Comme je suis très très cool, mais surtout parce que vous avez été top et que j'ai eu plein de commentaires, je vous poste dans la foulée le chapitre 70. Cela vous rassurera surement, vous retrouverez Severus sain et sauf. Enjoy !

Chapitre 70

La Salle sur Demande était un capharnaüm gigantesque, sans logique, sans fin. Un empilement de souvenirs oubliés, de magie égarée, de secrets empoussiérés. Des bibliothèques à moitié éventrées côtoyaient des mannequins sans bras, des chaudrons cabossés, des balais fendus, des piles d'ouvrages rongés par le temps. Le tout baigné dans une lueur étrange, filtrée par de hauts vitraux aux couleurs ternies.

Brittany s'arrêta sur le seuil, le cœur battant. Ce lieu résonnait étrangement en elle. Comme une extension de son propre esprit : encombré, abîmé, rempli de recoins obscurs. Harry, Ron et Hermione entrèrent devant elle, leurs pas étouffés par les tapis déchirés.

Bon sang… souffla Ron. C'est… pire que la chambre de Percy.

Concentrez-vous, répliqua Hermione en haussant les sourcils.

Plus loin, deux silhouettes déjà penchées sur un monticule de vieux parchemins et de bustes en plâtre se retournèrent. Neville. Et Drago. Neville avait les joues rouges, le regard brillant de fatigue. Il leur fit un signe rapide de la main.

On a déjà essayé un Accio, dit-il. Plusieurs fois. Rien.

Évidemment que non, souffla Hermione. C'est un Horcruxe. Il est sûrement protégé.

Donc… on fouille à l'ancienne, marmonna Ron. Ça risque d'être long … Aussi long que les Noël chez Tante Muriel.

Les recherches reprirent, lentes et méthodiques. Chacun s'éparpilla à travers la Salle sur Demande, fouillant un recoin différent, retournant des piles d'objets aux formes improbables, soulevant des couvertures poussiéreuses, ouvrant des tiroirs vides.

Brittany avançait sans trop savoir ce qu'elle espérait trouver. Un diadème, oui — mais lequel ? Il y avait partout des objets brillants, des couronnes factices, des broches, des tiares ternies par le temps. Tout semblait avoir été abandonné ici par des générations de sorciers distraits.

Elle longea une série de commodes éventrées, s'enfonçant un peu plus dans les profondeurs de la pièce. Plus loin, elle aperçut Neville, qui avait visiblement quitté son précédent poste. Il était accroupi devant un meuble bancal, essayant de tirer quelque chose coincé entre un miroir fendu et une étagère branlante.

Elle allait détourner le regard lorsqu'un craquement sec fendit l'air. L'étagère vacilla dangereusement. Brittany n'eut pas le temps de réfléchir et se jeta sur Neville, le saisit à pleins bras et le projeta en arrière avec elle. L'instant d'après, le meuble s'effondrait dans un fracas de bois brisé et de poussière.

Ils tombèrent lourdement, projetés au sol par la violence du choc. Brittany se releva d'un bond, le souffle court, les oreilles bourdonnantes, les yeux fixés sur les décombres, encore tendue par l'adrénaline.

Neville, lui, resta un instant au sol, éberlué, avant de s'asseoir lentement, sonné, les cheveux en bataille.

Vous… vous m'avez sauvé.

Brittany ne répondit pas. Elle tendit simplement la main pour l'aider à se relever, puis l'examina brièvement, les sourcils froncés, attentive. Son regard glissa sur ses épaules, ses bras, vérifiant d'un œil rapide s'il n'était pas blessé.

Tu t'es presque fait transformer en crêpe, mon vieux.

Neville sourit faiblement. Ron ajouta avec un sourire goguenard :

Et elle a encore sauvé quelqu'un… Faut croire que c'est son truc. La dernière fois, c'était Rogue. Et il l'a embrassée. Devant nous. C'était complètement dingue.

Neville rougit jusqu'aux oreilles. Brittany, elle, sentit son cœur se contracter à la mention de son mari. Rogue. Où était-il ? Toujours dehors, probablement. Seul. Blessé, peut-être. L'idée la frappa comme un coup de vent froid. Elle aurait dû être à ses côtés. Elle aurait dû insister. Mais il l'avait tenue à l'écart. Encore. Et elle s'était laissée faire. Elle serra imperceptiblement les poings.

Ron… souffla Neville, mal à l'aise, dans une tentative désespérée de le prévenir — trop tard — de qui était Brittany.

Quoi? Je constate, c'est tout ! poursuivit-il avec un haussement d'épaules. Je dis juste que cette femme est une héroïne, et j'crois bien que j'suis en train de tomber amoureux.

Il adressa un clin d'œil exagéré à la jeune femme.

Du coup, si vous avez encore un sauvetage en stock… je suis prêt à prendre des risques. Peut-être que j'aurai droit à un baiser moi aussi ?

Brittany le fixa sans ciller. Puis, très lentement, elle haussa un sourcil. Ron déglutit, soudain moins sûr de lui.

Blague nulle ? risqua-t-il.

Hermione arriva à cet instant, l'air excédé, et lui administra une tape sèche à l'arrière du crâne.

Très nulle.

Aïe.

Neville, lui, évita soigneusement de croiser le regard de Brittany… et remercia silencieusement Merlin que le professeur Rogue ne soit pas dans la pièce. Ron Weasley n'aurait jamais survécu. Puis, dans un élan qu'il ne s'expliqua pas lui-même :

Je vous ai… observée. Ces dernières semaines.

Brittany se figea.

Je voulais juste… comprendre. Je vous voyais rôder près de la forêt, vous éloigner, revenir. Je croyais que vous… que vous étiez de leur côté. Que vous travailliez pour Vous-Savez-Qui.

Il s'arrêta, gêné, comme s'il prenait soudain conscience de l'accusation qu'il venait d'avouer.

Je me suis trompé, ajouta-t-il plus bas. Je suis désolé.

Elle ne répondit pas tout de suite. Puis elle tendit la main vers l'épaule de Neville et enleva machinalement un petit éclat de poussière accroché à son pull. Geste simple, mais chargé de sens. Comme pour dire ce n'est rien. Qu'elle ne lui en tenait pas rigueur. Qu'elle comprenait. Il resta figé un instant, troublé. Puis s'éloigna à pas feutrés, l'air songeur.

À quelques mètres de là, Drago, accroupi derrière une pile de tapis roulés, n'avait rien perdu de la scène. Il se leva et s'approcha, mains dans les poches, les yeux fixés droit devant lui. Il s'arrêta à la hauteur de Brittany sans la regarder.

Il avait l'air… reconnaissant, souffla-t-il. Presque admiratif. C'était touchant.

Sa voix traînait un peu. Il haussa une épaule, faussement désinvolte.

Tu t'inquiètes pour tout le monde comme ça, ou c'est juste la grande tournée de la compassion parce qu'on va mourir dans l'heure qui vient ?

Brittany le fixa sans répondre. Son calme était intact, mais un soupçon de surprise passa dans ses yeux. Drago, lui, détourna les siens presque aussitôt, regrettant déjà d'avoir parlé.

C'est rien, oublie, marmonna-t-il. Je sais que j'suis pas le centre du monde.

Mais elle, elle ne détourna pas les yeux. Elle eut un petit sourire, et lui pressa la main pour lui faire comprendre qu'il n'était pas oublié. Il resta figé un instant, puis ils se remirent à chercher. Ils fouillèrent encore. Vingt minutes. Trente. Le sol était jonché d'objets déplacés, de bibelots renversés. La frustration commençait à monter.

C'est bon, j'en peux plus, grogna Ron. J'ai faim. Si on ne trouve rien dans cinq minutes, je vote pour livrer Harry à Vous-Savez-Qui.

Charmant, répliqua Hermione en soupirant.

EH !

Un élève de Serdaigle — un grand brun essoufflé — déboula dans la salle, tenant un objet à deux mains.

J'ai trouvé ça ! Il traînait dans un coffre sous un vieux tableau. Je me suis dit… peut-être que c'est le diadème ?

Il tendit l'objet : une couronne dorée, étincelante, surmontée de pierres claires. Hermione fronça aussitôt les sourcils.

C'est pas ça.

Ah, bon… dit le Serdaigle, perplexe. Je trouvais ça joli.

Oui, superbe. Hé les gars, on a trouvé Miss Poudlard 1845! grogna Ron.

Le garçon haussa les épaules et s'éloigna, un peu vexé. La Salle sur Demande reprit son silence brouillon, seulement troublé par le bruit des objets qu'on déplaçait et des soupirs de plus en plus découragés. Puis, un bruit de pas précipités se fit entendre. Lavande, suivie de quelques élèves, apparut dans l'encadrement de la porte. Elle avait les joues rouges, les cheveux décoiffés, et tenait fermement sa baguette.

Ils se rassemblent. On a plus beaucoup de temps.

Derrière elle, Dumbledore entra à son tour, suivi de Rogue. Brittany leva les yeux — et son cœur manqua un battement. Il était là. Debout. Entier. Épuisé, les traits tirés, la silhouette plus sombre que jamais, mais il n'avait pas été attaqué. Le soulagement qui la traversa fut si violent qu'elle en oublia presque tout le reste. Elle voulut courir vers lui. Ou lui hurler dessus. Le frapper. L'embrasser. Elle le détestait. Elle l'aimait. Elle le haïssait pour tout ce qu'il lui avait dit. Et pourtant, elle n'avait jamais été aussi soulagée de voir quelqu'un. Elle resta immobile, clouée par ce trop-plein.

Dumbledore s'adressa brièvement à Hermione et Harry, tandis que Rogue restait légèrement en retrait, son regard scrutant la salle sans vraiment s'y attarder. Les minutes passaient. L'agitation redoublait. Puis, un frisson parcourut la pièce. D'un coup, la voix de Voldemort retentit à travers le château. Grave. Sinistre. Déchirante.

Le temps est écoulé.

Un silence se fit. Brittany croisa le regard de Neville et de Drago qui avaient blêmis.

Ils vont attaquer… couina l'un des élèves, en proie à la panique.

Lavande se redressa, la mine plus pâle que d'ordinaire, puis attrapa dans sa poche l'objet qu'elle avait trouvé un peu plus tôt.

Très bien. S'il faut mourir… autant le faire avec classe.

Et, d'un geste théâtral, elle le posa sur sa tête. Tout le monde se figea. La tiare argentée luisit doucement. Un éclat étrange, sombre, presque vivant, pulsa comme un battement de cœur. Hermione écarquilla les yeux.

Attends. Lavande… ne bouge plus.

Quoi ?! demanda la concernée, soudain très inquiète.

Neville s'approcha, incrédule.

C'est lui. C'est le diadème.

Un silence tomba, mêlé de stupeur… et d'un éclat de rire nerveux de Ron.

Sérieusement ?! On l'a cherché pendant une heure… et Lavande vient de l'enfiler pour aller à la guerre comme si elle se préparait pour un bal ?!

Lavande, toute rose, s'étrangla presque.

Attendez… j'ai quoi sur la tête, exactement ?

Mais Hermione ne répondit pas. Elle s'était approchée à pas lents, baguette en main, le visage fermé. Lavande recula d'un pas, affolée.

Hermione… qu'est-ce que tu fais ? Tu… tu vas me tuer ?!

Non, répondit Hermione calmement. Juste la chose qui vit dans cette tiare. Enlève-la doucement. Et donne-la-moi.

D'accord, d'accord ! bredouilla Lavande, tremblante, en retirant le diadème avec précaution.

Hermione tendit la main. Lavande lui remit l'Horcruxe avec des gestes d'une lenteur cérémonielle, comme si elle remettait à une prêtresse un objet sacré. Puis elle recula précipitamment, mains levées.

Voilà. Il est à toi. Moi, je vais me mettre derrière un mur, ou un meuble. Ou un continent.

Il faut le détruire.

Un silence. Puis, lentement, Dumbledore tira une épée de sous sa cape. Fine, étincelante. L'épée de Godric Gryffondor. Tous les regards se tournèrent vers Neville. Mais à la surprise générale, ce fut vers Drago que Dumbledore tendit l'arme.

À toi, Drago.

Le jeune homme resta figé.

Moi ?

Sa voix n'était qu'un souffle. Il regarda l'arme comme si elle allait lui exploser au visage.

Vous êtes sûr ? interrogea-t-il, la main hésitante.

Oui, répondit Dumbledore avec calme.

Drago déglutit. L'épée paraissait peser une tonne dans ses mains. Il jeta un regard inquiet à Neville. Celui-ci s'approcha et posa une main ferme sur l'épaule de Drago.

Tu peux le faire.

Drago hocha la tête, très lentement. Hermione posa le diadème sur une dalle plate de pierre. Un silence. Drago leva l'épée.

À trois, murmura-t-il. Un. Deux…

L'épée s'abattit avec un claquement sec. Le diadème explosa. Une ombre hurla, un cri sans bouche, un dernier râle d'âme déchirée. Un vent glacé parcourut la salle. Puis… plus rien. Le silence. Un poids venait de se lever. Une étape venait d'être franchie. Et ils étaient toujours debout.

Dumbledore s'approcha d'Harry.

Harry, j'ai besoin de te parler. En privé.

Au loin, une première détonation retentit, signe que Voldemort avait donné l'ordre d'envahir l'école.