Voici le chapitre 30 avant le week-end. Merci pour vos messages et abonnements !
Chapitre 30 :
La porte de la petite maison de Spinner's End s'ouvrit dans un fracas. Severus Rogue apparut dans l'encadrement, chancelant, une main plaquée contre son flanc. Du sang s'écoulait entre ses doigts, sa respiration était rauque et saccadée. Il se hissa à l'intérieur et referma la porte avant de s'effondrer sur le tapis.
— Severus ?!
Brittany, qui lisait près de la cheminée, leva brusquement la tête. Le livre tomba de ses mains alors qu'elle voyait son mari étendu au sol.
— Bon sang, non… Severus!
Elle accourut vers lui, ses genoux heurtant le tapis alors qu'elle s'agenouillait à ses côtés.
— Parlez-moi, qu'est-ce qui s'est passé? murmura-t-elle, paniquée.
Il gémit faiblement, incapable de répondre. Elle posa une main tremblante sur son visage pâle.
— Vous êtes glacé… Ça va aller, je suis là, Severus, je suis là.
Elle guida doucement sa tête pour qu'il la regarde, ses doigts effleurant sa joue ensanglantée.
— Je vais vous allonger, doucement.
Elle glissa un bras sous ses épaules, forçant un peu pour l'aider à se redresser et le faire basculer lentement sur le dos, juste devant la cheminée.
— Restez éveillé, s'il vous plaît…
Elle repoussa une mèche de cheveux noirs collés par la sueur sur son front et caressa doucement ses cheveux.
— Tout ira bien, je vais m'occuper de vous. Ne fermez pas les yeux, Severus.
Elle lui serra la main, ses doigts entre les siens, cherchant à le rassurer autant qu'elle-même. Elle se pencha, son visage tout près du sien.
— Vous n'avez pas le droit de me laisser, pas comme ça… Je refuse d'être veuve, vous entendez? Je ne gérerai pas votre enterrement. Vous n'allez quand même pas me laisser retourner chez mon père! Alors, accrochez-vous!
Sa voix tremblait d'une colère désespérée, mais ses gestes restaient doux, presque fébriles, alors qu'elle lui serrait la main avec force.
— Je vais chercher de quoi vous soigner, ne bougez pas, d'accord?
Evidemment qu'il n'allait pas bouger. Elle se sentie stupide. Elle relâcha sa main à contrecœur et se releva précipitamment, ses pieds manquant de trébucher. Dans son esprit en ébullition, elle ne remarqua pas les éclats de verre provenant d'un vase qui venait d'exploser sous l'effet de sa panique. Elle attrapa un bol d'eau et des linges propres avant de revenir précipitamment.
— Regardez-moi, murmura-t-elle en trempant un tissu dans l'eau.
Elle commença à tamponner la plaie sur son flanc, ses gestes maladroits mais empreints de douceur.
— Ça va aller… je suis là, souffla-t-elle.
Son autre main effleura son visage, traçant une ligne rassurante sur sa joue. Mais le sang continuait de couler, et son cœur s'emballa.
— Mais pourquoi ça ne s'arrête pas… Severus, je fais de mon mieux, je vous le jure… Qu'est-ce que ce taré vous a fait?
Elle sentit un frisson parcourir son corps et lui serra de nouveau la main, pressant ses doigts fins contre les siens.
— Je ne vous laisserai pas… murmura-t-elle, les larmes perlant au coin de ses yeux. Il faut que j'appelle les pompiers.
Il tenta de parler, sa voix faible et brisée.
— Une… fiole… violette… armoire…
Elle redressa la tête, ses yeux s'élargissant d'un espoir fébrile.
— Une fiole violette ? Je vais la chercher, ne bougez pas, d'accord ?
Non, il n'allait toujours pas bouger. Elle se leva d'un bond, son esprit brouillé par l'urgence. En fouillant dans l'armoire, des éclats de verre et des fioles tombèrent sur le sol sous l'effet de son stress. Elle ouvrit son propre étui à médicaments dans un geste impulsif et avala plusieurs pilules d'un coup pour tenter de calmer ses nerfs.
— Brittany ! murmura Severus en la voyant faire, mais il était trop faible pour l'arrêter.
Elle finit par trouver la fiole violette et revint à ses côtés, son cœur battant à tout rompre.
— Je l'ai… Je l'ai trouvée, Severus.
Elle s'agenouilla près de lui, le releva légèrement en passant un bras sous ses épaules.
— Buvez… doucement… Il faut tout boire, hein? Peu importe, buvez tout, on verra bien.
Elle inclina maladroitement la fiole, soutenant sa tête contre son épaule pour l'aider à avaler le liquide. Lorsqu'il eut tout bu, elle reposa doucement sa tête contre son torse, ses doigts glissant instinctivement dans ses cheveux dans un geste apaisant.
— Vous allez aller mieux… je vous le promets… Je vous interdis de retourner à l'une de ces foutues réunions, vous m'entendez ?
La potion fit lentement effet, dissipant une partie de la douleur et du malaise qui l'engourdissaient. Il retrouvait peu à peu ses esprits, mais son corps restait trop lourd, trop épuisé pour qu'il puisse se relever.
Brittany, vidée par le stress et les émotions, lutta quelques minutes contre le sommeil avant d'abandonner. Sa main devint plus lourde, ses caresses s'interrompirent. Son souffle ralentit, et elle s'affaissa doucement contre lui, la joue reposant contre son épaule.
— Brittany ? murmura Severus, alarmé.
Elle ne répondit pas. Sa respiration devint régulière, et un léger ronflement s'échappa de ses lèvres.
— Non… non, réveillez-vous, qu'est-ce que vous avez pris ?!
La panique le gagna. Il rassembla ses dernières forces et lança un Patronus qui s'élança dans la cheminée pour aller chercher l'aide de Madame Pomfresh.
Puis il tourna son regard épuisé vers Brittany. Elle ronflait doucement, paisible.
Un rire nerveux s'échappa de ses lèvres, incongru dans la situation.
— Brittany, vous ronflez … Par Merlin… soupira-t-il, secoué par des éclats de rire incontrôlables.
Et pourtant, il ne put s'empêcher de resserrer faiblement ses bras autour d'elle.
Des flammes vertes jaillirent brusquement dans l'âtre, projetant un tourbillon de cendres, et Pomfresh en émergea d'un pas vif, sa cape déjà à demi-relevée, prête à faire face au pire. Elle posa son regard sur Rogue, allongé sur le tapis, affaibli mais conscient, et sur Brittany, inerte au-dessus de lui.
— Qu'est-ce que vous avez encore fait, Severus ? grogna-t-elle en s'agenouillant à ses côtés.
— Epargnez-moi vos sermons, Poppy, rétorqua-t-il faiblement, sa voix rauque.
Pomfresh fronça les sourcils en posant un sort diagnostique sur Rogue. Elle secoua la tête en marmonnant quelque chose sur les hommes et leur incapacité à demander de l'aide à temps.
— Elle s'est évanouie après avoir avalé… des médicaments moldus. Beaucoup, d'après ce que j'ai vu, murmura Rogue en la regardant.
— Des médicaments moldus ? Lesquels? répéta-t-elle, alarmée.
— Comment voulez-vous que je le sache? Faites quelque chose, je ne sais pas gérer ça ! lui ordonna t-il sèchement, tandis qu'il tentait de se relever. Il avait pris Brittany dans ses bras.
— Parce que vous croyez que je sais gérer cela? grommela-t-elle.
Elle réfléchit quelques secondes et pointa sa baguette vers Brittany et incanta un sort purgatif. Presque aussitôt, Brittany s'agita et commença à vomir sur le tapis. Rogue ferma les yeux un instant. Il avait encore envie de rire malgré son inquiétude.
Pomfresh eut un soupir de soulagement en voyant une dizaine de cachets non digérés et leva sa baguette pour nettoyer le désordre d'un sort rapide.
— Elle les a pris il y a combien de temps?
— Il y a une quinze minutes peut être.
— Alors je pense qu'elle a tout revomi. Ils n'ont pas eu le temps d'être complètement absorbés par l'organisme… Ça devrait aller. Elle va surement dormir encore un moment, mais je vais la déplacer dans votre lit. Vous, ne bougez pas, je n'ai pas fini avec vous non plus.
Pomfresh transfigura un coussin en brancard improvisé et y fit léviter Brittany avec douceur, la guidant jusqu'à l'étage où elle hésita légèrement, ne sachant pas exactement dans quelle chambre le couple dormait.
Rogue, malgré ses blessures, l'avait suivi.
— Vous êtes inconscient, Severus, maugréa Pomfresh en déposant Brittany, mais elle ne put rien faire pour l'arrêter.
Une fois Brittany installée, Pomfresh retourna à Rogue et acheva de soigner ses blessures.
— Vous devriez vous reposer, Severus.
— Je vais veiller sur elle, répondit-il fermement, en s'installant dans le fauteuil près du lit, son regard rivé sur la silhouette endormie de la jeune femme.
Pomfresh leva les yeux au ciel, murmura un dernier conseil inutile, et repartit par la cheminée.
oOoOo
Le lendemain matin, Brittany ouvrit lentement les yeux. La lumière filtrant par les rideaux la fit cligner des paupières, et elle se tourna pour apercevoir Rogue, assis dans un fauteuil, les coudes appuyés sur ses genoux, son visage grave.
— Vous êtes réveillée, dit-il d'un ton neutre, mais il y avait une légère note de soulagement dans sa voix.
— Je… Je suis désolée, murmura-t-elle, se redressant doucement dans le lit.
Il leva une main pour l'interrompre, ses yeux lançant des éclairs.
— Désolée ? Vous avez été pitoyable. Une catastrophe ambulante. Pire que Longdubat avec un chaudron entre les mains ! À quel moment avez-vous cru qu'un bol d'eau et un torchon allaient stopper une hémorragie ? Vous soignez la magie noire avec de l'eau, vous ?!
Il secoua la tête, furieux.
— Si j'avais compté sur vos talents de guérisseuse, je serais déjà mort ! Ne recommencez jamais ça !
Brittany baissa les yeux, honteuse.
— Je sais… je suis désolée, je ne savais pas comm…
— Arrêtez.
Elle releva les yeux, surprise par la baisse soudaine de son ton. Il ne la regardait pas, fixant un point invisible devant lui, comme si la suite de ses mots lui coûtait.
— Vous avez été… incroyablement incompétente, grogna-t-il. Mais…
Il marqua une pause, serrant brièvement les mâchoires avant de soupirer, visiblement agacé contre lui-même.
— Personne… personne ne s'était jamais occupé de moi comme ça, en réalité.
Sa voix s'éteignit presque sur la fin, et il secoua légèrement la tête, comme pour balayer cette confession.
Un sourire apparu au coin des lèvres de Rogue.
— C'était parfaitement stupide de vouloir m'interdire de répondre à une convocation du Seigneur des Ténèbres. Mais…
Il s'interrompit, hésitant une fraction de seconde, puis détourna légèrement le regard avant d'ajouter, plus bas :
— C'était… touchant. Merci.
Il détourna brièvement les yeux, car cette confession le mettait mal à l'aise, avant de la fixer à nouveau.
— Le jour où vous serez veuve, ce sera sans doute parce que le Seigneur des Ténèbres aura jugé que je ne lui suis plus d'aucune utilité. Et dans ce cas, il ne restera probablement pas grand-chose à enterrer. À moins, bien sûr, que Londubat ne parvienne à m'éliminer avant… mais là encore, je doute qu'il y ait beaucoup à mettre en terre. Quoi qu'il en soit, soyez tranquille : je n'ai pas touché aux gallions de votre père. Vous en aurez assez pour vivre sans jamais avoir à remettre les pieds chez lui.
Il marqua une pause, son regard se perdant un instant dans le vide.
— Quand vous vous êtes endormie, j'ai cru… J'ai eu peur.
Sa voix s'était faite plus grave, plus rauque. Il serra brièvement les poings avant de relever les yeux vers elle, son regard redevenu perçant.
— Qu'avez-vous pris ? Allez-vous enfin me dire ce que c'était ?
Brittany baissa la tête, sa gorge nouée.
— Ce sont … des genres d'anxiolytiques, mais puissants, murmura-t-elle. Je… j'en prends depuis des années. Ce sont des médicaments utilisés en hôpital psychiatrique, pour calmer les crises d'angoisse aiguës. Ça agit vite ... Mais ça m'assomme un peu. Beaucoup, en fait.
Il la dévisagea, perplexe.
— Pourquoi ?
Elle inspira profondément, rassemblant son courage.
— Ca me permet de calmer ma magie.
Devant son regard interrogateur, elle poursuivit.
— Quand j'étais enfant, je… Je n'ai jamais su contrôler ma magie instinctive. Et un jour…
Sa voix se brisa, et elle détourna les yeux.
— C'est à cause de moi que ma mère est morte, Severus. Ma magie a été trop forte… elle n'a pas survécu. La plupart des enfants manifestent leur magie en … volant, en cassant des choses … Moi, j'ai tué ma mère.
Le silence s'installa dans la pièce, Rogue la fixant avec une intensité inhabituelle. Il tendit une main vers elle, hésita, puis posa doucement ses doigts sur les siens.
— Ce n'était pas votre faute, murmura-t-il enfin.
Elle releva les yeux vers lui, des larmes brillant au coin de ses paupières.
— C'est un poids que je porte chaque jour.
Il resta silencieux un moment, puis pressa doucement sa main.
— Je comprends, finit-il par dire. Mais vous n'avez pas besoin de porter ce poids seule. Pas tant que je suis là.
Elle hocha la tête, émue, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres.
