Comme je suis une vraie gamine qui trépigne d'impatience comme si c'était Noël à l'idée de vous poster le chapitre 41, voici le chapitre 39. Il est possible que je ne poste rien avant lundi, je pars en vacances et je ne sais pas si j'aurais accès à l'ordi. Du coup, je veux plein de reviews à mon retour, hein ?

Chapitre 39:

La douleur le prit par surprise. Alors qu'il traversait un couloir désert du château, une brûlure soudaine lui transperça l'avant-bras gauche, irradiant sous sa peau comme un tison incandescent. Rogue s'arrêta net, crispant la mâchoire pour contenir la grimace qui menaçait de tordre ses traits. Voldemort le convoquait. Il prit une inspiration, se redressa et tourna les talons.

Lorsqu'il passa enfin la porte de leurs appartements, des heures plus tard, Brittany releva immédiatement les yeux vers lui. Elle s'était installée sur un fauteuil près de la cheminée, un livre entrouvert sur ses genoux, mais Rogue remarqua aussitôt que sa posture était trop tendue pour quelqu'un absorbé par une lecture. Elle avait attendu son retour.

Son regard glissa sur lui rapidement, cherchant un indice. Il n'avait aucune blessure visible, son pas était assuré, son visage fermé comme à son habitude. Pas de sang sur ses vêtements. Pas de sort reçu.

— Qu'est-ce qui se passe ? Tout va bien? demanda-t-elle, la voix plus pressante qu'elle ne l'aurait voulu.

Rogue ôta sa cape d'un geste mesuré et la posa sur le dossier d'un fauteuil, prenant une seconde pour rassembler ses pensées.

— Le Seigneur des Ténèbres prend goût aux mondanités.

Brittany fronça les sourcils.

— Oh … non … Quand? Pourquoi ?

Il se laissa tomber dans un fauteuil, pinçant l'arête de son nez.

— Pendant les vacances de Noël à priori. Et le pourquoi, c'est bien ce qui m'inquiète. Il n'a pas de raison de célébrer quoi que ce soit, ou alors je ne suis pas au courant.

Il était vrai qu'il avait récemment perdu une source d'information fiable, mais il se garda bien d'en faire la remarque à Brittany.

Un silence s'installa. Brittany déglutit lentement, sentant une tension désagréable lui nouer la gorge.

— Tu penses qu'il prépare quelque chose ?

Rogue haussa légèrement les épaules, mais son regard, lui, était grave.

— Il était… tendu. Il masque bien son irritation, mais ce soir, il n'a puni personne. Pas un seul Doloris, pas un seul sort lancé. Ce n'est pas normal. Il est trop calme.

Brittany détourna les yeux. Le souvenir de la dernière réception refit surface. L'atmosphère suffocante, l'odeur du sang et du vin mêlés, les regards avides des Mangemorts, la Marque de Drago encore brûlante sur sa peau pâle… Elle revit le corps qui s'effondrait sous le sort de mort, le bruit sourd de son corps heurtant le sol. Elle sentit sa respiration s'accélérer. Est-ce qu'il se préservait pour se déchainer lors de cette soirée? Allait-il exploser, d'un coup, devenir complètement fou et tuer tout le monde?

— Je n'ai pas envie d'y aller, murmura-t-elle.

Rogue redressa la tête et la fixa un instant.

— Je sais.

Il ne répondit pas immédiatement. Il se leva, s'approcha lentement et s'arrêta devant elle. Ses yeux sombres, insondables, se plongèrent dans les siens.

— Je ne laisserai rien t'arriver. Cependant, tu te passeras de potion cette fois-ci, ça ne t'a pas vraiment réussi la dernière fois.

Brittany grimaça. Elle hésita un instant, avant d'avouer un peu penaude:

— J'ai pris un médicament ce soir-là. Après le repas. J'étais en panique après le … meurtre. Mais ça n'a pas bien réagit avec la potion.

C'était un petit mensonge. Le meurtre n'était pas tout à fait ce qui avait poussé Brittany à sortir son tube argenté. Mais il n'était peut-être pas nécessaire d'avouer sa jalousie à son mari, si?

— Quoi?! Tu m'as laissé croire que j'avais surdosé ta potion alors que tu avais juste avalé un de tes stupides cachets?! Je m'en suis … Laisse tomber.

Il s'arrêta juste à temps. Voulu? C'est ce qu'il s'apprêtait à dire? Brittany fit une petite moue, espérant apaiser la colère de son mari. Il soupira, détournant les yeux. Un long silence s'étira. Rogue se pinça l'arête du nez, comme fatigué par ses propres pensées. Puis, soudainement, il se releva de son fauteuil et attrapa sa cape. Il devait parler à Dumbledore. Son regard glissa sur Brittany, et il se saisi de la cape de sa femme suspendue dans l'entrée.

— Viens, nous allons voir Dumbledore, dit-il en lui tendant la sienne.

Brittany cligna des yeux, surprise. Il ne l'avait jamais vraiment impliquée directement dans ses discussions avec Dumbledore. Ce n'était quand même pas à cause de cette histoire de cachets qu'il lui demandait de venir, si? Elle hésita, puis enfila sa cape et le suivit hors des appartements.

Le bureau de Dumbledore était plongé dans une semi-obscurité, uniquement éclairé par la lueur vacillante des chandelles suspendues dans l'air. L'odeur familière du citron et de la cire flottait dans la pièce, et Brittany sentit une pointe d'agacement la traverser en voyant l'expression paisible du directeur lorsqu'il leva les yeux vers eux.

Il n'était jamais surpris.

Son regard passa brièvement de Rogue à Brittany et un sourire discret éclaira son visage. Severus, habituellement solitaire, avait jugé bon d'amener son épouse.

— Bonsoir à tous les deux, dit-il sans pouvoir réprimer son sourire. Voilà qui est intéressant. Severus, qui d'ordinaire fait cavalier seul, a jugé bon d'amener son épouse. Que me vaut cet honneur ?

Rogue ne prit même pas la peine de répondre à la provocation. Il s'installa dans le fauteuil face au bureau, croisant les bras, et déclara d'un ton tranchant :

— J'ai été convoqué ce soir. Le Seigneur des Ténèbres prévoit une nouvelle célébration.

Dumbledore haussa un sourcil, sans sembler particulièrement surpris.

— Déjà ? Nous ne sommes même pas encore à Noël. Quel empressement.

— Justement, répliqua Rogue. Il n'a rien à célébrer. Pas de victoire. Pas de nouvelle conquête. Il rassemble ses troupes sans raison apparente…

Dumbledore lissa sa barbe et prit une expression sérieuse. Il semblait peser ses mots avec soin.

— Un Horcruxe a été détruit.

Brittany fronça les sourcils.

— Un quoi ?

Rogue soupira, visiblement contrarié.

— Un fragment d'âme. De la magie noire poussée à l'extrême. Une abomination. Le Seigneur des Ténèbres en a plusieurs, ce qui le rend immortel tant qu'ils ne sont pas tous détruits.

Brittany sentit un frisson la parcourir.

— Nous avançons, reprit Dumbledore. Mais Tom le sait aussi, et c'est ce qui le rend plus dangereux. Il ne se contentera pas de rester dans l'ombre encore longtemps.

Rogue serra les poings, son visage se crispant.

— Et bien sûr, vous n'avez pas jugé bon de m'en informer avant, Albus, lança-t-il avec une pointe de reproche dans la voix. J'apprécierai savoir dans quelles eaux je nage, vous savez. Connaître un peu le contexte …

Dumbledore resta impassible, mais une lueur de compréhension passa dans ses yeux.

— Ce n'est de toutes façons pas uniquement pour cela que nous sommes venus vous voir, ajouta-t-il, tandis que Brittany sentit son estomac se serrer.

Non, vraiment, il ne l'avait pas fait venir jusque-là pour qu'elle se fasse sermonner comme une adolescente parce qu'elle avait pris un cachet, si?

Rogue pris un instant avant de poursuivre.

— Il y a certains … détails dont nous ne vous avons pas fait part, Albus.

Brittany soupira. Drago. Elle était bête. Evidemment que c'était de Drago dont ils devaient parler.

Ils lui racontèrent tout. La nuit où Drago avait été marqué. Son état de détresse. Leur conversation dans la Forêt interdite. Les entraînements que Rogue lui faisait subir pour lui apprendre l'Occlumancie et le combat. Le raid et ce qu'il avait vu. Dumbledore écouta sans interrompre. Lorsqu'ils eurent fini, il s'appuya contre le dossier de son fauteuil, tapotant du bout des doigts le bois poli de son bureau.

— Comment pouvez-vous être certains que Drago ne joue pas double jeu ? demanda-t-il finalement.

Brittany sentit un élan d'agacement monter en elle.

— Vous pensez sincèrement qu'il pourrait… après tout ça ?

Dumbledore ne répondit pas immédiatement. Il scrutait Rogue, attendant sa réponse. Ce dernier, qui s'était légèrement affaissé dans son fauteuil, redressa la tête avec une expression narquoise.

— J'ai écouté mon cœur, déclara-t-il avec un cynisme évident. J'ai vu le bon en Drago.

Brittany cligna des yeux. Ce n'était pas exactement ce qu'elle aurait dit.

Dumbledore sourit légèrement.

— Vraiment?

Rogue s'adossa contre le dossier de son fauteuil, croisant lentement les bras.

— Ou peut-être, ajouta-t-il en lançant un regard à Brittany, que mon épouse m'a obligé à soutenir Drago.

Dumbledore hocha la tête, amusé.

— Je vois.

Brittany lui lança un regard exaspéré.

— Quoi ?

— Rien, rien. Je trouve simplement fascinante l'influence que vous semblez avoir sur votre mari, c'est tout.

Rogue roula des yeux.

— Oui, Albus. Je ferais tout pour plaire à ma femme, même soutenir un gamin qui, il y a quelques mois à peine, était persuadé d'être un futur prince du régime du Seigneur des Ténèbres. Heureux?

Brittany lui donna un coup de coude discret, mais Dumbledore souriait toujours.

— Très. Et que voulez-vous que je fasse?

— Le protéger. Informer l'Ordre de ses réelles motivations.

Brittany, toujours droite dans son fauteuil, hésita une fraction de seconde avant d'ajouter :

— L'intégrer au groupe d'élèves qui s'entraînent au combat, peut-être ?

Dumbledore la fixa par-dessus ses lunettes en demi-lune, haussant légèrement un sourcil.

— Vous faites référence à l'Armée de Dumbledore, je suppose ?

— Ah parce qu'en plus cette farce a un nom ? demanda Rogue avec mépris.

Dumbledore sourit mais ne rebondit pas. Elle lui expliqua alors comment elle avait découvert ce groupe d'élèves dans la Salle sur Demande et la manière dont Neville Londubat semblait avoir pris un rôle de leader. Dumbledore l'écouta avec attention, sans l'interrompre, puis se laissa aller contre le dossier de son fauteuil, les doigts entrelacés sous son menton.

— Si Drago avait l'opportunité de s'entraîner avec eux, il pourrait voir qu'il n'est pas tout seul. Il comprendrait qu'il existe d'autres sorciers de son âge qui, comme lui, refusent de suivre Voldemort et qui ont l'espoir de pouvoir le combattre. Actuellement, il est isolé, entouré uniquement de Mangemorts ou d'enfants de Mangemorts. Il n'a personne à qui se confier, personne qui partage réellement son point de vue et sa peur de l'avenir.

Dumbledore tapota doucement les accoudoirs de son fauteuil, réfléchissant à cette proposition.

— Je comprends votre raisonnement, Brittany, mais ce n'est pas si simple. Intégrer Drago dans ce groupe poserait de nombreux problèmes.

— Les élèves des autres maisons ne lui feraient pas confiance, ajouta Rogue.

— Il les a malmenés pendant six ans. Neville Londubat, en particulier, a été l'une de ses cibles favorites. Quant aux autres… Drago a longtemps incarné l'image même de la suprématie des Sang-Pur. Ce ne sera pas facile pour eux de croire à un revirement sincère.

Brittany pinça les lèvres. Elle ne savait pas quoi faire pour aider le jeune homme.

— Et puis, ajouta Dumbledore, même si ses intentions sont bonnes, Drago ne peut pas se permettre de se montrer trop proche d'eux. Il est toujours sous surveillance. Si certains enfants de Mangemorts soupçonnent qu'il se rapproche des autres maisons, cela pourrait être dangereux pour lui.

Le silence tomba un instant sur la pièce.

— Alors quoi ? On le laisse seul ? lança Brittany avec frustration.

Dumbledore lui adressa un sourire rassurant.

— Je n'ai pas dit cela. Je vais informer l'Ordre de sa situation. Quant au groupe … s'il souhaite véritablement se racheter, il devra prouver qu'il a changé. Ce sera à lui de faire ses preuves, pas à nous de forcer les autres à l'accepter.

Brittany sentit un pincement au cœur. Elle comprenait les arguments de Dumbledore, mais cela lui donnait l'impression que Drago resterait toujours un éternel indésirable.

— Merci, dit-elle simplement.

Dumbledore les observa un instant, puis se tourna vers Rogue.

— Severus, pourriez-vous rester un moment ? J'aimerais m'entretenir avec vous en privé.

Brittany lui jeta un regard intrigué, mais Rogue, impassible, se contenta d'un léger haussement d'épaules. Elle hésita une fraction de seconde, puis se leva et quitta la pièce en refermant la porte derrière elle.

Un silence s'installa. Dumbledore croisa les doigts sous son menton, un éclat amusé dans les yeux.

— Vous feriez décidément tout pour plaire à votre femme, Severus… même omettre certains détails qu'elle aurait jugés dérangeants.

Rogue croisa les bras, son expression restant de marbre.

— Je ne vois pas où vous voulez en venir.

— Allons, Severus. Vous avez forcément exigé une garantie de Drago. Vous êtes bien trop prudent pour ne pas l'avoir fait.

Rogue ne cilla pas, mais Dumbledore aperçut la tension imperceptible dans ses traits.

— Un serment inviolable, peut-être ? suggéra-t-il avec légèreté, comme s'il parlait du temps qu'il faisait.

Un muscle tressaillit dans la mâchoire du Maître des Potions.

— Vous avez une imagination débordante, Albus.

Il tourna les talons et quitta la pièce sans un mot de plus, laissant derrière lui un Dumbledore toujours aussi diverti. Dumbledore songea que l'évolution de leur relation n'était en tous cas certainement pas le fruit de son imagination.