Résumé du dernier chapitre : Fukuromen prend très rapidement le dessus sur Ketsurui Ryûketsu et Karen Rosendar, vaincues.

Pendant ce temps, Kurosaki Ichigo apprend de Lyrène qu'il va devoir s'occuper de l'interrogatoire d'Hisagi Shûhei, pendant que chez la Légion Noire, Höder s'occupe justement de celui de Ganjû Shiba.

Enfin, dans l'ancien Palais de Las Noches, Aizen Sôsuke reçoit la visite surprise de Kyôka Suigetsu …

BLEACH — THE DARK AGES

CHAPTER 17 : LONELINESS

Yuki Kajiura — Administrator

Silence.

Le temps lui-même semblait figé, bloqué l'espace d'un instant qui s'étendait à perte de vue. Passé la surprise de ce premier contact remontant à désormais fort longtemps, Aizen Sôsuke observait depuis son trône, la jeune femme lunatique qui se tenait droite, à quelques mètres de lui. Depuis qu'il avait prononcé son nom, elle n'avait rien dit, sinon soutenir un regard visiblement lourd de sous-entendus, plein de reproches. Le brun finit par esquisser un fin sourire.

« — Aurais-tu perdu ta langue, ma chère Kyôka Suigetsu ?

Pourquoi ?

— N'est-ce pas à moi de poser la question, plutôt ? Tu es apparue de manière bien soudaine, je dois dire. Et pourtant, il semblerait que tu ne dises pas grand-chose. Pourquoi es-tu venue à moi ?

Je vois, articula lentement l'intéressée, en fermant les paupières. Alors tu ne l'as pas encore remarqué ? C'est étonnant venant d'une personne si consciencieuse. »

Ne pas l'avoir remarqué ? Aizen avait, l'espace d'un court instant, envisagé de poser la question. Mais de nature plutôt calculateur, il préférait d'abord songer lui-même aux propos tenus par son Zanpakutô. Que pouvait-il ne pas avoir remarqué dans les manigances de cette femme ? Que pouvait-il ne pas avoir remarqué vis-à-vis de cette situation ?

« — Je ne suis pas venue à toi, Sôsuke, affirma finalement l'esprit, en ouvrant son regard argenté. C'est même le contraire.

— Pardon ? s'enquit cette fois le Shinigami, quelque peu décontenancé par les propos tenus en face de lui.

Regarde un petit peu autour de toi. Tu ne l'as pas remarqué, mais nous ne sommes plus dans ton palais. Cet endroit que tu n'as plus fréquenté depuis tant d'années, c'est ton monde intérieur. »

Les yeux du renégat se plissèrent légèrement. Il avait oublié cette sensation, il fallait bien le concéder. Le monde autour de lui, flou, grisâtre et changeant … voilà pourquoi il avait eu l'impression que l'arrivée de Kyôka Suigetsu avait bouleversé l'environnement lui-même : il ne s'y trouvait déjà plus. Mais une question le taraudait pourtant toujours. Kyôka Suigetsu restait immobile, face à lui.

« — Admettons, lâcha l'ancien Capitaine de la Cinquième Division, en arborant de nouveau une mine confiante et sereine. Tu me dis que je suis venu ici inconsciemment ?

En effet, rétorqua le Zanpakutô, d'un ton distant. Depuis tout ce temps, tu souffres en silence, Sôsuke. Tes ambitions démesurées sont totalement bloquées actuellement et c'est un fait que tu ne peux plus supporter.

— Oh ? Tu espionnerais mon existence ?

Même si tu sembles m'avoir complètement laissée de côté au profit de ce Hogyôku que tu chéris tant … je reste ton Zanpakutô.

— Ce n'est pas faux, en un sens, finit par dire l'homme au regard noisette. Cependant … il y a une chose que j'aimerais comprendre … ou plutôt, une chose que j'aimerais savoir. »

Lentement, le Shinigami se leva de son trône, pour descendre les quelques marches qui le séparait de son sabre. Une fois arrivé à hauteur de celle-ci, il plongea lentement ses yeux dans les siens, la surplombant légèrement, détaillant avec malice toute once de sentimentalisme qui émanerait de son Zanpakutô. Attendant visiblement la question de son propriétaire, Kyôka Suigetsu ne dit rien, se contentant de lancer un regard froid à celui qui avait fait trembler la Soul Society jadis.

« — Kyôka Suigetsu … pourquoi te montres-tu à moi ? murmura-t-il, en approchant doucement son visage du sien, soulevé par deux doigts en dessous du menton. Même si effectivement, la situation déplaisante à laquelle je suis aujourd'hui confrontée, aurait pu éventuellement me procurer quelques doutes … non, je n'ai jamais émis le désir de te voir ici et maintenant.

Tu le penses vraiment ? Ta détresse est bien plus grande que tu veuilles le faire croire.

— Ma détresse ? ricana légèrement son interlocuteur. Je crois que tu surestimes ta capacité de compréhension, ma chère.

Si tel est vraiment le cas, alors réponds à ma question … que comptes-tu faire face à l'armée du Diable ? Que comptes-tu faire pour te sortir de cette situation ? »

Une once de surprise traversa brièvement les pupilles de l'ancien maître de Las Noches. Quelques idées traversèrent vaguement son esprit, alors qu'il laissa couler quelques secondes après la dernière réplique de Kyôka Suigetsu.

« — Quels propos dérangeants, lâcha-t-il, lentement. Comment pourrai-je évoquer une telle chose dans un lieu comme celui-ci ? Après tout, qui me dit que tu es réellement Kyôka Suigetsu ? Ou plutôt … qui me dit qu'ici, ''Sa Majesté'' ne pourrait pas nous entendre ? Si tu es réellement mon Zanpakutô, alors ne devrais-tu pas avoir une réponse à cette question ?

Tu es toujours vif d'esprit visiblement, articula lentement la matérialisation de l'épée. Mais je suis bel et bien la Kyôka Suigetsu que tu as appris à manier, il y a de cela fort longtemps.

— Je veux bien te croire.

… Cependant, je suis aussi celle que tu as abandonnée dès lors que mon pouvoir ne te suffisait plus, Sôsuke. Au profit de cette infamie qui plus est.

— Le Hogyôku ? Une infamie ? sourit de plus belle son interlocuteur. C'est lui qui me permet d'être toujours en vie aujourd'hui pourtant. C'est aussi lui qui m'a permis de transcender les Hollows et les Shinigamis … et pas toi, Kyôka Suigetsu. Tu n'es qu'un Zanpakutô … tu as tes limites. Des limites que j'ai pu dépasser grâce au Hogyôku.

Et aujourd'hui ? martela la jeune femme —en apparence—, d'un ton plus lourd de reproches. Que reste-t-il de tout cela ? Tu ne t'en sortiras pas avec ton précieux Hogyôku face à ces ennemis. Tu as besoin de moi, Sôsuke. C'est pour ça que je suis venue à toi, que tu es venu à moi. L'appel de ton âme suintait la détresse, le désespoir. Tu n'as pas été mis dans cette situation une fois au cours de ta vie … et laisse-moi te le dire très clairement … si tu me laisses de côté et que tu m'oublies encore, je n'en souffrirai plus. Cela fait bien longtemps que j'ai surmonté la peine d'être abandonnée … en revanche, tu as tout à perdre en m'ignorant de nouveau. C'est à toi de voir, Sôsuke. Il y a une centaine d'années, tu as atteint un niveau suffisant pour piéger les Shinigamis de la Soul Society. Il y a quelques années encore, tu as réussi à obtenir le pouvoir du Hogyôku. Aujourd'hui, tout cela ne suffit pas.

— Tu voudrais me faire croire que tu m'offres tes services de bonté de cœur, malgré ce sentiment d'abandon ?

Je te répète que je suis là, même si tu m'ignores. À toi de voir combien de temps tu comptes encore jouer à ce petit jeu. »

Retirant la main du plus célèbre des traîtres de son visage, le Zanpakutô tourna les talons. Doucement, elle apparut de nouveau comme un songe, s'éloignant dans un pays illusoire, aux yeux de celui qui maîtrisait justement à la perfection tous ces types de pouvoirs. Aizen ne répondit rien à la dernière tirade de son Zanpakutô. Devait-il se remettre en question, lui ? Pourquoi une telle chose ? Certaines limites dans ce monde avaient été posées très clairement.

Étrangement, le Shinigami se sentit particulièrement courroucé, pendant quelques instants. Une lueur bleutée éclaira quelque peu ses vêtements, dans une zone proche de son cœur. Exactement là où se trouvait l'objet de bien des maux dans le monde spirituel.

« — Oui … tu as raison, Hogyôku. Je n'ai besoin de personne d'autre. »


Enfers — Palais du Diable.

« — Si tu ne parles pas … je vais devoir te tuer ! »

Sa dernière réplique avait été prononcée avec une véhémence certaine. Des gouttes de sueurs perlaient du visage d'Ichigo Kurosaki, lequel pataugeait actuellement dans une brume insondable, celle de ses doutes. Pendant tout ce temps, il n'avait cessé de s'y perdre, et à chaque fois que son passé se rappelait à lui, cette zone devenait encore plus trouble.

Actuellement, Hisagi Shûhei affichait un air neutre, malgré une situation particulièrement défavorable.

« — Je ne peux pas te donner d'informations, souffla l'ancien lieutenant, d'un air las. Tu le sais aussi bien que moi.

— Et tu acceptes de mourir comme ça ?!

— Est-ce que toi, tu donnerais ces informations à ma place ?!

— Ce n'est pas la question, merde ! »

Plus violemment qu'il ne l'aurait voulu, l'hybride venait d'empoigner le col de son ancien frère d'arme, le soulevant légèrement et arrachant au passage un léger hoquet de douleur à celui-ci, dont le corps restait solidement attaché sur sa chaise.

Du mieux qu'il le pouvait, Hisagi devait résister. Il n'avait pas le droit de pleurer lamentablement sur son sort. Le Capitaine Muguruma … le vice-Capitaine Kuna … tous deux avaient perdu récemment la vie. Il ne pouvait pas se permettre que ces sacrifices soient vains … ! Les Shinigamis devaient l'emporter alors … alors il ne pouvait pas laisser une telle infamie se produire. Peu importe le sang, la souffrance ou la mort.

Il avait pris la résolution de ne rien dire. Ainsi, lorsque les trompettes célestes du Jugement Dernier sonneront, il pourrait se lever avec fierté devant ses anciens camarades tombés au combat, et ceux qui embrasseraient et construiraient l'avenir.

Ichigo relâcha sa pression et baissa son regard. Que devait-il faire, pour obtenir ses informations ? Son instinct et sa logique même lui disaient que non, il n'obtiendrait jamais rien de la part d'Hisagi Shûhei. Mais cette même logique le forçait à continuer sur cette voie. Si jamais, il désobéissait aux ordres donnés par Lyrène, alors les choses ne feraient que se compliquer.

« — Tu ne parleras pas, hein … ? articula-t-il, sombrement.

— Et toi ? Tu ne changeras pas ? Tu tournes le dos à tes amis de cette façon ?

— Ne parle pas de choses dont tu ne sais rien, siffla l'hybride, en revivant pratiquement l'espace d'un instant sa réunion avec Yoruichi Shihôin et Isshin Kurosaki. Tu vas mourir si tu ne dis rien. Tu t'en rends compte ?! Mourir ici, en Enfer ! Qu'est-ce que tu crois qu'il va t'arriver ensuite ?! Tu vas souffrir pour l'Éternité bordel ! Toutes les âmes qui sont dans les mains du Diable deviennent ses pions !

— Et tu crois que ça me fait peur ?! Je suis un Shinigami du Gotei 13 !

— C'est du passé ! »

Violemment, la grande lame de Zangetsu venait d'être dégainée, surprenant aussi bien Hisagi que son éventuel bourreau. Quelques gouttes de sang perlèrent de la joue du prisonnier, aux yeux écarquillés. Le Zanpakutô ne l'avait pas touché, mais il avait pu en ressentir tout le pouvoir par ce simple mouvement. Ichigo, lui, avait stoppé cet élan meurtrier au dernier moment seulement. Il s'en était vraiment fallu de peu sur ce coup-ci … Le sabre se planta sur le sol, et le regard fumant du Shinigami Remplaçant en disait toujours long sur tout ce qu'il pensait.

Malgré tout, devant cette impasse, il fallait bien faire quelque chose … d'autant plus qu'il ne restait maintenant plus beaucoup de temps devant lui, avant que Lyrène ne revienne pour lui annoncer un malheur plus grand encore …

Justement, en parlant de celle-ci … la porte crissa de manière aigue, quelques secondes après la dernière discussion avec Hisagi Shûhei. Les deux concernés tournèrent immédiatement la tête en direction de celle qui menait toute cette histoire avec une poigne de fer : la Cavalière du Destin. Ichigo serra les dents à sa vue. Est-ce que le temps était déjà écoulé ?

Bleach OST — Shadow Close In

« — Je vois qu'il ne parle toujours pas, murmura-t-elle, d'un air sombre.

— Et ça continuera encore, affirma l'intéressé, prenant son courage à deux mains. Vous n'obtiendrez rien de moi !

— Ne sois pas présomptueux. »

Une vague obscure explosa depuis sa main gauche, fusant à vive allure directement sur le Shinigami, estomaqué sous le coup. Placé juste à côté, Ichigo Kurosaki ressentit, durant un bref instant, le désir de porter secours à son ancien camarade. Mais ses jambes restèrent bloquées, et son corps tout entier refusait de répondre à cette tentation. Dans un cri de douleur, Hisagi s'écroula en même temps que la chaise ne soit annihilée par la femme aux longs cheveux noirs.

Le Lieutenant ouvrit faiblement les paupières, sonné par cette dernière attaque. Il … ne se trouvait actuellement plus enchaîné … ? Cherchant d'abord à retrouver un petit peu de consistance, en mettant sa douleur de physique de côté, Hisagi remarqua rapidement que son Zanpakutô n'était pas à proximité. Une tentative d'évasion pourrait vite s'avérer intempestive.

Pour autant … enfin libre de ses mouvements, malgré un corps engourdi, pouvait-il réellement laisser passer une telle chance d'échapper aux supplices de l'Enfer ? Une chance certes illusoire, compte-tenu de l'environnement dans lequel il se tenait … mais quand même … ! Il devait aller retrouver les autres, leur dire que tout allait bien pour lui.

Doucement, le jeune homme aux cheveux noirs se redressa, dardant son regard déterminé sur la Cavalière en face de lui. Celle-ci ne lui répondit que par une expression neutre et cynique, comme à son habitude.

« — Vas-tu chercher à fuir lamentablement, Shinigami ? déclara-t-elle, d'un ton lent. Ou peut-être déverser tes larmes, s'il t'en reste encore ?

— Je n'ai plus peur, répondit l'intéressé, en serrant les poings. C'est vrai … j'ai connu le désespoir … la peur … mais je me rends compte à quel point c'était futile. À quel point mon sort lui-même est ridicule comparé à tout ce qui se joue !

— Ces discours niais ne vont rien changer à ton destin, souffla Lyrène, en plissant ses yeux. »

Quelques gouttes de sueurs perlèrent du front de Kurosaki Ichigo, situé légèrement en retrait par rapport à la Cavalière du Destin. Autour de cette dernière, une aura ténébreuse de plus en plus grandissante commença à alourdir l'atmosphère, l'intéressée avançant de quelques pas vers sa victime. Hisagi se savait piégé et terminé. Il n'allait pas pour autant abandonner la bataille … !

« — Hado n°58 : Tenrân ! »

Même sans Kazeshini, il pouvait encore espérer combattre. Un tourbillon de vent puissant se forma dans la paume de sa main, avant de gagner en volume pour directement fondre sur son adversaire. Celle-ci affichait une mine impassible, les gesticulations de son adversaire ne l'inquiétant visiblement guère. La pièce vibra littéralement sous l'impulsion du sort de kidô.

Le Zanpakutô du prisonnier se trouvait au fond de la pièce … il pouvait le voir, d'ici … ! Aussi rapidement qu'il le put, Hisagi déclencha un shunpô. Bien sûr, il n'espérait guère retarder bien longtemps son impitoyable geôlière, mais s'il ne pouvait ne serait-ce que gagner quelques secondes … !

Un violent choc mit un terme rapide à cette rébellion. Hisagi écarquilla vivement les yeux, alors que le poing de Kurosaki Ichigo venait de se fracasser contre sa tête, l'envoyant heurter avec une certaine violence le mur. Devant cette scène plutôt inattendue, Lyrène —qui n'avait aucunement souffert du Tenrân—, arqua un sourcil.

« — Je n'ai pas fini l'interrogatoire, affirma le rouquin, la tête baissée. »

Surpris par un tel coup, Hisagi divaguait encore quelque peu, du sang s'écoulant depuis son front. Il fallait dire que l'ancien Shinigami Remplaçant n'avait pas été très tendre sur son dernier geste. La Cavalière du Destin finit néanmoins par se mouvoir, sous l'œil des deux autres protagonistes de la pièce, en se positionnant finalement face à l'hybride.

« — Tu tentes de défendre ce Shinigami ? articula-t-elle, d'un air sombre. Ne te fatigue pas. Il ne parlera pas … pour l'instant.

— Qu'est-ce … que ça veut dire … ? Répondit lentement son interlocuteur, troublé par ces sous-entendus.

— Que ton entrevue avec ce Shinigami est suspendue, lui répondit Lyrène, en se dirigeant vers Hisagi. Les choses viennent de changer, et tu as mieux à faire. Heisei t'attend dans le couloir, va la voir et tu comprendras. »

Laisser Hisagi ici seul avec celle qui avait fait couler tant de sang parmi le camp des Shinigamis donnait une sensation de malaise importante au jeune homme, mais pouvait-il seulement faire autrement ? Les poings serrés, Ichigo n'en demanda guère plus.

Sa tête tournait constamment, et ses pensées faisaient de même, revenant en boucle avec les mêmes reproches et les mêmes dilemmes. Et alors que Lyrène empoigna froidement le col de l'ancien Lieutenant, le détenteur de Zangetsu quitta la pièce, sans oser se retourner pour voir le futur carnage qui se préparait. Parce que si l'interrogatoire était mené par la femme aux vêtements noirs … alors le sang risquait de couler, encore une fois.

« — N'oublie pas qui tu es, Kurosaki Ichigo ! »

Comme un vain appel, les propos d'Hisagi résonnèrent un court instant dans l'esprit de son ancien camarade. Ne pas oublier qui il était ? Cette pensée n'offrait plus le moindre sens aujourd'hui. Parce qu'il connaissait parfaitement son identité : un objet entre les mains de l'Enfer.


Dimension Royale — Première base de la Brigade d'Expédition.

« — C'est intéressant … très intéressant. »

Les yeux ronds, teintés d'excentricité, Kurotsuchi Mayuri affichait en plus un immense sourire satisfait. Cette marque de fabrique qui était sienne ne disparaissait pas, au fil du temps. Dans le laboratoire général à l'intérieur duquel il avait vite pris ses marques, le savant fou pianotait frénétiquement sur un étrange ordinateur, son regard se perdant dans les données qui s'affichaient à l'écran.

« — Quel dommage de ne pas avoir les données de Kurosaki Ichigo … ! »

Placés en retrait, Yoruichi Shihôin et Isshin Kurosaki ne savaient aucunement comment appréhender les propos tenus par l'ancien Capitaine. Après l'affrontement court et violent survenu dans le Nouveau Monde, tous deux avaient décidé de la retraite immédiate.

En revanche, il n'y avait aucune trace du groupe défendu par Shiba Ganjû, ou plutôt, ces derniers se trouvaient d'ores et déjà entre les mains de la Légion Noire au moment où les deux anciens habitants de Karakura les recherchaient. Cette disparition ne constituait pas une perte immense militairement parlant pour les Shinigamis, mais un camarade disparu en restait un, peu importe son niveau. Cette rencontre conservait un goût amer pour eux, c'est le moins qui pouvait être dit.

« — Eh bien … nous pouvons envisager un sauvetage de ces pauvres fous, n'est-ce pas ? s'enquit finalement Mayuri, en arquant largement les sourcils.

— T'es sérieux ? demanda Yoruichi, d'un air suspicieux. Comment on va faire ça ?

« On » ? Il ne me semble pas que vous alliez être d'une quelconque utilité dans ce qui risque de suivre pourtant, lâcha le scientifique, d'un sourire sarcastique et hautain. Enfin, je divague. Peut-être pourrons-nous considérer que vous avez servi à récolter les échantillons nécessaires.

— Enfoiré, tu crois que c'est le moment de …

— Ne vous énervez pas, tout le monde. »

Alors qu'Isshin également sentait le sang bouillir dans ses veines, en constatant avec quelle légèreté Kurotsuchi pouvait s'occuper d'une situation plus que dramatique, la voix du Capitaine Honkyô venait de retentir. Mayuri arqua un sourcil devant son arrivée. La jeune femme arborait une mine épuisée, qu'elle cherchait à dissimuler derrière un sourire bienveillant.

« — Il est important pour nous de rester soudés dans une telle situation, s'il vous plaît, articula-t-elle lentement, en regardant un à un, chacun des protagonistes. Nous allons faire le maximum pour sauver ces trois-là.

— Oui, oui, si vous le souhaitez avec tant d'ardeur, lâcha Mayuri, en haussant les épaules. Néanmoins, il y a quelque chose de problématique concernant Kurosaki Ichigo.

— C'est une âme damnée … marmonna la meneuse de la Brigade, en baissant légèrement le regard.

— Exact, et actuellement, ce n'est ni le cas d'Abarai Renji, ni celui de Sado Yasutora. En d'autres termes, même si nous parvenions à faire rompre le lien entre le Diable et ces idiots, rien ne garantit que cette méthode fonctionne également sur Kurosaki Ichigo. Parce que le lien entre une âme damnée et son Seigneur semble être bien différent … ! »

Kurotsuchi Mayuri avait la fâcheuse tendance d'évoquer toute cette histoire comme un phénomène particulièrement fascinant. Dans les rangs des Shinigamis, il s'avérait être le seul à penser de la sorte, et ce décalage pouvait même être particulièrement dérangeant lorsque venait le temps de travailler avec ses nouveaux collègues. Seule Nemu le suivait aveuglément, mais ce fait-là n'étonnait pas grand-monde.

« — Comment est-ce que l'on pourrait les sauver, pour commencer ? demanda finalement Yoruichi, en croisant les bras.

— Dans leur reiatsu, il y a des traces de particules de l'Enfer, répondit le Capitaine Kurotsuchi, d'un air didactique. Ces particules sont probablement données par le Diable lui-même. Je pars du principe que ces particules permettent au Diable d'être constamment ''présent'' chez ses marionnettes.

— Tu veux dire qu'en détruisant les particules on peut les libérer de son emprise ? lâcha Isshin, en plissant le regard.

— Pas en ''détruisant'', ce serait bien trop long et je ne sais pas du tout quels seraient les effets secondaires, ricana le scientifique. Il y a bien trop de particules dans le reiatsu pour effectuer une telle chose.

— Alors quoi ? s'enquit une Yoruichi, de moins en moins patiente.

— En le faisant évoluer bien évidemment ! Si la propriété des particules diffère, alors l'influence du Diable ne peut plus être la même.

— Et comment on s'y prend ? reprit la noble, peu convaincue par un pareil prodige.

— J'ai ouï dire qu'il y avait ce Shikidô Atsuji qui maîtrisait un sort de kidô changeant l'énergie négative en énergie positive.

— Oui mais ce sort tue, intervint Akane, plutôt prudente à cet égard. Tu penses pouvoir le mélanger avec la technologie sans risque pour eux ?

''Sans risque'' ? Bien sûr que non. Là réside toute la beauté de la science, non ? Cette part d'incertitude, cette marge d'erreur qui ne pardonne pas les erreurs de calculs … ! Je ne sais pas si ça fonctionnera, peut-être que l'emprise du Diable est trop forte, ou même différente. Après tout, l'esprit est une chose difficile à appréhender, même pour moi. Mais si vous voulez une chance de sauver ces incapables, alors cette piste en est une. »

Cet air excentrique ne changerait pas. Akane lança des regards entendus aux deux Shinigamis qui avaient été envoyés en mission, il y a peu de temps. Réduire le risque à zéro ne semblait de toute manière pas possible, face à un adversaire tel que le Diable en personne.

Il n'y avait à ce jour aucune autre solution viable. La meneuse de la Brigade hocha positivement la tête, quelque peu songeuse. Il fallait dire que la situation s'aggravait actuellement du fait des différentes actions menées, qui ne faisaient pour l'heure pas vraiment pencher la balance vers le bon côté.

« — Je vais appeler Kasumi et Kiseki pour t'aider, articula-t-elle doucement.

— Mmh. Je pourrais très bien m'en charger seul. Donnez-moi le matériel et ça ira.

— Pas question, tu sais très bien ce que j'en pense, soupira la Shinigami aux cheveux argentés.

— Mmph, c'était une simple suggestion, lâcha le scientifique, en roulant les yeux. Appelez-les donc.

— Et j'ai aussi une mauvaise nouvelle à vous annoncer … le groupe de Rose Ôtoribashi, qui éliminait quelques villages de la Légion Noire, a été capturé par cette dernière …

— Sérieusement ?! »

Yoruichi avait les yeux écarquillés. Même si elle ne fréquentait pas réellement ces hommes, elle les connaissait assez bien. Suffisamment en tout cas pour vouloir les sauver. Mais cette pensée se stoppa instantanément, devant l'impossibilité d'attaquer de front la forteresse érigée par Sakae en personne.

La jeune femme ne formula pas cette volonté à voix haute, sachant pertinemment quels regards tomberaient sur elle. Marmonnant des choses incompréhensibles et sentant encore le poids de l'échec peser sur ses épaules, elle décida de balayer ces pensées négatives de son esprit, progressivement.

L'air désolé présent sur le visage d'Akane Honkyô suffisait à comprendre l'empathie de cette dernière. Mais cette empathie ne pouvait conduire à prendre de mauvaises décisions. L'avenir du monde en dépendait clairement, et Yoruichi pouvait bien le comprendre. C'était pour cet avenir que Kisuke avait perdu la vie, il y a de cela six mois. Elle ne pouvait elle-même pas prendre le risque de voir l'espoir d'un futur meilleur sombrer dans les ténèbres.

« — Ketsurui Ryûketsu a également disparu depuis son arrivée sur un archipel étrange, articula soudainement Kurotsuchi Mayuri. Nous n'avons en plus aucune trace de ce qu'elle a éventuellement pu voir là-bas.

— Vous voulez qu'on y fasse un tour ? proposa Isshin, en s'adressant à Akane.

— Non, cet endroit est vraiment dangereux et vous venez tout juste de rentrer, lui répondit cette dernière. Allez plutôt vous reposer. Sachez que Zaraki Kenpachi a franchi un palier important dans son développement.

— Pas trop tôt, soupira Yoruichi, en s'asseyant sur une chaise.

— Viendra bientôt l'heure où nous allons enfin lancer notre contre-attaque. Elle sera dirigée vers la Légion Noire ... »

Enfers — Palais du Diable.

« — Ça doit faire longtemps, depuis votre dernière rencontre. »

Ichigo Kurosaki ne disait plus rien. Dans une autre cellule sobre et glauque, se tenait au milieu de la pièce, une personne qu'il n'avait en effet plus vue depuis belle lurette. À l'instar d'Hisagi Shûhei, elle était attachée sur une chaise. Son sang coulait depuis son front, inondant le sol à ses pieds d'une petite mare écarlate.

Bien décoiffée, Ketsurui Ryûketsu lançait au Shinigami un regard vague, qui ne signifiait pas grand-chose.

À côté d'elle, se tenait Heisei. Au visage ennuyé par les situations répétées de ce type, la Cavalière aux cheveux blancs ne tarda pas à marcher en direction de la sortie, laissant seul le rouquin avec celle qui lui avait montré la voie des ténèbres.

« — Lyrène m'a dit que tu devais l'interroger et avoir le maximum d'informations, lâcha la Cavalière, sur le seuil de la porte. Si tu n'y parviens pas, tue-la. »

La porte se referma. Un lourd silence ne tarda pas à s'installer entre les deux individus. Il ne fallut que quelques secondes à l'âme damnée prisonnière pour reprendre un petit peu de consistance, et redresser un tant soit peu, son visage empourpré par le sang. Son interlocuteur semblait particulièrement troublé par le revirement de situation.

« — Tu … es blessée, déclara le jeune homme, en baissant les yeux.

— Belle observation, répondit mécaniquement l'âme damnée, en plissant son regard sombre. »

Son ton vide lui paraissait étrange. Est-ce que, comme les autres, Ketsurui-san allait lui reprocher son changement de camp ? Ichigo n'en savait rien. Il ne voulait même pas se poser la question en réalité. Tout le monde le faisait, légitimement. Il avait fui, aussi horrible que cela puisse lui apparaître.

« — Tu as changé de camp, alors.

— Je n'ai pas tellement le choix, souffla le rouquin, en s'avançant légèrement.

— Sûrement.

— Qu'est-ce que tu veux dire ?

— Rien. »

Il avait presque oublié. Presque oublié à quel point les conversations avec cette femme pouvaient foncer directement dans le mur. Cela remontait à maintenant si loin … à cette époque-là, il y avait encore ses amis. Avant cette fameuse mission en Antarctique, où sa séparation avec eux avait été marquée par le sang … cette nostalgie lui fit mal, plus qu'il ne voulait l'admettre.

Ketsurui avait également été du côté des Enfers, avant de les trahir pour tenter de sauver sa sœur. Dans cette excursion, elle avait fait appel à lui, et toute cette sombre histoire avait commencée. Pouvait-il la considérer comme l'origine de son malheur actuel … ? D'un autre côté, elle avait réussi à tourner le dos à ce monde brûlant de souffrance. La situation n'était pas la même … mais … pourquoi ne pourrait-il pas … ?

« — Qu'est-ce qu'il t'est arrivé ? demanda finalement l'hybride, juste devant son ancienne camarade.

— J'ai été attaquée sur une île par ''Fukuromen''.

— Je vois … écoute … pour ta sœur …

— N'as-tu pas l'impression que tu divagues, Kurosaki Ichigo ? »

Le regard de l'interpellé se teinta légèrement de surprise. Il ne saisissait pas encore la portée des mots de cette femme, mais le regard qu'elle lui portait suffisait à lui faire comprendre que continuer de la sorte ne pourrait pas être possible. Il n'y voyait pas tellement de reproches en réalité, contrairement à ce qu'il attendait à voir derrière ces iris sombres.

« — Que je divague … ? demanda le jeune homme, anxieux.

— Je suis ta prisonnière, répondit l'intéressée, d'une voix plutôt froide. Tu n'es pas ici pour me demander comment je vais, qu'est-ce que j'ai fait ou quoi que ce soit de semblable.

— Je …

— Essaie de me faire parler ou tue-moi, souffla la jeune femme. C'est ce que signifie être au service du Diable … je me trompe ? »

NEXT CHAPTER : REMINISCENCE

Les coulisses du chapitre — « Le rasage, un moment important du matin »

Un jour, dans la prison du Mûken …

Aizen Sôsuke : Qu'est-ce que je fais ici ? Je suis normalement sur un trône, pas une chaise. Et surtout pas prisonnier des Shinigamis. Je vais me venger. Sachez-le.

Garde : Ta gueule, Sôsumerde.

Garde 2 : Pire, tu crois que t'es qui ? Ferme-la un peu, on est à peine le matin !

Aizen Sôsuke (ferme les paupières et sourit) : Hmpf. Le matin …

Plus tard …

Garde : Capitaine-Commandant ! Capitaine-Commandant ! Il se passe quelque chose d'étrange avec le prisonnier, Sôsuke Aizen !

Yamamoto Genryûsai : Quoi ?! Que se passe-t-il ?!

Garde : Vous devez venir, c'est une urgence !

Yamamoto Genryûsai (fronce les sourcils) : Sasakibe. Je te laisse t'occuper de Pikachu. Je le veux dans ma collection dès mon retour.

Chôjiro Sasakibe : Très bien, Capitaine-Commandant !

Dans la prison du Mûken … un son étrange retentit. Comme s'il y avait … un rasoir électrique, en plein fonctionnement ?!

Yamamoto Genryûsai (entre dans la cellule) : Alors, que se passe-t-il misérable ?!

Aizen Sôsuke est naturellement assis sur sa chaise, un sourire gravé sur le visage.

Aizen Sôsuke : Rien du tout. Mis à part que le chapitre du jour est étrangement nommé Loneliness alors qu'il devait s'appeler Perfume of the past, mais bon. Je dis ça, je dis rien.

Yamamoto Genryûsai : Quel était ce bruit ?!

Aizen Sôsuke : Un bruit ? Quand donc ?

Yamamoto Genryûsai : J'vais t'éclater la face !

Aizen Sôsuke : Quels propos injurieux. Hé, Capitaine-Commandant, vous avez remarqué comme je suis redevenu « in-character » ? C'est bizarre.

Yamamoto Genryûsai : SILENCE ! Dis-moi quel était ce bruit, exécution !

Aizen se contente de sourire. Yamamoto, lui, décide finalement de tourner les talons et … entend de nouveau le bruit ?!

Yamamoto Genryûsai (se retourne brusquement) : HA ! Je t'ai entendu !

Aizen Sôsuke : Qui ?

Yamamoto Genryûsai : Cesse de te moquer de moi ! J'exige des explications !

Aizen Sôsuke (baisse la tête) : Très bien je vais vous le dire. Je suis en train de me raser ma barbe pour que je ne finisse pas aussi moche que vous.

Yamamoto Genryûsai :

Aizen Sôsuke : Voyez donc par vos propres yeux.

De nouveau, le bruit du rasoir électrique retentit, sous l'air courroucé du Capitaine-Commandant.

Yamamoto Genryûsai : … Tch ! Tu ne perds rien pour attendre, avorton !

Plus tard …

Yamamoto Genryûsai : MAIS COMMENT FAIT-IL POUR FAIRE CE BRUIT ?!

Sasakibe Chôjiro : Heu … Capitaine-Commandant …

Yamamoto Genryûsai : Et puis j'vais lui apprendre moi ! Comment ça aussi « moche » que moi ?! Monsieur se croit beau peut-être ?!

Un souvenir d'Aizen au sourire radieux vient encore plus énerver le Commandant, qui détruit toute la pièce, les bras levés.

Yamamoto Genryûsai (plus de pupille) : Alors monsieur se rase alors que c'est impossible, hein ! Je vais lui raser le crâne !

Sasakibe Chôjiro : Peut-être était-ce l'influence de Kyôka Suigetsu qui vous a amené à croire que …

Yamamoto Genryûsai : N'IMPORTE QUOI, SOMBRE IDIOT ! Crois-tu seulement que Kyôka Suigetsu a déjà eu le moindre effet sur moi ?! Pauvre imbécile, tu n'es qu'un pauvre imbécile !

Sasakibe Chôjiro : Heu …

Yamamoto Genryûsai : Et puis peut-être devrais-je commencer par toi, d'ailleurs ! Monsieur j'essaie de me raisonner !

Sasakibe Chôjiro : Non, pitié !

Yamamoto Genryûsai : Vous allez tous devenir comme moi, on verra si quelqu'un pourra critiquer mon physique de dieu !

Des flammes consument la chevelure de Sasakibe, envoyant celui-ci à l'infirmerie …

Plus tard …

Unohana Retsu : Capitaine-Commandant. Cessez ces enfantillages.

Yamamoto Genryûsai (en position fœtale) : … Aizen a dit que j'étais moche. Tu crois que je devrais raser ma barbe ?

Unohana Retsu : Non, ne l'écoutez pas. Utilisez cette barbe pour dissimuler des armes.

Yamamoto Genryûsai : J'VAIS TE RASER LE CRÂNE !

Plus loin …

Aizen Sôsuke : Je me demande ce qu'il se passe. En tout cas, peut-être que le chapitre Reminiscence, publié la semaine prochaine, pourra m'aider ?