Hello! Voici la suite! J'espère qu'elle vous plaira!
Chapitre 37
Le silence dans leurs appartements était oppressant. Brittany faisait les cent pas, les bras croisés contre sa poitrine, ses pensées tournant en boucle. Elle avait essayé de lire, en vain. Tenté de fermer les yeux, sans succès. L'attente était insupportable. Et si quelque chose se passait mal ?
Elle jeta un coup d'œil vers l'horloge. Toujours aucune nouvelle.
Et s'ils ne revenaient pas ?
Un frisson lui parcourut l'échine. Elle se força à respirer profondément. Rogue était prudent. Il savait ce qu'il faisait. Mais Drago ? Voldemort attendait sûrement un rapport. Devraient-ils s'y rendre ? Et s'il était mécontent ?
Trois coups légers interrompirent brutalement le cours de ses pensées. Son cœur fit un bond alors qu'elle se précipitait vers la porte. Lorsqu'elle l'ouvrit, ce ne fut pas son mari qui apparut dans l'encadrement, mais le sourire calme et énigmatique d'Albus Dumbledore.
— Professeur Dumbledore, souffla-t-elle, déconcertée.
— Bonsoir, Brittany. Puis-je entrer ?
Elle s'effaça, toujours sonnée par sa présence inattendue. Il s'installa tranquillement sur un fauteuil, observant la pièce d'un regard perçant. Brittany ne comprenait pas ce qu'il faisait là, mais son expression bienveillante l'irritait déjà.
— Je vois que vous attendez son retour, dit-il doucement.
— Bien sûr que j'attends, répondit-elle un peu trop vite.
Dumbledore sourit, ce qui eut pour effet de l'agacer encore plus.
— On n'attend avec angoisse que ceux qui comptent, remarqua-t-il avec légèreté.
Brittany se crispa.
— Je serais inquiète pour n'importe qui dans cette situation.
— Bien sûr, dit-il en haussant légèrement les sourcils. Il est tellement facile de se mentir à soi-même.
Elle ouvrit la bouche, puis la referma aussitôt. Cet homme était exaspérant.
Un silence s'installa.
— Vous plaisez-vous dans votre travail auprès d'Hagrid ? reprit Dumbledore avec une légèreté feinte.
Brittany hésita, prise de court par ce brusque changement de sujet.
— Oui… Je crois. Les journées sont bien remplies. Hagrid m'apprend beaucoup de choses, et il me laisse de plus en plus d'initiatives.
Dumbledore hocha la tête, satisfait.
— Hagrid vous apprécie beaucoup. Il m'a dit que vous aviez un réel talent avec les créatures. Je crois qu'il vous considère comme une amie.
Brittany ne répondit pas immédiatement, songeant aux après-midis passés en compagnie du demi-géant. Elle s'était rapidement sentie en confiance avec lui, bien plus qu'avec la plupart des autres habitants du château.
— Oui, murmura-t-elle finalement. C'est un homme bien.
Dumbledore esquissa un sourire entendu.
— Severus a été très perspicace en proposant ce poste.
Brittany releva légèrement la tête. Cinq minutes. Il avait tenu cinq minutes avant de retenter son entremise.
— Vous voulez dire quand vous comptiez me confier à Rusard ? ironisa-t-elle.
Elle avait eu l'occasion de croiser régulièrement le concierge, et il avait un caractère bien pire que celui de son mari. Elle remerciait toutes les divinités de ne pas avoir été obligée de passer ses journées avec lui. Enfin, elle remerciait surtout son mari. Dans sa tête en tous cas.
Dumbledore eut un petit rire.
— Une solution pragmatique, mais pas très bien accueillie, si mes souvenirs sont bons. Il aurait pu ne rien dire et me laisser faire. Tom n'aurait pas été content, mais il aurait pris cela pour une provocation de ma part. Severus le savait pertinemment. Au lieu de cela, il vous a trouvé une alternative. Une alternative qui, disons-le, vous correspond plutôt bien. Cela m'a étonné qu'il vous défende ainsi.
Brittany se rappela leur conversation dans les couloirs du château, quelques semaines plus tôt. Il l'avait écoutée parler de la forêt de Brocéliande. Il avait retenu ses mots. Mais elle n'avait pas eu besoin de Dumbledore pour s'en rendre compte.
Un silence s'installa. Dumbledore l'observa, jaugeant sa réaction, puis son sourire se fit plus doux.
— Je suis heureux de voir que cette dynamique fonctionne bien. Vous et Hagrid, bien sûr, mais aussi… vous et Severus.
Brittany ne put s'empêcher de lever les yeux au ciel. Il n'allait pas lâcher l'affaire.
— Vous vous apportez définitivement quelque chose, tous les deux.
Encore une couche. Allait-il continuer longtemps?
Elle s'apprêtait à répliquer, mais il enchaîna aussitôt, comme si une idée venait de lui traverser l'esprit.
— Ne pensez-vous pas qu'il serait temps de laisser tomber les formalités ? Vous pourriez m'appeler Albus.
Brittany le fixa un instant avant de laisser échapper un sourire mordant.
— Vu votre implication dans ma vie personnelle et sentimentale, je pourrais aussi bien vous appeler Bubus, ce ne serait pas choquant.
Dumbledore éclata d'un rire léger, secouant la tête d'un air faussement accablé.
— Quelle impertinence. Vous me rappelez quelqu'un… Vous êtes vraiment pareils. Pareils, et en même temps, complémentaires.
Brittany se contenta de lui adresser un regard indéchiffrable, mais Dumbledore, lui, s'était déjà redressé dans son fauteuil. Son sourire s'effaça légèrement, laissant place à une expression plus sérieuse.
— Avez-vous eu l'occasion de croiser Drago Malefoy récemment ?
Brittany sentit son estomac se nouer.
— Pourquoi cette question ?
— Je vais être honnête avec vous, Brittany. Je suis inquiet pour le jeune Malefoy. Il me semble… différent. Depuis la rentrée, il est plus nerveux. Il a le regard d'un garçon qui se sait en sursis.
Elle ne savait pas quoi répondre. Devait-elle lui dire que Drago était parti avec Rogue ce soir-là ? Brittany se contenta de dire non de la tête.
Dumbledore poussa un léger soupir et se leva.
— Il est tard. Je vais vous laisser. Essayez de ne pas trop vous tourmenter. Severus a l'habitude de gérer ce genre de situations. Mais, ajouta-t-il en lui lançant un regard perçant, je suis certain qu'il appréciera votre inquiétude.
Brittany ne répondit pas. Elle attendit qu'il quitte la pièce avant de soupirer longuement.
oOoOo
Les heures s'étiraient avec une lenteur insoutenable. Brittany se força à s'asseoir près du feu, mais se releva aussitôt. Elle allait et venait dans l'appartement, incapable de tenir en place. Chaque bruit dans le couloir la faisait sursauter.
Enfin, alors que l'horloge marquait une heure avancée de la nuit, la porte s'ouvrit sur les silhouettes fatiguées de Severus Rogue et Drago Malefoy.
Brittany se précipita vers eux.
— Tout s'est bien passé ?
Rogue hocha simplement la tête en retirant sa cape, visiblement épuisé. Drago, lui, était livide.
— J'ai failli vomir, murmura-t-il, la voix tremblante.
Rogue leva les yeux au ciel.
— Il a vomi, rectifia-t-il en pinçant l'arête de son nez. En apercevant les quatre cadavres. J'ai eu beau lui expliquer que c'étaient des vieillards sous Polynectar, décédés de mort naturelle, c'était trop pour lui.
Brittany fronça les sourcils. Il y avait quelque chose d'étrange. Son regard passa instinctivement de son mari à Drago, qui peinait à se tenir droit. Son souffle était court, son regard légèrement vitreux. Une fine pellicule de sueur couvrait son front.
— Ce n'est pas ça qui t'a mis dans cet état, Drago, si ?
Le garçon ouvrit la bouche, mais aucun son n'en sortit. Il déglutit, vacilla légèrement… puis ses yeux se révulsèrent et il s'effondra à moitié.
Brittany étouffa un cri et se précipita vers lui, mais Rogue fut plus rapide.
— Il a besoin de soins, dit-il en le soutenant.
— Il faut l'emmener à l'infirmerie !
— Non, trancha immédiatement Rogue. Dumbledore ignore que Drago était avec moi.
Brittany hésita.
— Il est passé, murmura-t-elle finalement. Il… a des soupçons.
Rogue jura à voix basse, mais il ne semblait pas surpris.
— Évidemment qu'il en a… C'est une vraie fouine.
Il se tourna vers Drago, toujours affaissé contre lui.
— Je sais gérer ce genre de situation, ajouta-t-il en l'ajustant dans ses bras. Il est plus sûr ici.
Elle hocha la tête, à contrecœur et ils le conduisirent ensemble jusqu'à la chambre de Brittany et l'allongèrent sur le lit. Le jeune homme était à demi-conscient, le visage tordu par la douleur. Rogue retira sa cape d'un geste rapide et observa ses réactions.
— Il a reçu plusieurs Doloris, expliqua Rogue en appelant plusieurs fioles avec un accio.
Brittany blêmit instantanément.
— Pourquoi ? Que s'est-il passé ?
Rogue laissa échapper un soupir, s'asseyant au bord du lit pour lui administrer une potion calmante.
— Bellatrix.
Le prénom claqua dans l'air comme une gifle. Brittany sentit une bouffée de colère monter en elle.
— Après le raid, nous avons été convoqués pour un rapport au Seigneur des Ténèbres. Elle était là. Elle a trouvé son neveu trop peu enthousiaste d'avoir accompli sa première mission, expliqua Rogue d'un ton détaché en débouchant un autre flacon. Alors, elle l'a puni.
— Puni ?! répéta Brittany, outrée. C'est une torture !
— Bienvenue chez les Mangemorts, murmura-t-il en tendant la potion à Brittany qui aida Drago à l'avaler. C'était une leçon, poursuivit Rogue en observant son filleul, dont les traits crispés se détendaient légèrement sous l'effet de la potion. Elle voulait qu'il comprenne ce qui est attendu de lui.
Brittany serra les poings.
— C'est insensé.
Rogue haussa un sourcil.
—C'est leur manière de faire. Drago porte le nom Malefoy. Il est censé représenter l'élite des partisans du Seigneur des Ténèbres. Elle ne pouvait pas laisser passer son… manque de zèle.
Le ton de Rogue était cynique, mais Brittany décelait une autre émotion sous sa voix glaciale. Un agacement profond.
— Ce n'est pas qu'une simple punition, remarqua-t-elle. Elle a passé ses nerfs sur lui, n'est-ce pas ?
Il y eut une fraction de silence. Rogue baissa légèrement les yeux sur Drago, qui sombrait enfin dans un sommeil agité.
— Probablement.
Il était évident qu'elle avait passé sa colère envers lui sur Drago. Il savait ce dont Bellatrix était capable, surtout lorsqu'elle se sentait humiliée. Mais il préféra se taire. Mieux valait ne pas raviver le sujet avec Brittany. Il marchait déjà sur une corde raide avec elle à ce sujet, et il n'avait ni l'énergie ni l'envie d'entrer dans une nouvelle confrontation. Il se redressa légèrement.
— Il ira bien, dit Rogue en se redressant. Il n'aura pas besoin de surveillance étroite. Vous pouvez aller vous coucher.
Brittany, encore crispée, attrapa une couverture et se dirigea vers le canapé.
— Qu'est-ce que vous faites ?
Elle lui jeta un regard agacé.
— Je vais dormir.
— Allez dans mon lit. Je prendrai le canapé.
Elle hésita mais se dirigea vers la porte de la chambre de son mari. Puis, dans un élan de provocation teinté de jalousie, elle déclara :
— Vous êtes mon mari. Nous pouvons partager un lit… même si je ne m'appelle pas Bellatrix.
Rogue se figea, puis secoua la tête, un sourire imperceptible au coin des lèvres.
— Par Salazar, vous êtes insupportable.
Elle haussa les épaules, se contentant de se détourner pour entrer dans la chambre de son mari. Derrière elle, Rogue resta un instant dans le salon, comme s'il hésitait à la suivre. Finalement, il poussa un léger soupir avant de franchir le seuil à son tour.
Le silence s'installa lorsqu'ils se glissèrent chacun d'un côté du lit. Un instant, ils restèrent tendus, figés, comme si aucun d'eux n'osait bouger de peur de rompre un équilibre fragile. Puis, après une hésitation, la voix de Rogue résonna dans l'obscurité.
— Brittany… Peut-être pourrions-nous nous tutoyer ?
Elle sourit dans le noir.
— Dors bien, Severus.
