Hello! Je vous poste rapidement le chapitre 20, car j'ai bien avancé sur la suite. J'en suis à …46 chapitres, pas encore tous rédigés, mais j'ai la trame. Encore un immense merci pour vos abonnements et commentaires, et en particulier à toi Jazzy, j'attends tes reviews avec impatience à chaque fois. Point de Carrick dans ce chapitre, ne sois pas trop déçue, ahah! Pour les autres, n'hésitez pas à commenter, hein!

Chapitre 20:

Elle s'était éclipsée dans sa chambre lorsque la tension avait monté d'un cran entre Rogue et Carrick. Adossée à la porte, elle avait laissé échapper un soupir, laissant son esprit vagabonder sur cet homme exaspérant. Carrick était tout ce qu'elle détestait: arrogant, sûr de lui jusqu'à l'insolence, et incroyablement faux.

Quel genre de rendez-vous devaient-ils avoir la veille? Était-ce un ami de son mari ? Peu probable, vu l'animosité évidente entre les deux hommes.

La voix de Rogue tira Brittany de sa rêverie. Elle se redressa lentement, rassemblant son courage pour affronter sa probable mauvaise humeur et leur séance d'entraînement. À peine avait-elle franchi la porte de sa chambre qu'un bruit distinct de froissement d'étoffe se fit entendre.

La porte s'ouvrit sans prévenir, révélant Dumbledore, dont les yeux pétillaient d'une malice bien connue, contrastant avec l'atmosphère pesante de la pièce.

Ah, mes chers amis! s'exclama-t-il avec une jovialité qui sembla amplifiée par le silence tendu. Je venais m'assurer que tout allait pour le mieux.

Brittany et Rogue échangèrent un regard. L'un semblait irrité, l'autre intrigué. Mais tous deux savaient que lorsque Dumbledore se présentait ainsi, cela signifiait qu'il avait une idée bien précise en tête.

A part une visite particulièrement irritante de Carrick, tout va bien, Albus. Pourriez-vous d'ailleurs vous charger de cet énergumène? Je pense qu'il n'a plus lieu de… me pourrir l'existence.

Le sourire de Dumbledore s'étira légèrement.

Rogue n'était pas dupe. Ce vieux fou n'avait pas placé Carrick dans sa vie par hasard. Il ne l'avait pas engagé juste pour l'aider à manipuler Brittany pour qu'elle l'accompagne à la fête. Tout était calculé, chaque détail visant à rapprocher Brittany et lui, à forger ce couple parfait qu'il avait en tête. Mais à quel prix ? Et Carrick, avec ses conseils grotesques, ses sourires narquois… Ce prétendu expert ne faisait qu'ajouter une couche supplémentaire à son fardeau.

Aimeriez-vous visiter le château Brittany? demanda d'une voix douce le directeur. Vous n'êtes pas sortie de ces quartiers depuis votre arrivée.

Elle haussa les épaules, jetant un regard interrogateur à Rogue.

Severus, les élèves sont à Pré-au-Lard aujourd'hui. Je vous laisse lui montrer les lieux?

Rogue s'était retenu de lever les yeux au ciel. Visiter Poudlard? Quelle idée ridicule. A six jours de l'évènement qui allait surement leur couter la vie, Dumbledore trouvait judicieux d'organiser une promenade touristique. Pourtant, il s'était résigné, sachant qu'il ne servirait à rien d'argumenter.

Très bien, grogna-t-il finalement, les mâchoires serrées.

oOoOo

Ils marchaient dans le calme imposant des couloirs, leurs pas résonnant doucement sur le sol de pierre, amplifiés par les voûtes qui s'élançaient au-dessus d'eux. Brittany ralentissait à chaque pas, ses yeux explorant chaque détail du château. Les plafonds semblaient s'élever à l'infini, soutenus par des arches élégantes qui semblaient presque danser dans la lumière matinale. De grandes fenêtres laissaient entrer des rayons dorés, jouant sur la surface irrégulière des murs. Les portraits accrochés le long des corridors murmuraient et chuchotaient entre eux, attirant son attention.

C'est… vraiment impressionnant, murmura-t-elle, sa voix teintée d'une admiration qu'elle ne parvenait pas à dissimuler.

Rogue, qui fixait obstinément le chemin devant lui, s'arrêta à peine, mais son sourcil se haussa imperceptiblement, trahissant une once d'agacement.

Je suppose que c'est votre idée d'une promenade agréable, ajouta-t-elle, une pointe d'ironie dans la voix pour combler le silence pesant.

Ce n'est pas une promenade. C'est une perte de temps.

Elle haussa les sourcils, amusée malgré elle.

Il ralentit légèrement, un soupir agacé s'échappant de ses lèvres. Pourtant, en observant Brittany s'émerveiller, il sentit quelque chose vaciller en lui. Cette femme, si distante et secrète, semblait soudain redécouvrir un monde qu'elle avait longtemps repoussé. Il détestait l'admettre, mais son enthousiasme naïf lui rappelait celui du garçon qu'il avait été. Celui qui, le premier jour, avait cru que Poudlard serait une échappatoire à tout ce qu'il avait laissé derrière lui. Une illusion, bien sûr, mais l'espace d'un instant, il s'autorisa à la partager avec elle.

Brittany caressa distraitement une tapisserie. Le tissu s'anima doucement à son contact, une scène médiévale prenant vie sous ses doigts: des sorciers lançant des sorts, une forêt dense en arrière-plan, et un dragon cracheur de feu traversant le ciel. Son regard fut attiré par une fenêtre en ogive qui offrait une vue plongeante sur le parc du château. Le lac miroitait sous le soleil, et plus loin, les arbres de la Forêt Interdite formaient une masse sombre et imposante.

C'est vraiment beau, murmura-t-elle presque pour elle-même.

Hum, grogna-t-il en guise de réponse.

Brittany tourna la tête vers lui, intriguée.

Vous ne trouvez pas ?

Il haussa un sourcil, comme si la question elle-même était absurde.

J'ai cessé de chercher ce qui est "beau" depuis longtemps.

Elle le regarda, hésitant un instant avant de répondre.

Je suis sûre que c'est faux.

Il fronça les sourcils, mais elle détourna les yeux avant qu'il ne puisse répondre, s'attardant devant une série d'armures imposantes qui semblaient la regarder d'un air suspicieux. Une d'entre elles fit un léger mouvement de tête, et Brittany sursauta avant de laisser échapper un rire nerveux.

Elles bougent? Sérieusement?

Et elles se battent, si nécessaire, répondit Rogue, sa voix pleine de désintérêt. Ce château regorge de protections, mais il faut être attentif pour les discerner.

Incroyable … Murmura t-elle en touchant la visière de l'armure.

Vous êtes une sorcière, ou une moldue? demanda-t-il, sarcastique, étonné qu'elle puisse encore s'émerveiller autant devant la magie.

Mon père m'a envoyée vivre chez les moldus après la mort de ma mère, expliqua-t-elle d'une voix neutre. Je n'ai pas grandi entourée de magie.

J'avais cru comprendre, en effet …marmonna t-il entre ses dents, se demandant comment il expliquerait au Seigneur des Ténèbres son choix de se lier à une famille de sang pur qui avait envoyé leur enfant étudier chez les moldus. Et votre éducation?

Collège et lycée moldus, répondit-elle simplement. En Bretagne.

Elle marqua une pause, avant de poursuivre.

J'aimais beaucoup les sciences. La physique, en particulier. Les étoiles, les galaxies… Ce sentiment d'immensité, d'inconnu.

Rogue l'observa, intrigué malgré lui.

Et qu'auriez-vous voulu faire ?

Elle esquissa un sourire, mais son regard se teinta de mélancolie.

J'aurais voulu devenir astrophysicienne. Voyager, étudier les astres… Mais ce n'était pas possible.

Il fronça les sourcils.

Pourquoi?

Mon père a souhaité que je revienne subitement auprès de lui… Il estimait que ma place n'était plus… là-bas.

Rogue la fixa, son regard sombre sondant ses mots.

Là-bas? Chez les Moldus?

Elle hocha doucement la tête, mais son visage se referma légèrement, comme pour indiquer qu'elle n'en dirait pas plus.

Il avait ses raisons, j'imagine, ajouta-t-elle après un silence. Mais cela m'a appris à ne plus espérer grand-chose.

Cette dernière phrase, dite d'une voix presque neutre, éveilla chez Rogue une étrange pointe de compassion. Il ne répondit pas tout de suite, cherchant à comprendre ce qu'elle avait réellement voulu dire. Était-ce une résignation? Une colère contenue?

Hésitant, il repensant aux conseils de Carrick. Il fit un pas en avant, tentant maladroitement d'effleurer la main de Brittany. Elle tourna la tête vers lui, surprise, et il retira sa main immédiatement, le cœur battant.

Désolé, marmonna-t-il.

Brittany haussa un sourcil, un mélange de confusion et de curiosité sur le visage.

Tout va bien, dit-elle doucement.

Rogue détourna les yeux, se maudissant intérieurement. Pourquoi s'efforçait-il de mettre en pratique les absurdités de Carrick? Brittany avait accepté de l'aider, il n'avait pas besoin de… jouer à ce jeu.

Par ici, dit-il simplement, sa voix légèrement rauque.

Ils arrivèrent enfin dans une galerie ouverte qui surplombait le parc. Brittany s'avança vers le rebord, le vent léger jouant avec ses cheveux. Elle inspira profondément, laissant la fraîcheur matinale apaiser l'agitation qui grondait encore en elle.

Vous pouvez voir la forêt interdite d'ici, dit-il enfin. C'est un lieu dangereux, mais… fascinant.

Brittany posa les mains sur la rambarde en pierre, son regard se perdant dans la masse sombre des arbres qui s'étendaient à l'horizon.

Un peu comme Brocéliande, répondit-elle, un sourire pensif éclairant son visage. Elle aussi a ses secrets et ses dangers.

Rogue fronça légèrement les sourcils, intrigué malgré lui.

Quels genres de dangers?

Elle laissa échapper un rire léger.

Pas ceux que l'on trouve ici, répondit-elle. Mais il y a des récits… Des disparitions mystérieuses, des voyageurs égarés qui ne reviennent jamais. Certains parlent d'illusions, d'enchantements qui trompent les sens. On dit même que certaines zones de la forêt sont… hors du temps. Que des jours peuvent s'écouler sans qu'on s'en rende compte.

Et cela vous fascinait? Vous… exploriez, seule, dans un tel endroit?

Aussi souvent que je le pouvais, admit-elle, un éclat de nostalgie traversant ses yeux. Je sais, c'était imprudent, mais c'était là que je me sentais le plus libre. Il y avait quelque chose… de vivant, dans cette forêt. Comme si elle respirait. Comme si elle voyait tout.

Rogue observa son visage, illuminé par ses souvenirs. Il se demanda brièvement comment une personne qui semblait si attirée par la magie avait pu choisir de l'éteindre en elle-même.

Brocéliande, répéta-t-il, pensif. Evidemment …

Il détourna le regard, une ombre traversant son expression. Il repensait au choix de livre que Carrick avait… accidentellement fait tomber devant elle pour l'aborder, et cela le crispa. Que savait réellement cet imbécile? Comment avait-il obtenu ces informations? Cela ne pouvait venir que de Dumbledore, et l'idée que le directeur joue encore à son jeu d'entremetteur, manipulant tout et tout le monde à sa guise, le rendait furieux.

Elle haussa un sourcil, perplexe face à sa réaction.

Que voulez-vous dire?

Je veux dire que Dumbledore me tape sur les nerfs, répondit-il, laconique.

Elle laissa un rire s'échapper, mais décida de ne pas creuser le sujet. Il devait avoir ses raisons. Il y avait un millier de raisons de trouver Dumbledore agaçant.

Quand j'étais en France, Brocéliande était mon refuge, Mon échappatoire, continua Brittany, se laissant aller à quelques confidences. Une manière d'oublier tout ce qui me pesait. Mais quand mon père m'a fait revenir en Grande-Bretagne, il n'y avait plus de Brocéliande. Seulement lui.

Elle marqua une pause, un léger tremblement dans sa voix.

Il y avait une petite forêt près de chez nous. Pas grand-chose à côté de la forêt que j'avais l'habitude de fréquenter, mais c'était tout ce que j'avais. Sauf qu'il m'a vite empêchée de m'y rendre. Il avait d'autres plans pour moi.

Elle se tut, son regard s'assombrissant.

Lesquels? demanda Rogue, sa voix étonnamment douce.

Elle lâcha un rire sans joie.

Des plans qui n'étaient pas les miens. Il avait besoin de se redonner une place dans la société sorcière. Pour que tout le monde voie qu'il pouvait encore tenir sa famille, même après la mort de ma mère. Il voulait faire croire qu'il maîtrisait la situation, alors que c'était tout le contraire. Il n'a jamais été capable de quoi que ce soit à part … boire et être violent.

Elle tourna légèrement la tête vers lui, et ses yeux brillaient d'une colère froide.

Je n'étais qu'un moyen pour lui de retrouver un semblant de respectabilité. Son grand plan était de me marier à quelqu'un de bonne famille pour redorer son blason.

Rogue serra les mâchoires, incapable d'ignorer l'étrange écho entre son propre passé et celui de Brittany. Il connaissait cette emprise, ce besoin toxique de contrôle qui étouffait tout ce qui avait un potentiel de liberté.

Et vous vous êtes battue, murmura-t-il.

Elle hocha légèrement la tête, une ombre de défi dans son regard.

Jusqu'à mes 27 ans, j'ai réussi à ne pas donner satisfaction à ce bon à rien. Et puis vous êtes arrivé …

Elle esquissa un sourire qu'elle voulait amer, mais qui était empreint de douceur. Rogue l'avait sorti de l'emprise de son père, même si elle avait mis du temps à le réaliser. Ce n'était pas un prince charmant, loin de là. Ses colères, ses sarcasmes, et même ses quelques éclats de violence au début de leur cohabitation auraient pu la terrifier. Mais à présent, elle comprenait qu'il n'était pas réellement violent, seulement désespéré. Et étrangement, elle se sentait moins malheureuse ici, avec lui, qu'elle ne l'avait jamais été sous la coupe de son père.

Rogue détourna légèrement les yeux, mal à l'aise.

Si cela peut vous consoler, finit-il par dire d'un ton plus sec, je ne suis pas de bonne famille, et ce n'est certainement pas avec moi qu'il va redorer quoi que ce soit.

Son ton semblait presque détaché, mais Brittany perçut une pointe de cynisme et peut-être même une once de regret dans sa voix.

Rentrons, ajouta-t-il en lui tendant une main pour l'inciter à avancer. Nous avons encore du travail.