La petite mort
Pairing : Harry/Severus
Chronologie : commence à la fin du tome 4, ne prend pas en compte les tomes 5, 6 et 7. Pas de Horcruxe.
Statut : finie, 10 chapitres
Raiting : T, pour mention de sang, de blessure et une relation vampire/calice entre deux hommes avec un écart d'âge. Pas de lemon.
Chapitre 1 : la fin de Voldemort
Harry courait à en perdre haleine dans le labyrinthe. Les branches éraflaient son visage et ses bras, déchirant sa tenue de champion. À ses côtés, Cédric courait lui aussi avec toutes les forces qu'il lui restait. Devant eux brillait la coupe du tournoi des trois sorciers, lumière d'espoir marquant la fin de ces rudes épreuves.
Leurs deux mains serrées sur les anses de la coupe, cette sensation des plus désagréables, semblable à un crochet venant s'embrocher au niveau du nombril, les emporta loin du labyrinthe. Mais au lieu de les ramener à la foule, aux rythmes entrainants de la fanfare et aux chants d'encouragement, le portoloin les laissa tomber violemment sur l'herbe dense du décor qui avait si souvent été le théâtre des cauchemars du plus jeune.
– Harry, la coupe, c'était un portoloin, lui dit Cédric qui reprenait encore son souffle après leur course effrénée.
Harry, lui, faisait quelques pas mal assurés entre les pierres tombales. Son estomac était tout retourné par leur voyage et il en avait la nausée. Son inconfort grandissait alors qu'il prenait pleinement conscience de l'endroit où ils avaient atterri.
– Cédric, il faut partir. Il faut…
Du coin de l'œil, il vit une silhouette se détacher des ombres et s'avancer vers eux. Une douleur des plus intenses se répandit dans sa tête alors qu'il reconnaissait Peter Pettigrow et, dans ses bras, la forme décharnée de ce qui survivait de Voldemort.
Cédric se saisit de sa baguette et la pointa sur les deux arrivants. Il ne comprenait pas ce qu'il se passait, mais la détresse de Harry avait suffit à éveiller ses instincts de survie.
La voix glacée de Voldemort s'éleva dans le silence nocturne du cimetière, demandant à son fidèle serviteur de tuer le champion jaune et noir du tournoi.
Pris d'une impulsion qui l'emporta tout entier, Harry se projeta en avant, s'interposant entre Cédric et Pettigrow. Celui-ci, ayant besoin du Survivant en vie pour pratiquer le rituel, dévia la pointe de sa baguette, le sort mortel allant frapper l'une des tombes quelques mètres plus loin et la faisant exploser avec fracas.
Cédric répliqua immédiatement en pétrifiant l'ancien maraudeur. Il courut vers le petit homme gras et dégarni pour lui prendre sa baguette, mais il fut envoyé valdinguer d'un geste de la main frêle du seigneur des ténèbres.
– NOOON, hurla Harry alors qu'il voyait son ami heurter le sol avec violence.
Avant qu'un nouveau geste ne soit esquissé, Harry parcourut les quelques mètres qui le séparaient du corps immobile de Pettigrow et de la créature informe qui était tombée à ses pieds. La cicatrice sur son front lui faisait extrêmement mal, pareille à un feu brûlant lui ouvrant le crâne et lui brouillant la vue. Dérapant sur l'herbe touffue, il glissa jusqu'aux corps des deux hommes. Il entendit le râle de souffrance de Voldemort alors que ses genoux le percutaient dans sa chute. Harry, rendu fou par la douleur, combattit le haut-le-cœur dégouté qui le saisit alors que ses mains trouvaient la peau froide et la forme inhumaine du mage noir.
Horrifié et poussé par un instinct qu'il n'aurait jamais suspecté d'avoir, Harry voulut mettre fin à cette douleur qui lui vrillait le crâne autant qu'au sentiment de pure révulsion qu'il éprouvait si proche de ce qui survivait de Voldemort.
– Disparaissez ! hurla Harry en même temps qu'un premier poing chargé de colère s'abattait et que la sensation des os se brisant remontait de sa main jusqu'à son épaule.
Une odeur nauséabonde se répandait de la chair qui avait noirci à son contact et commençait à se désagréger en bout de peau semblable à de la cendre. Entre les gémissements de douleur, Harry perçut des sifflements en fourchelang : Voldemort appelait Nagini à son aide.
Harry eut le temps d'abattre encore un coup, puis un autre, des larmes de colère ruisselant sur ses joues alors que la frustration des derniers mois, des dernières années, éruptait de tout son être. Un cris emprunt de tous les tourments qu'il avait endurés lui brisait la gorge sans discontinuer alors que ses poings se couvraient de sang.
Le serpent jaillit alors des ombres du cimetières et se jeta sur Harry, gueule ouverte. Ses crocs couverts de venin se plantèrent à la base de son cou, lui arrachant les muscles de l'épaule et découvrant ses os blancs avant que le sang ne se mette à jaillir. Harry, qui était tombé sur le sol, vit le serpent se redresser, ses écailles reflétant les lumières miroitantes de la nuit. Le gryffondor contempla sa mort avec détachement alors que son cerveau était dominé par le venin et la douleur déchirante.
Un sort traversa l'air au-dessus de sa tête, percutant le serpent qui siffla alors que des flammes jaillissaient du point d'impact et consumaient le familier du seigneur des ténèbres. La main puissante de Cédric se saisit du poignet de Harry alors qu'il attirait à lui la coupe du tournoi d'un accio précipité.
À nouveau, le portoloin les emmena loin de cette scène de mort terrifiante. Le choc de l'atterrissage finit par assommer Harry qui ne perçut alors plus que des formes et des cris indistincts.
Cédric, qui serrait ses mains sur la gorge ouverte de Harry, criait à l'aide, cherchant dans la foule un visage rassurant, celui de son père qui, heureux de le voir rentrer en premier, se tordit d'inquiétude en voyant le sang et la détresse de son fils.
Dumbledore arriva en premier près de lui, sortant immédiatement sa baguette pour jeter un premier sort de soin sur la plaie à vif de Harry.
– Allez chercher Madame Pomfresh ! Nous avons un grave blessé, déclara le directeur d'une voix forte, étouffant les derniers mouvements de joie dans la foule, ne laissant que des murmures d'inquiétude et les exclamations d'Hermione qui faisait son possible pour descendre les gradins, suivie par Ron. Que s'est-il passé, mon garçon ? s'enquit Dumbledore auprès du jeune poufsouffle.
– La coupe, c'était un portoloin. On s'est retrouvé dans un cimetière. Il y avait un homme et une sorte de créature… et un serpent immense. Il a mordu Harry, Monsieur.
Le jeune sorcier jeta un regard inquiet au plus jeune qui continuait de perdre des couleurs, ses lèvres cyanosées et son corps se raidissant au fil des secondes. Madame Pomfresh était arrivée, mais ses soins restaient sans effet alors que l'on déplaçait avec grande précaution le corps figé sur une civière.
– Que les élèves retournent au château dans le plus grand calme. Le tournoi est terminé !
Dumbledore fit un geste pour suivre le cortège médical qu'avaient rejoint Hermione et Ron, mais le jeune Diggory le retint par la manche de sa robe de sorcier. Ses sourcils froncés et l'angoisse qu'il affichait quand il commença à parler incita le directeur à encourager son élève, une main bienveillante sur son épaule.
– La créature, je pense que c'était… Vous-Savez-Qui.
Il avait murmuré les derniers mots, incertain de ce qu'il avançait, mais l'importance de l'information méritait d'être partagée. Dumbledore hocha la tête, comprenant l'urgence qui s'imposait à présent à lui.
– Professeurs, avec moi ! Nous devons trouver la destination de ce portoloin immédiatement.
Alors que le professeur Flitwick faisait étalage de ses connaissances en sortilège pour inverser le portoloin, Dumbledore prit Severus à part, échangeant quelques mots à voix basse.
– Suivez le jeune Potter. Je crains que tout ceci ne soit qu'une tentative avortée de Voldemort et que sa vie coure un danger plus grand encore que celui du venin dans ses veines. Protégez-le, Severus.
Le professeur de potion grimaça. Comme toujours, Dumbledore pensait avec plusieurs coups d'avance. Dans le cas où le seigneur des ténèbres était toujours sur place, il se devait de préserver sa couverture. De plus, le portoloin ayant été ensorcelé et placé à l'insu de tous, la sécurité de Poudlard était compromise. Il s'empressa alors de rejoindre le brancard et l'infirmière qui était des plus inquiète.
– Severus, je crains que le venin ne soit pas celui d'un serpent traditionnel, mais d'un animal magique. Nous allons devoir le transférer à Sainte Mangouste.
– Nul besoin, j'ai dans ma réserve les meilleurs des potions et anti-venins. Allons-y directement plutôt qu'à l'infirmerie.
L'infirmière hocha la tête, ses lèvres pincées d'inquiétude. Leurs pas précipités claquaient sur le sol de pierre des couloirs où les élèves en route vers leur salle commune s'écartaient sur leur chemin. Leurs murmures et mines choquées suffisaient à attester de la gravité de la situation. Madame Pomfresh envoya Hermione et Ron jusqu'à l'infirmerie pour lui ramener une réserve de gaze, de bandes de soin et de certaines de ses potions ; plus pour les éloigner de leur ami mourant et leur donner l'impression d'être utile, que de faire face impuissants à la mort de leur ami.
Arrivé devant la porte en bois de la réserve, le professeur de potion ne perdit pas un instant, saisissant avec justesse toutes les fioles qui pouvaient s'avérer utiles. C'est en écartant la petite bouteille de veritaserum que sa conversation accusatrice lui revint en mémoire : quelqu'un avait fabriqué du polynectar et, vu l'état dans lequel il était, ce n'était pas le jeune Potter.
Alors qu'il tendait une à une les fioles à l'infirmière, il l'observa. Non, ce n'était pas elle, à moins que le but du seigneur des ténèbres n'ait été de sauver celui qui l'avait détruit. Les deux acolytes du survivant étaient revenus, les bras chargés de toutes les nécessités pour soigner la blessure de leur ami. Ce n'étaient pas eux non plus, trop bêtes et pas assez libres de leurs mouvements pour prendre part à l'organisation du tournoi.
Alors que le maître des potions soulevait la tête du jeune sorcier, massant sa gorge souillée de sang pour l'inciter à avaler les contre-venins, il attira l'attention de l'infirmière qui nettoyait à présent la plaie béante, arrêtant le sang de couler.
– Poppy, murmura-t-il, Albus pense que Vous-Savez-Qui est derrière l'attaque.
L'infirmière leva un regard angoissé sur son collègue. Son regard sérieux la fit inspirer profondément.
– Professeur… murmura alors une voix éraillée et affaiblie.
– Harry ! s'écrièrent Hermione et Ron alors que leur ami reprenait conscience.
– Voldemort, prononça-t-il alors qu'il crachotait du sang, avant de gémir de douleur.
Il leva la main de son bras valide pour saisir le poignet de son professeur. Le maître des potions remarqua alors les jointures ouvertes et ensanglantées de son élève : il s'était battu à mains nues. Il ne voulait pas voir à quoi ressemblait son opposant.
– Nous savons, Monsieur Potter. Arrêtez de vous tortiller vainement, avant de gâcher tout le travail de Madame Pomfresh. Vous, dit-il en pointant Ron et Hermione de son doigt crochu, prenez ma place et empêchez-le de s'étouffer dans sa stupidité.
À présent debout dans un mouvement dramatique de capes noires, le professeur Rogue sortit sa baguette magique. Il jeta un regard dans son dos. Madame Pomfresh continuait ses soins et reconstituait les chaires déchirées de l'épaule du jeune Potter, Miss Granger passait un tissu propre sur le visage du survivant pour en chasser les traces de sang, de terre et de larmes, alors que le jeune Weasley tenait la main de son ami dans la sienne à s'en faire blanchir les articulations.
Un mouvement hostile sur sa gauche le fit réagir au quart de tour, jetant un premier sort qui fut répercuté sur le haut plafond du couloir. S'en suivit un échange des plus virulents contre celui qu'il reconnut comme étant l'ancien auror, Alastor Maugrey. Sa peau se déformait douloureusement alors que son œil magique perdait tout contrôle, ce qui permit au professeur Rogue de lui jeter le sort d'Incarcerem qui le ligota et le fit tomber au sol. Sa baguette toujours serrée fermement entre ses doigts, le maître des potions s'approcha, débarrassa son assaillant de sa baguette et, du bout du pied, retourna l'homme immobilisé pour révéler son identité.
– Barty Croupton Junior, murmura-t-il. Toujours aussi fidèle au maître.
– Tu peux parler, cracha le mangemort, ne pouvant empêcher son visage de se contracter de tics incontrôlés.
Le professeur pinça les lèvres, jetant un regard rapide dans son dos. Si l'imposteur avait été entendu, rien ne le trahissait pour autant. D'un sort informulé, il rendit son opposant inconscient avant qu'il ne déblatère plus de choses compromettantes.
Dans un mouvement de capes, Il revint vers le brancard et son occupant. L'infirmière l'informa que le jeune homme était sorti d'affaire : les anti-venins avaient fait leur effet et la blessure, bien que toujours rouge et à vif, ne saignait plus et plus aucun os n'était visible. Il avait à nouveau sombré dans l'inconscience, ses traits apaisés contrastant avec les compresses souillées de sang qui reposaient tout autour de son épaule décharnée.
Chapitre suivant : les problèmes n'en finissent jamais, surtout quand on s'appelle Harry Potter
