Merciii pour vos retours, nombreux en plus! C'est chouette. Voici du coup le chapitre 35, centré sur Drago. Ce n'est pas encore dans celui-ci que nos deux tourtereaux se sautent dessus, navrée. Mais on me dit dans l'oreillette que ca vient. Et sinon, j'ai passé … plusieurs heures à me demander comment on accordait le verbe croire dans «tu veux que je …. (croire conjugué)». J'ai mis un e, mais franchement je ne suis pas sure. Alors fermez les yeux si jamais vous êtes au taquet niveau français Enjoy.

PS: je reçois des messages de «personnes» (parfois j'ai quand même l'impression que ce sont des robots) souhaitant «dessiner» mon histoire. Faites donc, je n'ai aucun problème avec ça. Mais je ne donne pas mon mail ou numéro.

Chapitre 35:

La journée avait été longue et fatigante. Rogue avait passé la matinée à éviter des explosions dans sa classe : Longdubat avait fait sauter son chaudron – encore – et Lavande Brown avait reçu la mixture en plein visage, ce qui l'avait obligé à courir jusqu'à l'infirmerie pour qu'elle soit soignée.

Comme s'il n'avait que ça à faire.

Pour occuper le reste de la classe, il avait imposé la rédaction d'un devoir qu'il devait maintenant corriger.

Ils étaient tous plus lamentables les uns que les autres.

Poppy était ensuite descendue en panique, réclamant un onguent en urgence. Il se retrouvait donc à jongler entre ses corrections, un chaudron fumant, et une potion à stabiliser.

Trois coups hésitants retentirent à la porte. Brittany lui jeta un regard avant de se lever pour ouvrir. Rogue ne leva même pas les yeux, il savait déjà qui c'était.

Drago entra lentement, scrutant la pièce d'un regard méfiant, comme s'il s'attendait à une embuscade. Prudent. Nerveux. Il était plus pâle que d'habitude, les cernes sous ses yeux creusaient son visage. Mauvais sommeil. Probablement pas une mise en scène. Lorsqu'il aperçut Rogue, son visage se ferma aussitôt.

— Vous vouliez me voir, Madame ? demanda-t-il avec prudence.

Rogue lui répondit, sans lever le nez de son parchemin.

— Assieds-toi. Nous devons parler.

D'un geste précis, il préleva un peu d'onguent et le transféra dans un pot en verre, refermant ce dernier d'un mouvement sec. Drago, lui, était toujours debout, le regard braqué sur Brittany.

— Vous lui avez dit… Il crispa la mâchoire. Je pensais pouvoir vous faire confiance.

Brittany ne répondit pas et se dirigea vers la petite cuisine pour aller chercher une théière et trois tasses.

— Elle a bien fait.

Rogue se leva, s'installa sur le canapé et désigna le fauteuil face à lui. Drago hésita, puis obéit lentement. Le silence s'étira avant que Rogue ne reprenne la parole.

— Pourquoi Brittany ? demanda Rogue, sa voix basse mais tranchante. Pourquoi ne pas être venu directement me voir ?

Drago détourna légèrement les yeux.

— Je voulais quelqu'un qui ne me jugerait pas.

— Tu crois que je te juge, Drago ?

Le jeune homme releva la tête, le fixant avec défi.

— Tu m'aurais écouté, si j'étais venu te dire que je ne voulais pas être Mangemort ? Que je voulais renoncer ?

Rogue ne répondit pas immédiatement. Son regard resta impassible, mais Brittany, qui commençait à le comprendre, vit le léger tressaillement dans sa mâchoire. Il sorti une fiole de sa poche, et a fit tourner lentement entre ses doigts.

— Je vais te poser une question, Drago. Tu peux choisir d'y répondre… ou bien boire trois gouttes de cette potion et nous verrons ce qu'il en est.

Drago blêmit légèrement, mais ne détourna pas les yeux.

— Pourquoi as-tu pris la Marque ?

Un silence s'installa. Un long silence. Les signes d'un mensonge étaient nombreux. Le regard fuyant. La bouche qui se pince. Le léger tic nerveux au coin de la mâchoire. Le ton trop assuré, ou au contraire trop hésitant. Drago baissa les yeux, serra les poings, puis souffla :

— Parce que mon père l'a voulu.

Rogue ne bougea pas, mais il analysa chaque détail.

— Donc, tu as obéi.

Drago ouvrit la bouche, mais Rogue leva un doigt pour l'arrêter.

— Explique-moi alors une chose. Pendant des années, tu as défendu cette idéologie. Tu as ricané avec ton père sur la grandeur du sang-pur. Tu as insulté les Sang-de-Bourbe en public, comme un bon petit Malefoy.

Il pencha légèrement la tête, son regard perçant transperçant Drago.

— Tu veux que je croie qu'aucun de ces mots n'étaient sincères ? Pas un seul ?

Drago serra les poings.

— Je…

Rogue observa, cherchant le moindre signe de mensonge. Drago soutint son regard, mais il avait pâli.

— Je voulais juste qu'il soit fier de moi.

— Et quand as-tu compris que ce n'était pas la voie que tu souhaitais prendre ?

— Quand j'ai dû tuer cet homme.

Rogue laissa échapper un léger ricanement froid.

— Et pas avant ?

Drago baissa les yeux.

— Non. Avant, ce n'était que des mots. Ça ne comptait pas.

Rogue observa chaque détail. Son souffle court, le tic nerveux dans sa main, sa façon d'appuyer compulsivement ses doigts sur ses genoux. La voix de Drago était amère, brisée, et, malgré lui, Rogue senti une pointe douloureuse lui serrer le cœur. Il aurait dû agir avant.

Mais qu'aurait-il pu faire?

Il détourna brièvement le regard vers Brittany, qui retenait son souffle, attendant le verdict.

Rogue ferma les yeux une fraction de seconde, rassemblant ses pensées. Il ne pouvait pas se laisser attendrir. Pas trop vite. Pas sans être certain que ce n'était pas un piège.

Il reporta son attention sur Drago.

— Qu'est-ce que tu attendais de Brittany ?

Drago secoua la tête.

— Je ne sais pas. Juste une oreille attentive.

— Et de moi?

Un silence. Un long silence. Il voyait les larmes refoulées dans les yeux de Drago, la crispation de ses mâchoires. Il se rendit compte, avec un pincement au ventre, à quel point son filleul était fragile. À quel point il était seul.

Drago déglutit avec difficulté, sa voix n'était plus qu'un murmure.

— Aide moi, Severus. S'il te plait.

Il inspira un grand coup, comme s'il rassemblait tout le courage qu'il lui restait.

— Je ne peux pas tuer ces gens samedi. Ils ne m'ont rien fait. Je ne veux pas les tuer.

Il releva les yeux vers lui, et cette fois, Rogue ne vit plus l'héritier Malefoy, ni l'adolescent arrogant qu'il avait toujours connu. Seulement un gamin désespéré, au bord du gouffre. Un gamin qu'il aurait pu être, lui aussi.

Un silence pesant s'installa, et enfin, Rogue lâcha, à contrecœur :

— Très bien.

Drago expira violemment, comme si un poids quittait sa poitrine.

— Cependant…

Le ton était redevenu glacial, calculateur. Drago releva la tête, alerte.

— Si tu me trahis…

Drago hocha la tête rapidement.

— Je ne te trahirai pas.

Il y eut un silence durant lequel les deux hommes se jaugèrent, puis Rogue acquiesça. Brittany, soulagée de voir que son mari allait aider son filleul, se leva doucement.

— Je vais vous laisser, je suis fatiguée. Bonne nuit à tous les deux.

Elle jeta un regard tendre à Rogue et s'éclipsa dans sa chambre.

Dès que la porte se referma, le masque de Rogue tomba. Il fixa les flammes un instant avant de reposer son regard sur Drago.

— Je suis à peu près certain d'avoir épousé une Gryffondor.

Il croisa les bras.

— Impulsive, imprudente, souvent naïve… Elle croit qu'il y a du bon en chacun. Elle… fait confiance facilement.

Il soupira et reporta son attention sur Drago.

— Me concernant, je préfère prendre quelques garanties.

Il fit glisser sa baguette entre ses doigts avant de la pointer vers lui.

— Tu sais ce qu'est un Serment Inviolable, mon cher filleul ?

Drago blêmit, tandis que Rogue saisissait sa baguette.

— Oh, et je te recommande vivement de ne jamais en toucher un mot à mon épouse. Il sourit froidement. Cela pourrait vraiment, vraiment… m'énerver.