Merci pour les abonnements, c'est chouette de voir que mon histoire est lue. Jamais je n'aurai imaginé pouvoir écrire autant, 17 chapitres, déjà ! (et en vrai j'en ai 32 de quasi prêts, mais je vais peut être couper des morceaux, je n'arrive pas à savoir si cela traine en longueur ou pas). Vous me direz :)

Chapitre 17 :

Le matin se leva sur un ciel d'un gris morne. Severus Rogue était déjà installé dans son fauteuil, une tasse de thé noir fumant à portée de main. Ses yeux glissèrent sur un ouvrage posé sur la table, mais ses pensées dérivèrent ailleurs. La veille, il s'était surpris à parler plus qu'à l'accoutumée avec Brittany. Cela l'irritait. Non pas tant le fait qu'elle ait provoqué ces confidences, mais ce sentiment étrange qui s'était insinué en lui. Une forme de soulagement, qu'il refusait de nommer.

Un bruit de pas feutrés interrompit le cours de ses réflexions. Brittany apparut dans l'encadrement de la porte, son expression calme mais résolue. Elle portait une tenue sobre, et ses cheveux étaient tirés en arrière avec une précision méticuleuse. Ce détail, si anodin, lui fit comprendre qu'elle prenait cet entraînement avec un sérieux qu'il ne s'attendait pas à trouver chez elle.

Sans un mot, elle salua Rogue d'un léger signe de tête, puis s'avança pour prendre place devant lui. Ses yeux clairs rencontrèrent les siens, résolument fixes, et dans ce regard, il devina une détermination nouvelle.

— Très bien, dit-il en se redressant. Nous allons reprendre où nous nous sommes arrêtés hier. Préparez-vous.

Il brandit sa baguette, son regard perçant.

— Legilimens.

Le sort jaillit avec une précision chirurgicale, mais cette fois, Brittany ne vacilla pas. Une barrière mentale, encore imparfaite mais palpable, se dressa entre lui et ses souvenirs. Les bribes qu'il tentait d'effleurer étaient comme des ombres fugitives, insaisissables, s'évanouissant avant qu'il ne puisse les capturer. Il sentit une vague de frustration monter, non pas contre elle, mais parce qu'elle apprenait plus vite qu'il ne l'avait prévu. Une part de lui en était presque fière.

Il rompit le sort et baissa légèrement sa baguette, un pli de réflexion creusant son front.

— Intéressant, murmura-t-il, plus pour lui-même que pour elle. Vous commencez à comprendre le principe. Mais soyez consciente que cela ne suffira pas.

Brittany hocha la tête, son regard sérieux. Elle était prête à recommencer.

Ainsi se déroula leur séance. Chaque tentative montrait une progression notable : Brittany parvenait à cadenasser des pans entiers de son esprit. Mais Rogue remarquait aussi ses tremblements légers, l'effort qu'elle y mettait pour ne rien laisser paraître.

Lorsque 9H sonna, Rogue quitta leurs appartements pour donner ses cours, laissant Brittany à ses exercices. Elle resta seule, le salon silencieux lui offrant un espace propice à la concentration. Mais son absence la rendait curieusement nerveuse. Elle s'entraîna inlassablement, s'immergeant dans les techniques d'Occlumancie, alternant concentration et méditation. À tel point qu'elle en oublia de manger à midi, focalisée sur son objectif. Ses pensées tournaient parfois vers son mari. Pas l'homme froid et caustique qu'il affichait être, mais celui qui, la veille, avait laissé entrevoir des fissures dans son masque. Elle n'osait pas encore définir ce qu'elle ressentait.

Le soir venu, après un dîner partagé en silence, ils reprirent un dernier entraînement. Rogue, d'un œil critique mais non dénué d'une certaine satisfaction, finit par déclarer :

— C'est suffisant pour aujourd'hui. Vous avez progressé.

Elle hocha la tête, puis alla chercher un livre avant de s'installer dans le fauteuil non loin de lui. Rogue, quant à lui, reprit son exemplaire jauni d'un traité de potions rares, et le silence qui s'installa entre eux était étonnamment paisible.

Trois coups secs retentirent à la porte. Rogue fronça les sourcils, contrarié par cette interruption inattendue. Il se leva, jetant un coup d'œil à Brittany avant d'aller ouvrir.

— Drago, lança-t-il en découvrant son filleul sur le seuil.

Le jeune homme arborait son habituel air suffisant, mais une nervosité subtile trahissait ses intentions.

— Parrain, j'espère que je ne te dérange pas.

Drago entra, son regard curieux balayant la pièce avant de se poser sur Brittany. Elle soutint son regard, mais à sa manière : calme, presque indifférente, mais suffisamment présente pour qu'il ne la sous-estime pas.

— Que puis-je pour toi? demanda Rogue, refermant la porte derrière lui.

— Oh, rien de bien important, répondit Drago en s'asseyant négligemment dans un fauteuil. Sa posture, décontractée mais légèrement surjouée, trahissait son désir de paraître confiant. J'avais simplement… une question sur une potion.

Rogue croisa les bras, scrutant son filleul avec suspicion.

— Une potion, dis-tu? Tu braves le couvre-feu pour une question sans importance sur une potion?

Drago esquissa un sourire forcé.

— Eh bien, je voulais aussi… te féliciter et prendre de tes nouvelles. Après tout, depuis ton mariage, nous n'avons pas eu l'occasion de discuter.

Rogue, en reprenant sa place dans son fauteuil, lança un regard à Brittany qui observait la scène avec un calme apparent. Elle se leva doucement et se dirigea vers un petit meuble en bois sombre, où étaient rangées plusieurs bouteilles et verres. Sans un mot, elle sélectionna l'une des meilleures bouteilles de whisky et en versa un verre. Puis, d'un pas fluide, elle revint vers Rogue et posa le verre devant lui avec grâce.

Alors qu'elle se redressait, elle posa une main légère sur l'épaule de son mari, un geste empreint d'une tendresse feinte. Rogue se raidit légèrement sous ce contact inattendu, mais un éclair de compréhension passa dans ses yeux. Elle jouait son rôle, et elle le faisait remarquablement bien. Une fierté qu'il ne voulait pas reconnaître s'infiltra dans son esprit.

D'une voix plus douce qu'il ne l'aurait imaginé, il répondit :

— Merci, chérie.

Chérie ? Le mot lui avait échappé avant même qu'il ne réalise ce qu'il disait. Il ne s'était pas préparé à devoir faire une démonstration d'affection ce soir. Une vague de contrariété le traversa, et il se morigéna aussitôt. Pourquoi pas chaton, tant qu'on y est ? La simple idée le fit grimacer, mais il se reprit bien vite, conscient du regard de Drago sur lui.

Brittany lui adressa un sourire discret, puis se tourna vers l'adolescent. Elle inclina légèrement la tête, mimant une question silencieuse. Drago, légèrement déconcerté, haussa un sourcil. Brittany désigna alors la bouteille de whisky et regarda Rogue, attendant son approbation.

— Pas pour lui. Une bièraubeurre suffira.

Avec un hochement de tête, Brittany retourna au meuble. Elle prit une bouteille de bièraubeurre et déposa la bouteille et un verre propre devant Drago.

— Merci, fit-il avec un sourire poli, bien que légèrement méfiant.

Brittany, impassible, retourna à sa place, mais avant de s'asseoir, elle effleura de nouveau l'épaule de Rogue, comme pour marquer un territoire qui n'était pas vraiment le sien, mais qu'elle voulait protéger. Cette fois, il ne se raidit pas. Au contraire, un infime hochement de tête marqua son approbation tacite, une reconnaissance silencieuse de son effort.

Le jeune Malfoy, d'ordinaire si sûr de lui, sembla un instant déconcerté, mais il masqua son trouble en prenant une gorgée de bièraubeurre, son regard oscillant entre Rogue et Brittany.

— Alors, comment est-ce que vous… vous êtes rencontrés? demanda-t-il finalement.

— Nous nous connaissons depuis un moment. J'ai eu des affaires avec son père, répondit-il d'un ton détaché.

— Étrange, fit Drago en arquant un sourcil. Pourquoi ne nous l'as-tu jamais présentée? Jai été… surpris d'apprendre ton mariage.

— Je ne suis pas homme à étaler ma vie privée, répliqua Rogue, ses mots aiguisés comme des lames, décourageant toute insistance.

Malgré cela, Drago persista, s'efforçant d'adopter un air décontracté.

— Et… du coup, vous allez vivre ensemble ici, à Poudlard?

— C'est en cours de discussion avec Dumbledore, répondit-il lentement, ses paroles pesées avec soin. Il y a des avantages stratégiques à sa présence ici. Après tout, l'école reste un lieu propice… à la collecte d'informations utiles…

Ces derniers mots, prononcés avec une nuance calculée, semblèrent frapper leur cible. Drago redressa légèrement la tête, son intérêt piqué à vif.

— Ah… Je vois, fit-il, son regard glissant brièvement vers Brittany.

La jeune femme, toujours silencieuse, avait repris le livre qu'elle avait posé un peu plus tôt. Ses yeux suivaient les lignes imprimées. Elle tournait les pages à intervalles réguliers, un masque parfait d'indifférence. Pourtant, elle ne ratait aucun mot échangé. Cette rencontre lui paraissait étrange. Pourquoi ce jeune homme s'intéressait-il autant à leur mariage?

Drago la dévisagea plus ouvertement cette fois, comme s'il cherchait à percer le mystère de cette femme discrète.

— Alors… comment cela se passe-t-il? La vie de couple, je veux dire.

Rogue répondit d'un ton neutre :

— Comme tu peux le constater, tout va bien. Cela t'étonne ? répondit Rogue avec un soupçon d'agacement.

— Non, bien sûr que non, répondit Drago précipitamment, mais un sourire en coin trahissait ses doutes.

Brittany, percevant le besoin de crédibilité dans cette mise en scène, se leva à nouveau et, sans un mot, vint s'asseoir sur l'accoudoir du fauteuil de Rogue. Elle posa une main sur son bras avec une familiarité qui le surprit un instant. Il décida de jouer le jeu, posant sa main sur la sienne. Drago poursuivit ses questions, mais Rogue et Brittany ne furent pas dupes. Ses mots, bien qu'anodins en surface, trahissaient une intention plus calculée.

Brittany, sentant que l'heure avançait, se leva et fit comprendre par un geste qu'elle allait se coucher.

Avant de partir, elle se pencha vers Rogue et déposa un baiser sur sa joue. Il se figea un instant, surpris, mais se ressaisit rapidement.

— Bonne nuit, murmura-t-il, presque trop naturellement.

Drago les observa avec une fascination presque malsaine avant de se lever à son tour.

— Je vais te laisser. Merci pour la discussion, parrain.

— Drago, quelle était ta question sur la potion?

— Oh, heu. C'était sans importance. Bonne nuit.

Rogue referma la porte derrière lui avec un soupir de soulagement, puis se dirigea vers la cheminée, bien décidé à avoir le fin mot de l'histoire.

— Tully ! appela-t-il brusquement.

Un elfe de maison apparut aussitôt dans les flammes, son visage nerveux et ses grandes oreilles frémissant d'appréhension.

— Oui, maître Rogue ?

— Préviens Lucius Malefoy que je dois lui parler immédiatement.

— Tout de suite, maître Rogue, répondit Tully avant de disparaître.

Quelques instants plus tard, le visage aristocratique de Lucius Malefoy apparut dans les flammes vertes, impeccable malgré l'heure tardive.

— Severus, quelle surprise. Que puis-je faire pour toi? demanda-t-il, son ton légèrement intrigué.

— Ton fils, lâcha Rogue d'un ton sec. Il est venu me voir ce soir.

Lucius fronça légèrement les sourcils.

— Drago? Pourquoi?

— C'est justement ce que je veux savoir, répliqua Rogue, son regard acéré fixé sur son interlocuteur. Il a posé des questions… sur mon mariage.

Lucius esquissa un sourire fin, presque amusé.

— Ah, je vois. Et alors? Cela se passe mieux entre vous deux?

Rogue ignora ostensiblement la question, son ton devenant plus tranchant.

— Est-ce le Seigneur des Ténèbres qui a chargé Drago de se renseigner?

Le sourire de Lucius s'effaça, remplacé par une expression plus grave.

— Non, répondit-il après un court silence. Si c'était le cas, je le saurais.

Rogue pinça les lèvres, réfléchissant à cette réponse.

— Alors qui?

Lucius fronça légèrement les sourcils, prenant un moment pour réfléchir, puis il laissa échapper un rire.

— Tu ne vois vraiment personne qui pourrait ne pas voir d'un bon œil ton mariage?

— Bella, répondit-il finalement en serrant les dents.

— Je sais que Cissy et elle se sont vues récemment. Je suppose qu'elle a dû parler à Drago.

— Bien sûr, grogna-t-il. Elle ne peut jamais s'empêcher de se mêler de ce qui ne la regarde pas.

Lucius eut un sourire en coin, une expression amusée.

— Bien, dit-il enfin, d'un ton sec. Merci pour ton éclairage, Lucius.

— Toujours un plaisir, Severus, répondit Lucius, un sourire aux lèvres avant que son visage ne disparaisse des flammes.

Rogue se redressa et passa une main sur son visage, agacé par cette révélation mais également préoccupé par les implications. Alors qu'il s'éloignait de la cheminée, une voix douce l'interrompit :

— Qui est Bella ?

Il se retourna pour découvrir Brittany appuyée contre l'encadrement de la porte, les bras croisés et un sourcil levé. Sa curiosité était palpable, mais son ton restait maîtrisé.

— Personne qui mérite votre attention, répondit-il d'un ton sec, coupant court à toute discussion.

Brittany sembla hésiter un instant, puis haussa légèrement les épaules, sceptique mais prête à lâcher prise.

— Comme vous voulez, finit-elle par dire calmement avant de tourner les talons et de se diriger vers sa chambre.

Rogue la regarda disparaître, le silence retombant dans leurs appartements. Mais son esprit, lui, continuait à travailler, incapable de se détacher de la soirée étrange qu'il venait de vivre, et plus encore de ce baiser fugace sur sa joue, qui le laissait dans un trouble qu'il n'était pas encore prêt à analyser.