Bon... Je ne résiste pas à l'envie de vous poster ce chapitre que j'aime assez ... J'espère que vous aussi ! A bientôt, probablement lundi :)

Chapitre 41 :

Les jours s'étaient écoulés à une vitesse étrange, suspendus entre l'appréhension et la résignation. Puis, trop vite, le jour J était arrivé.

Brittany se tenait immobile, les mains crispées dans son dos, observant le grand hall de cette demeure qu'elle détestait déjà. La lumière tamisée des chandeliers projetait des ombres menaçantes sur les murs de pierre, donnant à la pièce une atmosphère presque irréelle. L'air était épais, chargé d'un mélange écœurant de vin épicé et de sang séché. Le parfum métallique flottait discrètement, un rappel silencieux des amusements morbides qui accompagnaient ces rassemblements.

Les conversations se déroulaient à voix basse, des murmures sifflants entrecoupés de ricanements gras. Des Mangemorts buvaient dans des coupes en argent, s'échangeant des regards entendus, certains jetant des coups d'œil avides en direction de leur Seigneur, assis au bout de la salle sur un large fauteuil sombre. Voldemort ne parlait pas. Il observait.

Brittany sentait son regard peser sur l'assemblée comme un poison lent, distillant une tension insidieuse dans chaque recoin du hall. Elle aurait voulu ne pas être là.

Rogue se tenait à quelques pas d'elle, un verre à la main, feignant d'écouter un homme dont elle ne connaissait pas le nom. Il hochait parfois la tête d'un air absent, mais Brittany voyait la crispation de sa mâchoire, la manière dont ses doigts se resserraient imperceptiblement autour du pied de sa coupe. Ce n'était pas la première fois qu'il assistait à ce genre de mascarade, mais il n'en éprouvait pas moins une répugnance profonde.

Drago, quant à lui, était figé à quelques mètres d'eux, les épaules raides, les poings crispés contre ses cuisses. Son teint livide contrastait violemment avec le rouge foncé de la tapisserie derrière lui. Ses yeux fuyaient tout contact visuel, fixés sur un point invisible au sol, comme s'il espérait que cela suffise à le rendre insignifiant aux yeux de ceux qui l'entouraient.

Brittany aurait voulu le rassurer, mais elle-même ne trouvait aucun réconfort.

Une femme passa près d'elle, un sourire carnassier étirant ses lèvres fines. Son rire léger, presque chantant, s'éleva un instant avant de se fondre dans le brouhaha ambiant. Brittany la reconnut immédiatement : Alecto Carrow. Elle parlait avec un autre Mangemort, un homme grand et massif, dont la voix grave tranchait avec le raffinement affecté de la plupart des invités.

Il paraît que notre Seigneur est d'humeur clémente ce soir, glissa Alecto d'un ton doucereux.

Dommage, répondit l'homme avec un sourire torve. J'espérais un peu d'animation.

Brittany détourna les yeux, écœurée.

Elle inspira profondément, tentant d'apaiser le tumulte qui lui nouait l'estomac. Ce n'était qu'une soirée. Une de plus. Il suffisait d'attendre que cela passe.

Et pourtant…

Un frisson lui remonta l'échine, incontrôlable. Quelque chose, au fond d'elle, lui murmurait que rien ne se passerait comme prévu.

Et elle avait raison.

Elle aperçut au loin le regard perçant de Bellatrix, braqué sur elle. Brittany s'éloigna alors légèrement du centre de la pièce, tentant d'échapper à l'agitation ambiante.

L'atmosphère devenait de plus en plus oppressante, et l'odeur mêlée de vin, de sang et de fumée de cigare lui retournait l'estomac. Elle avait besoin d'air, ou du moins de quelques instants loin de cette foule suffocante. Elle balaya la pièce du regard, cherchant instinctivement son mari. Il était toujours là, à quelques mètres, feignant d'écouter son interlocuteur avec cette expression indéchiffrable qu'il arborait si bien.

Elle hésita. Il n'aimerait pas qu'elle s'éloigne dans ce genre de circonstances, mais il était absorbé dans sa conversation, et l'envie d'échapper à cette ambiance pesante l'emporta. Juste quelques minutes, le temps de souffler.

Elle se détourna et s'engouffra dans l'un des couloirs adjacents, là où les bruits de la fête s'atténuaient légèrement. La pierre froide sous ses doigts, le silence relatif, l'absence de ces regards inquisiteurs… Cela lui fit du bien, l'espace d'un instant. Mais elle n'eut pas l'occasion d'aller plus loin.

Une main brutale l'agrippa par le bras et la tira en arrière avec une force qui lui coupa le souffle. Son dos heurta violemment le mur, et un instant, elle crut que le choc lui arracherait un cri. L'air quitta ses poumons sous l'impact, et une douleur sourde irradia dans son épaule.

Son cœur se contracta brutalement lorsqu'elle leva les yeux. Rodolphus Lestrange. Il se tenait là, trop près, son visage marqué par l'ombre et l'alcool. Un rictus mauvais déformait ses lèvres tandis que ses yeux brillaient d'une lueur inquiétante. L'odeur âcre de l'alcool et de la sueur l'assaillit, lui soulevant presque le cœur.

La précieuse épouse de Rogue… souffla-t-il d'une voix traînante, son haleine empestant le whisky.

Brittany sentit une vague de dégoût la traverser. Elle tenta de se dégager, mais Rodolphus raffermit sa prise sur son bras, la clouant contre la pierre glacée du mur.

Tss… Une petite chose bien sauvage. Mais on va arranger ça.

Elle sentit sa main libre glisser lentement vers le bas de son dos, et cette fois, une véritable terreur s'empara d'elle.

Je sais que Rogue n'aime pas partager, mais… puisqu'il a eu l'occasion de jouer avec mes affaires, je peux sans doute m'amuser un peu avec les siennes, murmura-t-il à son oreille, sa respiration fétide l'écœurant.

Un frisson d'horreur la parcourut, et son corps tout entier se tendit sous la panique. Son cœur battait à tout rompre, et l'instinct prit le dessus. Elle ouvrit la bouche, prête à crier, prête à griller sa couverture s'il le fallait. Peu importait que tout le monde apprenne qu'elle n'était pas muette. Elle voulait qu'on l'entende. Qu'on vienne. Mais elle n'en eut pas l'occasion.

D'un geste brutal, il plaqua une main sur sa bouche, étouffant le son avant qu'il ne puisse franchir ses lèvres. Brittany se débattit avec l'énergie du désespoir. Elle griffa, frappa, tenta de lui donner un coup de genou, mais il esquiva facilement, un ricanement mauvais secouant ses épaules.

Oh, mais j'adore quand elles se débattent…

Elle redoubla d'efforts, frappant violemment du pied contre un meuble voisin. Une lampe tomba dans un fracas assourdissant, suivie d'un vase qui éclata en mille morceaux sur le sol de pierre. Elle tenta de lui enfoncer ses ongles dans le poignet, cherchant à le forcer à lâcher prise, mais Rodolphus ne fit que resserrer son étreinte.

Elle voulait sa magie.

Pour la première fois, elle espérait que cette puissance indomptable qu'elle n'avait jamais su maîtriser jaillisse d'elle. Un sort, une déflagration, une onde de choc, n'importe quoi qui le repousse, qui l'éloigne d'elle. Mais il ne se passa rien. Rien, à part la peur étouffante qui lui nouait la gorge et la conscience glaciale de sa propre impuissance.

Et il allait le faire. Ce n'était pas une simple intimidation. Il allait vraiment le faire. Son cœur tambourinait dans sa poitrine, ses membres tremblaient sous la terreur. Un goût amer envahit sa bouche.

Puis, tout bascula.

Un éclair noir fendit l'air. Rodolphus fut arraché d'elle avec une violence inouïe et projeté à plusieurs mètres avant de s'écraser sur le sol avec un bruit sourd.

Brittany inspira brusquement, les yeux écarquillés.

Rogue se tenait devant elle. Mais ce n'était pas le Rogue qu'elle connaissait. C'était un homme consumé par la rage, impitoyable. Un homme dont les yeux brûlaient d'une lueur assassine, dont la baguette tremblait légèrement sous la force du sort qu'il venait de lancer.

Rodolphus grogna en se redressant, s'appuyant sur un coude. Un mince filet de sang s'échappa du coin de ses lèvres alors qu'il levait des yeux furieux vers Rogue. Puis, contre toute attente, il ricana, s'essuyant la bouche d'un revers de main.

On est territorial, à ce que je vois… Qu'est-ce qu'elle a de spécial pour que tu la défendes comme ça?

Rogue ne cilla pas. Son regard était froid, son ton tranchant comme une lame.

Essaie encore, Lestrange. Je te promets que cette fois, tu ne te relèveras pas.

Lestrange jeta un coup d'œil à Brittany et il se mit à sourire.

La baguette de Rogue se leva encore. L'air devint électrique. Rodolphus esquissa un mouvement, ouvrit la bouche pour répondre, mais Rogue n'attendit pas. Un simple geste du poignet, et une douleur fulgurante foudroya Lestrange. Un hurlement rauque lui échappa tandis qu'il s'effondrait de nouveau au sol, se tordant sous l'impact du sort. Un second sort claqua dans l'air. Son corps fut violemment soulevé du sol avant d'être projeté contre le mur d'en face avec une brutalité implacable. Il s'écroula dans un bruit sec, inerte, son souffle sifflant.

Le silence tomba.

Autour d'eux, la foule s'était rassemblée, attirée par le bruit, mais personne ne bougeait. Personne ne voulait se placer entre un Severus Rogue enragé et sa cible.

Brittany, elle, ne voyait plus rien d'autre que lui. Son mari. Son protecteur.

Puis, lentement, il abaissa sa baguette.

Un silence pesant s'abattit sur la salle. Les Mangemorts présents étaient toujours figés, guettant la réaction de leur Maître. Voldemort, lui, observait la scène avec un intérêt amusé, un sourire glacé flottant sur ses lèvres.

Quel spectacle fascinant… murmura-t-il finalement, brisant l'atmosphère de plomb qui pesait sur la pièce.

Rogue ne répondit pas. Son regard était fixé sur Brittany. Elle tremblait encore. Sa respiration était saccadée. Et avant qu'elle ne puisse réfléchir, elle se précipita vers lui. Ses mains trouvèrent son torse, cherchant un ancrage. Il referma ses bras sur elle immédiatement, l'attirant contre lui avec une force presque désespérée.

Il y avait trop d'émotions. Trop de peur. Trop de colère.

Sans savoir comment, sans même y réfléchir, leurs lèvres se trouvèrent. Ce n'était pas un baiser passionné. Ce n'était pas un baiser calculé. C'était un baiser brut, instinctif, un exutoire à la terreur qu'ils venaient de traverser.

Quand ils se séparèrent, légèrement essoufflés, Rogue ne s'écarta pas. Brittany non plus. Ils étaient encore dans cette bulle, dans cette intensité qui les avait poussés l'un contre l'autre. Et autour d'eux, les regards des Mangemorts n'étaient plus que des ombres insignifiantes.

Un son sec brisa le silence. Un claquement, lent et mesuré. Ils se figèrent. Voldemort applaudissait. Un sourire mince flottait sur ses lèvres alors que son regard, amusé et perçant, passait de Rogue à Brittany. D'une voix traînante, presque doucereuse, il déclara :

Merci pour cette … démonstration.

Lentement, la tension s'inversa. Le silence pesant se remplit de murmures étouffés et de rires sardoniques. Brittany sentit son estomac se contracter. Ils venaient de commettre une erreur. Voldemort tapota l'accoudoir de son fauteuil, feignant la réflexion.

Peut-être souhaitez-vous vous retirer, Severus ? Après tant d'émotions, je suppose qu'un peu d'intimité s'impose.

Le sous-entendu était limpide. Rogue serra brièvement les mâchoires avant de s'incliner légèrement.

Je vous remercie, Maître.

Voldemort eut un léger ricanement, puis tourna enfin son attention vers un autre point de la salle.

Drago.

Le jeune homme se figea immédiatement. Brittany aperçut sa silhouette raide de l'autre côté de la pièce, les traits figés dans une pâleur inquiétante. À ses côtés, sa mère, Narcissa, le regardait avec une appréhension palpable, ses yeux bleus clairs reflétant une inquiétude maternelle profonde.

Approche, ordonna Voldemort.

Drago obéit à contrecœur, s'avançant à pas mesurés sous les regards avides des Mangemorts.

On ne traite pas une Sang-Pur comme une vulgaire Sang-de-Bourbe, reprit Voldemort d'un ton léger, presque didactique. Rodolphus a commis une faute. Il doit payer.

Brittany sentit un frisson glacé lui parcourir l'échine.

Lestrange, toujours au sol, grimaça en relevant la tête. Son regard furieux croisa celui de Voldemort, et pour la première fois, une lueur d'inquiétude s'y glissa.

Drago, continua Voldemort, sois un bon garçon. Continue le spectacle. Punis ton oncle.