé un travail comme technicienne dans une startup de biotechnologie. Basée à Cambridge, dans le Massachusetts, elle avait traversé pas moins de neufs États pour pouvoir changer de vie. Elle savait que ce n'était pas le job rêvé, mais elle profitait de la vie, qui était tout ce qu'il y avait de plus précieux à ses yeux.
Après deux mois, Andréa se sentait bien, mais plus les semaines passaient, plus elle ressentait un mal-être. Elle avait douté pendant longtemps en se demandant si elle avait bien fait de quitter le programme Stargate. Les regrets avaient longtemps fait parties de son quotidien, mais elle ne s'était pas laissé abattre.
Cela lui avait pris quelques jours pour s'organiser, mais elle était prête à rejoindre Adrian. Elle avait eu tout le temps nécessaire pour réfléchir et trouver ses marques dans cette nouvelle vie, alors elle avait une fois de plus tout quitter et sauté dans le premier avion pour le rejoindre. Comme convenu, il l'avait attendu à l'aéroport. C'était comme s'ils ne s'étaient jamais quittés. Il sentait que quelque chose avait changé, rien qu'en la voyant passer les portes vitrées. Elle paraissait plus sereine et sa bonne humeur était contagieuse.
Sur le chemin, elle avait été malade, sans vraiment savoir pourquoi. Elle avait eu une petite idée, alors ils avaient fait une halte sur le trajet, avant de poursuivre leur route jusqu'à la maison familiale où elle avait séjourné pendant sa convalescence. Andréa avait été surprise de voir qu'Adrian avait rénové la bâtisse et remis au goût du jour. Le soir venu, il avait été aux petits soins pour elle en lui préparant sa spécialité culinaire; des spaghettis à la tomate. Il l'avait fait salivée toute la journée, alors elle avait souri en comprenant qu'elle s'était fait avoir.
Le voyage l'avait éreinté alors elle avait monté ses affaires et s'était affalée sur son lit. Son état ne l'inquiétait pas, mais l'idée qu'elle se faisait jusque-là trottait dans sa tête. Elle s'était levée d'un bon en extirpant deux tests de grossesse qu'elle avait achetés plus tôt et elle s'était précipitée dans la salle de bain. Après avoir effectué la marche à suivre dans les règles, Andréa lisait et relisait la notice qu'elle commençait à connaitre par cœur. Elle connaissait son corps et il lui disait clairement que quelque chose n'était pas normal.
Elle s'était assise sur le rebord de la baignoire en attendant que la magie opère. La jeune femme avait recommencé à lire la notice, mais en Italien. Elle s'était dit qu'elle pourrait apprendre quelques mots, puisqu'elle la connaissait déjà en Français, mais elle était trop occupée à s'imaginer tous les cas de figure. En regardant sa montre, elle avait soufflé en voyant qu'il s'était écoulé seulement trois minutes. S'il était négatif, ce souvenir d'elle, assise sur une baignoire resterait un bon souvenir, qu'elle n'hésiterait pas à partager avec Adrian dès le lendemain.
En revanche, s'il était positif… Eh bien, elle n'en savait rien. Evan vivait dans une autre galaxie, alors l'idée de le prévenir lui semblait compromise, même s'il avait le droit de savoir. Un coup d'œil à sa montre lui avait confirmé qu'il ne restait que deux minutes. Elle avait été tentée de regarder le résultat, même s'il fallait quand même qu'elle patiente encore deux minutes. Ce n'était pas le bout du monde mais c'était long.
Elle s'était fait violence, mais elle s'était redressée en essayant d'apercevoir les tracés, sur l'objet qu'elle avait posé plus loin sur le meuble. Elle apercevait une ligne de loin, mais il était tellement clair, qu'elle s'était dit qu'il était négatif. Il fallait qu'elle en ait le cœur net, alors elle s'était penchée plus près et elle s'était mise à douter en voyant que la couleur s'intensifiait.
Elle était presque invisible, mais elle avait le mérite d'exister. Andréa l'avait attrapé en l'examinant sous toutes les coutures. Elle avait incliné le morceau de plastique et elle essayait de se convaincre que la petite ligne presque transparente était réelle. En regardant une nouvelle fois sa montre, elle avait réalisé que les dix minutes s'étaient écoulées. Elle tenait le test dans une main et la notice qu'elle connaissait par cœur dans l'autre, convaincue du résultat. «Oh merde.».
TBC…
