Résumé du dernier chapitre : Dans les différents camps, les soldats se préparent, alors que l'Enfer fait irruption à la Dimension Royale, par le biais de Ketsurui Ryûketsu …
BLEACH — THE DARK AGES
CHAPTER 23 : GATE OF THE HOLY WAR
Éclairant le monde de sa lumière sombre, l'obscurité s'élevait au Paradis … L'immense colonne rougeoyante, étant d'abord sortie du corps de l'âme damnée félonne la plus reconnue, un étrange gouffre sombre se dessinait également autour de cette dernière. Le visage dissimulé par ses mèches, balancées violemment par cette sombre bourrasque, l'âme damnée avait l'impression de planer. Elle n'existait plus. Cette vérité qui s'imposait à elle avait un goût amer, mais en même temps, elle le savait depuis longtemps maintenant.
Devenir une âme damnée, signifiait aussi perdre en grande partie son identité. Sa vie entière entre les mains d'une entité supérieure … touchait-elle à son terme, ici ?
Dans l'obscurité, les tréfonds de l'Enfer …
Two Steps from Hell — The Dark Ages
« — Cette seringue contient une forte dose d'énergie positive. »
La Cavalière du Destin, Lyrène, avançait calmement dans le château. Chacun de ses pas menait inexorablement vers un futur sombre, parsemé de souffrance et de destruction. À côté d'elle, ses deux acolytes éternels, Haikyaku et Heisei, lui emboitaient le pas.
« — C'est Ketsurui Ryûketsu qui l'avait. Donc je suppose que les Shinigamis voulaient l'utiliser pour fermer nos gouffres, déclara nonchalamment le Cavalier de la Guerre, les mains derrière la tête.
— Quelle brillante déduction, marmonna à côté, Heisei, d'un air las.
— Hé, je te sens un petit peu à cran, Heisei. Peut-être n'as-tu guère apprécié le fait que nous repartions sur la voie ensanglantée de la guerre ? »
La femme aux longs cheveux blancs ne lui répondit pas, se contentant de marcher plus proche de celle qui menait la marche. Lyrène, justement, ne prenait guère part à la conversation, son regard améthyste plongé sur cet objet qu'elle tenait entre ses mains pâles. Ces ignominies n'abandonnaient décidément pas la lutte, et promettaient encore de mettre des bâtons dans les roues de l'Enfer. Cette simple pensée suffit à la mettre de mauvaise humeur.
Quoi qu'il en soit, le signal avait été donné. L'heure pour les sombres armées du plus puissant des monarques, de remettre le monde à leurs pieds, venait de sonner. Dans ce monde noir, frappé par une brûlante sensation de vide, les troupes se mobilisaient, rapidement et bien souvent à contrecœur. Mais cela importait fort peu, à vrai dire. Que ces soldats, déjà condamnés par le passé et privés d'avenir, n'aillent pas au combat la fleur au fusil ne représentait qu'un détail. Les morts n'avaient pas leur mot à dire.
Les grandes portes du château s'ouvrirent, laissant passer les trois Cavaliers du souverain des lieux. De temps en temps, des éclairs rougeoyants frappaient les cieux, éclairant une masse sombre et malveillante, qui s'écartait pourtant de leur chemin. La voilà, l'armée damnée. Hétéroclite dorénavant, formée par tant de visages différents, elle s'avançait, prête à annihiler toute trace du passé. Les trois principaux subordonnés du Diable ne dirent rien, pas un mot à cette masse jadis humaine. Pas même un regard, en ce qui concernait Lyrène. Ces choses ramenées à la vie ne valaient pas mieux que celles qui allaient être éliminées sur le champ de bataille.
Parmi ces soldats se trouvaient bien entendu les félons forcés de l'autre monde : le groupe de Kurosaki Ichigo. Le rouquin affichait la plus vide des expressions possibles. À ses côtés, Renji Abarai, Sado Yasutora et Nelliel Tu Oderschvank portaient également cette lueur morte dans leur regard, alors qu'un petit plus loin, Grimmjow Jaggerjack n'avait que ses yeux bleus plissés, visiblement songeur.
Quant aux deux anciens subordonnés de Meikyû Mikomi, Kyogi et Bonsai, leur bonne humeur ne semblait guère avoir été ôtée par le temps. Quand bien même la perspective d'une guerre violente s'annonçait, rester soi-même permettait parfois de faire mieux passer la pilule. Mais cela, l'expérience de la souffrance perpétuelle l'inculquait bien mieux que des mots. Pour ces deux âmes damnées, déjà confrontées à l'horreur de l'Enfer pendant si longtemps, cette nouvelle épreuve ne différait guère tant de ce qu'elles avaient déjà pu vivre par le passé.
Et tout autour d'eux, des créatures monstrueuses. Les Volontés de l'Enfer, gigantesques et paradoxalement dépourvues de volonté, faisaient trembler la terre à chaque mètre franchi, alors qu'une autre armée de Hollows particulièrement grands avançaient dans la même direction. Les trois Cavaliers du Diable franchirent en premier ce gouffre, leur donnant directement accès à une pièce au décor radicalement différent. Lorsque les pupilles de Lyrène détaillèrent les environs, la femme au long manteau noir ne tarda pas à trouver le regard noisette et suffisant d'un homme dorénavant bien connu par tous.
« — Aizen Sôsuke. »
Mains dans les poches, celui à qui Las Noches avait été confié, se trouvait bel et bien dans ce fameux palais blanc. Le brun avait pourtant décidé de quitter son trône de fortune et plutôt illusoire, pour aller à la rencontre de la grande armée du monde souterrain.
« — Voilà un ton bien cynique, répondit calmement le brun. Ne sommes-nous pas alliés ?
— Ne sois pas ridicule, souffla la Cavalière du Destin, en fermant les paupières. Tu ne diffères pas des autres pantins de Sa Majesté. La seule différence, c'est que tu ne veuilles toujours pas l'admettre.
— Moi qui ne faisais qu'une réunion stratégique avec mes coéquipiers, je ne peux masquer ma déception, murmura le renégat, en affichant un léger sourire en coin. Mais je tiens à dire que j'ai rempli ma part du marché. Cette troupe d'Arrancars ici présente est dédiée aux armées de l'Enfer. »
Deux rangées de soldats, parfaitement alignés, attendaient effectivement les troupes venues de l'Enfer, établissant ainsi une jonction importante pour les routes du Paradis. Alors que Lyrène décida de ne rien ajouter, pour marcher en direction de la sortie, Haikyaku ne tarda pas à en faire de même —non sans un haussement d'épaules significatif tout d'abord—, tandis qu'Heisei imita la première citée.
Aizen, lui, les regarda s'éloigner, une expression neutre gravée sur le visage, avant que son regard ne tombe justement sur celui des personnes qu'il connaissait déjà relativement bien. Kurosaki Ichigo et son groupe, qui daigna à peine lui lancer un regard. Rien d'étonnant, connaissant l'amertume que ces personnes éprouvaient envers sa personne, après tout. Il n'en fallut guère plus pour que l'ancien Capitaine de la Cinquième Division ne décide ensuite de repartir vaquer à ses occupations premières, ce qui incluait aussi —et surtout— s'asseoir sur « son » trône.
Lorsque les Cavaliers mirent le pied dans le désert, un immense gouffre rougeoyant venait de s'ouvrir à eux. Cette porte menant droit à un conflit millénaire, offrait de nouveau l'apocalypse sur le monde. Il ne fallut pas longtemps pour que les ténèbres ne s'y engouffrent de nouveau, promettant un enfer proche, pour les futurs belligérants … et quels que soient leurs camps.
Dimension Royale — Deuxième base de la Brigade d'Expédition.
Les cloches du Jugement Dernier n'avaient pas encore sonné pour le monde. Mais déjà, résonnait dans l'esprit de Rukia Kuchiki, un effroyable requiem qui l'empêchait de fermer l'œil convenablement, et ce, depuis des jours maintenant. L'appréhension d'un nouveau bain de sang, l'éventuelle disparition de ses proches … la noble pourrait vivre encore une bonne centaine de guerres que jamais, elle ne s'habituerait à une telle tournure dans les événements.
Face à elle, sa camarade de chambre, Orihime Inoue, affichait également un visage sérieux. Les deux amies portaient les tenues extérieures de la Brigade d'Expédition : ces longs voiles blancs qui permettaient de se dissimuler efficacement, tout du moins, dans la Dimension Royale. Et loin de la Valkyrie Kahra, c'était encore mieux.
« — Kuchiki-san …
— Allons-y, murmura la jeune femme aux cheveux ébène, en tapotant doucement la joue de son amie rousse. »
Orihime, d'abord surprise par la résolution si directe de sa partenaire de chambre, hocha ensuite vivement la tête. Il n'y avait pas de temps à perdre dans toute cette histoire.
Tout le monde ne pouvait pas être engagé par la bataille. Seuls les combattants pouvaient se le permettre. Une fois en dehors de la pièce, l'ancienne vice-Capitaine de la Treizième Division croisa quelques regards familiers. Rien d'étonnant en soi. La plupart de ces yeux tentaient de masquer une crainte, rallumée par l'arrivée imminente des hostilités. Ce fut le cas de celui de Keigo Asano. Le jeune homme et ancien étudiant avait appris à grandir bien malgré lui durant ces six pénibles mois. Malgré un comportement toutefois assez frivole sur encore bien des abords, il lui arrivait dorénavant de comprendre les enjeux terribles de cette guerre. Lorsqu'il aperçut les deux jeunes femmes, pas d'effusion de joie intempestive. Il resta simplement là, droit, à côté de son ami de toujours, Mizuiro Kojima. Ils ne reçurent tous deux, qu'un simple hochement positif de la tête, signe qu'un contrat tacite venait d'être passé.
Ichigo sera de nouveau parmi eux. Tel était le serment invisible qui les reliaient tous.
Il ne fallut pas longtemps pour que d'autres Shinigamis apparaissent dans le champ de vision de Rukia. Très rapidement, le visage bienveillant de celui qui longtemps été son Capitaine, Jushirô Ukitake. Lui aussi, comme tous les autres, portait le voile blanc de la Brigade.
« — Kuchiki.
— Capitaine Ukitake.
— Les préparatifs sont terminés, reprit l'homme à la longue chevelure blanche. Les groupes sont maintenant formés. Tu viendras avec moi, Kuchiki.
— Très bien.
— Tout le monde ne pourra pas partir au combat bien sûr … Orihime-chan, souhaites-tu partir sur le terrain … ?
— Je pourrais vous soigner là-bas, répondit celle-ci, en hochant la tête.
— Je vois. Ceux qui ne peuvent pas combattre ou aider doivent rester à la base. »
Dans le hall principal, le Capitaine militaire de la Brigade d'Expédition, Shiba Tekketsu, tenait déjà un discours dans le but de motiver ceux qui allaient brandir leur lame pour une cause désespérée. Le petit groupe mené par Ukitake ne tarda pas à s'en approcher, lorsque l'ombre d'un homme les attira : l'ancien plus haut gradé de la Sixième Division, Kuchiki Byakuya.
« — Ah, Byakuya ! sourit vivement son aîné aux cheveux blancs. Tu es prêt ?
— Cette question n'a pas lieu d'être. Se considérer prêt ou non n'importe plus dorénavant. Il va falloir agir.
— Je vois, répondit doucement son vieil ami, en hochant la tête. Où est passé le Capitaine Zaraki ?
— Comment le saurai-je ? Cet homme a passé son temps dans les salles d'entraînement et je n'avais guère envie d'aller le voir. »
L'argument se tenait. De toute manière, le supérieur hiérarchique de Yachiru Kusajishi allait, comme les autres, devoir assister à ce grand départ. Tôt ou tard. Les cloches funestes de la guerre sonnaient de nouveau aux portes des Shinigamis. Et cette fois-ci, contrairement à six mois auparavant, ils n'avaient pas du tout le droit à l'erreur. Ils réussiraient à sauver ce qui reste du monde, à faire en sorte que l'humanité puisse se relever. Dans le cas contraire, ils périraient avec tous ceux qu'ils n'avaient pu secourir.
« — Montrons à ces malfrats qu'en infériorité numérique, cette guerre, nous la remporterons tout de même ! »
Sur une estrade fortune installée spécialement pour l'occasion, Shiba Tekketsu continuait d'haranguer ses troupes. Placée légèrement en retrait, les bras croisés, Séria Alario patientait calmement. Son supérieur hiérarchique agissait dignement, comme un véritable meneur. Elle n'avait pas à s'en faire, de ce côté. Une partie de son être appréhendait tout de même la situation, de manière plus oppressante qu'elle ne l'aurait songé au départ. La jeune femme plissa légèrement son regard, ses tympans ne captant guère plus les différentes paroles prononcées tout autour d'elle. Non, à ce moment précis, elle n'entendait que de sinistres battements de cœur. Le sien ?
« — La peur, gravée sur les cœurs … »
Chassant instantanément toutes les pensées et voix négatives qui l'étouffaient parfois, la Shinigami secoua négativement la tête. Il fallait se concentrer sur l'objectif, et rien d'autre.
« — Et, mes amis … annonça d'un ton plus sombre Tekketsu. Je vous rappelle une chose. Que personne ne l'oublie, sous peine de mettre toutes nos opérations en péril … ce n'est pas une mission de sauvetage. Vous allez être amenés à voir des choses … des choses probablement horribles. Les troupes de l'Enfer n'épargneront pas la population du Paradis. Sauf que ce n'est pas à nous d'intervenir. »
Ces dernières paroles refroidirent un petit peu l'ambiance parmi l'assemblée. Rukia, par exemple, se racla légèrement la gorge, se demandant en boucle : « Pour quelle raison suis-je devenue une Shinigami ? ». Un doute léger, qui la fit néanmoins intérieurement tressaillir. Ses paupières, qui s'apprêtaient à se fermer l'espace d'un instant, se rouvrirent grandes, dès lors qu'une voix familière et froide la sortit de sa torpeur.
« — Notre mission est de créer un monde où la paix subsistera, articula Byakuya, de dos à sa sœur adoptive. Pas de sauver celui-ci. Ce monde est déjà tombé, Rukia.
— … Oui, Nii-sama … murmura la jeune femme, en hochant légèrement la tête. Pardon pour mes doutes. »
Dimension Royale — Empire de Sakae.
« — A-Attends, Kahra ! »
La voix de Brynhild s'éteignait quelque peu dans l'horizon, alors que sa collègue aux cheveux roses venait de s'élancer directement depuis le balcon, vers ce paysage obscur et dangereux. Là-bas, se trouvait indéniablement le point de départ d'une invasion de la part des troupes de l'Enfer. Comment avaient-elles fait pour s'introduire au Paradis ? Cette question demeura en suspens. Aucun Général, aucune Valkyrie, ne saurait y répondre.
Néanmoins, il n'y avait aucun doute concernant le fait qu'il fallait agir pour défendre l'empire dressé par la déesse, et par tous les moyens encore à disposition. Les cinq hauts gradés restants, les regards portés vers la même direction, le savaient tous pertinemment.
« — Höder, tu devrais déployer tes troupes dans le secteur avoisinant directement l'Empire, déclara directement son homologue, Gunther.
— Je n'y vois pas d'objection. Je vais donner l'ordre à Velgrîn.
— Merci, répondit simplement l'homme à la chevelure châtaine. Je dois avouer que je ne suis pas encore totalement à 100 % de mes capacités.
— Oh, ne vous en faîtes pas pour ça, coupa court la Valkyrie Brynhild. Et si nous faisions plutôt quelque chose pour Kahra ?
— Stratégiquement, elle n'agit pas dans notre intérêt, affirma Höder, en tournant les talons. Si la Valkyrie Kahra souhaite mourir en première ligne, je n'y vois aucune objection non plus. »
Le ton méprisant se voyait facilement dans chaque mot employé. Mais Brynhild ne répondit rien, se contentant de froncer les sourcils. Son regard se tourna ensuite vers Rân, qui haussa vivement les épaules. Visiblement, elle n'était pas non plus très partante pour une expédition vers les affres de la mort. Compréhensible, en soi. La Valkyrie de Glace se disait tout de même que si elle demandait, alors son amie aux cheveux verts finirait bien par accepter de venir lui refiler un coup de main …
« — Je vais aller stopper Kahra, déclara soudainement Sigrûn, en faisant presque sursauter sa camarade aux cheveux cyan.
— S… Sigrûn ? balbutia légèrement l'intéressée, en clignant plusieurs fois des yeux. J'étais pourtant persuadée que tu resterais ici aux côtés de la déesse …
— Si Kahra n'avait rien fait, c'est ce que j'aurais fait, sourit gentiment la jeune femme au long manteau gris, en avançant de quelques pas. Reste ici avec les autres. Il faut défendre notre empire et toute la population que nous avons à charge. J'en profiterai pour escorter quelques personnes trop proches.
— … Ton grand cœur te perdra un jour, soupira la jeune femme à la longue robe noire. Mais ne compte pas sur moi pour rester plantée là.
— Brynhild. Reste ici. L'empire a besoin de ses leaders. Je tâcherai de revenir rapidement. En attendant, protégez les nôtres. »
Sur un pas, Sigrûn ne tarda pas à s'élancer dans les cieux, obscurcis par les ténèbres, également. La subordonnée de Sakae plissa légèrement son regard, alors que l'air dans lequel elle s'avançait devenait plus lourd, mètres après mètres. Kahra souhaitait secourir sa protégée, Karen. Il s'agissait d'un point de vue qu'elle-même pouvait comprendre, bien que cela ne soit en réalité guère raisonnable. Après tout, les Valkyries restaient ''humaines'' … et les liens tissés avec autrui ne se brisaient pas facilement. Pas tant que de l'un des côtés de ce lien, on tenait encore bon pour ne pas lâcher.
Quand bien même … au final … ce lien finirait brisé, pour une question de bon sens. Peu importait … ce qui était arrivé à Karen Rosendar. Le problème facile à comprendre, était qu'elle avait été entre les mains du Diable … et devenait de facto, un danger potentiel.
Kohta Yamamoto — Footsteps of Doom
Sur le lieu précis de cette offensive du monde souterrain, les éléments semblaient déchaînés. La première victime —et coupable à la fois—, Ketsurui Ryûketsu, se tenait à genoux, les yeux de plus en plus vidés de tout élan vital. Autour d'elle, la mort avait posé sa main ténébreuse. Les pierres, les débris, tournoyant dans tous les alentours, son sang coulant à flots sans qu'elle ne puisse se l'expliquer … tout cela achevait de la priver de son énergie. En face d'elle, Karen ne savait pas comment réagir. Paralysée, elle ne parvenait pas à agir non plus. Son arbalète, présente à quelques mètres seulement, lui paraissait inatteignable.
Cette grande porte vers les ténèbres, vers l'Enfer, s'ouvrait, juste dans le dos de l'âme damnée. Et en tant que membre de la Légion Noire, elle ne pouvait strictement rien faire. Le sang de cette partenaire d'infortune servait de clé. Au bout de quelques secondes, Karen l'avait finalement compris. Au final, même si elle avait tué la femme aux cheveux pourpre … les portes du malheur auraient été ouvertes. Il ne fallut que quelques secondes, pour qu'une étrange fumée sombre ne sorte de ce vortex … que quelques secondes, pour que des ombres gigantesques ne viennent poser leurs pieds sur cet ancien havre de paix. Le serment des légionnaires, de ne pas laisser le Mal s'immiscer sur leurs terres, venait d'être abattu. Le parfum de la mort soufflait sur ce champ verdoyant, quelques secondes auparavant. Des hurlements à faire frémir résonnaient, de plus en plus.
« — Hé ! Ryûketsu ! siffla la légionnaire aux cheveux ébène. Tu ne peux pas fermer ces gouffres ?! »
La requête semblait désespérée, voire futile. Vu la façon dont ces passages —parce que oui, il y en avait maintenant trois— s'étaient ouverts, il était difficile d'imaginer l'âme damnée réussir à les fermer. Encore moins, maintenant que ces choses gigantesques, des Hollows probablement issus de cette métamorphose récente, venaient d'apparaître. Une bonne dizaine de ces monstres pullulaient déjà, souillant de leur présence, ce lieu qui fut jadis nommé « Paradis. »
À leurs côtés, des créatures à tailles humaines : certainement les fameuses « recrues » transformées en âmes damnées par l'Enfer. De la chair à canons, qui devait simplement servir à épuiser l'empire de Sakae.
Ketsurui ne lui répondit d'ailleurs pas. Était-elle seulement … consciente ? Karen resserra les dents, et ordonnait inlassablement à son corps de se mouvoir, avec un bien maigre succès. Les grands Hollows se trouvaient à peine à quelques mètres d'elles. S'il n'y avait aucune réaction de leur part, elles allaient servir d'entrée à ces créatures. Et il était … hors de question de périr sans combattre. Rassemblant toute l'énergie qui se trouvait encore à disposition, la jeune femme commença à scintiller d'une lueur bleue, attirant directement l'attention de ses ennemis.
« — Ransôtengai … ! »
Enfin, cela fonctionnait. Pourquoi ? Le Diable avait-il relâché sa pression sur elle ? Karen l'ignorait et de toute manière, elle s'en fichait particulièrement. Pour l'heure, il y avait un impératif à avoir. Ramassant au quart de tour son arbalète présente sur le sol, la légionnaire disparut rapidement … pour réapparaître juste devant l'aînée des Ryûketsu, qui naviguait encore ailleurs. Sans trop comprendre ses gestes, elle la souleva pour la placer sur son dos, avant de partir le plus vite possible, évitant au passage un très violent coup de griffe d'un des Hollows venant de l'autre monde.
« — Tu m'en dois une autre, Ryûketsu … ! »
Sauf que partir bien loin semblait assez ardu. Avoir récupéré une partie de ses facultés motrices à l'aide du Ransôtengai ne suffisait visiblement pas. Secouant négativement la tête, la légionnaire sentait le corps absolument brûlant de l'âme damnée qu'elle portait. Pas étonnant qu'elle se soit évanouie si elle avait subi une telle chose depuis sa petite crise de tout à l'heure.
Mais là encore, Karen ne put s'attarder là-dessus : d'autres choses que ces Hollows sortaient de ces gouffres. Gouffres qui commençaient dangereusement à se multiplier dans le secteur. De gigantesques lames frappaient l'air … et ces corps massifs, annonciateurs d'un douloureux message, faisaient leur entrée.
« — C'est pas vrai … ! »
Les Volontés de l'Enfer. Étaient-elles responsables de cette obscurité naissante ? Encore une fois, elle ne saurait le dire. Mais quoi qu'il en soit, Karen recula de quelques pas. Son arbalète levée dans sa main droite tira une salve de carreaux lumineux.
« — Spitze Saüre ! »
Les capacités acidifiantes de ces projectiles devraient suffire à ralentir les Hollows. Mais plus les secondes avançaient, et plus la situation devenait impossible à gérer. Un Hollow fut touché à la cheville, et trébucha en poussant un hurlement difficilement soutenable, faisant geindre la terre elle-même. Un autre se posa violemment, à quelques mètres des deux fugitives : un rayon rougeoyant se forma dans sa mâchoire, avant qu'un puissant Cero ne soit tiré. Du mieux qu'elle le put, dans des circonstances compliquées, Karen évita l'attaque. Une explosion particulièrement intense en découla, soufflant débris et poussière sur des dizaines et des dizaines de mètres.
À peine eut-elle le temps de redresser la tête, que les yeux rouges et appelant à la terreur, d'une grande Volonté de l'Enfer se gravaient dans sa mémoire. De même temps, cette épée gigantesque se souleva, avant de s'écraser sur le sol avec une puissance impressionnante. Encore une fois, Karen parvint assez miraculeusement à s'en sortir. Cette entrée en matière suffisamment violente suffisait à lui faire connaître une profonde once de désespoir.
Two Steps from Hell — Black Blade
Et ce cataclysmique scénario ne s'arrêtait pas ici. Parce que les gouffres tortueux qu'elle voyait laissaient également sortir des ombres nettement différentes de ces monstruosités qui cherchaient d'ores et déjà à ravager la Dimension Royale. Les yeux de Karen se plissèrent légèrement, alors que la nature aux alentours semblait connaître une terreur bien plus grande à l'arrivée des derniers soldats de l'Enfer. Comment ne pas reconnaître cette démarche cynique, fière et froide ? Le long manteau noir à fourrure, et cette faux incarnant le désespoir ?
« — Tu te débats bien inutilement, souffla la voix, qui résonna pratiquement dans l'esprit de la légionnaire. Ton destin est déjà tout tracé. »
Parce que dès lors que la Cavalière du Destin posa le pied dans ce domaine sacré, l'atmosphère changea. Sa pression spirituelle démesurée fit frémir les environs. Ses yeux nocturnes, ne laissant transparaître aucun doute quant à l'issue finale du conflit, suffisaient presque à faire baisser les bras de la légionnaire.
Entourée des ténèbres les plus profonds, Lyrène venait d'apparaître en première sur le théâtre du dernier champ de bataille de l'humanité. Fort rapidement, elle fut suivie par ses acolytes de toujours. Haikyaku et Heisei n'affichaient pas les mêmes ondes négatives, mais leur pouvoir en soi suffisait déjà amplement à annoncer les couleurs sombres de cette guerre.
« — Lyrène en fait beaucoup quand même, marmonna Haikyaku, en haussant les épaules. C'est cruel d'infliger un tel désespoir à ses cibles tu ne trouves pas … Kurosaki Ichigo ? »
Le Shinigami Remplaçant se racla la gorge. Lui, et ses comparses, se trouvaient encore au milieu d'un autre groupe fort nombreux de soldats plus ou moins conscients et autonomes. Le rouquin n'appréciait pas du tout le spectacle qui se jouait sous ses yeux. Haikyaku et Heisei restaient un petit peu en retrait, alors que le dernier membre du trio effectuait quelques pas supplémentaires en avant, vers une Karen bien démunie.
« — Toutes les deux … vous avez accomplies votre tâche, murmura l'envoyée du Diable. Ces créatures qui sillonnent notre chemin … vont dévaster ce monde. Et je m'occuperai d'annihiler vos pitoyables existences ici même … »
La Cavalière souleva sa main gauche, libre, avant qu'une concentration d'obscurité ne vienne s'enrouler tout autour. À la seconde suivante, Lyrène projeta le jet d'énergie, qui explosa avec violence tout autour de Karen, aux pupilles grandes écarquillées. Elle venait de se faire toucher et compresser par des ténèbres d'une profondeur épouvantable. Son sang gicla immédiatement dans les environs, tout comme Ketsurui Ryûketsu, frappée par les mêmes ténèbres.
« — Kurosaki Ichigo, martela la Cavalière du Destin, sans se retourner. Le moindre geste déplacé de ta part te conduira à la perte de tes compagnons. »
La nervosité se lisait aisément sur le visage de ce dernier. Les poings serrés, Ichigo résistait actuellement à la tentation de dégainer ses deux Zangetsu pour se lancer à l'assaut de cette cruelle geôlière. Mais, comment agir sans que les conséquences ne se répercutent ensuite sur ses proches ?
Du coin de l'œil, il vit Renji, Chad, Nelliel … ces derniers n'avaient pas à payer pour ses décisions. Pourtant, s'il faisait quoi que ce soit, alors oui, ce sera le cas. Plus loin, il voyait les corps particulièrement endommagés des deux jeunes femmes. Il ne pouvait pas leur venir en aide. Il ne pouvait pas trahir une fois de plus ses plus proches amis … !
Lyrène, elle, souleva de nouveau sa main gauche, remplie des ténèbres abyssales annonçant un voyage vers l'Autre Monde. Un autre impact comme le précédent suffirait à éteindre les vies des deux félonnes. Et elle ne tarda pas à s'exécuter.
« — Hé, Lyrène, appela soudainement Haikyaku, en pointant un objet dans les cieux. On va avoir de la visite. »
Effectivement.
Songea instantanément l'intéressée, en plissant son regard améthyste. L'air ténébreux emmené par l'armée des Enfers commençait déjà à changer. Un courant d'air, puissant, fit frémir les environs. Les nuages tournoyaient au-dessus du secteur. Faiblement, Karen releva son regard, alors qu'elle avait du mal à discerner les formes convenablement. Arrivant à vive allure, l'ombre ne tarda pas à être visible à l'œil nu. Auparavant, seule son énergie qui déplaçait les nuages par son avancée laissait apparaître sa présence.
Mais en réalité, elle ne se cachait absolument pas.
Le vent souffla avec une intensité plus grande encore. Et alors que les Hollows et les Volontés de l'Enfer impliqués dans l'offensive virent leur attention également attirée par le ciel devenu menaçant, celui-ci prit une teinte sombre immédiatement : un violent éclair frappa, visant Lyrène avec une précision chirurgicale. Cette dernière souleva directement sa lourde faux pour la placer en opposition. Le choc brutal fit trembler les environs, noyant dans un éclat de lumière intense la scène. Pas suffisamment toutefois pour que la Cavalière du Destin n'aperçoive pas cette épée tranchant l'air fondre sur elle à une vitesse fulgurante. Le choc aigu des deux lames conclut cette mise en scène, le sol tremblant directement sous le fracas métallique causé par cette rencontre violente.
« — Celle qui possède l'épée de la reine défunte, articula, quelques mètres plus loin, Heisei. La Valkyrie Kahra. »
Le long haori d'un blanc pur flottant dans le vent macabre, l'intéressée venait de se poser directement entre les armées maléfiques des ténèbres et sa subordonnée, à peine consciente quelques mètres dans son dos. Le visage grave et les yeux cobalt plongés dans ceux de son ennemie du jour, la Valkyrie de la déesse pointa sa lame en direction des envahisseurs. Cette épée si particulière, qui avait jadis poursuivi l'obscurité partout où elle se cachait …
« — Ma Reine … prêtez-moi votre pouvoir, murmura doucement la jeune femme, les yeux fermés. J'ai moi aussi des choses précieuses à préserver … »
NEXT CHAPTER : THE HOLY WAR STARTED
Les coulisses du Chapitre — « Une affaire difficile à résoudre »
Aizen Sôsuke (lunettes de soleil et costar noir) : Je vois. Je vois. En voilà une affaire bien étrange.
Ichimaru Gin : Hé j'comprends rien du tout.
Aizen Sôsuke : En effet, Gin. Car un meurtrier bien étrange sévit en liberté, alors que le chapitre suivant, The Holy War Started, sera publié Vendredi prochain.
Ichimaru Gin : Ouais mais ça répond pas à la question. On fait quoi ?
Aizen Sôsuke (enlève ses lunettes de soleil) : C'est une affaire qui s'annonce difficile à résoudre puisque …
Un cadavre ensanglanté et perforé de toutes parts git au sol …
Aizen Sôsuke : … Quelqu'un m'a tué.
Et qu'il s'agit du cadavre de Sôsuke Aizen !
Ichimaru Gin : C'bizarre.
Aizen Sôsuke : Procédons de façon habituelle, Gin. Pourquoi quelqu'un voudrait-il me tuer ?
Ichimaru Gin : P't'être parce que vous emmerdez le monde entier à vouloir devenir un Dieu et ensuite tuer tous ceux qui s'opposent à vous ?
Aizen Sôsuke : Non, Gin. C'est trop classique et trop général. Le meurtrier doit avoir un mobile plus personnel.
Ichimaru Gin : 06 ou 07 ?
Aizen Sôsuke (fin sourire) : …
Ichimaru Gin (large sourire) : …
Aizen Sôsuke : Hahaha. Gin, tu es un bon blagueur. Mais moins bon que moi.
Ichimaru Gin : Hahaha, Gin, tu es un bon blagueur. Mais moins bon que moi.
Aizen frappe l'arrière du crâne de Gin.
Aizen Sôsuke : Arrête de copier ou je serais forcé de te transformer en merde.
Ichimaru Gin : Je peux fumer du Shit ?
Un long silence.
Ichimaru Gin : MDR j'suis trop drôle. Je devrais faire comédien.
Aizen Sôsuke : Gin, ta gueule. J'ai envie de résoudre cette affaire rapidement pour rentrer regarder la saison 48 de Pokémon.
Ichimaru Gin : Ok ok. Mais pourquoi on n'commencerait pas par regarder l'indice le plus flagrant ?
Aizen Sôsuke : Lequel ?
Ichimaru Gin : Bah, pourquoi vous êtes vivant si vous êtes mort ?
Aizen Sôsuke : Je ne suis pas mort sinon je ne serais pas devant toi.
Ichimaru Gin : Bah là je vois Sôsuke Aizen mort devant moi pourtant.
Aizen Sôsuke : Gin. Je te jure que je suis vivant.
Ichimaru Gin : Ahhh ouf. Je vous crois maintenant.
Aizen Sôsuke (doigt sur le menton) : Mais dans ce cas-là, si je suis vraiment mort, alors peut-être que le moi qui est mort est en fait mort. Mais sans être moi.
Ichimaru Gin : …
Aizen Sôsuke : Peut-être que cet homme qui prétend être moi tout en étant mort n'est en fait pas moi. Mais plutôt un usurpateur.
Ichimaru Gin : Ouais.
Aizen Sôsuke : Mais pourtant, il est aussi beau gosse que moi. C'est forcément moi. Je ressens une mort charismatique et unique provenant de ce cadavre. C'est forcément moi. Seul moi peut mourir en étant aussi bien coiffé.
Ichimaru Gin : Est-ce qu'on est sûrs qu'il est mort en fait ?
Aizen fait exploser Aizen (celui qui est à l'état de cadavre).
Aizen Sôsuke : Maintenant oui. Je ressens l'énergie qui émanait de lui lors de l'explosion. C'est définitivement moi qui viens de mourir une nouvelle fois.
Ichimaru Gin : Comment vous avez été tué ?
Aizen Sôsuke : Vu que je viens de détruire mon corps, je ne peux pas répondre à cette question. Mais la véritable question est évidente, Gin.
Ichimaru Gin : Ah bon ?
Aizen Sôsuke : Qui a pu me tuer ? Après tout, je suis invincible et immortel. Donc je ne peux pas être tué. C'est illogique.
Ichimaru Gin : Ahhh … donc vous n'êtes pas mort ?!
Aizen Sôsuke : Oui. Je pense aussi que je ne suis pas mort.
Ichimaru Gin : Mais si vous n'êtes pas mort, alors comment ça se fait qu'on a retrouvé un mort qui était vous ?!
Aizen Sôsuke : Une question intéressante, Gin. Parce que le cadavre retrouvé était en effet le mien. Et j'étais en effet mort.
Ichimaru Gin : On n'avance pas tellement du coup …
Aizen Sôsuke : Tu te trompes, Gin. On avance énormément. Et la liste des suspects s'amoindrit maintenant.
Ichimaru Gin : Ah bon ?
Aizen Sôsuke : Le premier des suspects est Yhwach, de Bleach. Ce moche est prêt à tout pour avoir ma coupe de cheveux. Mais il est trop moche pour avoir été capable de me tuer. C'est donc impossible.
Ichimaru Gin : Ah ok.
Aizen Sôsuke : Le deuxième suspect est le chef de la Team Rocket. Ils me poursuivent depuis que j'ai stoppé leur invasion à Kanto. Mais comme je les ai en fait déjà tués à ce moment-là pour voler un Rhinoféros shiny, ils ne peuvent pas être suspectés vu qu'ils sont déjà morts. C'est donc banni.
Ichimaru Gin : Ah ouais c'est logique !
Aizen Sôsuke : Et j'ai un dernier suspect.
Ichimaru Gin (transpire) : Moi ?
Aizen Sôsuke : Mais non pas toi.
Ichimaru Gin : Ah, ouf. J'ai eu peur.
Aizen Sôsuke : Non, à vrai dire, je pensais plutôt à moi.
Ichimaru Gin : …
Aizen Sôsuke : Peut-être aurais-je commis un meurtre suicidaire ?
Ichimaru Gin : Ah. Peut-être ouais.
Aizen Sôsuke : Mais pourquoi aurais-je tué moi-même ? C'est vraiment difficile de s'y retrouver.
Ichigo Kurosaki : STOP ! Je n'y comprends RIEN DU TOUT !
Aizen Sôsuke : Qu'est-ce que ça change de d'habitude ?
Ichigo Kurosaki : Enfoiré …
Toshirô Hitsugaya : Coupez. J'en ai marre d'attendre mon tour.
Aizen Sôsuke (écarquille les yeux) : Mais oui ! C'est sûrement le Capitaine Hitsugaya qui est rentré dans mon trou de nez pour ensuite me geler le cerveau. Quelle intelligence de ma part.
Toshirô Hitsugaya : …
